Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...
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100 DISSERTATIONS<br />
« aratur. » Ce sont les termes <strong>du</strong> pere Malbrancq '. II y a<br />
neantmoins des communes qui s'<strong>et</strong>endent jusques au village<br />
de Tardingem, assez pres <strong>du</strong> Blaknez, que le Portolano 2<br />
appelle le cap de Witsan, ou Ton peut se figurer avoir este<br />
1'endroit ou fut le port.'Ces communes estant bornees <strong>du</strong><br />
c6te <strong>du</strong> continent par des terres hautes <strong>et</strong> elevees, <strong>et</strong> <strong>du</strong> c6te<br />
de la mer par des <strong>du</strong>nes de sable, forment comme un grand<br />
bassin, ou la mer a pu couler, spit <strong>du</strong> cot6 de Wissan, par<br />
le p<strong>et</strong>it ruisseau qui y passe, soit <strong>du</strong> c6te de Tardinghem,<br />
par un autre p<strong>et</strong>it ruisseau, qui y coule pareillement. Et il y a<br />
lieu de croire que le commerce y ayant cesse, Ton a laisse<br />
boucher ce qui compospit I'entr6e de ce port par les sables<br />
qui y volent en quantite, la c6te en c<strong>et</strong> endroit la estant<br />
plate. Ce qui favorise encore c<strong>et</strong>te pensee touchant 1'endroit<br />
ou fut ce port est que le long de ces communes, environ a<br />
1. L. i, c. 10. — 2. P. 22.<br />
deux cens pas <strong>du</strong> bourg, il y a une eminence que 1'on appelle<br />
le phare, <strong>et</strong> une maison aupres qui en r<strong>et</strong>ient le nom, comme<br />
si rentree <strong>du</strong> port de Wissan eust este en c<strong>et</strong> endroft-la.<br />
II ne faut pas s'<strong>et</strong>onner que nous eherchions aujourd'huy<br />
1'endroit <strong>du</strong> port de Witsan, qui a este si frequence dans les<br />
siecles passez, veu qu'il en est de meme de celui d'Aiguemortes<br />
en Languedoc ', ou toutes nos troupes s'embarquoient<br />
pour la Terre Sainte, qui paroit si peu & present, que la mer<br />
ne vient qu'a demy lieue dela. Le meme est encore arriv6 a<br />
divers ports de Constantinople, qui y avoient este faits par<br />
les empereurs, dont il ne reste plus aucuns vestiges.<br />
Sic toties versa est fortuna locorum.<br />
Vidi ego quod fuerat quondam solidissima tellus,<br />
Esse fr<strong>et</strong>urn : vidi factas ex aequore terras 2 .<br />
1. Catel. — 2. Ovid. 15, M<strong>et</strong>.<br />
DES GUERRES PRIVEES<br />
ET DU DROIT DE GUERRE PAR COUTUME.<br />
Les guerres <strong>du</strong> comte de Chalon <strong>et</strong> <strong>du</strong> comte de Bourgogne,<br />
son fils, dont le sire de Joinville parle en son Histoire,<br />
me portent a embrasser en c<strong>et</strong> endroit une matiere tresimportante<br />
pour 1'intelligence des auteurs, <strong>et</strong> qui n'a pas<br />
encore estee traitt6e a fond, quoy qu'aucuns 1'aient effleuree<br />
legerement 1 . II n'y a rien de plus commun dans tout le cours<br />
de nos histoires, <strong>et</strong> de celles de nos voisins, que ces guerres<br />
qui se faisoient entre les barons <strong>et</strong> les gentilshommes a la<br />
veue <strong>et</strong> au sceu <strong>du</strong> prince souverain, <strong>et</strong> sans sa participation:<br />
en sorte que qui ne scauroit pas demesler 1'origine <strong>et</strong>l'usage<br />
de ces funestes entreprises sur 1'autorite royale auroit sans<br />
doute bien de la peine a en deviner la source <strong>et</strong> a en concevoir<br />
la pratique. Elles ont est6 si universelles, qu'on peut<br />
dire que les vassaux des princes entroient avec eux en partage<br />
<strong>du</strong> plus beau neuron de leurs couronnes, qui estoit le<br />
droit de faire <strong>et</strong> de declarer la guerre. Mais parce qu'il y<br />
avoit des regies <strong>et</strong> des maximes <strong>et</strong>ablies <strong>et</strong> receues pour<br />
c<strong>et</strong>te espece de guerre, je pr<strong>et</strong>ens faire voir en c<strong>et</strong>te dissertation<br />
qu elles elles ont este, <strong>et</strong> comme les seigneurs en ont<br />
use en ces occasions. Ce que je propose de puiser particulierement<br />
de Philippes de Beaumanoir, en sa Coutume de Beauvaisis,<br />
qui n'a pas encore este publiee, ou il a fait un cbapitre<br />
entier au suj<strong>et</strong> de c<strong>et</strong>te espece de guerre, qui est le cinqu'ante-neuvieme,<br />
auquel il a donne pour titre ces mots :<br />
« Comment guerre se fait par coutume, <strong>et</strong> comment elle<br />
« faut, <strong>et</strong> comment on se pot aidier de droit de guerre. »<br />
J'entreprens d'ailleurs c<strong>et</strong>te matiere dautant plus volontiers<br />
qu'elle appartient a 1'histoire de saint Louis, puisqu'il est<br />
constant qu'il est 1'un de nos rois qui a le plus travaille a<br />
aneantir <strong>et</strong> a d<strong>et</strong>ruire ces malheureuses guerres, qui entr<strong>et</strong>enoient<br />
toute la France en de perp<strong>et</strong>uelles divisions.<br />
Q'a este un usage observe <strong>et</strong> recu de tout temps parmi les<br />
nations germaniques, de tirer la vengeance des injures particulieres<br />
par la voie des armes, <strong>et</strong> d'y interesser toute une<br />
parente. Celui qui avoit fait un tort notable a un particulier,<br />
ou qui lui avoit caus6 la mort, se trouyoit avoir sur les bras<br />
tous ceux de la famille de 1'offense, qui prenoient les armes<br />
pour venger 1'injure ou 1'assassinat commis en la personne<br />
de leur parent. Tacite en a fait la remarque, lorsqu'il parle<br />
des Germains 2 , « Suscipere tarn inimicitias seu patris, seu<br />
« propinqui, quam amicitias necesse est. » C'est pour c<strong>et</strong>te<br />
1. Clement Vaillant, 1.2, de 1'ancien Estat de la France; Dadin de Altaserra,<br />
1. 2, de Ducib. <strong>et</strong> Comit. c. 1. — 2. De Morib. Germ.<br />
DISSERTATION XXIX.<br />
raison que nous lisons si souvent dans les loix anciennes',<br />
que lorsque quelque assassinat avoit est6 fait, non seulement<br />
on en exigeoit la peine sur ceux qui 1'avoient commis, mais<br />
meme sur toute leur parente. Ces inimitiez mortelles, qui<br />
s'entr<strong>et</strong>enoient entre les families, y sont nominees faidss, que<br />
les Loix des Lombars 2 tra<strong>du</strong>isent par le mot d'inimicitiaR;<br />
terme qui semble estre tire <strong>du</strong> Saxon anncien,faehth, ou fehthe,<br />
<strong>et</strong> de 1'aleman fhede, <strong>et</strong> feide, qui signifie la meme chose 3 .<br />
D'ou il est arriv6 que ce mot a este pris pour la vengeance<br />
qu'on tire de la mort d'un parent, <strong>et</strong> dans la suite pour<br />
toutes sortes de guerres particulieres, comme en 1'ordonnance<br />
<strong>du</strong> roy saint Louys <strong>du</strong> mois d'octobre mille deux cens<br />
quarante-cinq, dont je parleray dans la suite. Nous avons<br />
quelques exemples de ces guerres privees sous la premiere<br />
race de nos rois, dans Gregoire de Tours 4 <strong>et</strong> ailleurs.<br />
Mais pour proceder avec quelque ordre en c<strong>et</strong>te Dissertation,<br />
il faut voir premierement qui sont ceux qui ont droit<br />
de guerre par coutume, puis entre quelles personnes elle se<br />
fait, pour quels suj<strong>et</strong>s, en combien de manieres on la declare,<br />
qui sont ceux qui y entrent, ou qui en sont exceptez, <strong>et</strong> enfin<br />
en combien de fagons elle finit. Et ensuite, je feray voir<br />
comme c<strong>et</strong>te d<strong>et</strong>estable coutume de faire la guerre entre les<br />
vassaux <strong>du</strong> prince a este entierement abolie.<br />
Tpus les gentils-hommes, selon Philippes de Beaumanoir,<br />
avoient droit de faire la guerre : « autre que gentil-homme<br />
« ne poeut guerroyer. » Et ainsi il en exclud tpus les roturiers,<br />
qu'il appelle hommes de poeste, c'est a dire qui sont<br />
suj<strong>et</strong>s a leurs seigneurs, <strong>et</strong> qui en dependent absolument, en<br />
sorte qu'ils en peuvent disposer selon qu'il leur plaist: ce qui<br />
n'estoit pas des vassaux fievez. II en exclud pareillement les<br />
bourgeois, entre lesquels, s'il arrivoit quelque demele, ou<br />
pour user de ses termes, maneces ou deffiemens, ou mellees<br />
sourdent, le crime commis estoit puny par le juge ordinaire,<br />
suivant sa quality: telles personnes ne pouvans user <strong>du</strong> droit<br />
de la guerre. Par le terme de gentils-hommes on doit entendre<br />
tous les fievez, parce qu'anciennement les fiefs ne pouvoient<br />
estre tenusquepar les nobles. Les evesques, les abbez,<br />
<strong>et</strong> les monasteres qui avoient des terres de c<strong>et</strong>te nature,<br />
avoient aussi ce droit. Et parce que leur condition ne leur<br />
perm<strong>et</strong>toit pas de porter les armes, ils faisoient leurs guerres<br />
par leurs Vidames, <strong>et</strong> par leurs avoliez. Ce que le cardinal<br />
1. Lex Saxon, tit. 2, § 5,6; Wendelin. in Gloss. Salico, v. Chrenecruda. —<br />
2. L. 1, tit. 1, § 1,15 : l. 2, tit. 14, § 10. — 3. Lambaud. Spelman. Sonmer. <strong>et</strong>c.<br />
Lindenbr. — 4. L. 7, c. 2.