Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

« etiam quod eamdem firmitatem, quotiescumque quaere-
< remus, vel quaeri faciemus, cum magna fortitudine, vel
« parva, absque dilatione reddet. » Celle de Hugues 1 ,
seigneur de Partenay, de Fan 1253 : ad magnam forciam et
parvam. Enfln un titre de Guillaume, comte de Geneve, de
1'an 1232 2 : « Ego Guillelmus, comes Gebennensis, nptum
« facio, etc quod ego teneo in feodum a nobili viro....
« Hugone, duce Burgundiae, castrum meum de Cleies, ita
o quod de ipso castro potest ad voluntatem suam guerrare,
« ad magnas gentes et ad paryas, et cum armis et sine
« armis. » Ces derniers termes justitient evidemment que
toutes ces facons de parler ne sont que pour faire voir que
le vassal estoit oblig6 de remettre son chateau a son seigneur,
soit qu'il y voulust entrer le plus fort, et en faire sortir le
vassal, soit qu'il y voulust venir avec sa suite ordinaire pour
y exercer les marques de superiorite, comme nous dirons
incontinent.
II y a plusieurs titres qui representent d'autres termes.
Celuy de Matfred de Castelnau 3 , de Tan 1221: « Et promisi
« in virtute praestiti sacramenti, quod praefatum castrum
« omni tempore eidem redderem, cum forisfactq et sine
« forisfacto, ad omnem ejus submonitionem vel certi nuntii
« sui. » II y en a un autre semblable, de 1'an 1190, en I'Histoire
des evesques de Cahors*, qui est de Raymond, vicomte
de Turenne. Dans le Cartulaire du comte de Sigorre, qui se
conserve en la Chambre des Comptes de Paris 5 , je lis ces
mots: « Arnaldus Aragonensis reddidit castros Petro, comiti
« Bigorrensi, qui vocantur Ors, Luci, Ferrer, Belsen, tribus
« vicibus in anno, ab ira et sine ira, ab feit et foras feit, a
« lui et a se lignage. » L'hommage de Fortaner de Gordon,
pour plusieurs chateaux qu'il possedoit au diocese de Oahors,
fait a Raymond, comte de Tolose 6 , Fan 1241, use d'autres
termes, qui ont la meme signification : « Et promitto vobis
« per solennem stipulationem, quod hsec praedicta universa
« etsingula reddam et tradam vobis et successoribus vestris,
« iratus et pacatus, cum delicto et sine delicto, quotiescum-
« que a vobis per vos, vel vestrum nuntium super hoc fuero
« requisitus, sine omni diffugio atque mora. » Celuy de
Hugues Arnauld, au m6me Raymond, de 1'an 1237, qui se lit
dans I'Histoire des vicomtes de Turenne 7 , represente les
memes mots. Un autre de Oentulle, comte d'Estrac, de 1'an
1230, en fournit d'autres, mais qui ont la meme signification
: « Ad commonitionem vestram, vel nuntiorum
« yestrorum, quotiescumque et quandpcumque volueritis,
« irati vel pacati, cum commisso et sine commisso, vobis
« reddemus. »
Je crois que toutes ces expressions ont une signification
differente de celle de grande et de petite force, et qu'elles
forment une condition qui regarde les persqnnes du seigneur
et du vassal, au cas qu'ils ayent quelque different ensemble,
ce qui est expliqu6 plus clairement par la formule qui se
rencontre ordinairement dans les titres d'iratus et pacatus,
en v.ertu de laquelle le seigneur declare qu'il a droit d'entrer
dans le chateau de son vassal, soit qu'il ait different avec
luy, et qu'il y ait de la mesintelligence entre-eux, iratus, ab
ira; soit qu'il n'ait aucun demesle avec luy, pacatus ou
paeificus, comme porte un titre de Hugues, comte de la
Marche, touchant le chateau de Belac 8 , etipsum castrum non
debent ei vetare pacifico nee irato. Un titre d'lldefonse, roy
d'Arragon 9 , de Tan 1192 : « Et tu et successores tui dabitis
« mini et meis successoribus in perpetuum potestatem, irati
« et pacati, de Lorda, et de omnibus castellis, munitionibus
« et fortitudinibus ejusdem comitatus et terras. » Mais parmi
une infinite de titres qui representent ces termes je me contenteray
de rapporter cet hommage de Roger de Mirepois I0 :
« Ego Rogerius de Mirapeis et Arnaldus Rogerii, et ego
« Rogerius Isarni, et ego Suffredus de Marlag, juramus tibi
« Rogerio comiti Fuxensi, filio Rogerii, et Stephanies, cas-
« tellum Mirapeis ab la forsa, et ab las forsas, quse nunc ibi
« sunt et inantea erunt, que nol ten tollam ne non ten deci-
« piam de las forsas quae nunc ibi sunt, et inantea erunt;
« et si erit homo aut foemina qui hoc fecerit, recti adjutores
« tibi erimus, donee recuperatum habeas, et inantea in
« sacramento staremus, quod pacificati et pacati reddemus
« eum, cum tolas forcias tibi et tuo misso, quando tu volue-
« ris, juramus tibi per Deum, et per istos sanctos. » Ce titre
semble encore expliquer les termes grande et petite force, et
faire voir qu'ils regardent les forces qui sont dans le chateau
du vassal, desquelles il doit aider son seigneur, soit que par
1. M. Perard, p. 260 ; Besly. — 2. M. Perard, p. 425. — 3. Aux Preuv. de 1'Hist.
de Turenne, p. 42.—4. La Croix, in Episc. Cadurcens. p. 75. — 5. Census et
debila Bigorrae. — 6. Reg. des Cerates de Tolose, fol. 18, com. par M. d'Herouval.
— 7. Aux Preuves, p. 154. — 8. Reg. des Comtes d'Angoulesme, colte 25. —
9. Hist, de Beam, 1. 6, ch. 9. — 10. Ib. 1. 8, c. 11.
SUR L'HISTOTRE DE SAINT LOUYS. Ml
ces mots on entende les artilleries, soit qu'on les prenne
pour les garnisons et les soldats qui gardoient la forteresse.
An traite d'alliance qui se fit en 1'an 1266 entre Henry, comte
de Luxembourg, et Ferry, due de Lorraine ', le comte promet
d'aider en bonne foy le due contre le comte de Bar, en bonne
foy a son pooir a grant force et a petite.
Les anciennes Coutumes de Catalogne 2 disent que le vassal
est oblige de mettre son chateau au pouvoir et entre les
mains de son seigneur lorsqu'il lui en fera la demande : et
ensuite elles forment cette difficulte au sujet du vassal qui
est en proc6s avec son seigneur pour quelque different qui
cpncerne le fief: car quoy qu'il allegue qu'il en a este
depouille par luy, ou d'une partie, et qu'il n'est pas tenu de
repqndre au seigneur, jusques a ce qu'il luy eust rendu et
restitue ce dont il a est6 depouille, si est-ce, disent ces Coutumes,
que le vassal ne doit estre oiii en aucune manfere :
dautant qu'en ce qui regarde la feaute\ c'est-a-dire les
devoirs des vassaux envers les seigneurs, on n'est pas recti a
alleguer aucune raison. Si lo senyor ha playdeiat ab son
vassal en juhezi sobre alcuna cosa, que riquinsca, fe, e lo vassal
allegua que el es despulat per lo Senyor d'alcuna part del feu,
ho d'alcuna ultra cosa, per que dyu que no es tengut de respondre
al senyor, entro que sia restituit en so de que es despulat.
en aquest cas lo vassel no deu essor hoit en neguna manera.
Car en so que requer fieltat, e par contradir se sequeys bausia,
no es presa neguna defensio. Get article semble expliquer
disertement le mot d'iratus, etJustifie que quoy que le seigneur
et le vassal soient en different au sujet de leurs fiefs,
le vassal nearitmoins ne pouvoit pas en ce cas refuser a son
seigneur de rendre son chateau. II explique encore les termes,
Cum forisfacto et sine forisfacto, cum delicto et sine
delicto, qui sont exprimez par celuy de Bausia, comme j'espere
le justifier ailleurs 3 : car il dit qu'en ce qui requiert la
feaute, par le refus de 1'accomplir, il y a lieu a la felonie, et
que le vassal ne peut sous pretexte de different se deffendre
de rendre sa forteresse a son seigneur. Ainsi le vassal estoit
oblige de remettre son chateau a son seigneur a la premiere
sommation, soit qu'il fust en different avec luy acause de
son fief, soit qu'il fust en paix, pacatus.
Le seigneur avoit droit de demander que son vassal remit
en son pouvoir son chateau et sa forteresse pour s'en servir
dans ses besoins. C'est ce qui est exprime en plusieurs chartes.
La Chronique de Senone*: « Castrum suum Morhen-
« ges.... ab eodem duce in feodo recepit, ut si quando ipsi
« necessitas occurreret illud castrum absque ulla contradic-
« tione redderetur. » Un titre de Voldemar, due de Jutie 5 ,
de 1'an 1326: « Antedictae vero munitiones, semper nobis,
« vel nostris veris hseredibus apertae erunt, ad omnem nos-
« tram necessitatem. » L'hommage d'Arnauld Otton 6 ,
vicomte de Lomagne, a Alphonse, comte de Poitou et de
Tolose : « Dicta etiam feuda iratus et pacatus vobis reddam,
« quandocumque fuero requisitus, quse tamen restituere
« mini debebitis necessitate finita. » Cette necessite s'entendoit
tant pour les grands besoins que pour ceux qui estoient
de moindre importance. Un titre de Guillaume de Guierche
7 : « Prasterea domino regi juramentq astricti sumus
« quod non denegabimus ei, vel mandate ejus, domum nos-
« tram de Segreio in magna vel parva necessitate. » Ces
besoins sont remarquez par Philippes de Beaumanoir, au
passage que j'ay rapporte cy-devant, scavoir pour les
guerres du seigneur, pour mettre ses prisonniers, pour y
avoir sa retraite et s'y faire garder, et pour le profit commun
du pays.
Le premier cas se trouve ainsi exprim6 en 1'hommage de
Pierre Bermond, seigneur de Sauve, d'Anduse et de Sommieres,
qu'il rendit a Louys VIII, roy de France, 1'an 1226 s : «Et
« ego super sacrosancta juravi domino regi, quod omnia
« castra quae nunc teneo de ipso tradam ei et haeredibus suis
« ad magnam vim et parvam, et pro gravandis hostibus suis,
« quotiens inde a domino rege, vel haeredibus suis, fuero
« requisitus. » Philippes Auguste 9 donna la terre de Conches
a Robert de Courtenay, a condition qu'il seroit tenu, et ses
successeurs, de rendre au roy forteritias prssdictorum castrorum,
ad guerrandum, et ad magnam vim, et ad parvam.
Berenger-Guillems, seigneur de Clernaont de Lpdeve: « Etiam
« castra confessus est reddere decima die, vel infra, ad ejus,
« ejusque nuntii commonitionem propter bellum. » Un titre
de Garcias Arnauld de Navailles, de Fan 1262 : « Encores
« promeismes et jurasmes a Mons. Edoart, que nos heres a
« tos jors rendron a li, o a ses hers, et a lur seneschal, o a
1. Vigner, aux Geneal. d'Alsace, p. 146. — 2. Art. 1. — 3. In Gloss. Lat. Barb,
v. Bosiare. — 4. C. 121. — 5. Pontan. 1. 7, Rerum Danicar. — 6. Reg. de la
Connetablie de Bordeaux, fol. 183. — 7. Reg. de Phil. Aug. appartenant a M. d'Herouval,
p. 126. — 8. Reg. de Carcassone, fol. 60. — 9. Reg. de Phil. Aug. p. 85.