Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

cexxx OBSERVATIONS
prise de Damielte, quise lit aux Additions sur Mathieu
Paris, p. 108. Joinville en parle ailleurs: Et commencerent
a tirer a nous grant foison de piles avec feu
gregois. Quelquefpis on jettoit du feu dans des fioleset
des pots, comme il se recueille de cette lettre, et du
meme Albert d'Aix, 1. 10, ch. 4, et de Leon, en ses
Tactiques, ch. 19. n° 55. Enfin on le jettoit avec des
perrieres et des arbaletes a tour, ainsi que le sire de
Joinville nous enseigne en cet endroit. Albert d'Aix, 1.
7, ch. 5 remarque que liujns ignis genus aqua erat
inextinguibile. Mais il y avoit d'autres matieres avec
lesqu'etles on 1'eteignoit; syavoir, le vinaigre et le
sable. Mathieu Paris, en 1'an 1219: Nam ignis grcecus,
de turri eminus projectus, fulminis instar veniens,
pavorem non minimum ftdelibus incussit; sed per
liquorem acetosum et sabulum et ccetera extinctoria,
est subventum. L'Histoire de Hierusalem: Ignis iste
pernicioso fcetore, /lammisque livientibus silices et
ferrum consumit; et cum aquis vinci nequeat, arena
respersus comprimitur, aceto perfusus sedatur. Jacques
de Vitry, 1. 3, ch. 84, y ajoute 1'urine, et Cinnamus,
au lieu cite, e'crit que souvent on couvroit les
navires de draps trempez dans du vinaigre pour s'en
garantir. Je passe en cet endroit les autres remarques
que j'ay faites au sujet du feu gregois en mes Observations
sur Ville-Hardouin.
JOGUS PARTITUS. Unchevalierquifutprins
.au borclel, auquel on partit unjeu, ou que la ribalde,
Joinville; Observations.'] G'est-a-direqu'on donna 1'alternative.
Le Roman de Garin:
Mauvesement nos est li jeus partis.
V Or dene de chevalerie de Hues de Tabarie:
Li Princes Hues respondi,
Puisque m'aves le giu parti,
Je prendrai done le raiembre,
Se j'ai de quoi jel puisse rendre.
Raoul de Houdanc, au Roman de Meraugis de Portesguez:
Un giu vous part, que voles faire,
Se voles miex tancer que taire.
Voyez Fauchet, 1. 2, de Poe'tes Fr. ch. 107.
JURAMENTUM INHONESTUM,pag.462 *.
Tows ceulx qu'il povoit actaindre d'avoir fait aucun
villain serement... il les faisoit griefvement pugnir.
Joinville; Observations.'] Guill. de Nangis, p. 364, et
Geoffroyde Beaulieu, ch. 32, appellent ce vilain serment
inhonestum juramentum. Les Statuts manuscrits de
rOrdre de la Couronne cTE^wes, dressez par un celestin
sous le regne de Charles VI: Celui qui tant seulement
jure le vilain serment, etc. Voyez YIndicede Ragueau.
Cette grande rigueur de saint Louys envers les blasphemaleurs
ne fut pas approuvee par le pape Clement
IV, qui lui adressa une bulle, qui est au Tresor des
Charles du Roy, layelle Contre les blasphemateurs,
tit. 1, et 2, donnee a Viterbe le douzidme de juillet
Tan quatrieme de son pontificat, par laquelle, apr^s
s'estre plaint du grand nombre de blasphemateurs qui
sont en France, il le prie de vouloir eHablir des peines
temporelles contre eux, sans toutefois user de mutilation
de membres, ni de peine de mort, n'entendant pas
exclure la censure canonique, ni faire prejudice a la
constitution du pape Gregoire son predecesseur: Sed
auxilio mutuo utriusque gladium credimus adjuvandum,
et ut spiritualis manualem dirigat, et
manualis spiritualem fulciat et sustentet. Et par la
bulle de me'me datte qu'il addressa au roy de Navarre,
comte de Champagne, il 1'exhorte de reprimer les
desordres qui se commetloient journellement dans les
blasphemes: ne lui conseillant pas toutefois d'imiter
le roy de France, pour les peines qu'il avoit ordonnees
contre les blasphemateurs, en ces termes: Sed
fatemur quod in posnis ejusmodi tarn acerbis, eorumdem
vestigiis charissimum in Christo ftlium nostrum
regem Francorum iliustrem non deceat inhcerere, sed
alice poterunt reperiri citra membri mutilationem et
mortem, quce a dietis blasphemiis temerarios homines
poterunt eohibere. Quocirca serenitatem tuammonendam
duximus et hortandam, quatenus tuam reputans
tui redemptoris injuriam, prcedicto regi Francorum
consulas et suadeas, quod ad regnum suum ab hac
labe purgandum salubriter statuat de suorum consilio
procerum quod ad Dei honorem et gloriam viderit
statuendum. Dat. Viterbii u.'Id. Aug. Pontif.nostri
A. iv. Cette epitre est au Cartulaire de Champagne de
la Bibliotheque du roy, f° 64. II est probable que ce fut
ensuite des remontrances du pape que le roy saint
Louys changea les peines du corps contre les blasphemateurs
en peines pecuniaires, par une ordonnance
qui se lit au 10 e registre du Tresor des Chartes du roy,
f°54. [Ordonnances des rois de France, torn. 1, pag. 99.]
Voyez les Constitutions de Clement ///et de Gregoire
IX, aux Decretales, tit. de Maledieis. L'on n'a pas
laisse toutefois d'ordonner encore depuis le regne de
saint Louys des peines corporelles contre les blasphemateurs,
particulierement dans les cas ou les peines
pecuniaires n'ont pu arre'ter le cours des blasphemes.
Et sans aller rechercher les ordonnances des rois
subsequens, je me contenteray de rapporterles termes
d'une de Jean II, due de Bourbonnois et d'Auyergne,
donnee au chateau de Molins, le penultieme jour de
fevrier 1'an 1474, par laquelle ce prince, voulanl
eteindre et abolir les blasphemes dans ses Etats,
ordonna que ceux qui en seroient atteints et convaincus,
paieroient pour la premiere foisla somme decinq
f sols tournois, et une livre de cire a I'eglise du lieu
qui, par reparations ou autrement, en aura mieux
besoin: et pour la seconde fois doublant la dite peine,
c'est a scavoir dix sols et deux limes de cire; etponr
la tierce fois d'estre mis et lie au pilier, et si pour la
quartefois il y renchoit, ordonne I'oreille estre attachee
audit pilier, et s"il y renchoitjusqu'a lacinquieme
fois,veut que la langue lui soit percee d'un fer chaud
a pleinjour de marche, et s'il persiste, il ordonne le
bannissement perpetuel de ses Estats. II se voit une
ordonnance de Richard, roy des Romains, donnee &
Soleurre, au mois de juillet 1'an 1257, qui ordonne des
peines contre les blasphemateurs, suivant la qualite
de leurs blasphemes, memes de mort: Si quis data
industria et deliberato animo per Dei nomen, potentiam,
misericordiam, baptismum, sacramentum,
martyrium, passionem, vulnera, virtutem, et similes
sermones blasphemos juraverit, inprimis utdamnattt
blasphemice delictum inter publica crimina numeretur,
deinde in ipsum reum ultionis gladio animatlvertatur.
Si quis vero ex ira aut prava consuetudine
deliquerit, quotiesdejerasseaut blasphemasse auditus