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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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« Si vero quispiam horum sibi non congruentem, <strong>et</strong> genere<br />

« praestantiorem <strong>du</strong>xerit uxorem, cum vitae suse damno<br />

« componat. » Ainsi les Juifs ', les Samaritains <strong>et</strong> les Iberes<br />

ne perm<strong>et</strong>toient a aucun d'eux de prendre alliance dans les<br />

nations <strong>et</strong>rangeres : tant ils faisoient <strong>et</strong>at de la leur, laquelle<br />

ils ne vquloient point estre melangee d'autre sang que de<br />

celuy qui le premier leur avoit donne Festre. C<strong>et</strong>te estime<br />

que Ton a fait en France des alliances par femmes est fondee<br />

sur la raison naturelle, dautant que les enfants estant<br />

procreez de I'homme <strong>et</strong> de la femme, <strong>et</strong> par consequent<br />

prenans les qualitez de 1'un <strong>et</strong> de 1'autre, ils participent<br />

ordinairement a leurs bonnes on mauvaises inclinations 2 .<br />

Car comme les nobles sont procreez d'un sang plus epure,<br />

<strong>et</strong> qu'a raison de leur nourriture <strong>et</strong> de leur e<strong>du</strong>cation ils<br />

sont portez au bien <strong>et</strong> a 1'honneur par une pente naturelle,<br />

il ne se peut presque faire autrement que leurs enfans<br />

n'ayent part a ces bonnes inclinations:<br />

Fortes creantur fortibus <strong>et</strong> bonis,<br />

Est in juvencis, <strong>et</strong> in equis patrum<br />

Virtus: nee imbellem feroces<br />

Progenerant aquilae columbam 3 .<br />

C'est pourquoy Sidonius 4 a raison de dire: «Est quidem<br />

« princeps in genere monstrando partis paternae praerogativa,<br />

« sed tamen multum est quod debemus <strong>et</strong> matribus. » Au<br />

contraire les enfans qui naissent de ces conjunctions inegales<br />

participent aux inclinations basses <strong>et</strong> viles de leurs<br />

peres ou de leurs meres, qui n'ont point de naissance <strong>et</strong> d'extraction<br />

, soit qu'elles passent ayec le sang dans leurs<br />

personnes, soit que 1'e<strong>du</strong>cation qu'ils contractent dans leur<br />

enfance en imprime insensiblement les caracteres. Mais la<br />

principale raison qui a donne suj<strong>et</strong> d'interdire civilement<br />

ces sortes d'alliances roturieres aux gentilshommes, a est6<br />

parce qu'ils avilissoient par la la noblesse <strong>et</strong> le lustre de<br />

leur famille. C'est celle que Theodose 5 rend lorsqu'il defend<br />

aux femmes nobles d'epouser leurs esclaves: « Ne insignium<br />

« familiarum clara nobilitas indigni consortii foeditate viles-<br />

« cat, <strong>et</strong> quod splendore fprsitan senate rise generositatis obli-<br />

« nuerat, contactu vilissimae spci<strong>et</strong>atis amittat. » A quoy est<br />

conforme ce que la loy des Wisigoths* dit a ce suj<strong>et</strong>: « Ge-<br />

« nerosa nobilitas inferioris tactufitturpis.<strong>et</strong> claritas gene-<br />

« ris sordescit commixtione abjectae cpnditionis.» C'est ce qui<br />

est appelle dans la chronique d'Autriche 7 depressio generis,<br />

<strong>et</strong> par nos Francois abbaissement de lignage ou de manage.<br />

Ce que j'ay avance des gentilshommes qui se mesallioient<br />

est tenement vray, qu'a peine on reputoit nobles ceux qui<br />

prenoient des alliances roturieres. Les termes <strong>du</strong> vieux Ceremonial<br />

au chapitre des obseques le font assez voir, ou, apres<br />

avoir dit que les quatre cierges qui se m<strong>et</strong>toient aux quatre<br />

coings <strong>du</strong> cercueil, armoiez des escussons £t des armes<br />

des quatre lignes, devoient estre portez par les plus proches<br />

<strong>du</strong> lignage dont sont lesdites armes, il ajoute ces mots:<br />

« Et par les armes, <strong>et</strong> ceux qui portent les cierges a 1'accom-<br />

« pagner, est cogneu les quatre lignes se sont 8 dont il est<br />

« descen<strong>du</strong>, <strong>et</strong> quelque ancienn<strong>et</strong>6 qu'il ait selon le lignage<br />

« de quatre lignes il doit estre honore. Car quand homme a<br />

« prins ligne de quatre lignes en la maniere susdite.il se peut<br />

« dire gentil-homme <strong>et</strong> a qui noblesse appartient. Et se un<br />

« noble homme d'ancienn<strong>et</strong>6 est issu apres sa noblesse de<br />

« quatre lignes non nobles.c'est a scayoirde celle de 9 1'esle <strong>et</strong><br />

« de suselle, <strong>et</strong> de mere.il ne se devroit plus nommer gentil-<br />

« homme; <strong>et</strong> pour c<strong>et</strong>te cause tout noble homme doit desirer<br />

« a soy marier a noble lignie. Car se ce n'est en celle faute,<br />

« sa lignie sera tousjours dite noble, quelque chose qu'elle<br />

« face, combien que le noble homme de sa nature doit tous-<br />

« jours faire nobles ceuvres, ou il fait honte a sa nature. »<br />

D'ou il est arrive que tels gentilshommes qui avoient forligne,<br />

pour user <strong>du</strong> terme de Monstrel<strong>et</strong> I0 <strong>et</strong> de Georges<br />

Chastellain", c'est a dire qui avoient pris alliance en maison<br />

roturiere, encore qu'ils conservassent le titre de noblesse, <strong>et</strong><br />

en c<strong>et</strong>te qualite fussent exempts de tailles <strong>et</strong> d'autres subsides,<br />

ausquels les roturiers sont suj<strong>et</strong>s, ils ne pouvoient pas<br />

toutefois aspirer aux dignitez eminentes. ni se trouver dans<br />

les assemblees des chevaliers aux tournois. ou ailleurs, qupy<br />

que leurs enfans peussent parvenir a 1'ordre de chevalerie.<br />

Car suivant les <strong>et</strong>ablissements de France selon 1'usage <strong>du</strong><br />

Chatell<strong>et</strong> de Paris l2 , « S'uns horn de grant lignage prenoit<br />

1. Jalcat, in lib. Esther.; Const. Porp. de adm. Imp. c. 45; Benjam. in Itiner. —<br />

2. Fr. 1'Alou<strong>et</strong>, en son Trait, des Nobles, 1.1. c. 4. — 3. Horat. — 4. L. 4, ep. 21.<br />

— 5. Nov. Theod. de mulierib. quae se prop. serv. junxerunt. — 6. L. 5, tit. 7, § 17.<br />

— 7. Chron. Austr. a. 1270. — 8. [Que& trois lignes se font, Gloss, au mot<br />

Beri<strong>et</strong>um, pag. 662.] — 9. Ayeule <strong>et</strong> bisayeule. — 10. Vol. 1, c. 44. — 11. Hist,<br />

de Jacq. de Lalain, c. 2. — 12. Chap. 128.<br />

SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS. 37<br />

« la fille a ung villain a femme, si enfans porroient bien<br />

« estre chevalier par droit, se il vouloient. » Ils estoient<br />

memes exclus de toute compagnie de noblesse, <strong>et</strong>il leurestoit<br />

defen<strong>du</strong> de se trouver aux tournois, ainsi qu'il est formellement<br />

exprime dans le traitte' que Rene, roy de Sicile, a<br />

fait sur ce suj<strong>et</strong>; ou il est porte qu'apres que tous les<br />

chevaliers <strong>et</strong> les escuiers qui se doivent presenter pour<br />

combattre aux tournois sont arrivez dans la ville ou ils se<br />

doivent faire, « ils envoient dans le lieu de leur assemblee,<br />

« qui est ordinairement un cloistre, leurs bannieres,heaumes<br />

« <strong>et</strong> tymbres; <strong>et</strong> la ront rangez par le roy d'armes; puis<br />

« viennent les juges <strong>du</strong> tournoy avec les dames, les chevaliers<br />

« <strong>et</strong> escuiers, pour les visiter, un heraut ou poursuiyant<br />

« nommant tout haut les noms de ceux a qui ils appartien-<br />

« nent, afin que s'il y a quelqu'un qui ait mesdit des dames,<br />

« ou commis lasch<strong>et</strong>e ou crime, sur la denonciation desdites<br />

« dames ou chevaliers, le chevalier tournoiant soit puny<br />

« selon 1'exigence <strong>du</strong> cas, <strong>et</strong> empesche de tournoier. » Le roi<br />

Rene rapporte trois cas, outre le premier, qui touche Thonneur<br />

des dames, qui meritent punition: le premier est quand<br />

un gentilhomme s'est trouve faux <strong>et</strong> mauvais menteur en<br />

cas d'honneur ; le second, quand il se trouve usurier ; <strong>et</strong> le<br />

troisieme, lorsqu'il s'est rabaisse par mariage, <strong>et</strong> s'est marie<br />

a femme roturiere <strong>et</strong> non noble. « Desquels trois cas les<br />

« deux premiers <strong>et</strong> principaux (ce sont les propres termes<br />

« <strong>du</strong> traitte) ne sont point remissibles, aincois leur doit-on<br />

« garder au tournoy toute rigueur de justice, se ils sont si<br />

« fols <strong>et</strong> si outrecuydez d'eux y trouver, apres ce que Ton<br />

« leur aura notifle <strong>et</strong> boute leur heaume a terre. Estant a<br />

« noter que s'il vient aucun au tournoy qui ne soit point<br />

« gentilhomme de toutes ses lignes, <strong>et</strong> que de sa personne<br />

« il soit vertueux, il ne sera point batu de nul pour la<br />

« premiere fois, fors seulement des princes <strong>et</strong> grands sei-<br />

« gneurs, lesquels, sans luy malfaire, se joueront a luy de<br />

« leurs espees <strong>et</strong> masses, comme s'ils le vousissent battre:<br />

« <strong>et</strong> ce luy sera a tousjours mais attribue a grand honneur<br />

« a lui fait par lesdits princes <strong>et</strong> grands seigneurs, <strong>et</strong> sera<br />

« signe que par grand'bonte <strong>et</strong> vertu il merite d'oresenayant<br />

« estre <strong>du</strong> tournoy : <strong>et</strong> sans ce que on luy puisse jamais en<br />

« rien reprouver son lignaige en lieu d'honneur oil il se<br />

« trouve, tant oudit tournoy qu'ailleurs, <strong>et</strong> la aussi pourra<br />

« porter tymbre nouvel, ou adjouster a ses armes comme il<br />

« voudra pour le maintenir ou temps advenir pour luy <strong>et</strong> ses<br />

« hoirs. » Nous apprenons de ce passage que la peine que<br />

Ton faisoit souffrir a ceux qui ne s'estoient pas bien comportez<br />

dans les tournois estoit d'estre bastonne, ou d'estre<br />

mis a la baculef terme qui vient de baculus. Mathieu Paris 2<br />

parle de c<strong>et</strong>te peine pratiquee dans les tournois, en plusieurs<br />

endroits de son Histoire.<br />

Quoy que ces mariages fussent permis par les loix canoniques,<br />

neantmoins les loix civiles <strong>et</strong> politiques, ou plut6t les<br />

usages intro<strong>du</strong>its par un commun consentement de la noblesse,<br />

pnt <strong>et</strong>abli des peines pour les empescher. Parmy les<br />

les Wisigoths 3 , une fille noble qui s'estoit mesalliee, « quae<br />

« honestatis suae oblita, personae suae non cogitans statum,<br />

« ad inferiorem forte maritum devenerat, » perdoit la succession<br />

qu'elle avoit cue ou devoit avoir de son pere, <strong>et</strong> estoit<br />

exclue de celle de ses freres <strong>et</strong> soeurs. Par c<strong>et</strong>te raison" il<br />

n'estoit pas permis aux barons, qui avoient la garde-noble<br />

des filles des gentilshommes, de les marier qu'a des personnes<br />

nobles, <strong>et</strong> ne pouvoient pas les deparager sans encourir<br />

la peine qui estoit ordonnee par les statuts *, <strong>et</strong> particulierement<br />

par celuy de Merton en Angl<strong>et</strong>erre, dont il est parle<br />

dans Littl<strong>et</strong>on 5 , <strong>et</strong> dans les loix des barons d'Escosse":<br />

« Haeredes maritentur sine disparagatione, » ainsi qu'il est<br />

porte dans la grande charte des franchises d'Angl<strong>et</strong>erre.<br />

De ces remarques il est vray de dire qu'en France<br />

on n'a jamais repute pour veritables gentilshommes que<br />

ceux qui estoient gentilshommes de nom <strong>et</strong> d'armes, c'esta-dire<br />

de quatre lignes. C'est c<strong>et</strong>te noblesse que Pierre<br />

de S. Julien 7 en ses Meslanges paradoxales qualifie, a<br />

proprement parler, Noblesse de nom <strong>et</strong> d'armes, laquelle<br />

il soutient ne recevoir ni le plus ni le moins : Un gentilhomme<br />

de c<strong>et</strong>te maniere, quoy que pauvre, n'estant pas<br />

moins gentilhomme qu'un seigneur riche <strong>et</strong> opulent, non<br />

plus q'un roy n'est pas plus roy qu'un autre, quoy qu'il soit<br />

plus riche: 1'<strong>et</strong>en<strong>du</strong>e de pays qui est sous sa domination ne<br />

le faisant pas plus ou moins souverain. Ce fut la la pensee<br />

<strong>du</strong> roy Eumenes 8 , lequel, bien qu'il n'eust plus qu'un chateau<br />

1. Traitte des tournois. — 2. P. 500, 554, 578, 623. — 3. Lex Wisig. 1. 3,<br />

tit. 1, § 8. — 4. Math. Par. ann. 1215, <strong>et</strong> p. 271 ; Assises de Hier. c. 190 : W.<br />

Tyr. 1. 12. c. 12. - 5. Sect. 103, 107. — 6. LL. Baron. Scot. c. 91 <strong>et</strong> 92. —<br />

7. Mesl. Hist. p. 632,640. — 8. Plut. in Eumen.

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