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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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<strong>du</strong>'ite <strong>du</strong> marshal de Sancerre, 6crit que ce marechal, avant<br />

le combat, leur tint ces paroles : « Tenons-nous icy tous en-<br />

« semble, <strong>et</strong> attendons tant qn'il soit jour, <strong>et</strong> que nous voyons<br />

« devant nous les Flamens, qui sont a leur fort a leur advan-<br />

« tage pour nous assaillir, <strong>et</strong> quand ils viendront, nous crie-<br />

« rons nos cris tous d'une voix, chascun son cry ou le cry<br />

« de son seigneur a qui il est: jacoit que tous les seigneurs<br />

« ne soient pas icy : par c<strong>et</strong>te voix <strong>et</strong> cris nous les esbahirons,<br />

« <strong>et</strong> puis frapperons en eux de grande volonte. » Et au chapitre<br />

suiyant: « Si dirent entre eux quand ils viendront sur<br />

« nous (ils ne peuvent scavoir quel nombre de gens nous<br />

« sommes), chascun s'escrie quand viendra a assaillir Fence<br />

seigne de son seigneur dessous qui il est, jacoit que il ne<br />

« soit pas icy, <strong>et</strong> le cry que nous ferons, <strong>et</strong> la voix que nous<br />

« entre eux espanderons, les esbahira tenement qu'ils s'en<br />

cc devront desconflre, avec ce nous les recueillerons aux<br />

« lances <strong>et</strong> aux espees. » Puis, parlant <strong>du</strong> combat : « La<br />

« crioit-on : Saint Py, Laval, Sancerre, Anguien! <strong>et</strong> autres<br />

« cris qu'ils crierent dont il avoit gendarmes. » La Chronique<br />

de Flandres ', rapportant la rencontre pr6s de Ravemberg en<br />

Flandres, vers 1'an 1303 : « Aussi-tost que le comte Othe (de<br />

« Bourgongne) <strong>et</strong> les autres hauts hommes les virent appro-<br />

« cher, incontinent ferirent a eux chascun criant son cry a<br />

« haute voix, <strong>et</strong> commenca 1'estour mult crueux. » Et ailleurs,<br />

parlant de la bataille <strong>du</strong> Pont a Vendin, en la m6me<br />

ann6e: « Quand les Francois les eurent apperceus si ferirent<br />

« en eux, crians leurs cris a haute voix. » La Chronique manuscrite<br />

de Bertrand <strong>du</strong> Guesclin:<br />

Francois montent a mont, chascun crie son cry.<br />

On crioit encore le cry des chevaliers dans les occasions<br />

des tournois, lorsque les chevaliers tournoyans estoient pr<strong>et</strong>s<br />

d'entrer en lice, <strong>et</strong> au combat. Les Ordonnances <strong>du</strong> toarnoy*<br />

dress6es par Ren6 d'Anjou, roy de Sicile: « Et cela fait,<br />

« criera ledit roy d'armes par le commandement des juges<br />

« par trois grandes hallene"es, <strong>et</strong> trois grandes repos6es :<br />

« Couppez cordes, <strong>et</strong> hurtez batailles quand vous voudrez ;<br />

« <strong>et</strong> lorsque le troisi6me cry sera fait, ceux qui seront ordoncc<br />

nez a cordes coupper les coupperont: <strong>et</strong> adonc crieront<br />

« ceux qui porteront les bannieres, avec les serviteurs a pied<br />

« <strong>et</strong> a cheval, les cris chascun de leurs maistres tournoyans.<br />

« Puis les deux batailles se assembleront, <strong>et</strong> se combatteront<br />

« tant si longuement, <strong>et</strong> jusques a ce que les tromp<strong>et</strong>tes<br />

oc spnneront la r<strong>et</strong>raitte par Fordonnance des juges. » Georges<br />

Chatellain 3 en fournit divers exemples en I'Histoire de Jacques<br />

de Lalain, chevalier de la loison d'Or. On crioit aussi le<br />

cry <strong>du</strong> seigneur predominant, lorsqu'on arboroit la banniere<br />

au chateau de son vassal, quand il luy faisoit hommage. Un<br />

titre de 1'an 1245, contenant 1'hommage de Signis, veuve de<br />

Centulle, comte d'Estrac, <strong>et</strong> de son fils Centulle, au comte<br />

Raymond de Tolose, dit que le viguier de Tolose 4 , de 1'ordre<br />

<strong>du</strong> comte, monta au principal chateau, <strong>et</strong> que la il arbora<br />

sa banniere « ratione <strong>et</strong> jure majoris dominii; puis, qu'il y fit<br />

pr6conizer <strong>et</strong> crier a haute voix le cry de guerre <strong>du</strong> comte,<br />

qui estoit, Tolose. « Fecit ascendere vexillum, seu banneriam,<br />

« dicti domini comitis Tolosani, <strong>et</strong> ex parte ipsius ter pra3-<br />

« conizari, <strong>et</strong> clamare alta voce signum dicti comitis, scili-<br />

« c<strong>et</strong>, Tolosam. » Un autre, de Raymond Pel<strong>et</strong>, seigneur<br />

d'Al<strong>et</strong>, de 1'an 1717: « Ca3terum ad mutationem domini deft<br />

b<strong>et</strong>is vos <strong>et</strong> haaredes vestri (parlant a Simon comte de<br />

« Montfort) levare vexillum vestrum in turri mea de Alesto,<br />

« <strong>et</strong> signum, seu edictum vestrum, facere ibi clamare.<br />

Comme il n'estoit pas loisible aux puinez de prendre les<br />

armes de la maison qu'avec brisure, de meme ils ne pouvoient<br />

pas en prendre le cry qu'avec difference ; dautant que par la<br />

regie generate receue universellement, les plaines armes, le<br />

nom <strong>et</strong> le cry de la famille appartenoient a Fain6, comme je<br />

1'ay justifi6 par quelques articles de nos coutumes. Ce qui se<br />

pratiquoit ordinairement en soustrayant ou ajoutant quelques<br />

paroles aux mots qui composoient le cry d'armes. Les<br />

examples s'en peuvent observer en la maison royale de<br />

France, dont le cry estoit Montjoie S. Denys; car les princes<br />

de c<strong>et</strong>te famille ont voulu conserver les marques de c<strong>et</strong>te<br />

illustre extraction, non seulement dans les armes qu'ils ont<br />

port6es avec brisure, mais encore dans le cry de Montjoye,<br />

qu'ils ont r<strong>et</strong>enu, auquel mot ils en ont ajout6 d'autres pour<br />

difference de celuy <strong>du</strong> roy de France, chef de la maison.<br />

Ainsi les derniers <strong>du</strong>es d'Anjou crioient Montjoye Anjou : ce<br />

dernier mot, qui faisoit la difference <strong>du</strong> cry principal, marquoit<br />

1'exellence <strong>du</strong> <strong>du</strong>ch6 d'Anjou, qui appartenoit <strong>et</strong> don-<br />

1. C. 43, 44. — 2. La Colomb. au Theatr. d'honn. vol. I, c. 5, p. 75. — 3. Ch.<br />

12, 20. — 4. Registr. de Tolos. p. 109.<br />

DISSERTATIONS<br />

noit le nom a c<strong>et</strong>te branche. Un heraut blasonnant les armes<br />

de Ren6 roy de Sicile <strong>et</strong> <strong>du</strong>e d'Anjou :<br />

II crie Montjoye Anjoue, car tel est son plaisir,<br />

Pour devises Chauffr<strong>et</strong>tes il porte d'ardant desir'.<br />

Charles, comte d'Anjou, combatant contre Mainfroy, roy de<br />

Sicile, cria le cry <strong>du</strong> roy de France son frere, sous les auspices<br />

<strong>du</strong>quel il avoit entrepris c<strong>et</strong>te conqueste, « Et sire<br />

« Charles suivit 1'estour, criant a haute voix Montjoye S.<br />

« Denys 2 1 » Les <strong>du</strong>es de Bourgogne 3 , tant de la premiere<br />

que de la seconde branche, toutes deux issues de la maison<br />

royale de France, avqient pour cry Montjoye au noble <strong>du</strong>e, ou<br />

Montjoye Saint Andrieu, acause de la particuliere devotion<br />

qu'ils portoient a ce saint, qu'ils avoient choisi pour patron.<br />

Les historiens de Bourgogne 4 racpntent qu'Estienne, roy de<br />

Bourgogne, fut le premier qui prit pour enseigne de guerre<br />

la croix de Saint Andr6, <strong>et</strong> que ce fut lui qui, Fayant apportee<br />

de FAchai'e, la donna au monastere des religieuses de<br />

Weaune proche de Marseille, d'ou depuis elle fut transf6r6e<br />

en Feglise de Saint-Victor, vers 1'an 1250, oft elle ?e voit a<br />

present. Quelques-uns estiment que c6t Estienne roy de Bourgogne<br />

n'est autre que Gundioche, qui mourut en la bataille<br />

de Chalons contre Attila, dautant qu'il ne se lit point qu'il y<br />

ait eu aucun roy de ce nom dans la Bourgogne, <strong>et</strong> que d'ailleurs<br />

Ton pourroit pr6sumer que Gundioche, estant mort<br />

catholique, auroit eu le nom d'Estienne au bapteme, quoy<br />

que tous les historiens de ce temps-la ne fassent aucune<br />

mention de ce nom. Le <strong>du</strong>e Jean de Bourgogne s , fils de Philippes<br />

le Hardy, la remit en vogue : car lorsque la Bourgogne<br />

futreunie a la couronnede France, les Bourguignons avoient<br />

pris la croix droite; <strong>et</strong> Philippes le Hardy, qui estoit bon<br />

Francois, 1'avoit toujours portee. Ce qui me donne suj<strong>et</strong> de<br />

croire que ce fut le meme <strong>du</strong>e qui pritce cry d'armes de Montjoye<br />

Saint Andrieu, que Chiffl<strong>et</strong>, en ses Chevaliers de la toison<br />

d'Or, remarque avoir este" pris par les <strong>du</strong>es. Tant y a que<br />

Monstrel<strong>et</strong> 6 , Berry 7 , <strong>et</strong> autres historiens temoignent que<br />

depuis ce temps-la la croix de Saint-Andr6 a servy d'enseigne<br />

aux Bourguignons. Un Provincial donne encore pour cry aux<br />

<strong>du</strong>es de Bourgogne: Nostre Dame Bourgogne, <strong>et</strong> un autre 8<br />

dit que les premiers <strong>du</strong>es, c'est & dire de la premiere race,<br />

crioient : Chastillon au noble <strong>du</strong>e, peut-estre acause de la<br />

seigneurie de Chatillon sur Seine, qui leur appartenoit, <strong>et</strong><br />

laquelle ils tenoient en fief de i'evesque de Langres.<br />

Les comtes d'Artois, suivant les m6mes Provinciaux,<br />

crioient: Montjoye au blanc esprevier; ce qui peut avoir pris<br />

son origine de 1'eprevier dont le roy Philippes le Bel fit pr6sent,<br />

environ 1'an 1293, a Robert II, comte d'Artois 9 , ayant<br />

ordonn6 qu'a 1'avenir il tiendrqit son comt6 de la couronne<br />

de France au relief <strong>du</strong> m6me oiseau, qu'il lui seroit loisible<br />

de prendre en la fauconnerie <strong>du</strong> roy. Les l<strong>et</strong>tres patentes en<br />

forme de commission decern^es, 1'an 1330, par le roy Philippes<br />

de Valois au <strong>du</strong>e de Bourgogne, portent ces mots: « Que<br />

« comme ledit <strong>du</strong>e, acause de la <strong>du</strong>chesse sa femme, <strong>et</strong><br />

« comme bail d'icelle, le requiert; que comme la reine Jeanne<br />

« estoit en possession <strong>et</strong> saisine, <strong>et</strong> en sa foy <strong>et</strong> hommage <strong>du</strong><br />

« comte d'Artois, <strong>et</strong> <strong>du</strong> fief de 1'Esprevier, <strong>et</strong>c. » Et c'est pour<br />

cela qu'encore a present la cour des pairs de la ville d'Arras<br />

dans le seau dont elle se sert a la figure d'un cavalier ayant<br />

un eprevier sur la main droite. Les comtes d'Artois le portoient<br />

encore pour cimier de leurs armes, entre un double<br />

vol, ainsi que 1'on peut voir en une vitre de Saint-Pierre de<br />

Lille en Flandres, en la chapelle de Notre-Dame, dont la<br />

representation est ins6r6e en I'Histoire de la maison de B<strong>et</strong>hune<br />

dress6e par Andr6 <strong>du</strong> Chesne '°.<br />

II semble que c<strong>et</strong>te m6me coutume d'ajouter quelques mots<br />

pour difference aux cris des alnez s'est observ6e en la maison<br />

royale d'Angl<strong>et</strong>erre, dont le cry estoit: Saint George, sans<br />

addition d'aucun mot. Car nous lisons dans Froissart" que<br />

le prince de Galles, a la bataille de Poitiers, <strong>et</strong> a celle de<br />

Navar<strong>et</strong>, cria : Saint George Guienne, parce que il avait est6<br />

investy <strong>du</strong> <strong>du</strong>che" de Guienne, ce dernier mot faisantla difference<br />

<strong>du</strong> cry principal, qui appartenoit au roy d'Angl<strong>et</strong>erre.<br />

Toutefois je trouve en la Chronique de Flandres' 2 que Richard<br />

roy d'Angl<strong>et</strong>erre estant en la Terre Sainte, au siege de laffe,<br />

cria : Guienne au roy d'Angl<strong>et</strong>erre. A la bataille de Fumes le<br />

roy d'Angl<strong>et</strong>erre, dit la meme chronique, « issit hors a ban-<br />

« nieres desploy6es en criant: Guienne 1 a haute voix, <strong>et</strong> se<br />

1. A. Favyn. La Colomb. — 2. Chron. de Fland. c. 27. — 3, Chiffl<strong>et</strong>, en ses<br />

UC t 1113k. UC 10 lUalSUII UC V>liaai» |/» ^ j Jt AUfllll/. 1113* «/. l^CIDallU3f a|JUU LiUifllUtUi<br />

in Chron. Belg. an. 1293. — 10. L. 3, c. 5.— 11. Vol. 1, c. 162,241.—12. C. 9, 36.

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