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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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L'abus qui se glis'ssf &yec le temps dans le port de ces draps<br />

d'or <strong>et</strong> d'argent.'ei'-dfe ces riches fourrures, vint a un tel<br />

exces, particuJierement dans les occasions de guerre, <strong>et</strong> aux<br />

voyages d'outr^nier, qu'on en interdit 1'usage, comme estant<br />

une dec-ens^ '.superflue <strong>et</strong> de nul fruit. En celui que le roi<br />

Philippes Augusts <strong>et</strong> Richard roi d'Angl<strong>et</strong>erre entreprirent<br />

1'an 1190, 'entre les ordonnances qui furent dressees pour<br />

, <strong>et</strong>ablir 1'ordre dans la milice, il fut resolu que Ton s'abstien-<br />

" {Lrqti' & 1'avenir <strong>du</strong> port de 1'ecarlate, des peaux de vair,<br />

' tfhermines, <strong>et</strong> de gris, dont la depense estoit immense, <strong>et</strong><br />

plus vaine que necessaire : « Statutum est <strong>et</strong>iam — quod<br />

« nullus vario vel grisip, vel sabellinis, vel escarl<strong>et</strong>is uta-<br />

« tur'. » II semble que c<strong>et</strong> ordre fut encore observe sous le<br />

regne de S. Louys, qui en ses voyages d'outremer s'abstint<br />

de porter 1'ecarlate, le vair <strong>et</strong> 1'hermine, « Ab illo enim tem-<br />

« pore nunquam in<strong>du</strong>tus est squarl<strong>et</strong>o, vel panno viridi, seu<br />

« brun<strong>et</strong>o, nee pellibus variis, sed veste nigri coloris, vel<br />

« camelini, seu persei 2 . » Le sire de Joinville 3 rend le meme<br />

temoignage, ecrivant « qu'onques puis en ses habits ne<br />

or voulut porter ne menu vair, ne gris, ne escarlate. ne<br />

« estriefs <strong>et</strong> esperons dorez. » Et ailleurs il assure que tant<br />

qu'il fut putremer avec ce saint roi il n'y vit pas une seule<br />

cotte brodee. Comme c<strong>et</strong> abus continuoit, <strong>et</strong> qu'il n'y avoit<br />

personne qui ne s'incommodat pour se couvrir de ses pannes<br />

exquises, on fut oblige en Angl<strong>et</strong>erre 4 , aux deux parlements<br />

qui furent tenus a Londres 1'an 1334 <strong>et</strong> 1'an 1363, de faire<br />

defense a toutes personnes qui ne pourroient depenser cent<br />

livres par an d'user de fourrures. C'est ce qui a donne suj<strong>et</strong><br />

a deux auteurs alemans 5 de se plaindre de c<strong>et</strong>te manie qui<br />

avoit cours de leur temps : « Ad marturinam vestem anhe-<br />

« lamus quasi ad summam beatitudinem. » C'estoit particulierement<br />

dans les occasions de la guerre, ou les grands<br />

seigneurs faisoient par<strong>et</strong>re leur magnificence dans la richesse<br />

des habits <strong>et</strong> des cottes d'armes. Guillaume de Guigneville<br />

8 , moine de Challis :<br />

Ou sont bannieres desploiees,<br />

Ou sont hyaumes <strong>et</strong> bachin<strong>et</strong>s,<br />

Tymbres <strong>et</strong> vestus velue's,<br />

A or battu <strong>et</strong> a argent,<br />

Et a autre convitoiement.<br />

Ce n'est pas pourtant que j'estime que Ton ait seulement<br />

commence a porter ces riches fourrures depuis les guerres<br />

saintes : estant trop constant que les Francois en ont use<br />

des le commencement de la monarchic. Eguinard 7 ecrit que<br />

Charlemagne estoit ordinairement v<strong>et</strong>u a la franchise :<br />

« Vestitu patrio, hoc est francico, utebatur; » <strong>et</strong> que <strong>du</strong>rant<br />

1'hiver « ex pellibus lutrinis thorace confecto humeros ac<br />

« pectus tegebat. » D'ou nous apprenons que les anciens<br />

Francois se servoient de fourrures dans leurs y<strong>et</strong>emens,<br />

comme les autres peuples septentrionaux. Rutilius Numatianus*.<br />

Claudian <strong>et</strong> Sidonius 9 nous representent les Goths,<br />

<strong>et</strong> leurs rois, tout fourrez, y estans appellez pelliti reges. Le<br />

meme Sidonius temoigne la meme chose des Bourguignons I0 .<br />

Odon de Cluny " dit que Geraud, comte d'Aurillac, « yestiv<br />

mentis pelliceis super vestibus utebatur, quia genus istud<br />

« in<strong>du</strong>menti solent clerici vicissim <strong>et</strong> laici in usum habere. »<br />

A quoy se rapporte ce passage d'lves, evesque de Chartres l2 ,<br />

ecrivant qu'Estienne, qui se vouloit conserver en I'evesch6<br />

de Beauvais, avoit attire la plupart des chanoines a son<br />

party, par le present qu'il fit a chacun d'eux de ces riches<br />

fourrures : « quos sibi pelliculis peregrinorum muriumT,<br />

« atque aliis hujusmpdi vanitatum aucupiis inescaverat. »<br />

Roger de Hoveden l3 dit que 1'evesque de Lincolne estoit oblige<br />

de presenter au roi d'Angl<strong>et</strong>erre, par forme de reconnoissance,<br />

un manteau de martes zebellines.<br />

Quelques scavants se sont persuadez, avec beaucoup de<br />

fondement, que les herauds ont emprunte de ces cottes<br />

d'armes les m<strong>et</strong>aux, les couleurs, <strong>et</strong> les pannes, qui entrent<br />

en la composition des armoiries. Le savant Marc Velser '* est<br />

un des premiers qui a avance c<strong>et</strong>te opinion, en ces termes :<br />

« Atque ego compertum habeo pleraque insignia, quorum<br />

« meri colores, ex militari primo habitu manasse : seu (quod<br />

« hactenus eodem recidit) in militum saga migrasse ex<br />

« clypeis.?) Henri Spelman IS , auteur anglois, 1'a aussi touchee<br />

en son Aspilogie, lorsqu'il ecrit que ces riches peaux ont<br />

\. Guill. Neubr. 1. 3, c. 22. — 2. Guill. de Nang. p. 346 [1971. Gaufr. de Belloloc.<br />

c. 8. — 3. [Pag. 1401. —4. Tho. Walsing. in Ed. III. — 5. Helmold. 1. 1, c. i ;<br />

Adam Brem. c. 227 [lib. 4, cap. 18]. — 6. En son Roman ms. <strong>du</strong> Pelerinage de<br />

1'humaine lignee. — 7. In Car. M. cap. 23. — 8. L. 1, Itin. — Claud, in Ruf. [lib. 5,<br />

•vers. 85]. — 9. L. 7 [in condone post. ep. 9 <strong>et</strong> carra. 7, vers. 224]. — 10. L. 5.<br />

ep. 7. —11. L. 2 de Vita S. Geraldic. 3. —12. Ivo Cam. ep. 104. — 13. An. 1195.<br />

— 14. L. 4. Rer. Aug. — 15. Aspilog. p. 76.<br />

DISSERTATIONS<br />

donn6 lieu aux gentilshommes d'en emprunter les couleurs<br />

pour les m<strong>et</strong>tre dans leurs ecus <strong>et</strong> dans leurs armoiries:<br />

« Saepenumero pelles quaedam, quibus alias ad honorem <strong>et</strong><br />

« insignia in<strong>du</strong>ebantur proceres, colorem clypeis subminis-<br />

« trant armelinorum <strong>et</strong> zebellinorum. » Et apres ces grands<br />

hommes, un de nos auteurs frangois' 1'a encore avancee,<br />

sans la prouver, non plus que les autres, ecrivant que « c'est<br />

« par les vestemens qu'on a intro<strong>du</strong>it 1'usage <strong>du</strong> blazon,<br />

« c'est-a-dire la pratique des m<strong>et</strong>aux, couleurs <strong>et</strong> fourrrures,<br />

« <strong>et</strong> les termes <strong>et</strong> les regies, particulierement pour le com<strong>et</strong><br />

portement des armoiries observees par les herauz jusques<br />

« en ce temps. » C<strong>et</strong>te opinion est tenement plausible, que<br />

je ne fais pas meme difficulte d'avancer que c'est effectivement<br />

de ces cottes d'armes qu'il faut tirer la source <strong>et</strong> 1'origine<br />

des m<strong>et</strong>aux, des pannes <strong>et</strong> des couleurs qui composent<br />

aujourd'huy les armoiries. Mais comme elle pourroit surprendre<br />

d'abord, si elle n'estoit accompagnee de preuves<br />

authentiques, je me propose de continuer c<strong>et</strong>te dissertation,<br />

<strong>et</strong> de prouver que ce que nous appellons vulgairement couleurs,<br />

en termes de blazons, n'est pas une simple couleur,<br />

comme on a cru jusques a present, mais une panne, ou fourrure,<br />

ne plus ne moins, que 1'hermine <strong>et</strong> le vair, que Ton<br />

baptize de ce npm. Car quant aux deux m<strong>et</strong>aux qui entrent<br />

dans les armoiries, il n'est pas bien difficile de concevoir<br />

qu'ils n'ont este tires que des cottes d'armes faites de draps<br />

d'or <strong>et</strong> d'argent. *<br />

Entre les peaux <strong>et</strong> les riches fourrures dont les auteurs<br />

<strong>du</strong> moyen temps ont fait mention sont celles de vair, d'hermines,<br />

de gris, de martres, ou martes. <strong>et</strong> autres reprises dans<br />

les vieilles Ordonnances <strong>du</strong> peage de Paris, sous le titre de<br />

Pell<strong>et</strong>erie, dans la Coutume de Normandie*, dans le compte<br />

d'Estienne de la Fontaine, argentier <strong>du</strong> roi de 1'an 1351, qui<br />

est en la chambre des comptes de Paris, <strong>et</strong> dans divers<br />

auteurs. Toutes ces fourrures sont reconnues vulgairement<br />

sous le terme general de pannes, qui est un vieux mot franc,ois,<br />

encore en usage parmi nous pour marquer la fourrure<br />

ou la doublure d'un manteau, <strong>et</strong> qui est particulierement<br />

donne a certaines <strong>et</strong>offes de soye, ayant le fil long a guise<br />

de peaux, ausquelles elles ont succed6,1'usage des fourrures<br />

ayant cesse. II se trouve en toutes rencontres dans Froissart<br />

3 , Monstrel<strong>et</strong> *, <strong>et</strong> autres auteurs de ce temps-la, lorsqu'ils<br />

font un denombrement des meubles les plus precieux.<br />

Nos po<strong>et</strong>es 1'emploient aussi spuvent, comme le Roman de<br />

la Rose. Guillaume Guiart, Martial d'Auvergne en ses Arrests<br />

d'Amour, le Reclus de Moliens, <strong>et</strong> autres. Quelques ecrivains<br />

latins 1'pnt tourne par celui de pannus, <strong>et</strong> entre autres Geoffroy,<br />

prieur <strong>du</strong> Vigeois, en sa Chronique*, en ce passage :<br />

« Barones tempore prisco munifici largitores vilibus uteban-<br />

« tur pannis, adeo ut Eustorgius episcopus, vicecomes Lemo-<br />

« vicensis, <strong>et</strong> vicecomes Combornensis ari<strong>et</strong>inis ac vulpinis<br />

« pellibus aliquoties uterentur, quas post illos mediocres<br />

« deferre erubescunt. »<br />

Je ne pr<strong>et</strong>ends pas m'<strong>et</strong>endre sur toutes les riches fourrures<br />

dont les grands seigneurs se rev<strong>et</strong>oient : je me renferme<br />

seulement en la de<strong>du</strong>ction de celles qui entrent dans<br />

la composition des armoiries, dont il y en a deux qui passent<br />

<strong>et</strong> sont reconnues sous le nom de pannes, savoir 1'hermine<br />

<strong>et</strong> le vair ; <strong>et</strong> les

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