Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

114 DISSERTATIONS
« senyor. E adoncs lo vassel exsira de tot lo castel, e del
« terme; car no deu remembre aqui, si non aytant quant
« sera de volentat expressada del senyor ; si doncs lo vassel
« no avia alcu porpri a lou * dintre lo terme del castel, en lo
« qua! remanir poyria. En altra manera, quant lo vassel
« seria remanzut en lo terme del castel, no seria entes que
« agues donada postat, ans seria reputat bauzador, so es que
« auria feyte bauzia, segons costuma de Catalunya, e seria
« bauzador aytant de temps quo estaria et vigaria de donar
« plena postat. E lo senyor rezeben la postat, pauzaria fran-
« camente, e se nes tot en payament gardes en lo castel,
« aytant que necessari fossen a gardar lo dit castel **, o
« mudar enfre los x dies, en aytal cas, ne seria entes que lo
« vassel, e ques donada plena et liberal postat del castel, e
« en aytel cas ne correrien al senyor los x. dies, aytant pot
« que en cas quel vassel remangues en le terme del castel, o
c aytant por avo en cas quel vassel tomes enfre los termes
« abans de temps, mes se lahores commenssaren a correr los
« dies, quant lo vassel aura donada plena e liberal postat, e
« no sera tornat en los termes abans que temps sia. »
Ce qui est dit en ces Coutumes que le seigneur devoit sortir
du chateau de son vassal apres qu'il y aurpit demeure Fespace
de dix jours, qui commencoient & courir deceluy auquel
il en avoit este mis en pleine possession, regarde les usages
particuliers de la Catalogue; car en d'autres Coutumes le
seigneur pouvoit le retenir tant que sa guerre duroit, laquelle
estant finie il avoit encore quarante jours pour en
sortir, et pour en retirer ses gens et ses meubles : ce qui est
exprime dans 1'acte d'hommage que Mathieu, due de Lorraine,
fit a Blanche, comtesse de Champagne, et a Thibaut,
son fils, 1'an 1220, pour la chatellenie de Neufchatel' : « Et
« eis juravi bona fide, et sine malo ingenio, quod quando-
« cumque et quotiescumque fuero requisitus ab ipsis, yel ex
« parte ipsorum, tradam eis, vel eorum mandato, dictum
« castrum, forteritiam videlicet et burguni, ut ibi ponant de
« suis gentibus ad voluntatem suam. Ipsi autem infra XL
« dies, postquam de ossonio, vel deguerra sua liberati erunt,
« tenentur mihi reddere per juramentum suum castrum illud
« ita munitum, et in eo puncto in quo eis traditum fuerit
« bonafide.» Les memes termes serencontrent en une semblable
reconnoissance de Guy de Chatillon, fils alne de Gautier,
comte de Saint-Paul, pour ses forteresses de Champagne 2 :
« Dictus siquidem comes fecit jurare in animam suam quod
« infra XL dies postquam exierit de essonio suo, dictas forte-
« ritiasmihi et Hugoni, fratri nostro, yel haeredibus nostris,
« in eodem statu, in quo easdem recepit, restituet bona fide.»
Dans le traite 3 d'entre Eudes, due de Bourgogne, et Estienne,
comte d'Auxonne, de Fan 1197, le due s'oblige de rendre
Auxonne au comte « infra vn dies postquam dux negotium
« suum de castro et villa fecerit » ; ce qui fait voir que les
usages estoient differents pour cette sorte de fiefs.
Le seigneur ou ses deputez, estant entrez dans une pleine
possession du chateau du vassal, s'ils y trouvoient des yivres,
des meubles ou des provisions, ils pouvoient s'en servir avec
discretion, et autant qu'ils en avoient besoin pour eux et
pour leurs gardes, tant qu'ils tiendroient le chateau;que s'ils
n'y trouvoient rien qui fust a Fusage de ceux qui estoient
etablis pour sa garde, en ce cas ils estoient obligez de fournir
a la depense, qui leur devoit estre rendue par le vassal. Les
Coutumes de Catalogue * : « E si lo senyor, quant rechebra la
« postat del castel, troba negunes causas del vassel en so
« castel, o en le terme, lo senyor o les seves gardes poyron
« aqueles cauzes penre e despendre tempradament aytant que
« necessari sara, mentre que lo castel tenga. E si non troba
« res, o si troba cozo que non vaste a ops de les gardes,
« adoncs lo senyor, et seu, fara les despens, mes en pero lo
« vassel est tengut de retre aqueles al senyor. »
Cecy estoit encore particulier a la Catalogue ; car de droit
commun et ordinaire la depense de ceux qui gardoient le
chateau du vassal de la part du seigneur estoit a la charge
du seigneur. Philippes de Beaumanoir 5 : « Se cil qui tient en
« baronie prent la forteresse de son home pour son besoing,
« ce ne doit pas estre au coust de son home. Car se il i met
« garnisons, ce doit estre du sien, et s'il y a prisonniers, il
« les doit fere garder du sien, et s'il empire de rien la forte-
« resse, il le doit refere. » La plupart des titres toutefois
exceptent le foin et la paille du vassal, que le seigneur
n'estoit pas oblige de restituer s'il les avoit consumez tandis
qu'il avoit tenu son chateau. Le traite 6 d'entre Estienne,
* [Le Constitutions de Cathalunya, e'd. de 1588, torn. I, pag. 351, porte propri
alou.~\ — ** [E si lo -vasall o algu o alguns en nom seu empatzaran lo senyor, que
no puxa posar sufficientes guardas en aquell cas tell.] — 1. Lib. Princ. Com. par
M. d'Herouval. — 2. Lib. Princ. Com. par M. d'Herouval. — 3. Preuv. de 1'Hist.
de Yergy, p. 122. — 4. Ch. 2. — 5. Ch. 58. — 6. Gollut, 1. 6, ch. 38.
comte d'Auxonne, et Eudes, due de Bourgogne, de 1'an 1197:
« Et si dux et sui in eadem villa aliquod damnum interim
« fecerint, praeterquam de foeno et stramine, dux infra XL
« dies postquam submonitus fuerit, emendabit.» Un titre de
Fan 1216 ' : « Et si dum illud teneremus, per nos, vel per
« nostros, aliquod damnum, praeterquam de foeno et stramine,
« ibi in rebus suis fieri contingeret, infra XL dies postquam
« requisiti essemus damnum illud restaurabimus. » Pour ce
qui est du foin et de la paille, il semble que les vassaux
estoient obligez d'en fournir au seigneur en ses guerres, lorsqu'il
se trouvoit en la maison du vassal. Un titre de Fan
1208 2 :« Si vero guerram habuerit, obedientiariam in aliquo,
« excepto fceno et palea, non gravabit. » Aussi ce tribut est
fort ancien, et est appele fodrum dans les auteurs du moyen
temps, et estoit fourni generalement par tous les sujets du
prince, lorsqu'il venoit dans les villes, ou a ses envoyez et &
ses commissaires 3 . Frederic I er , empereur, appelle ce droit,
qui estoit du aux empereurs, fodrum regale, en une de ses
patentes de Fan 1164 * : mais je reserve a en parler en une
autre occasion. Si le seigneur ne pouvoit consumer que le
foin et la paille du chateau et de la place de son vassal, a
plus forte raison le vassal demeuroit en la jouissance et en
la perception de ses droits qui lui estoient deus : c'est ce qui
est exprime dans un titre de Pierre, vicomte de Castillon, de
Fan 1246 5 : « Et hoc non obstante nos vel haeredes nostri, vel
« successores, redditus nostros de castro et de castellania
« Albseterrae et pertinentiis eorum libere et integre perci-
« piemus. »
Au surplus, le seigneur devoit user du chateau de son
vassal comme un bon seigneur, et un bon pere de familJe,-et
le luy rendre apres que ses guerres ou ses affaires seroient
achevees, au meme etat qu'il luy avoit est6 confie. Les loix
de Simon, comte de Montfort : « Et ipse comes, tanquam
« bonus dominus, in illo statu et valore in quo receperit
«tenetur reddere eisdem, sine diminutione, aut damno,
« peractis negotiis suis. » Un titre de Fan 1219 6 : « Dominus
« Amalricus ita faciat de castro seu de castris et eadem
« teneat ut bonus dominus. » II devoit faire en sorte qu'il ne
souffrit aucun dommage. Le traite de Raymond Garsie de
Navailles, de Fan 1205 7 :« Dominus autem Gasto debet tenere
« castrum absque damno.» II estoit oblige de le rendre etde
le restituer avec les m6mes artilleries, les memes armes, et
autres choses qui servoientasa defense, qu'il y avoit trouvees.
Un titre de Roger, comte de Comminges, de Fan 1211 8 : « Et
« ipse et sui quando praedicta castra mihi reddent, eodem
« modo mihi munita et garnita reddent quomodo et invene-
« rint munita et garnita die receptionis, sine damno meo, vel
« meorum. » Enfin il le devoit rendre sine fraude, comme
parle la Chronique du Vigeois 9 ; cum integritate, comme dit
celle des evesques d'Auxerre I0 . Mais si le seigneur pour son
profit avoit fortifie et ameliore la forteresse qui lui avoit este
confiee, le vassal n'estoit pas oblige de luy rendre les ameliorations,
ainsi que le sire de Beaumanoir a observe en ces
termes : « Et s'il Famende pour estre plus fort, ou plus bel
« pour son besoing, ses homes ne Fen est tenus a riens rendre,
« parce que ce ne fut pas fet por li, tout soit ce que li porfit
« Fen demeure. »
Voila ce qui concerne les usages et la pratique lorsque le
vassal mettoit son chateau au pouvoir de son seigneur; mais
si sans aucune excuse legitimeil dilaioit, ou refusoit de le delivrer,
apres que les semonces avoient este fai tes dans Fordre de la
part de son seigneur, alors le chateau tombait en commise,
etestoit confisqueau profit du seigneur. Le traite de Raymond
Garcie de Navailles , dont j'ay parle cy-devant: « Sitamen
« R. G. npllet tradere castrum domino Gastoni, quacumque
« hora exigeret, Raymundus Garsias, vel ej us successor, esset
« proditor et perjurus domini Gastonis, et totius sui generis;
« et si dominus Gasto per vim posset postea habere castrum
« de Navalhes, nunquam teneretur reddere illud Raymundo
« Garsi*, nee suo successor!. » Rigord ", en la Vie de Philippes
Auguste, en fournit un exemple en la personne du comte de
Bologne : « Petiit rex ab eo ut ei traderet munitiones ; quas
« cum ei, contra jus et consuetudinem patriae, denegasset,
« rex, congregate exercitu, accessit ad praedictum castrum,...
« et quarto die per vim cepit. » Henry l er , roy d'Angleterre,
en usa de la sorte a Fendroit de Renaud de Bailleul l3 : « Qui
« fidelitatem regis reliquerat, eique poscenti ut domum suam
« de Mansione Renuardi redderet, superbe denegaverat.»
1. Aux Preuv. de 1'Hist. de Vergy, p. 151, des D. de Bourgog. p. 67. —
2. M. Perard, en ses Mem. de Bourgog. p. 327, 329. — 3. S. Julien, aux Antiq. de
Mascon, p. 239. — 4. Apud Ughel. in Episc. Reatin. — 5. Reg. d'AJngoulesme. —
6. Reg. de Carcassonne, fol. 16. — 7. Marca. — 8. Reg. de Carcassonne. — 9. Ch.
Voscense. —10. Hist. Episc. AutJs. p. 500. — 11. Hist, de Beam. 1. 6, c. 13,
n. 2. — 12. A. 1212. —13. Order. 12, p. 849.