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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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44 DISSERTATIONS<br />

DE L'USAGE DU CRY D'ARMES<br />

Tous les gentilshommes <strong>et</strong> tous les nobles n'avoient pas le<br />

droit <strong>du</strong> cry d'armes; c'estoit un privilege qui n'appartenoit<br />

qu'a ceux qui estoient chefs <strong>et</strong> con<strong>du</strong>cteurs de troupes, <strong>et</strong><br />

qui ayoient banniere dans 1'armee. C'est pourquoy ceux-la<br />

ont raison qui entre les prerogatives <strong>du</strong> chevalier banner<strong>et</strong>',<br />

y m<strong>et</strong>tent celle d'avoir cry d'armes: d'autant que le cry servoit<br />

proprement a anirner ceux qui estoient sous la con<strong>du</strong>ite<br />

d'un chef, <strong>et</strong> a les rallier dans le besoin. De sorte qu'il arrivoit<br />

que dans une armee il y avoit autant de cris, comme il<br />

y avoit de bannieres, chaque cry estant pour le particulier<br />

de chaque compagnie, troupe, ou brigade, ou pour parler en<br />

termes <strong>du</strong> temps, de chaque route. D'ou vient que Guillaume<br />

Guiart se sert <strong>du</strong> terme de crier banniere en 1'an 1195:<br />

Et r'oTssiez crier Montjoie,<br />

Que la bataille ne remaingne,<br />

Saint Pol, Ponti, Drues, Champaingne,<br />

Melun, Bourgoingne, Ferrieres,<br />

Et autres diverses bannieres.<br />

Froissart <strong>et</strong> les autres usent des termes de crier les enseignes,<br />

comme j'ay remarque.<br />

Mais outre ces cris particulars il y en avoit un qui estoit<br />

general pour toute 1'armee, different <strong>du</strong> mot <strong>du</strong> gu<strong>et</strong>, lequel<br />

cry estoit ordinairement le cry de la maison <strong>du</strong> general de<br />

1'armee, <strong>et</strong> de celuy qui commandait aux troupes, si ce n'est<br />

que le roy y fust en personne : car alors le cry general estoit<br />

celuy <strong>du</strong> roy. Ce que nous apprenons de Froissart, ecrivant<br />

de la bataille de Cocherel 2 : « Quand ceux de France eurent<br />

« toutes ordpnnees leurs batailles a leurs advis, <strong>et</strong> que chas-<br />

« cun scavoit quelle chose il devoit faire, ils parlerent entre<br />

« eux, <strong>et</strong> regarderent longuement quel cry pour la journee<br />

« ils crieroient, <strong>et</strong> a quelle banniere, ou pennon, ils se trai-<br />

« neroient. Si furent grand temps sur tel estat que de crier :<br />

« Nostre-Dame Auxerre, <strong>et</strong> de faire le comte d'Auxerre leur<br />

« souverain pour ce jour: mais ledit comte ne s'y voulut<br />

« oncques acorder, ains s'excusa moult genereusement, di-<br />

« sant: Messeigneurs, grand mercy de 1'honneur que me<br />

« portez <strong>et</strong> voulez faire; mais quant a moy, je ne veux point<br />

« c<strong>et</strong>te charge, car je suis encore trop jeune pour encharger<br />

« si grand faiz <strong>et</strong> tel honneur, car c'est la premiere journee<br />

« arr<strong>et</strong>ee ou je fus onques. C'est pourquoy vous prendrez un<br />

« autre que moy : cy avez plusieurs bons chevaliers, comme<br />

« monseigneur Bertrand <strong>du</strong> Guesclin, <strong>et</strong>c. ; <strong>et</strong> peu apres: Si<br />

« fut ordonn6 d'un commun accord qu'on crieroit: Nostre<br />

« Dame Guesclin, <strong>et</strong> qu'on s'ordonnerait c<strong>et</strong>te journee <strong>du</strong><br />

« tout par ledit messsire Bertrand.» Le meme Froissart 3 fait<br />

encore c<strong>et</strong>te remarque ailleurs touchant le cry general, en<br />

ces termes : « Adonc prirent un cry les Escossois, <strong>et</strong> me sem-<br />

« ble que tous devoient crier: Douglas S. Gilles; <strong>et</strong> au troi-<br />

« sieme vol. * : La eurent-ils parlement pour sfavoir quel cry<br />

« ils crieroient; on voulut prendre le cry messire Bertrand,<br />

« mais il ne le voulut plus : <strong>et</strong> encore plus, il dit qu'il ne<br />

« bouteroit ja hors ce jour banniere, ne pennon, mais se<br />

« vouloit combattre dessous la banniere de messire Jean de<br />

« Bueil. » Quelquefois il y avoit deux cris generaux dans<br />

une meme armee: mais c'estoit lorsqu'elle estoit composee<br />

de deux differentes nations. Ainsi en la bataille qui fut donnee<br />

entre le batard Henry de Castille <strong>et</strong> le roy dom Pi<strong>et</strong>re,<br />

on cria de la part des Espagnols: Castille au roy Henry; <strong>et</strong><br />

de la part des Francois qui estoient au secours <strong>et</strong> dans 1'armee<br />

<strong>du</strong> meme Henry, sous la con<strong>du</strong>ite de Bertrand <strong>du</strong> Guesclin,<br />

on cria : Nostre Dame Guesclin 5 .<br />

Souvent toutefois dans les batailles on crioit le cry <strong>du</strong><br />

prince, quoy qu'il n'y fust pas present. La Chronique de<br />

Mandres*. racontant un combat qui fut donn6 en Gascongne<br />

entre le comte d'Artois, general <strong>du</strong> roy Philippes le Bel, <strong>et</strong><br />

1. A. Favyn, au Theatre d'Hon. 1. 1, p. 24. — 2. Vol. 1, c. 162 ; vol. 2, c. 122 :<br />

vol. i, c. 122. — 3. Vol. 2, c. 10. — 4. Vol. 3, c. 75. — 5. Froiss. vol. 1, c. 245.'<br />

— 6. C, 34, 36.<br />

DISSERTATION XII.<br />

les Gascons <strong>et</strong> les Anglois, le comte de Foix, qui estoit joint<br />

aux troupes de France, s'avanca <strong>et</strong> cria Montjoie ! a haute<br />

voix, <strong>et</strong> assembla a ses ennemis. En la bataille de Furnes, 1'an<br />

1297, le meme comte d'Artois y cria encore Montjoie. II est<br />

vray que le cry des comtes d'Artois estoit aussi Montjoie,<br />

comme il sera dit cy-apres ; ce qui pourroit faire douter que<br />

Ton ait alors cri6 son cry, plutOt que celuy <strong>du</strong> roy. Quoy qu'il<br />

en soit, on peut justifier par quelques passages de Monstrel<strong>et</strong><br />

<strong>et</strong> autres, que Ton a souvent cri6 le cry <strong>du</strong> roy de France en<br />

son absence. Mais quant au cry <strong>du</strong> banner<strong>et</strong>, il ne se crioit<br />

point en son absence, quoy que ses troupes fussent en 1'armee,<br />

comme nous apprenons de Froissart '.<br />

Le cry general se prononcoit unanimement par tous les<br />

soldats en meme temps, <strong>et</strong> avant que de venir aux mains<br />

avec les ennemis, ou plutdt dans 1'instant de la melee, <strong>et</strong><br />

lorsqu'on s'approchoit de pres. Ce qui se faisoit, tant pour<br />

implorer 1'assistance <strong>du</strong> Dieu des armees par des cris <strong>et</strong> des<br />

termes d'invocation, que pour s'animer les uns les autres £<br />

combatre vaillamment, <strong>et</strong> a defendre 1'honneur <strong>et</strong> la reputation<br />

<strong>du</strong> general. Ces cris sepoussoient avec vigueur <strong>et</strong> ave

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