Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

« sant, les chevaliers qui parleront diront" leurs advis ; ils en
« nommeront trois ou quatre, ou tant qu'il leur plaira, des
« bienfaisans, et au derrain ils se rapporteront a un, lequel
« ils nommeront, et celui emportera la voix, et ainsi ce fait
« de main en main a tous les chevaliers, et prennent mor-
« ceaux de pain, et celui qui plus en a, c'est celluy qui passe
« route ; et ceux qui font 1'enqueste font serment qu ils la
« feront bien et loyaument.
« ITEM, et ou cas que le tournqy se feroit sans accord, la
« partie qui seroit d6cqnfite, celui qui demourroit derrenier
« a cheval d'icelle partie desconflte auroit le heaume, comme
« le mieux deffendant; et 1'autre partie, celui qui seroit le
« mieux assaillant, auroit 1'espee.
« ITEM le lendemain du tournoy, s'il y a aucun destord de
« droit d'armes, tant de ceulx gagnez ou pardus, comme des
« chevaliers tirez a terre, depuis les estaches levees, et comme
« de tous autres droits, soient d'ostel prins, d'ostel armeures,
« ou autres choses quelconques, il en est a 1'ordonnance et
« juges des chevaliers.
« ITEM on doit parler aux eschevins, aux majeurs et gou-
« verneurs des bonnes villes ou le tournoy se doit faire,
« d'avoir prix raisonnable de ce qui est necessaire, c'est a
« scavoir de foing, avoyne, nappes, touailles, et de toute autre
« vaisselle es hostieux, chascun endroit soy, la ou il sera
« Iogi6, ou faire prix sur les hostelaiges, lits et yaisseaux,
« et au cheval foing et avoyne de hors; et est dit que se
« aucun chevalier n'adequoy payer son hostelaige, qu'il fasse
« courtoisement fin et accord.
« S'ENSUIT la declaration des harnois qui appartiennent
« pour armer un chevalier et un escuier.
« Premierement un harnois de jambes, convert de cuir
« cousu a esguillettes au long de la jambe, jusques au
SUR L'HISTOTRE DE SAINT LOUYS. 29
« genoiiil, et deux attaches larges pour attacher a son bar-
« ruier', et souleres values attachez aux grues.
« ITEM cuisses et poullains de cuir, armoiez de varennes
« des armes au chevalier.
« ITEM une chausse de mailles pardessus le harnois de
« jambes, attachee au brayer, comme dit est, pardessus les
« cuisses, et uns esperons dorez, qui sont attachez a une
« cordelette autour de la jambe, affin que la molette ne
« tourne dessous le pied.
« ITEM uns anciens. et unes espaulieres.
« ITEM paus et manchez, qui sont attachez a la cuirie, et
« la cuirie a tout ses esgrappes sur les espaules, et une seur-
« seliere sur le pis a davant.
« ITEM bracheres a tout les houson, et le han escucon de
« la banniere sur le col convert de cuir, avec les tonnerres
« pour les attacher au braier, a la cuirie : et sur le bacinet
« une coiffe 3 de mailles, et un bel orfroy pardevant au front,
« qui veult.
« ITEM bracellets attachez aux espaules a la cuirie.
« ITEM un gaignepain pour mettre es mains du chevalier.
« ITEM un heaume, et le tymbre, tel comme il voudra.
« ITEM deux chaines a attachier a la poitrine de la cuirie,
« une pour 1'espee, et 1'autre pour le baston en deux vigeres*
« pour le heaume attacher.
« ITEM le harnois de 1'escuier sera tout pareil, excepte
« qu'il ne doit avoir nulles chauces de mailles, ne coiifette
« de mailles, sur le bacinet, mats doit avoir un chappeau
« de Montauban, et si ne doit avoir nulles bracheres, et des
« autres choses se peut armer comme un chevalier, et ne doit
« point avoir de sautour a sa selle. »
i. Brayer. — 2. Pectus. — 3. AI. Creste. — 4. In alio ms. Visiereg.
DE L'EXERCICE DE LA CHICANE,
OU DU JEU DE PAUME A CHEVAL.
DISSERTATION VIII.
Je me suis trop engage dans la matiere des exercices militaires,
pour ne rien dire de la CHICANE, qui y appartient.
C'est un sujet qui n'est pas indigne de la curiosite, puisqu'il
est connu de peu de personnes, et qu'il nous decouvre une
espece de manege pratiqu6 particulierement par les nouveaux
Grecs, qui semble avoir est6 ignore dans 1'Occident.
II ne leur a pas est6 toutefois si particulier qu'on ne puisse
dire avec fondement qu'ils 1'ont emprunt6 des Latins, puisqu'il
est constant que le nom en est francois, et qu'il est
encore en usage parmy nous.
La science et 1'adresse de bien manier un cheval, qui est
ce que nous appellons manege, terme tir6 de 1'italien, est
1'un des exercices des plus necessaires pour ceux qui font le
metier de la guerre : aussi nous lisons qu'il a este pratique
de tout temps par les Remains et les Grecs, qui inventerent
pour cet effet les courses des chevaux. Ils trouverent encore
non seulement la methode de les dresser, en telle sorte qu'ils
pussent tourner de part et d'autre au gre du cavalier, et au
moindre signal qu'il en donneroit; mais ils voulurent que
le cavalier apprist a se tenir ferme dessus la selle, sans que
pour quelque mouvement extraordinaire du cheval il pust
estre jete par terre, y estant commercolle, et, Dour user des
termes de Nicetas ', OUTOJ? iTturiTYjc w? et'irep T/J eqpeorpsSi ejAireircp6vT]To.
Ce sont ces exercices que Suetqne a appelle Exercitationes
equorum campestres, parce qu'ils se faisoient dans
les campagnes : acause dequoy les chevaux de manege semblent
estre nommez equi campitores, en deux passages de
1. In Alex. Ang. 1.1, n. 3. — 2. In Aug. c. 83.
Dudon, doyen de S.-Quentin '. Theodoric, dans Cassiodore 2 ,
appelle encore ces exercices equina exercitia: « Si quando
« enim relevare libuit animum rei publicae cura fatigatum,
« equina exercitia petebamus, ut ipsa varietate rerum, soli-
« ditas se cprporis vigorque recrearet. »
Ces exercices de manege sont encore demerits dans le moine
Robert 3 , en son Histoire de la guerre sainte : « Aleae, scaci,
« veloces cursus equorum, flexis in gyrum frenis non defue-
« runt » ; et dans Radevic* : « Coepitque vertibilem equum
« modo impetu vehement! dimittere, modo strictis habenis
« in gyrum, ut huic negotio mos est, revocare, moxque
« varies, perplexosque per amfractus discurrere. » C'est ce
qu'Anne Comnene 5 . en son Alexiade. appelle "TOTOV eXaOvetv.
Mais, entre autres, Procope 6 a decrit elegamment ces exercices
dans son histoire des guerres des Goths, dans un passage
que je passe a dessein.
Ces chevaux de manege, qui sont si bien appris a tourner
a toutes mains et a faire le caracol, semblent estre nommez
pour cette raison sph&ristas par Gregoire de Tours 7 :
« Putasne videbitur ut bos piger palaestrae ludum exerceat ?
« aut asinus segnis inter spnaeristarum ordinem celeri volatu
« discurrat? » On peut aussi appliquer ce passage a ces
exercices de chevaux dont les auteurs byzantins font souvent
mention, qui estoit celui de joue'r a la paume a cheval. Ce
jeu est appel!6 par eux, d'un terme barbare,
i. Dudo, de art. Norm. p. 94, 124. — 2. L. 5, ep. 41. — 3. L. 5, Hist. Hier,
. 51. — 4. L. 3, de Gest. Frid. c. 37. — 5. L. 15, Alex. — 6. L. 4, Goth. c. ult. —
. L. 1, de Glor. confess.