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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS.<br />

DES ADOPTIONS D'HONNEUR EN FILS,<br />

ET, PAR OCCASION, DE L'ORIGINE DES CHEVAI,ERIES.<br />

Le mariage est 1'un des plus grands biens dont 1'hpmme<br />

soit redevable au souverain auteur de la nature, puisqu'il<br />

le garantit en quelque facon <strong>du</strong> tombeau, <strong>et</strong> le rend participant<br />

de 1'immortalite. La procreation <strong>et</strong> la succession<br />

continuelle des enfans fait qu'il ne meurt pas; ce qui a fait<br />

dire au Sage ' que celuy-la ne doit pas estre repute mort,<br />

qui laisse son semblable apres soy : « Mortuus est, sed quasi<br />

« non ess<strong>et</strong> mortuus, rehquit enim similem sibi. » C<strong>et</strong>te<br />

pensee a donne suj<strong>et</strong> a certains her<strong>et</strong>iques * de croire que la<br />

resurrection des corps, dont il est par!6dans I'Ecriture sainte,<br />

devoit estre interpr<strong>et</strong>ee, non a la l<strong>et</strong>tre, mais dans un sens<br />

allegorique, scavoir de la procreation des enfans, qui fait<br />

revivre 1'homme une seconde fois, <strong>et</strong> le rend immortel.<br />

D'ailleurs, on ne peut pas souhaiter une satisfaction plus<br />

grande, dit 1'empereur Leon 3 , ni des soulagemens plus<br />

doux dans le tracas <strong>et</strong> les chagrins de le vie, <strong>et</strong> particulierement<br />

dans les incommoditez d'un age avance, que ceux qu'on<br />

tire des enfans. Mais dautant, dit le meme prince 4 , que c<strong>et</strong><br />

avantage n'est pas tenement universe!, qu'il ne se trouve<br />

plusieurs qui en sont privez, les 16gislateurs y ont apporte le<br />

remede par 1'adoption, <strong>et</strong> ont supplee par le secours de la loy<br />

aux d6fauts de la nature. Car ce qui a donn6 la premiere<br />

occasion aux adoptions a este le defaut des enfans, <strong>et</strong> particulierement<br />

des males. Avec le temps on a permis indifleremment<br />

d'adopter a ceux qui en avoient cqmme a ceux qui<br />

n'en avoient point. Or, comme 1'adoption imite la nature,<br />

selon les jurisconsultes 5 , ces m6mes 16gislateurs ont voulu<br />

que les enfans adoptez fussent semblables en tout, quant<br />

aux eff<strong>et</strong>s civils, aux enfants naturels ; que les peres adoptifs<br />

eussent la puissance de la vie <strong>et</strong> de la mort sur eux, comme<br />

sur leurs enfans naturels; que ces enfans prissent le nom <strong>du</strong><br />

pere adoptif, comme estant entrez <strong>et</strong> entez dans sa famille;<br />

que comme les naturels ils eussent part a leur succession, <strong>et</strong><br />

que comme eux ils pussent estre des-heritez.<br />

Ces adoptions ont eu lieu longtemps sous les Remains, mais<br />

depuis que les nations <strong>du</strong> Nord se sont r6pan<strong>du</strong>es dans leur<br />

empire, on y en a veu par<strong>et</strong>re une autre espece, laquelle<br />

n'estoit pas tant une adoption qu'une alliance entre les<br />

princes, qui se communiquoient par la reciproquement les<br />

titres de pere <strong>et</strong> de fils, <strong>et</strong> par ce moyen contractoient entre<br />

eux une liaison de bienveillance beaucoup plus <strong>et</strong>roite. Ces<br />

adoptions n'estoient que par honneur, <strong>et</strong> ne donnpient<br />

aucune part au fils adoptif en la succession de celui qui<br />

adoptoit. C'est pourquoy Nicephore Bryennius 6 dit qu'elles<br />

ne se faisoient que n.exp\ X6you, c'est a dire en apparence <strong>et</strong><br />

non en eff<strong>et</strong>, n'y ayant rien qui approchat de 1'adoption des<br />

Remains, que lesnoms depere <strong>et</strong> de flls.qu'ils se donnoient.<br />

Ce que Justin fit assez connoitre lorsque les ambassadeurs<br />

de Cabades, roy de Perse, lui offrirent la paix de la part de<br />

leur maitre, au cas qu'il voulust adopter Cosroes, fils de la<br />

soeur de ce prince : c<strong>et</strong> empereur leur ayant fait reponse<br />

qu'il le vouloit bien, pourveu que ce fust a la mode des<br />

barbares <strong>et</strong> des <strong>et</strong>rangers, to? fiapgapw rcpocnrpcei, mais non pas<br />

de c<strong>et</strong>te adoption pratiquee par les'Remains, qui donne le<br />

droit aux enfans adoptifs dans la succession de celui qui<br />

adopte.<br />

Hunimond, roy des Sueviens, fut adopte de c<strong>et</strong>te esp6ce<br />

d'adoption par Theodemir, frere de Walemir, roy des Goths,<br />

qui 1'ayant fait prisonnier dans un combat, veniam condonavit,<br />

reconciliatusque cum Suevis, eumdem quern ceperat adoptans<br />

sibi filium, remisit cum suis in Sueviam. Ce sont les termes de<br />

Jornandes 7 . Le meme auteur ecrit que 1'empereur Zenon<br />

1. Eccles. c. 30. — 2. Philastr. de Haeres. — 3. Leo, Nov. 26. — 4. Id. Nov. 27.<br />

— 5. § Minorem instil, de adopt. 1. 23 de lib. <strong>et</strong> posth.: Calpurn. Place, decl. 30. —<br />

6. L. I, c. 38; Procop. 1. i de Bello Pers. cap. 2. — 7. Jornand. de Reb. G<strong>et</strong>.<br />

c. 53, 57.<br />

DISSERTATION XXII.<br />

adopta de c<strong>et</strong>te adoption Theodoric, roy des Goths : non<br />

qu'elle eust este alors en usage dans 1'empire d'Orient, mais<br />

parce que probablement Theodoric rechercha c<strong>et</strong> honneur<br />

de ce prince, avec lequel il contractpit alliance, suivant la<br />

coutume des peuples de sa nation, qui la pratiquoient en de<br />

semblables rencontres. Ce fut done ainsi que le roy des<br />

Herules fut adopt6 par le meme Theodoric ' ; Athalaric, roy<br />

des Goths, par Justinian 2 , ou, comme le docte Alaman<br />

ecrit 3 , par le meme Justin ; Cosroes, roy de Perse, par<br />

1'empereur Maurice* ; Boson, par Jean VIII, pajDe 5 ; Louys<br />

fils de Boson, par 1'empereur Charles le Gros 6 ; Isac <strong>et</strong> Alexis<br />

Comnene, dont le dernier fut depuis empereur, par 1'imperatrice<br />

Marie, femme de Nicephore Botaniate 7 ; Godefroy de<br />

Bouillon, <strong>du</strong>e de la Basse-Loraine, par le meme Alexis 8 ;<br />

Andronique Ducas, par Andronique Comnene le tyran 9 ;<br />

Jathatin, sultan de Coni, par 1'empereur Isac 1'Ange I0 ; <strong>et</strong><br />

enfin le roy de Hongrie, par 1'empereur Rodolphe "><br />

Cassiodore l2 est celui qui nous a represents les ceremonies<br />

qui s'observoient en ces adoptions honoraires, particulierement<br />

parmi les peuples <strong>du</strong> Nord : ecrivant que c'estoit<br />

un honneur <strong>et</strong> une faveur considerable chez les nations<br />

<strong>et</strong>rangeres d'estre adopte par les armes : « Per arma posse<br />

« fieri filium grande inter gentes constat esse prseconium. »<br />

Ailleurs : « Desiderio quoque concordiaB factus est per arma<br />

« filius : » termes qui justifient ce que j'ay ecrit, que ces<br />

adoptions se faisoient pour lier davantage une alliance <strong>et</strong><br />

une confederation. En un autre endroit : « Gensimun<strong>du</strong>s ille<br />

« tote or be cantabilis solum armis filius factus. » Conformement<br />

a ces passages, Jornandes l3 , parlant de Theodoric,<br />

adopte par Zenon : « Et post aliquod tempus ad amplian<strong>du</strong>m<br />

« honorem ejus in arma sibi eum filium adoptavit. » Le<br />

meme Cassiodore explique encore disertement c<strong>et</strong>te maniere<br />

d'adopter, dont il nous a represent^ la formule, nous apprenant<br />

qu'elle se faisoit en rev<strong>et</strong>ant celui qui estoit adopte de<br />

toute sorte d'armes, qui lui estoient donnees par celui qui<br />

adoptoit : « Et ideo more gentium, <strong>et</strong> conditione virili, filium<br />

« te praesenti munere procreamus, ut comp<strong>et</strong>enter per arma<br />

« nascaris filius, qui bellicosus esse dignosceris. Damus<br />

« quidem tibi equos, enses, clypeos, <strong>et</strong> reliqua instrumenta<br />

« bellorum, sed, qua3 sunt omnibus fortiora, largimur tibi<br />

« nostra indicia. »<br />

Ces facons de parler, <strong>et</strong> ces expressions, inter gentes, more<br />

gentium, <strong>et</strong>c., montrent que c<strong>et</strong>te sorte d'adoption fut particulierement<br />

pratiquee par les peuples barbares, ou <strong>et</strong>rangers,<br />

qui usoient en c<strong>et</strong>te occasion de la tradition des armes. Ce<br />

que Procope '* assure encore en ces termes : Oy ypafxtxaa-.v ol<br />

P«p6apot ToO? uaTSa? Trotouviat, aXX' SuXtov axsuvj. Ce qui me fait<br />

croire qu'il faut rapporter a c<strong>et</strong> usage ce que'Gontran l5 pratiqua<br />

lorsqu'il adopta Childebert, son neveu, lui ayant mis sa<br />

lance entre les mains, pour marque qu'il le tenoit pour son fils.<br />

Les Annales de France tirees<strong>du</strong> monastere de Fulde l6 , disent<br />

qu'en 1'an 873 les ambassadeurs de Sigebert, roy des Danois,<br />

<strong>et</strong> d'Halbden, son frere, prierent 1'empereur Louys II : « Ut<br />

« rex dominos suos reges in loco filiprum habere dignar<strong>et</strong>ur,<br />

« <strong>et</strong> illi eum quasi patrem venerari vellent cunctis diebus<br />

« vitae suss. » A c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, il lui presenterent une epe"e,dont le<br />

pommeau estoit d'or massif. Mais il semble que c<strong>et</strong>te<br />

espee n'estoit que pour marquer la forme de leur sermens :<br />

« Jurabant enim, juxta ritum gentis suae, per arma sua,<br />

« quod nullus deinceps de regnodo minorum suorum regnum<br />

i. Cassiod. 1. 4, ep. 2. — 2. Cassiod. 1. 8, ep. 1. — 3. Aleman. ad Procop. anecd.<br />

p. 18, edid. 1. — 4. Evagr. 1. 6, c. 16 ; Theoph. Anast. — 5. Jo. VIII, ep. 119. —<br />

6. Herman. Contr. A. 886 ; Annal. Fuld. A. 887. — 7. Niceph. Bryenn. 1. 4, c. 38 ;<br />

Anna Com. 1. 2, Alex. p. 44. — 8. Albert. Aq. 1. 2, c. 16 ; W. Tyr. 1. 2, c. 2 ; Abb.<br />

Usperg. — 9. Nicel. in Andr. 1. 1. c. 11. — 10. Acrop. c. 9. — 11. Hist. Austral.<br />

1297. — 12. Senator, 1. 4, ep. 2 ; 1. 8, ep. 1, 9. — 13. C. 57. — 14. L. 1 de bello<br />

Pers. c. 11. — 15. Greg. Tur. 1. 5, Hist. c. 18 ; 1, 7, c. 33. — 16. An. 873.<br />

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