Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

les armes de Cypre, parties de celles de leur famille, en
consideration d'un present de cette consequence, que cette
reine, qui en estoit issue, leur fit'.
On pratique encore a present dans 1'Italie, particulierement
dans 1'Etat de Gennes, une forme d'adoption, que 1'on
appelle albergue. Elle se fait par le consentement de toute
une famille, qui depute des procureurs pour traiter avec
ceux ausquels elle desire communiquer son nom, ses armes
et ses prerogatives. Charles Venasque 2 prqduit deux exemples
de cette maniere d'adopter en la famille des Grimaldi,
qui pnt communique leur nom et leurs armes a quelques
gentilshommes du surnom d'Oliva et de Ceba, par deux actes
1. Bemb. 1. \, Chr. Venet.; Sansovino ; Est. Luzignan, en ses Geneal. ch. 48. —
2. Geneal. de la Maison de Grimaldi.
SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS. 75
passez & Gennes 1'an 1448, par lesquels ces gentilshommes
sont admis en la famille des Grimaldi, avec faculte de se
trouyer a 1'avenir en toutes les assemblies de la famille, a
condition de fournir auxdepenses qu'il cpnviendra faire, pour
la conservation et le maintien de sa dignite. Reciprpquement,
les procureurs au nom de la famille de Grimaldi declarent
qu'ils recoivent les adoptez, avec leurs enfans et leur post6rite,
en la famille de Grimaldi, cum omnibus signis, insignibus,
decore, claritudine, honore, dignitate, cognomento, ac juribus
quomodolibet competentibus, et competituris c&teris antiquis et
vera origine Grimaldis. Saluste Tibere de Corneto, en son
Formulaire', a aussi donn6 la formule de ces adoptions,
ou albergues, que Selden a inser^e en ses Titres d'Honneur*.
1. Impr. a Rome, 1621. — 2. Titles of Honor, part. 2, c. 8, g 3.
SUITE DE LA DISSERTATION PRfiCEDENTE,
TOUCHANT LES ADOPTIONS D'HONNEUR EN FILS, OU DEUX MONNOYES DE THEODEBERT I e <
ET DE CHILDEBERT 11% ROIS D'AUSTRASIE, SONT EXPLIQUfiES.
Comme dans les veritables adoptions il se contractoit une
affinite, non seulement entre le pere adoptif et les enfans
qui estoient adoptez, mais encore entre les parens des uns
et des autres; ainsi dans les adoptions d'honneur, quoiqu'elles
ne donnassent aucun droit aux successions, 1'alliance
passoit aux enfans et aux parens de ceux qui estoient
adoptez en flls ou en freres. Athalaric, roy des Goths d'ltalie,
dans Cassiodore ', ecrivant a Justinian, ou plut6t a Justin,
comme veut Alaman, dit qu'il a droit de se dire son parent et
son petit-fils, puisque Theodoric, son ayeul, avoit eu 1'hpnneur
d'etre adopte par luy : « atque adeo pacem npn longin-
« quus, sed proximus peto, quia tune mihi dedistis gratiam
« nepotis, quando meo parent! adoptivi gaudia prsestitistis. »
Ainsi dans Anne Comnene 2 , le faux Diogene qualifle Nicephore
Bryennius son oncle, parce que ce seigneur avoit
contract^ une adoption en frere avec I'empereur Remain
Diogene, dont il pretendoit estre le fils.
La quality de pere que Theodebert I er et Childebert IP du
nom, rois d'Austrasie, donnent dans leurs lettres, 1'un a
1'empereur Justinian, 1'autre a 1'empereur Maurice, pourroit
faire presumer qu'il se fit de semblables adoptions d'honneur
entre ces princes, en suite des traitez d'alliance que
1'un et 1'autre de ces rois flrent avec ces empereurs; car
comme ceux qui estoient adoptez s'estimoient honorez lorsqu'ils
pouvoient se dire les enfans de ceux qui les adoptoient,
il est probable qu'ils leur donnoient en meme temps le titre
de pere. Conrad, abbe d'Usperg 3 , parlant de I'empereur
Alexis Comnene, qui adopta de cette maniere quelques-uns
de nos princes francois qui alloient a la conquete de la Terre
Sainte : « Singularum turmarum principes Alexius, more
« suo, sub appellatione FILIOKUM suscepit, eisdemque post
« manus acceptas, sacramentaque flrmata....munera disper-
« tivit. » Comme done Alexis reconnoissoit ces princes sous
le nom de ses enfans, il ne faut pas douter qu'ils ne lui ayent
donne celui de pere.
Pour commencer par Theodebert, Freher * et apres lui
M. Duchesne s ont donne au public trois lettres que ce roi
ecrivit a Justinian. L'inscription de la premiere ne lui donne
autre titre que celuy-ci: « Domino illustri, inclito triumpha-
« tori.ac semper Augusto, Justinianoimperatori.» Mais dans
celles des deux suivantes Justinian y est qualifie pere, en
1. Senator. 1. 8, ep. 1 ; Aleman. ad Procop. Hist. Arcan. — 2. L. 10, Alex. —
3. A. 1101. — 4. Freheri Ep. Franc. — 5. To. 1, Hist. Franc, p. 862.
DISSERTATION XXIII.
ces termes : « Domino illustri et prsecellentissimo domino et
« PATEI Justiniano imperatori.» On recueille de la premiere
lettre que cet empereur rechercha le premier 1'amitie et
1'alliance de Theodebert, pour avec son secours combattre
les Goths en Italic; et, afln de 1'y porter plus puissamment,
il lui envoya des ambassadeurs et de riches presens. De
sorte que comme il n'y avoit pas encore pour lors aucun
trait6 entre ces princes, Theodebert repondant a la lettre de
Justinian ne lui donne que le titre qui estoit donne ordinairement
aux empereurs. Mais depuis qu'il y cut des traitez
entre eux Theodebert donna le titre de pere a Justinian
dans les inscriptions des lettres qu'il lui ecrivit. Ce qui pourroit
faire presumer, comme j'ay avance, qu'il y eut alors des
adoptions d'honneur contractors entre eux, en vertu desquelles
Theodebert qualifla Justinian du nom de pere.
L'une des trois lettres ' que ce prince ecrivit a cet empereur
marque evidemment qu'il y eut des traitez entre eux,
probablement apres la mort de Theodat, dont Theodebert
semble entreprendre la defense dans la premiere de ces
lettres, si ce n'est qu'il entende parler de Theodoric, ce que
je tiendrois plus probable, a qui les loiianges qu'il donne
a ce prince qu'il defend conviennent beaucoup mieux qu'a
Theodat. Procope 2 dit en termes expr6s que Thepdebert
s'obligea de servir I'empereur dans ses guerres d'ltalie, ecrivant
que Vitige, roy des Goths, ayant voulu engager a son
secours Childebert, Theodebert et Clotaire, qui commandoient
en ce temps-la dans la France, ces princes lui firent
reppnse qu'ils ne le pouvoient pas faire ouvertement, mais
qu'ils lui envoyeroient secretement des troupes tirees des
provinces qui leur appartenoient, parce qu'ils s'estpient
obligez peu auparavant envers 1'empereur de le servir en
cette guerre, !ra\ 6>tyw uporepov pao-tXei ec rovSs TOV 7to>>£{iov
|uXXr^£(j6at wu.oX6yrj(Tav. bu il est a remarquer que Justinian
traita avec Childebert, roy de Paris, parce qu'il avoit une
partie de ses Etats dans la Provence, et particulierement la
ville d'Arles, comme on peut recueillir de 1'auteur qui a ecrit
la Vie de Saint Csesarius 3 , et des epitres du pape Vigilius *.
Le meme Procope 5 rapportant ailleurs 1'irruption que Theodebert
fit dans les terres qui appartenoient a Justinian dans
1'Italie, dit que Belissaire, qui commandoit alors les troupes
1. Epist. 19. — 2. L. 1, de Bello Goth. c. 14. — 3. Messian. Presb. 1. 1, Vitae
S. Cses. — 4. Vigilii PP. Epist. apud Baron. A. 538, 28; 545, 4 : 546, 61. —
5. L. 2, c. 25.