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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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76 DISSERTATIONS<br />

de 1'empereur, ecrivit a Theodebert, <strong>et</strong> se plaignit de ce<br />

qu'en c<strong>et</strong>te occasion il avoit si fort m6prise les traitez, qu'il<br />

avoit jurez si solennellement avec son maitre, qu'il ne faisoit<br />

aucune difficulte de les violer, <strong>et</strong> d'y contrevenir; ce qui<br />

estoit indigne d'un prince puissant, comme il estoit. De sorte<br />

qu'il n'y a pas lieu de douter qu'il n'y ait eu des traitez<br />

d'alliance entre Justinian <strong>et</strong> Theodebert, ce qui est d'ailleurs<br />

confirme par Gregoire de Tours ', lorsqu'il parle de Mummolus,<br />

qui fut envoye par Theodebert a Constantinople en<br />

quality d'ambassadeur. Corame done depuis ces alliances<br />

Theodebert cpmmenca a traiter 1'empereur <strong>du</strong> titre de pere,<br />

ce qu'il ne faisoit pas auparavant, on pourroit presumer que<br />

Justinian 1'adopta d'une adoption d'honneur, en vertu de<br />

laquelle il ait pu prendre celui de son flls. Ce qui est dautant<br />

plus probable, que ces adoptions se faisoient alors assez<br />

souvent par les empereurs, lorsqu'ils s'allioient avec les<br />

princes <strong>et</strong>rangers, qui les inventerent <strong>et</strong> en apporterent<br />

1'usage <strong>et</strong> la coutume dans 1'Europe, ou elles estoient inconnues<br />

auparavant. On peut dire la meme chose de Childebert<br />

I er ,dont je viens de parler, qui traitoit pareillement Justinian<br />

<strong>du</strong> titre de pere, comme nous apprenons de quelques l<strong>et</strong>tres<br />

que le pape Pelage 2 ecrivit a Childebert, ou, parlant de<br />

Justinian, il use de ces termes, PATER vester praecellentissimus<br />

imperator. Aussi je remarque qu'ensuite de ces alliances<br />

Childebert <strong>et</strong> ses suj<strong>et</strong>s 3 avoient des deferences toutes particulieres<br />

pour 1'empereur, comme s'ils eussent este ses<br />

vassaux.<br />

On peut opposer a c<strong>et</strong> egard que c<strong>et</strong>te qualite de pere, que<br />

Theodebert <strong>et</strong> les deux Childeberts donnent dans leurs l<strong>et</strong>tres<br />

aux empereurs Justinian <strong>et</strong> Maurice, n'est qu'un style<br />

de chancelerie, <strong>et</strong> que les princes <strong>et</strong>rangers traitoient ainsi<br />

ordinairement les empereurs. C'est ce qu'il y a lieu de revoquer<br />

en doute, veu que 1'inscription de la premiere l<strong>et</strong>tre de<br />

Theodebert semble marquer le contraire, puisqu'elle ne porte<br />

pas ce titre, mais seulement celles des deux suivantes, qui<br />

furent ecrites apres les traitez d'alliance. D'ailleurs Marculfe*,<br />

qui n'estoit pas 61oigne de ces siecles-la, <strong>et</strong> qui a dresse les<br />

formules, c'est a dire le style de la chancelerie de France,<br />

nous apprend que nos rois ecrivans a d'autres rois les traitoient<br />

de freres, en ces termes: « Domino gloripso atque<br />

« prsecellentissimo fratri, illi regi, in Dei nomine ille rex. »<br />

Ou le terme de prsscellentissimus est a remarquer, qui se<br />

trouve dans les inscriptions des l<strong>et</strong>tres que Theodebert <strong>et</strong><br />

Childebert I er ecrivirent & Justinian, <strong>et</strong> qui est un titre qu'on<br />

donnoit meme a nos rois, comme on recueille des epitres de<br />

saint Gregoire le Grand 5 . C<strong>et</strong> usage est conforme a ce que<br />

Gregoire de Tours 6 ecrit, qu'Alaric, roy des Goths, traitoit<br />

<strong>du</strong> nom de frere le rpy Clovis I er . En second lieu nous ne<br />

voyons pas que les princes de ce temps-la ecrivans aux emereurs<br />

les ayent jamais traitez de peres, mais bien de freres.<br />

S<br />

onstantin le Grand ecrivant a Sapor, roy de Perse, lui donne<br />

ce titre 7 . L'empereur Justin donne a Cabades, aussi roy de<br />

Perse, le nom de frere, dans Theophanes 8 : <strong>et</strong> Cosroes dans<br />

un autre auteur 9 a 1'empereur Justinian. Un autre Cosroes<br />

en use de meme a 1'egard de 1'empereur Heraclius I0 . Charlemagne<br />

" dans les l<strong>et</strong>tres qu'il ecrivit a 1'empereur Nicephore,<br />

le qualifie aussi son frere; ce qui a fait dire a Eguinart que<br />

ce prince ayant pris la qualite d'empereur, « invidiam sus-<br />

« cepti npminis, Constantinopolitanis imperatoribus super<br />

« hoc indignantibus, magna tulit patientia, vicitque eorum<br />

« contumaciam magnanimitate, qua ei procul <strong>du</strong>bio longe<br />

« praestantior erat, mittendo ad eos crebras legationes <strong>et</strong> in<br />

« epistolis eos fratres appellando. » Dans Anne Comnene l2<br />

1'empereur Alexis traite 1'empereurHenry de frere.Isac TAnge<br />

ecrivant a Louys VII, roy de France, au recit d'un auteur l3<br />

de leur temps, « prolixam a<strong>du</strong>latipnem depinxit, regem nos-<br />

« trum nominando sanctum, amicum, <strong>et</strong> fratrem. » Je ne<br />

veux pas icy enfler mon discours des autres exemples qu'on<br />

pourroit rapporter des rois <strong>et</strong> des princes qui se sont traitez<br />

de freres, parce qu'outre qu'ils ont est6 observez par quelques<br />

auteurs dece temps; je n'ay entrepris que de marquer<br />

ceux qu'ils font au suj<strong>et</strong> des empereurs '*. De sorte qu'on peut<br />

dire qu'on ne lit pas que les rois les ayent qualiflez <strong>du</strong> titre<br />

de peres, hors c<strong>et</strong>te occasion de 1'adoption d'honneur. II est<br />

vrai que Cosroes, roy de Perse, ecrivant a 1'empereur Maurice,<br />

lui demande la permission de se dire son fils <strong>et</strong> son<br />

suppliant, Xoo-porj? 6 ab? uto? xou IXETYIC IS . Mais ce fut la seconde<br />

l.L. l.deGlor. Mart, c. 31. — 2. Epist. apud Baron. A. 556, 27, 29. —<br />

3. Baron. A. 545, 7. — 4. L. 1, form. 9. — 5. L. 4, ep. 1, 52 ; 1. 11, ep. 10. —<br />

6. L. 2, Hist. c. 35. — 7. Euseb. 1. 4, de Vita Const. — 8. P. 143. — 9. Menander<br />

Prot. in Legal. — 10. Chron. Alex. p. 918. — 11. Alcuin, ep. Ill ; Eghin ; Baron.<br />

A. 871, 54. — 12. L. 2, p. 93. — 13. Odo de Diogilo, p. 15. — 14. Otho Fris. 1.1,<br />

de Gcst. Frid. c. 23, 24 ; torn. 4, Hist. Fr. p. 539 ; Mews, in '<br />

Hadr. Valesius, ad Ammian, 1. 17. — 15. Simocatta, 1. 4, c. 11.<br />

qualite qui lui fit rechercher la premiere, estant tombe dans<br />

la disgrace de la fortune, qui lui tit reclamer le secours de<br />

1'empereur centre Varam, qui 1'avpit depossede de ses Etats.<br />

Mais lorsque les empereurs accordoient les adoptions d'honneur<br />

aux princes <strong>et</strong>rangers, comme la plupart de ces princes<br />

n'avoient pas de peine de leur ceder en dignite, ils ne faisoient<br />

pas aussi de difflculte d'embrasser la qualite de flls <strong>et</strong> de leur<br />

accorder celle de peres.<br />

Je ne scay pas si je dois rapporter a ces traitez d'alliance<br />

que Theodebert fit avec Justinian deux monnoyes d'or de ce<br />

prince francois qui nous ont este representees par M. Bout<strong>et</strong>erpue<br />

', conseiller en la cour des monnoyes, dans les<br />

curieuses <strong>et</strong> scavantes recherches qu'il a faites sur celles de<br />

nos rois de la premiere race *. D'un c6te il paroit un prince<br />

arme <strong>et</strong> convert a la romaine, le javelot sur 1 epaule drpite, le<br />

bouclier dans le bras gauche, sur lequel est empreint un<br />

cavalier avec le javelot en la main. La teste <strong>du</strong> prince est<br />

couverte d'une couronne, ou d'un diademe en forme de<br />

casque, dont je feray la description plus exacte dans la<br />

Dissertation suivante, <strong>et</strong> pour inscription on y lit ces mots,<br />

DN, THEODEBERTVS. VICTOR; en 1'autre revers est une<br />

victoire avec des aisles, tenant de la main droite une longue<br />

croix, avec ces caracteres a 1'entour, VICTORIA AVCGGI ; au<br />

dessous de la figure est le GONOB., qui se rencontre en la<br />

plupart des medailles <strong>du</strong> Bas-Empire. L'une de ces monnoyes<br />

a encore aux cotez <strong>et</strong> aux pieds de la victoire ces deux l<strong>et</strong>tres<br />

R. E.<br />

C<strong>et</strong>te espece de monnoye peut recevoir deux explications.<br />

Car, en premier lieu, comme elle represente en ses deux<br />

faces, ou revers, les m6mes figures qui se rencontrent dans<br />

les medailles de Justinian, on pourroit avancer avec beaucoup '<br />

de fondement que Theodebert, ayant conclu les traitez<br />

d'alliance avec c<strong>et</strong> empereur, dont j'ay parle cy-dessus,<strong>et</strong> ayant<br />

este adppte par luy a la mode des gentils (si toutefois on<br />

doit presumer c<strong>et</strong>te adoption des termes de ses l<strong>et</strong>ttres), pour<br />

donner des marques de 1'estime qu'il faisoit de son amitie<br />

fit empreindre, <strong>et</strong> la figure <strong>et</strong> les devises de Justinian, telles<br />

qu'il les faisoit marquer dans ses monnoyes, qui sont entierement<br />

semblables a celles qui se rencontrent dans les<br />

monnoyes de Theodebert, comme on peut aisement recueillir<br />

en les conferant avec celles de Justinian, dont Alaman 2<br />

nous a donn6 1'empreinte. Baronius 3 , Lipse*<strong>et</strong> Gr<strong>et</strong>zer 5 nous<br />

en ont represente d'autres de c<strong>et</strong> empereur avec les memes<br />

figures, sauf qu'au lieu de javelot il porte un monde croise.<br />

Chiffl<strong>et</strong>, en son Childenc 6 , nous a pareillement donne les<br />

empreintes de plusieurs monnoyes <strong>du</strong> bas Empire, <strong>et</strong> entre<br />

autres de Theodose le jeune, de Valentinian III, de Marcian,<br />

de Leon, de Zenon, de Nepos, <strong>et</strong> de Basilisque, qui y sont<br />

tous figurez avec le meme diademe, le javelot <strong>et</strong> le bouclier<br />

orne de la figure <strong>du</strong> cavalier; ce qui peut donner suj<strong>et</strong> d'inferer<br />

que la figure qui se rencontre dans la monnoye de<br />

Theodebert est celle d'un empereur.<br />

Quant a 1'autre revers, il se trouve pareillement semblable<br />

dans les monnoyes de Justinian : en sorte qu'il semble<br />

conflrmer que la figure qui est repr^sentee en 1'autre est celle<br />

de c<strong>et</strong> empereur, puisque 1'inscription y marque les yictoires<br />

d'un empereur, ce que Ton ne pourroit pas attribuer a<br />

Theodebert, qui ne s'arrpgea jamais ce titre, mais se contenta<br />

de celuy de roy, qui lui est attribue dans ses autres monnoyes.<br />

Le CONOB. estoit particulier pour les monnoyes de<br />

1'Empire, ou des empereurs, ne se trouvant que tres-rarement<br />

en d'autres. Et parce que i'explication de ces l<strong>et</strong>tres, ou<br />

plut6t les conjectures qu'on peut apporter sur ses caracteres,<br />

ont este donnees par les scavans 7 , aussi bien que sur les<br />

trois GGG. ou GGG. qui suivent AV. <strong>et</strong> la l<strong>et</strong>tre I, qui se rencontre<br />

apres ces l<strong>et</strong>tres, je n'en diray rien en c<strong>et</strong> endroit.<br />

Je remarque seulement que les rois goths d'ltalie, qui ont<br />

toujours contrecarre les empereurs, <strong>et</strong> qui, au rapport de<br />

Procppe, se sont arrogez les memes ornemens qu'eux, n'ont<br />

jamais entrepris de faire graver dans leurs monnoyes ni le<br />

GONOB ni le VICTORIA AVGGG. Theodat, qui fut souvent en<br />

guerre avec Justinian, <strong>et</strong> qui cut peine a s'abaisser aux<br />

hommages <strong>et</strong> aux reconnoissances de ses predecesseurs,<br />

paroit dans ses monnoyes avec les ornemens imperiaux, <strong>et</strong><br />

avec un bonn<strong>et</strong> ou diademe ferme, different de celuy des<br />

empereurs, avec ces caracteres : DN. THEODAHATVS. REX.<br />

Mais quoy qu'en 1'autre revers il y ait une victoire postee<br />

sur la pointe d'un vaisseau, ou sur un lituus, il se contenta<br />

d'y faire graver ces mots, VICTORIA. PRINGIP. ou, comme ils<br />

1. En ses monnoyes de France, p. 230. — * [Voir torn. IV <strong>du</strong> Glossaire, pi. 1,<br />

num. 9.] — 2. Ad Procop. Hist. Arc. p. 145. edit. reg. — 3. A. 527, 62; M. Bouter.<br />

p. 132,133. — 4. L. 3, de Cruce, c. 16. — 5. De Cruce, p. 1855. — 6. In Anast.<br />

Child, c. 17. — 7. Anton. Aug. Dial. 7, de numism ; Gr<strong>et</strong>zer, toroM, de S. Cruce,<br />

1. 2, c. 56; Occo, p. 566 ; S.-Amant, torn. 3, p. 503; Chiffl<strong>et</strong>, in Anast. p. 263,264.

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