Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...
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SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS<br />
« <strong>et</strong> de Brie cuens palais, » facon de parler dont le Roman<br />
de Garin le Loherans se sert quelquefois :<br />
Et dit li mes, merveilles ay o'i,<br />
Quant cuens pales roy de France aatist<br />
De tornoier, <strong>et</strong> il li faut einsi.<br />
Et Gautier de M<strong>et</strong>s en sa Mappemonde manuscrite ' parlant<br />
de Charlemagne :<br />
Si manda son fil Loeys,<br />
Et les barons de lors pays,<br />
Evesques, <strong>du</strong>s, <strong>et</strong> quenspalais.<br />
Je ne doute pas aussi que le nom de conspalatius, qui est<br />
donne dans un titre d'Heribert *, comte de Vermandois <strong>et</strong> de<br />
Troyes, a Fouques, comte <strong>du</strong> palais de Charles le Chauve,<br />
n'ait est6 forme <strong>du</strong> francois cuenspalais, ce Fouques y estant<br />
qualifie imperatoris conspalatius, de memes qu'Eldou'in comes<br />
<strong>et</strong> conspalatius, en une notice de 1'an 898, qui se lit au Cartulaire<br />
de I'abbaye de Montier en Der, rapportee par Andr6 <strong>du</strong><br />
Chesne aux Preuves de I'histoire de Vergy 3 . Quelquefois ilsse<br />
disoient palazins <strong>et</strong> cuens palazins, d'un terme dont<br />
Philippes Mpuskes s'est pareillement servi, lorqu'il parle<br />
d'Ebroin maire <strong>du</strong> palais, confondant, comme j'ay remarque,<br />
les maires avec les comtes <strong>du</strong> palais :<br />
Mais lues (Archenoald) moru, <strong>et</strong> Evrezins,<br />
Uns rices Ber, quens palazins<br />
Fu primes fais <strong>et</strong> mariskaus,<br />
Et de toute la tiere baus.<br />
Et le meme Roman de Garin :<br />
Or vo dirai del mesage Pepin,<br />
Qui aloit querre le comte palazin.<br />
Ensuite les comtes de Champagne s'estant appercus que<br />
les empereurs avoient accord^ le titre de comtes palatins<br />
a plusieurs seigneurs dans 1'Alemagne (ce que je crois avoir<br />
suffisamment justified pour faire voir qu'ils ne tenoient pas<br />
c<strong>et</strong>te dignite de 1'Empire, mais qu'ils la devoient a la bonte<br />
<strong>et</strong> a la liberalite de nos rois, desquels ils relevoient, se sont<br />
souvent intitulez comtes palatins de France. Eudes entre<br />
autres, dans un titre de I'abbaye <strong>du</strong> Val-Secr<strong>et</strong>, se dit Odo,<br />
Francorum comes palatinus *. Thibaud IV, fils <strong>du</strong> comte<br />
Estienne, dans une patente de 1'an 1147, qu'il expedia pour<br />
la maladerie des Deux-Eaux pres de Troyes, se qualifie gloriosus<br />
Francorum regni comes palatinus ; <strong>et</strong> Henry I <strong>du</strong> nom,<br />
surnomme le Large, ou le Liberal au Necrologe de Saint-<br />
Martin de Troyes, prend le titre de comes palatinus Gallise,<br />
ainsi que Camusat * a remarqu6.<br />
Quelquefois memes ils ont supprime le titre de palatins,<br />
<strong>et</strong> se sont dits comtes de France, ou des Francois simplement,<br />
<strong>et</strong> par excellence, parce qu'ils estoient presque les seuls qui<br />
possedoient le titre de comtes palatins dans le palais de nos<br />
rois, dont ils exercoient la justice souverainement, <strong>et</strong> comme<br />
leurs lieutenans. Heribert, comte de Vermandois <strong>et</strong> de Troyes,<br />
<strong>du</strong>quel nous avons par!6, en une patente de 1'an 969, qui est<br />
rapportee par Camusat s , prend ces titres : Heribertus, glo-<br />
1. C. 14. — 2. Camusat, p. 83, b. — 3. P. 19. — 4. Apud Sammarth. in Gall.<br />
Chr. — 5. P. 329. — 6. P. 85.<br />
riosus Francorum comes. Et Eudes, qui le premier de la<br />
famille des comtes de Chartres posseda le comte de Troyes,<br />
est nomme comes Odo de Francia, dans Wippon ', en la Vie<br />
de Conrad le Salique, dans Wibert 2 , en la Vie <strong>du</strong> pape<br />
Leon IX : « Odo, vicinae commarchise Francorum comes » ;<br />
dans le titre de I'abbaye <strong>du</strong> Val Secr<strong>et</strong> dont j'ay parle:<br />
Odo, Francorum comes palatinus ; dans d'autres d'Aymon,<br />
archevesque de Bourges, <strong>et</strong> dans le cartulaire d'Aganon de<br />
1'eglise de Chartres, simplement comes palatii. Enfln dans un<br />
autre de I'abbaye de Saint-Germain de Paris il y prend ces<br />
qualitez : Ego Odo, comes quarumdam provinciarum Galliss<br />
scilic<strong>et</strong> <strong>et</strong> Franciae. Le scavant Chiffl<strong>et</strong> peut faire une serieuse<br />
reflexion sur ces mots, qui luy justifient assez que Eudes<br />
n'estoit pas comte dans les terres de 1'Empire, comme il<br />
a voulu persuader, mais en France. Ainsi Thibaut III <strong>du</strong><br />
nom, comte de Champagne, <strong>et</strong> Estienne, comte de Meaux,<br />
son frere, s'inscrivent Gratia Dei Francorum comites, en une<br />
charte qui se lit dans le cartulaire <strong>du</strong> chapitre de Notre-<br />
Dame d'Amiens, <strong>et</strong> qui a este inseree par M. <strong>du</strong> Chesne aux<br />
Preuves de I'histoire de la maison de Coucy 3 . Le meme Thibaud<br />
est encore ainsi qualifie dans une epitre a Hugues, abbe<br />
de Cluny * : Theobal<strong>du</strong>s, Dei gratia Francorum comes ; <strong>et</strong> dans<br />
le Cartulaire de 1'Abbaye de Bourgueil 5 : Est autem curtis<br />
vel ecclesia ipsa ex fisco Theobaldi, comitis Francias. Enfin<br />
Estienne comte de Blois <strong>et</strong> de Chartres, qui, ayant quitte<br />
a son frere puine le comt6 de Troyes, r<strong>et</strong>int la dignite de<br />
comte palatin, qui sembloit estre affectee a 1'aine de la<br />
famille, est appelle par Anne Comnene 6 au livre xi de son<br />
Aleaciade, XOU.Y)? "fcpayxcai;, comte de France, titre qui luy est<br />
encore donne par Hugues, abbe de Flavigny, en sa Chronique<br />
7 : « Et sic Hierosolymam profectus, ab eodem abbate<br />
« usque ad vicum qui dicitur Pons Arlise, comitatui ejus<br />
« Stephano, comite Franciae, <strong>et</strong> Roberto, comite Flandrise,<br />
« adhserentibus, de<strong>du</strong>ctus est. » Que si on vouloit soutenir<br />
que les comtes de Champagne n'exercerent pas c<strong>et</strong>te dignite<br />
dans toute 1'<strong>et</strong>en<strong>du</strong>e' <strong>du</strong> royaume, il fautau moins tenir pour<br />
constant qu'ils 1'exercerent en celle <strong>du</strong> comte de Champage.<br />
Ce qui paroit assez par les l<strong>et</strong>tres <strong>du</strong> roy Henry, de 1'an 1043,<br />
par lesquelles il declare que le monastere de Saint-Pierre<strong>du</strong>-Mont,<br />
au dioscese de Chalons, ou plut6t le bourg oft il<br />
est bati, avec ses dependances, est ab omni banno palatines<br />
potestatis liberrimum 8 . Ce qui justifie assez que les comtes<br />
de Champagne exercoient en ce comte les droits annexez<br />
a la dignite de comte palatin.<br />
On peut ajouter a toutes ces remarques celle que Meier 9<br />
fait au suj<strong>et</strong> des comtes de Flandres, que nous avons dit<br />
avoir est6 qualifiez comtes palatins, ecrivant qu'ils se sont<br />
souvent intitulez comites regni <strong>et</strong> comites Francorum, probablement<br />
acause de c<strong>et</strong>te dignite de comte palatin qu'ils possedoient.<br />
Jean <strong>du</strong> Bosc, en son Histoire de Vienne I0 , rapporte<br />
une ancienne patente, ou Charles le Chauve appelle un certain<br />
O<strong>du</strong>lfe, comes noster Galliarum : mais je n'oserois pas<br />
assurer qu'il ait fait la fonction de comte <strong>du</strong> palais. Apr6s<br />
ces autoritez je n'estime pas qu'il reste aucun suj<strong>et</strong> de dquter<br />
que les comtes de Champagne n'ayent possede la qualite<br />
de comtes palatins dans 1'<strong>et</strong>en<strong>du</strong>e' <strong>du</strong> royaume de France,<br />
<strong>et</strong> qu'ils ne 1'ayent cue par la concession de nos rois, <strong>et</strong> non<br />
pas des empereurs, dont ils avoient este les vassaux, comme<br />
Chiffl<strong>et</strong> a avance.<br />
1. A. 1036. — 2. C. 14; Patriarch. Bitur. c. 58. — 3. L. 6. c. 1. — 4. T. 6.<br />
Spicileg. p. 409. — 5. Fol. 37. — 6. L. 11, p. 324. — 7. Chr. Vird. A. 1095. —<br />
8. Apud Sammarth. in Gall. Chr. in Abb. — 9. A. 863. — 10. P. 55.<br />
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