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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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« regis inqui<strong>et</strong>are aut alicui in illo laesionem inferre deber<strong>et</strong>. »<br />

C'estoit encore une coutume <strong>et</strong>ablie parmi les Lombards ',<br />

que le fils <strong>du</strong> roy ne pouvoit seoir a la table de son pere,<br />

qu'il n'eust recu auparavant ses premieres armes des mains<br />

de quelque prince <strong>et</strong>ranger.<br />

Les Histoires Byzantines n'ont pas specific les ceremonies<br />

dont les empereurs de Constantinople se servirent lorsqu'ils<br />

pratiquerent ces adoptions. Anne Comnene 2 dit qu'Isac, son<br />

oncle, <strong>et</strong> Alexis, son pere, furent adoptez par 1'imperatrice<br />

Marie, suivant 1'usage recu en ces occasions : Ka-ra TOV TcapaxouXv)6r,(7avTa<br />

irep\ T£>V TOIOUTWV iraXat TUTtwv. Albert d'Aix 3 , parlant<br />

de 1'adoption de Godefroy de Bouillon par 1'empereur<br />

Alexis Comnene, se contente de dire qu'il fut adopte en fils,<br />

sicut mos est terras; <strong>et</strong> Guillaume, archevesque de Tyr * :<br />

« adhibita juxta morem curiae solennitate quadam, quae in<br />

« ejusmodi arrogationibus fieri sol<strong>et</strong>, secun<strong>du</strong>m regionis<br />

« morem. » De sorte qu'il est incertain qu'elle fut c<strong>et</strong>te<br />

ceremonie, <strong>et</strong> si c<strong>et</strong>te adoption se faisoit par les armes,<br />

comme celle des barbares, ce qui d'abord ne paroit pas<br />

eloigne de la probability. Car 1'pn ne doit pas trouver<br />

Strange qu'en c<strong>et</strong>te occasion 1'imperatrice Marie ait adopte<br />

par les armes les deux freres Comnenes, puisque nous lisons<br />

dans Orderic Vital 5 que Cecile, fille de Philippes I, roy de<br />

France, <strong>et</strong> pour lors veuve <strong>du</strong> fameux Tancrede, prince<br />

d'Antioche, donna 1'ordre de chevalerie a Gervais, seigneur<br />

br<strong>et</strong>on, fils d'Haimon, vicomte de Dol, dont la ceremonie se<br />

faisoit avec les armes. Je trouve encore dans un compte de<br />

1'hostel <strong>du</strong> roy, <strong>du</strong> terme de 1'Ascension de 1'an 1262, que la<br />

reine de France fit le seigneur de Saint-Yon chevalier en une<br />

feste de Pasques 6 .<br />

Mais d'ailleurs je remarque dans YHistoire des guerres<br />

saintes qu'il se pratiquoit anciennement une autre ceremonie<br />

pour les adoptions d'honneur, que celle par les armes : qui<br />

estoit que celui qui adoptoit faisoit passer I'adopt6 sous sa<br />

chemise, ou son manteau : faisant connoltre par la qu'il le<br />

tenoit comme son fils, <strong>et</strong> comme sorti de lui. Le prince<br />

d'Edesse adopta de c<strong>et</strong>te maniere Baudoiiin, frere de<br />

Godefroy de Bouillon, qui fut depuis roy de Hierusalem :<br />

« Bal<strong>du</strong>inum sibi filium adoptivum fecit, sicut mos regionis<br />

« illius <strong>et</strong> gentishab<strong>et</strong>ur, nudq pectori suo ilium astringens,<br />

« <strong>et</strong> sub proximo carnis suse in<strong>du</strong>mento semel hunc inves-<br />

« tiens, fide utrimque data <strong>et</strong> accepta. » Ce sont les termes<br />

d'Albert d'Aix 7 : Guibert 8 , abbe de Nogent, raconte la<br />

m6me chose en ceux-cy : « Adoptationis autem talis pro<br />

« gentis consu<strong>et</strong>udine dicitur fuisse mo<strong>du</strong>s. Intra lineam in-<br />

« terulam, quam nos vocamus camisiam, nu<strong>du</strong>m intrare<br />

« eum faciens sibi astrinxit : <strong>et</strong> hsec omnia osculo libato<br />

« firmavit. Idem <strong>et</strong> mulier postmo<strong>du</strong>m fecit, <strong>et</strong>c. » Comme<br />

Foucher de Chartres 9 , qui accompagna Baudoiiin en c<strong>et</strong>te<br />

expedition, Guillaume de Tyr I0 , <strong>et</strong> Conrad, abbe d'Usperg,<br />

ecrivent en termes formels, que celui qui 1'adopta estoit un<br />

prince grec, qui avoit este envoye en c<strong>et</strong>te place par 1'empereur<br />

de Constantinople pour y commander, il semble plus<br />

probable que c<strong>et</strong>te facon d'adopter estoit celle qui estoit<br />

pratiquee par les Grecs. Ce que Ton peut encore recueillir<br />

de ce que Mauro Orbini, en son Histoire des Sclayons ", remarque<br />

que Marie Paleologue, reine de Bulgarie, adopta<br />

ainsi Svestislas, qui fut roy <strong>du</strong> meme pays apres Smiltze :<br />

« Alia fine Maria si ricolse d'adottare per figliuolo esso Sves-<br />

« tislav, <strong>et</strong> questo fece publicamente nella chiesa : abbra-<br />

« ciando con una parte del suo manto Sy<strong>et</strong>oslav, <strong>et</strong> con<br />

« 1'altra Michele figliuolo di ley. » C'est ce qui a dpnne suj<strong>et</strong><br />

a Surita ' 2 de dire que c'estoit la maniere ordinaire des<br />

adoptions de ces temps-la; adoptionis jus illorum temporum<br />

institute more : rite sancitum tra<strong>du</strong>nt, qui is inoleverat. ut qui<br />

adoptar<strong>et</strong>, per stolse fluentis sinus eum qui adoptar<strong>et</strong>ur tra<strong>du</strong>cer<strong>et</strong>.<br />

On pourroit encore rapporter a c<strong>et</strong>te ceremonie celle<br />

qui est racontee par le sire de Joinville l3 , lorsqu'il parle de<br />

1'alliance que le prince de la Montagne contracta avec saint<br />

Louys par sa chemise <strong>et</strong> son anneau qu'il lui envoya. Les<br />

Grecs adoptoient aussi dans 1'eglise, devant les pr<strong>et</strong>res, qui<br />

recitoient des prieres a c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, comme nous verrons dans la<br />

suite.<br />

II ne faut pas douter que la chevalerie l4 n'ait tire son<br />

origine de c<strong>et</strong>te espece d'adoption, qui se faisoit par les<br />

armes, <strong>et</strong> de la ceremonie qui s'y pbservpit, ou Ton reveloit<br />

d'armes pour la guerre celui qui estoit adopte. Ce qui se<br />

pratiquoit aussi lorsqu'on faisoit quelqu'un chevalier. Car<br />

comme dans ces adoptions d'honneur on pr6sentoit toute<br />

DISSERTATIONS<br />

1. Paul. Warnefr. de Gest. Langob. c. 33, 34. — 2. Anna Com. 1. 2, Alex. —<br />

3. Alb. Aq. 1. 2, c. 16. — 4. Will. Tyr. 1. 2, c. 2. — 5. L. 11. — 6. En la Ch. des<br />

Coraples de Paris. — 7. L. 3, c. 21. — 8. L. 3, Gest. Dei, c. 13. — 9. L. 1, c. 6. —<br />

10. L. 4, c. 2. — 11. P. 464. — 12. L. 1, Ind. A. C. 1034. — 13. P. 86. —<br />

14. Selden, Titles of honor, part. 2, c. 1.<br />

sorte d'armes au fils adoptif, pour s'en servir dans les premieres<br />

occasions des batailles, ainsi celui qui faisoit an<br />

chevalier lui donnpit Tepee, le haubert, le heaume, <strong>et</strong> generalement<br />

le rev<strong>et</strong>oit de toutes les armes qui sont necessaires<br />

a un bon soldat pour se trouver dans les combats. C'est<br />

pourquoy il estoit alors appelle miles, parce qu'il commencoit<br />

a entrer dans la profession de la guerre, <strong>et</strong> se faisoit<br />

armer de toutes pieces, pour y faire le m<strong>et</strong>ier d'un vaillant<br />

soldat.<br />

Le Moine de Mairemontier ', decrivant les ceremonies qui<br />

s'observerent lorsque Geoffroy, <strong>du</strong>e de Normandie, fut fait<br />

chevalier, dit qu'on 1'equippa de toute sorte d'armes. Voici<br />

comme il en parle : « Ad<strong>du</strong>cti sunt equi, allata sunt arma,....<br />

« in<strong>du</strong>itur lorica incomparabili, quae maculis <strong>du</strong>plicibus<br />

« Intexta, nullius lanceae yel jaculi cujuslib<strong>et</strong> ictibus trans-<br />

« forabilis haber<strong>et</strong>ur. Calciatus est caligis ferreis ex maculis<br />

« itidem <strong>du</strong>plicibus compactis : calcaribus aureis pedes ejus<br />

« astricti sunt: clypeus leunculos aureos imaginarios habens<br />

« collo ejus suspenditur : imposita est capiti ejus cassis<br />

« multo lapide pr<strong>et</strong>ioso relucens, quse talis temperaturaa<br />

« erat, ut nullius ensis acumine incidi, vel falsificari valer<strong>et</strong>.<br />

« Allata est ei hasta fraxinea ferrum Pictavense prs<strong>et</strong>endens,<br />

« ad ultimum allatus est ei ensis de Thesauro regio, <strong>et</strong>c. »<br />

Ce passage fait assez voir qu'anciennement, lorsqu'on faisoit<br />

des chevaliers, on les rev<strong>et</strong>oit de toute sorte d'armes, ce que<br />

Ton appelloit adouber un chevalier. li'Ordene de chevalerie de<br />

Hues de Tabarie:<br />

Sire, chou est li remembranche<br />

De celuy qui 1'a adoube<br />

A chevalier, <strong>et</strong> ordene, <strong>et</strong>c.<br />

Le Roman de Garin le Loherans :<br />

Ailleurs :<br />

F6tes mes freres chevaliers le matin,<br />

Si m'aideront c<strong>et</strong>te guerre a tenir.<br />

Et dit li peres : Volontiers, biax amis,<br />

II les adoube, <strong>et</strong> chevaliers en fist.<br />

Mon droit seigneur, qui soef me norri,<br />

Qui m'adouba, <strong>et</strong> chevalier me fist.<br />

Les vieilles ordonnances qui sont dans les archives de la<br />

ville de Padoiie 2 veulent que celuy qui sera podestat de<br />

Vicenza facial se fieri militem adobatum.<br />

Mais les expressions les plus ordinaires en ces occasions"<br />

estoient celles de donner des armes, au lieu de dire, faire wn<br />

chevalier 3 . Robert Bourron conjoint le mot ti'adouber, avec<br />

ceux-cy : « Or aten jusques & le matin, que je t'adouberay,<br />

« <strong>et</strong> te donray armes. » Dans les auteurs latins il n'y a rien<br />

de plus commun que ceux de armare, dare arma, arma<br />

accipere, dans le meme sens. Un titre d'Alfonse, roy de<br />

Castille 4 , vulgairement appelle 1'Empereur, de 1'an 1194,<br />

porte c<strong>et</strong>te date : Haec carta fuit facta eo anno quo dictus<br />

« imperator armavit filium suum Fernan<strong>du</strong>m militem in.<br />

« Palentia, in festo Natalis Domini. » Guillaume de Malmesbury<br />

5 , parlant de la chevalerie de Henry fils de Guillaume<br />

le Batard : « Anno s<strong>et</strong>atis 19, in Pentecoste, apud Westmo-<br />

« nasterium sumpsit arma a patre. » Howeden, parlant <strong>du</strong><br />

meme Henry, se sert de ces termes : « Filium suum Henri-<br />

« cum armis militaribus honoravit; » <strong>et</strong> Henry d'Huntindon<br />

de ceux-cy : « Henricum filium suum juniorem virilibus<br />

« in<strong>du</strong>it armis. » Le meme auteur en un autre endroit":<br />

« Henrico, nepoti suo, David, rex Scotorum, virilia tradidit<br />

« arma. » Une ancienne chronique citee par Selden:<br />

« Alexander, rex Scotiae, Joannem Scotum, comitem de<br />

« Huntedpne, <strong>et</strong> plures alios nobiles viros, armis militaribus<br />

« in<strong>du</strong>it in die Pentecostes. » Le Roman de Garin se sert<br />

aussi en quelques endroits de c<strong>et</strong>te facon de parler :<br />

Et si vos mandes comme estes amis,<br />

Que dognies armes 1'enfant Girberc s'en fuis,<br />

Si hautement que li <strong>du</strong>s n'en menteist,<br />

Par grant chierte le vos envoie icy<br />

Car bien trovast chevalier en feist.<br />

En un autre endroit:<br />

Et chevalier a f<strong>et</strong> de Garnerin,<br />

C'est li plus janes de tos les fuis Hervi,<br />

Cheval li donne, armes, <strong>et</strong> ver <strong>et</strong> gris.<br />

1. Jo. Monach. 1.1, Hist. Gauf. Due. — 2. Apud Felic. Osium. — 3. Roman de<br />

Merlin, ms. — 4. Chiffl<strong>et</strong>, in Vind. Hisp. p. 395. — 5. L. 5. — 6. Pag. 395.

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