Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...
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Bologne, qui commenca a fortifier c<strong>et</strong>te place. Mais il est<br />
constant, comme je justifie ailleurs, que c'estoit un port<br />
connu avant ce temps-la. Chiffl<strong>et</strong>' a este 1'auteur d une<br />
nouvelle opinion, laquelle il a <strong>et</strong>ablie avec plus d'erudition<br />
que de probabilite, ayant ecrit que Mardic, pres d-e Dunkerke,<br />
estoit le port Iccius, comme si ce lieu n avoit pas este<br />
ainsi nomm6 des deux termes theutons, ou flamans, mar<br />
diik, c'est a dire digue de la mer a , parce qu'en c<strong>et</strong> endroit.<br />
pourempecher les inondations de la mer, les habitans voisins<br />
furent obligez d'y faire des fortes digues, comme en la<br />
plupart des c6tes voisines.<br />
Enfln la plus commune conjecture touchant la situation<br />
de ce port, <strong>et</strong> qui a este embrassee par Cluver, Joseph Scaliger,<br />
Nicolas Berger, le P. Boucher 3 , M. Sanson, <strong>et</strong> plusieurs<br />
autres, est celle qui le place a Boulogne. Les principales<br />
raisons de ces auteurs sont fondees principalement sur ce<br />
que Pline 4 , Su<strong>et</strong>one 5 , Florus 6 , Mela 7 , Olympiodore, <strong>et</strong> quelques<br />
autres ne reconnoissent point d'autre port en la region<br />
des Morins, <strong>du</strong> moins de plus fameux pour passer des<br />
Gaules en Angl<strong>et</strong>erre, que celuy de Gessoriacum, que les<br />
Tables de Peutinger disent formellement estre la ville de<br />
Boulogne. En second lieu, ils apportent pour argument que<br />
les chemins militaires, ou romains, abqutissoient <strong>et</strong> finissoient<br />
a ce port, au dela <strong>du</strong>quel ceux qui nous les ont tracez,<br />
n'en m<strong>et</strong>tent aucun d'ou le passage ait est6 ordinaire des<br />
Gaules en Angl<strong>et</strong>erre. M. Sanson 8 ajoute a ces raisons le<br />
vent qui lui sert en son traj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> celui qui empecha les<br />
vaisseaux de Cesar d'y aborder. Enfln voila a peu pres les<br />
fondemens de c<strong>et</strong>te opinion, qu'il n'est pas difficile de d<strong>et</strong>ruire.<br />
Car quoy qu'on doive demeurer d'accord, que Gessoriacum,<br />
<strong>et</strong> par consequent la ville de Boulogne, ait este le<br />
principal port<strong>et</strong>le plus connu de tqute la c6te des Morins,<br />
il ne sensuit pas qu'il n'y en ait point eu d'autres d'ou 1'pn<br />
assat en la Grande-Br<strong>et</strong>agne. Aussi Cesar ecriyant au suj<strong>et</strong><br />
S<br />
e I'ltius marque assez le contraire lorsqu'il dit qu'il y en<br />
avoit un au dessus <strong>et</strong> un autre au dessous de ce port, d'ou il<br />
s'ensuit qu'il y en avoit au mqins trois. Or comme il parle de<br />
ces ports comme des plus voisins des c6tes d'Angl<strong>et</strong>erre, il<br />
ne peut estre enten<strong>du</strong> que de ceux qui regardent directement<br />
le promontoire de ce royaume-la, que les geographes nomment<br />
Cantium 9 , <strong>et</strong> les Anglois The Nesse ; <strong>et</strong> les c6tes, que<br />
les poe'tes nomment Rhutupina littora, c'est a dire les c6tes<br />
de Richborow, qui sont au comte de Kent. Ainsi, il faut chercher<br />
la situation de ces trois ports de Cesar depuis Calais<br />
jusques a Boulogne, qui est le seul endroit ou la mer se<br />
r<strong>et</strong>recit, <strong>et</strong> ou les c6tes de deux royaumes se ferment le plus.<br />
De sorte que, comme le port Itius tenoit le milieu des trois<br />
ports de c<strong>et</strong>te cflte des Morins, on ne le peut placer ailleurs<br />
qu'a Witsan, estant 1'endroit ou le traj<strong>et</strong> de la mer est sans<br />
contredit le plus court, <strong>et</strong> ainsi les deux autres ports qui<br />
estoient en deca <strong>et</strong> au dela de I'ltius sont probablement celui<br />
de Boulogne <strong>et</strong> celui de Calais. D'ailleurs, quoy que Gessoriacum<br />
des le temps de Cesar ait est6 un port <strong>et</strong> plus grand<br />
<strong>et</strong> plus fameux que les deux autres, il ne s'ensuit pas qu'il<br />
ne 1'ait pu ou <strong>du</strong> laisser pour en prendre un autre, a 1'endroit<br />
<strong>du</strong>quel le traj<strong>et</strong> estoit plus court, pour transporter plut6t,<br />
<strong>et</strong> avec moins de peril, toutes ses troupes dans la Grande-<br />
Br<strong>et</strong>agne : veu d'ailleurs, comme je le justifieray dans la<br />
suite,que nos Francois en ont toujours use dela sorte,ayant<br />
Iaiss6 le port de Boulogne pour s'embarquer a Wissan, lorsqu'ils<br />
ont voulu passer en Angl<strong>et</strong>erre : <strong>et</strong> meme celui de<br />
Calais, a 1'endroit <strong>du</strong>quel le traj<strong>et</strong> est encore plus court que<br />
vers Boulogne.<br />
La seconde raison que Ton apporte pour <strong>et</strong>ablir le port<br />
Itius a Boulogne n'a pas plus de fpndement, laquelle regarde<br />
les chemins romains qui s'y terminent. Je demeure d'accord<br />
que les chemins militaires remarquez par Antonin <strong>et</strong> dans<br />
les Tables de Peutinger ne passent pas la ville de Boulogne,<br />
<strong>et</strong> qu'ils y flnissent. Mais il ne s'ensuit pas dela qu'il n'y ait<br />
point eu d'autre port en la cote des Morins, qui ait pu avoir<br />
le nom ftltius. II est bien vray que ces chemins ne furent<br />
construits que pour la commodity des marches <strong>et</strong> des logemens<br />
des armees romaines, ce que le scavant Berger a si<br />
bien prouve, qu'il est inutile de cotter les passages des<br />
ecrivains qui autorisent c<strong>et</strong>te verite: <strong>et</strong> ainsi on pourroit<br />
dire qu'il n'est pas probable que Cesar ayant a faire marcher<br />
ses troupes dans les frontieres des Morins, pour les transporter<br />
en la Br<strong>et</strong>agne, leur eut fait prendre une autre route<br />
que celle qui estoit ordinaire pour les armees. Mais il est<br />
constant qu'au temps que Cesar passa dans 1'Angl<strong>et</strong>erre les<br />
l.DePortu Iccio. — 2. Bertius, de aggerib. c. 13. — 3. In Belg. Rom. —<br />
4. L. 4, c. 16. — 5. In Claud. — 6. L. 1, c. 11. — 7. L. 3, c. 2. — 8. Sur Cesar.<br />
— 9. Camden. in Cantio.<br />
X<br />
SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS. 97<br />
chemins romains n'estoient pas encore faits dans les Gaules,<br />
ou <strong>du</strong> moins dans la Belgique, qu'il ri'avoit conquise que<br />
nouvellement. D'ailleurs, ces chemins 1 , que le vulgaire<br />
nomine Chaucees de Brunehaut, ou Chemins ferrez, n'ont<br />
est6 entrepris dans la Belgique <strong>et</strong> le reste des Gaules que<br />
par Auguste, successeur de Cesar, <strong>et</strong> par Agrippa, son<br />
gendre. II n'est pas meme veritable que les chemins romains<br />
ayent flni a Boulogne, veu qu'ils continuoient de Boulogne a<br />
Wissan, <strong>et</strong> qu'ils y sont encore entiers, estant reconnus<br />
vulgairement sous le nom de Chemins vers, ou de Chaucees<br />
de Brunehaut. Ce qui est confirme par le P. Malbrancq 2 . en<br />
sa carte des Morins, <strong>et</strong> a 1'endroit ou il donne la description<br />
des Chemins romains qui se rencontrent en ces quartiers-la.<br />
D'ou 1'on peut conclure que si les auteurs des itineraires<br />
n'ont pas pass6 la ville de Boulogne, c'est parce qu'ils ont<br />
cru que c'estoit le port le plus grand <strong>et</strong> le lieu le plus commode<br />
pour le logement des troupes, estant la circonstance a<br />
laquelle les Romains s'attachoient le plus, ne regardans pas<br />
en c<strong>et</strong>te occasion les plus courts chemins, compendia viarum,<br />
mais la commodite des logemens des armees, comme Berger<br />
a assez justifie. Quant a la raison qu'on tire des vents, c<strong>et</strong>te<br />
c6te estant exposee aux m6mes vents, <strong>et</strong> estant assez droite,<br />
je n'estime pas qu'on y doive faire grand fondement, quoy<br />
que le P. Malbrancq 3 s'en serve pour appuyer son opinion<br />
sur la situation de ce port, qu'il place vers Sangate.<br />
Mais, selon mon sentiment, la principale raison qui doit<br />
convaincre que la ville de Boulogne n'a pas est6 le port Itius<br />
est qu'il est peu probable que c<strong>et</strong>te ville ait eu trois noms<br />
differens en meme temps, estant certain qu'elle a est6 nommee<br />
Gessoriacum <strong>et</strong> Bononia. Je scay bien, <strong>et</strong> il est fort<br />
probable, que le premier est celui <strong>du</strong> Pagus, ou de la contree,<br />
ou elle estoit situee. Mais en tout cas j'ose ayancer qu'on<br />
trouvera peu de lieux dans la geographic ancienne ou une<br />
place ait eu deux noms en meme temps, hors celui <strong>du</strong><br />
peuple, ou de la religion, qui lui a este applique dans la<br />
suite des annees: comme par exemple, Paris, appellee<br />
Lut<strong>et</strong>ia, a eu celui de Parisii; Amiens, nominee Samarobriga,<br />
ou Samarobriva, celui d'Ambiani, <strong>et</strong> ainsi des autres, qui<br />
sont les noms des peuples <strong>et</strong> des contrees ou les villes<br />
estoient situees. Cependant il faudroit dire que la ville de<br />
Boulogne auroit este appellee en meme temps Gessoriacumf<br />
<strong>du</strong> nom des peuples des environ, <strong>et</strong> Itius, <strong>et</strong> Bononia, d'une<br />
particuliere appellation, ce qui n'est guere probable. Et ce<br />
que Velser 4 rapporte pour reponse a c<strong>et</strong>te objection ne<br />
satisfait pas.<br />
Apres avoir refute c<strong>et</strong>te opinion touchant la situation <strong>du</strong><br />
port Itius, qui est la plus universelle, il ne reste plus qu'a<br />
<strong>et</strong>ablir celle que j'ay avancee, ou plutdt celle de Camden,<br />
puisqu'il est le premier qui en a fait 1'ouverture, quoy qu'il<br />
ne 1'ait prouyee que legerement. Pour decouvrir une place<br />
dont les anciens auteurs ont fait mention <strong>et</strong> dont les noms<br />
sont <strong>et</strong>eints par la suite <strong>du</strong> temps, ou <strong>du</strong> moins qui ont este<br />
tenement alterez, qu'a peine il en reste des vestiges qui en<br />
puissent donner la moindre connqissance, on a coutume de<br />
se servir de trois argumens principaux, dont le premier est<br />
la situation ; le second, les distances d'avec les autres lieux<br />
voisins remarques dans les Itineraires <strong>et</strong> dans les geographes<br />
; <strong>et</strong> le troisieme, le rapport des noms anciens avec les<br />
nouyeaux <strong>et</strong> ceux d'aujourd'huy. Ces trois raisons nous<br />
serviront comme de pierre de touche, ou plutdt de sonde,<br />
pour trouver <strong>et</strong> pour rencontrer heureusement le port Itius,<br />
pour la recherche <strong>du</strong>quel tant d'auteurs se sont si fort<br />
travaillez jusques a present, qu'un d'entre eux a ecrit ces<br />
paroles 5 : « Fateor a v<strong>et</strong>eribus autoribus perspicue clareque<br />
« doceri non posse quo olim loco Itius, aut Iccius, fuerit<br />
« portus: bene quidem quod sub imperio ac ditione Mori-<br />
« norum, <strong>et</strong> inde brevissimum in Britanniam fuisse trajec-<br />
« turn. » Quoy que tant de graves auteurs ayent echpue dans<br />
c<strong>et</strong>te recherche, je prendray neantmoins la liberte de m'y<br />
engager, sans que j ose meprom<strong>et</strong>tre un plus heureux succes<br />
qu'eux, soum<strong>et</strong>tant sans beaucoup de peine mes conjectures<br />
a la censure de ceux qui se piquent de literature <strong>et</strong> d'erudition.<br />
Pour commencer par la situation, Cesar nous apprend, en<br />
termes formels, que le port Itius estoit a 1'endroit ou le<br />
traj<strong>et</strong> de I'Ocean estoit le plus commode : « Ex quo portu<br />
« commodissimum in Britanniam trajectum esse cogno-<br />
« verat. » Et quand il dit qu'il estoit le plus commode,<br />
il entend dire qu'il estoit le plus court, ce qu'il semble<br />
specifier en un autre endroit: « Ipse cum omnibus<br />
« copiis in Morinos proficiscitur, quod inde erat brevissimus<br />
« in Britanniam trajectus. » D'ou il s'ensuit que Cesar en<br />
c<strong>et</strong>te occasion chercha non tant la grandeur d'un port,<br />
1. Berger, 1. 1, des Gr. Chem. ch. 28, 29. — 2. Tom. 1, p. 594. —3. L.I c 9.<br />
— 4. Ad Tab. Peuting. — 5. Pont. Heut. 1. 2, de v<strong>et</strong>. Belg. c. 18.<br />
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