Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...
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36 DISSERTATIONS<br />
« nation. » Nobiles in armis, en un arrest <strong>du</strong> parlement de<br />
Grenoble de Tan 1496'. Gentilhomme d'armes, dans Monstrel<strong>et</strong><br />
2 . Tous lesquels termes signiflent un veritable<br />
gentilhomme, <strong>et</strong> auquel on ne peut reprocher aucun defaut<br />
en sa noblesse. Froissart 3 , voulant designer un bon Francois,<br />
1'appelle Francois de nom <strong>et</strong> d'armes ; dans 1'Histoire <strong>du</strong><br />
mareschal Boucicault 4 , Renommez de nom <strong>et</strong> d'armes. De<br />
toutes ces remarques je veux conclure que les gentilshommes<br />
de nom <strong>et</strong> d'armes ont quelque chose qui les releve pardessus<br />
le commun. Car en vain on demanderoit ce titre, s'il n'estoit<br />
pas plus eminent que celui de la simple noblesse. Mais<br />
comme il y a plusieurs opinions sur ce suj<strong>et</strong>, il est a propos<br />
d'en faire la de<strong>du</strong>ction, <strong>et</strong> de les discuter toutes, avant que<br />
de m'engager plus avant sur c<strong>et</strong>te matiere.<br />
Jean Scohier s , en son Traite de I'<strong>et</strong>at <strong>et</strong> comportement des<br />
armesf estime que ceux-la sont gentilshommes de nom <strong>et</strong><br />
d'armes qui portent le nom de quelque province, ville, bpurg,<br />
chateau, seigneurie, ou fief noble, ayant armes particulieres,<br />
encore bien qu'ils ne soient seigneurs de telles seigneuries;<br />
<strong>et</strong> sur ce fondement il forme plusieurs questions. Mais je ne<br />
vois pas quelle est la prerogative ni 1'eminence de c<strong>et</strong>te<br />
noblesse pardessus les autres. Car combien y a-t-il de families<br />
relevees qui n'ont point le nom d'une terre, <strong>et</strong> lesquelles<br />
pour cela ne laissent pas d'entrer journellement dans les<br />
ordres de chevalerie, <strong>et</strong> d'estre admises aux grandes charges<br />
ou c<strong>et</strong>te qualite est requise ? Avoir le nom d'une terre ne<br />
releve pas la perspnne ni la noblesse. Un <strong>du</strong>e, ou comte. qui<br />
tirera son extraction d'une personne anciennement annoblie,<br />
<strong>et</strong> qui n'a jamais port6 le nom d'aucune terre, ne laissera<br />
pas d'entrer dans les ordres de chevalerie <strong>et</strong> de passer pour<br />
veritable gentilhomme.<br />
D'autres 6 tiennent que les gentilshommes de nom <strong>et</strong><br />
d'armes sont ainsi appellez, non acause des armoiries, mais<br />
acause des armes, dont ils font profession ; pour les distinguer,<br />
disent-ils, des chevaliers en lays, qui sont ceux de la<br />
robe, que le prince a honorez <strong>du</strong> titre de chevalerie, <strong>et</strong> qui<br />
ne font aucun m<strong>et</strong>ier des armes. II est parle de ces chevaliers<br />
en loix dans Froissart 7 , Monstrel<strong>et</strong> 8 , d'Argentre 9 <strong>et</strong><br />
autres I0 . Mais qui se persuadera que c'ait este .la pensee des<br />
fondateurs des ordres militaires, <strong>et</strong> des rois qui ont fait<br />
les ordonnances, de restraindre la seule noblesse a 1'espee ?<br />
D'ailleurs, pourquoy qualifier tels gentilshommes de nom,<br />
comme si c<strong>et</strong>te adjection faisoit <strong>et</strong> ajoutoit quelque degre a<br />
la noblesse de sang.<br />
II y en a d'autres qui croient que les gentilshommes de<br />
nom <strong>et</strong> d'armes sont ceux qui portent les armes affectees au<br />
nom de leur famille, sans toutefois que c<strong>et</strong>te qualite les<br />
m<strong>et</strong>te au dessus de ceux que 1'on qualifie simplement gentilshommes:<br />
c<strong>et</strong>te adjection de nom <strong>et</strong> d'armes n'estant que pour<br />
designer une noblesse bien fondee, <strong>et</strong> sans reproche, dautant<br />
qu'entre les preuves dont un gentilhomme se sert pour<br />
prouver sa noblesse, il y en a une par laquelle il justifie que<br />
le surnom <strong>et</strong> les armes qu'il porte ont este portez par son<br />
pere, son ayeul, <strong>et</strong> son bisayeul. Et il semble que c'est la le<br />
sentiment d'Andre Duchesne ", lequel, ecrivantde la maison<br />
de Du Plessis, <strong>et</strong> parlant <strong>du</strong> cardinal de Richelieu, dit ces<br />
paroles : « II estoit aussi chef des armes de sa maison, com-<br />
« posees d'un escu d'argent a trois chevrons de gueulles,<br />
« lesquelles ses descendans ont tousjours portees <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enues<br />
« jusques a present, avec le mesme surnom de <strong>du</strong> Plessis.<br />
« De sorte qu'a juste titre il doit participer a la gloire <strong>et</strong> a<br />
« la renommee de ceux qui ont est6 reconnus de toute anti-<br />
« quite pour gentilshommes de nom <strong>et</strong> d'armes. » Et en<br />
1'histoire de la maison de B<strong>et</strong>hune ' 2 : « Les armes ou armoi-<br />
« ries sont si propres <strong>et</strong> si essentielles aux nobles, qu'il n'y<br />
« a qu'eux qui puissent justement en porter; d'oti vient que<br />
« pour exprimer la vraie noblesse Ton dit ordinairement<br />
« qu'il est gentil-homme de nom <strong>et</strong> d'armes. »<br />
Quoy que c<strong>et</strong>te opinion ait quelque fondement en apparence,<br />
toutefois s'il m'est permis de m'en departir, sans<br />
blesser 1'autorite d'un auteur si judicieux, <strong>et</strong> de ceux qui<br />
1'ont embrassee, je tiens qu'il -est plus probable que Ton<br />
appelle gentilshommes de nom <strong>et</strong> d'armes ceux qui peuvent<br />
justifier leur noblesse, non-seulement de leur estat, c'est-adire<br />
par leur pere <strong>et</strong> leur ayeul, en faisant voir qu'ils ont<br />
tousjours fait profession de noblesse, qu'ils ont este reputez<br />
gentilshommes, <strong>et</strong> que le nom <strong>et</strong> les armes qu'ils portent ont<br />
est6 portez par leurs pere <strong>et</strong> ayeul, qui est la forme ordinaire<br />
de justifier une noblesse simple ; mais encore par les quatre<br />
\. Guido, Papae Decis. 391. — 2. Vol. 1, ch. 93. — 3. Vol. 1, c. 224. — 4. P. 199.<br />
— 5. G. 17. — 6. Jean Chenu, en son livre des Offices, tit. 40, c. 39. — 7. Vol. 1,<br />
c. 178 ; vol. 4, c. 34. — 8. Vol. 1, p. 105, b. 143, b. — 9. Au traite des Nobles,<br />
quest. 14. — 10. Pasq. en ses Recher. 1. 2, c. 16. — 11. En 1'Hist. <strong>du</strong> Plessis, c. 1,<br />
p. 10. — 12. En 1'Hist. de B<strong>et</strong>hune, 1.1, c. 5, p. 32.<br />
quartiers ou lignes. Cecy se faisoit en montrant que leurs<br />
ayeul <strong>et</strong> ayeule paternels, ayeul <strong>et</strong> ayeule maternels estoient<br />
nobles. Ce qui se prouve par le plan de la genealogie, <strong>et</strong> par<br />
les armes des ayeuls <strong>et</strong> des ayeules, tant <strong>du</strong> c6te paternel<br />
que maternel. Dautant que les armes estant les veritables<br />
marques de la noblesse, puisqu'elles n'appartiennent qu'aux<br />
nobles, celuy qui peut justifier dans sa genealogie que ses<br />
ayeuls <strong>et</strong> ayeules paternels <strong>et</strong> maternels ont porte des armes<br />
ou armoiries, il s'ensuit que ces ayeuls <strong>et</strong> ayeules sont<br />
nobles, <strong>et</strong> partant qu'il est sorty <strong>et</strong> issu de parens nobles<br />
de quatre diverses maisons, qui est ce que nous appellons<br />
lignes.<br />
Je m'explique, <strong>et</strong> dis qu'il est necessaire a celuy qui se dit<br />
gentilhomme de nom <strong>et</strong> d'armes, de justifier la noblesse de<br />
ses ayeuls <strong>et</strong> de ses ayeules, tant <strong>du</strong> c6te paternel que<br />
maternel, qui sont quatre personnes; dont la premiere est<br />
1'ayeul paternel, <strong>du</strong>quel il faut prouver la noblesse pour<br />
justifier que celui qui est issu de luy est noble de nom,<br />
c'est-a-dire de son chef, qui est designe par ce mot: car<br />
faisant voir qu'ayant porte le meme nom que son ayeul, qui<br />
estoit noble, il s'ensuit que luy, qui en est issu, est pareillement<br />
noble. Et afin qu'il puisse d'abondant se dire noble<br />
d'armes, il luy est necessaire de prouver que son ayeule<br />
paternelle, son'ayeul <strong>et</strong> son ayeule maternels estoient nobles:<br />
ce qu'il fera en justifiant qu'ils ont port6 des armes ou<br />
armoiries. Et alors il luy sera loisible de faire apposer a son<br />
tombeau, <strong>et</strong> partout ailleurs, outre ses armes, celles de ses<br />
ayeuls <strong>et</strong> ayeules, dont il est descen<strong>du</strong>, <strong>et</strong> de prendre qualite<br />
de gentilhomme de nom <strong>et</strong> d'armes.<br />
Cecy semble estre expliqu6 par Rene, roy de Sicile, aux<br />
statuts de 1'ordre <strong>du</strong> Croissant, qu'il institua le 11' jour<br />
d'aoust Fan 1448, ou il declare' que « Nul ne pourra estre<br />
« receu, ne porter ledit ordre, sinon que il soit ou prince,<br />
« marquis, comte, vicomte, ou issu d'ancienne chevalerie, <strong>et</strong><br />
« gentilhomme de ses quatre lignes, <strong>et</strong> que sa personne soit<br />
« sans vilain cas <strong>et</strong> sans reproche. » Termes qui sont synonymes,<br />
<strong>et</strong> ont meme force que ceux qui sont couchez dans<br />
les statuts des autres ordres militaires, <strong>et</strong> dans les edits de<br />
nos rois cy-devant rapportez, scavoir que « nul ne sera<br />
« admis ausdits ordres s'il n'est gentilhomme de nom <strong>et</strong><br />
« d'armes sans reproche. » Les Statuts ms. de la Jarr<strong>et</strong>iere<br />
le disent plus clairement, expliquans ces termes, « Item est<br />
« accorde que nul ne sera esleu compagnon <strong>du</strong>dit ordre s'il<br />
« n'est gentilhomme de sang <strong>et</strong> chevalier sans reproche. » A<br />
la suite desquels mots sont ceux-cy pour explication: « Et<br />
« quant a la declaration d'un gentilhomme de sang, il est<br />
vt declare <strong>et</strong> d<strong>et</strong>ermine qu'il sera extrait de trois descentes<br />
« de noblesses, a scavoir de nom <strong>et</strong> d'arme tant <strong>du</strong> cost6 <strong>du</strong><br />
« pere que de la mere. » Fr. Modius, parlant de ceux qui<br />
pouvoient se trouver aux tournois, decrit ainsi c<strong>et</strong>te noblesse<br />
ae nom <strong>et</strong> d'armes 2 : « Quisquis recentioris est notae nobilis,<br />
« <strong>et</strong> non talis ut a stirpe nobilitatem suam <strong>et</strong> origine quatuor<br />
« saltern generis auctorum proximorum gentilitiis insignibus<br />
« probare possit, is quoque Judis his exesto. »<br />
Or, ce n est pas sans raison que les rois <strong>et</strong> les chefs ou<br />
instituteurs des ordres militaires n'ont voulu adm<strong>et</strong>tre & ces<br />
ordres <strong>et</strong> aux plus hautes charges de 1'Etat, que ceux qui<br />
estoient nobles a bon titre, <strong>et</strong> sur lesquels il n'y ayoit aucun<br />
reproche, soit en ce qui concerne la personne, soit pour la<br />
naissance <strong>et</strong> 1'extraction ; en un mot, qui estoit gentilshommes<br />
de nom <strong>et</strong> d'armes: dautant qu'en France on a<br />
tousjours tant fait d'estime de la noblesse, qu'il n'estoit pas<br />
permis aux gentilshommes de prendre alliance ailleurs que<br />
dans les families nobles, a peine de decheoir des principals<br />
prerogatives qui appartenoient aux nobles, <strong>et</strong> d'estre notez<br />
en quelque fa?on d'infamie. Ce qui a eu lieu des le commencement<br />
de la monarchic, les Francois n'ayant pas voulu<br />
adm<strong>et</strong>tre au royaume d'Austrasie les enfants <strong>du</strong> roy Theodoric<br />
3 quia erant materno latere mintis nobiles, <strong>et</strong> ce suivant<br />
,les premieres loix des Saxons <strong>et</strong> des peuples septentrionaux,<br />
dontparlentEguinhart <strong>et</strong> Adam de Breme 4 , qui ne souttroient<br />
point que les nobles prissent alliance ailleurs que dans des<br />
families nobles: « Generis quoque ac nobilitatis sua3 provi-<br />
« dissimam curam habentes.nec facile ullis aliarum gentium,<br />
« vel sibi inferiorumconnubiis infecti, propriam<strong>et</strong> sincerara,<br />
« tantumque sibi similem gentem facere conati sunt. Quatuor<br />
« igitur differentiis gens ilia consistit, nobilium scilic<strong>et</strong>,<br />
« liberorum, libertorum, <strong>et</strong> servorum; <strong>et</strong> id legibus firmatum,<br />
« ut nulla pars in copulandis conjugiis proprise-sortisterminos<br />
« transferat, sed nobilis nobilem <strong>du</strong>cat uxorem, <strong>et</strong> liber<br />
« liberam, libertus conjungatur libertae, <strong>et</strong> servus ancillae.<br />
1. La Colomb. torn. 1 <strong>du</strong> Theatre d'honn. c. 7. — 2. Fr. Modius, t. 2, de Haslilud.<br />
1. 1, fol. 9, verso. — 3. Aimoin, 1. 4, c. 1. — 4. Ch. 5.