Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...
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C'estoit proprement la premiere occasion oft le jeune gentilhomme<br />
prenoit des armes : car jusques la s'il s'estoit trouve<br />
dans les combats, ce n'avoit este qu'a la suite d'un chevalier,<br />
<strong>et</strong> en qualite d'escuyer ou de val<strong>et</strong>. C'est ce qu'un vieux<br />
glossaire ' appelle armatura prima, dautant qu'alors il<br />
s'armoit de pleines armes, qui est le terme dont on qualifioit<br />
les armes <strong>du</strong> chevalier, <strong>et</strong> commencoit a devenir soldat, miles,<br />
quiestoit le titre qui luy estoit donne 2 . Je scai bien qu'on<br />
peut prendre encore ce mot A'armatura pour les exercices<br />
militaires, qu'Ammian Marcellin appelle proludia discipline<br />
castrensis.<br />
Nos histoires nous fournissent encore une autre espece<br />
d'adoption d'honneur, qui se faisoit en coupant les cheveux<br />
de celuy qui estoit adopte en flls ; lorsqu'elles racontent que<br />
Charles Martel envoia Pepin, son flls, a Luithprand, roy des<br />
Lombards, afln qu'il luy coupat ses premiers cheveux, <strong>et</strong><br />
que par c<strong>et</strong>te ceremonie il luy tinst a 1'avenir lieu de pere.<br />
C'est ce que nous apprenons de Paul Warnefrid, en son<br />
Histpire des Lombards 3 : « Circa haec tempora Karolus,<br />
« princeps Francorum, Pipinum, suum parvulum filium, ad<br />
« Luithpran<strong>du</strong>m direxit, ut ejus, juxta morem, capillum<br />
« susciper<strong>et</strong>: qui ejus cassariem incidens, ei pater effectus<br />
« est, multisque eum ditatum regiis muneribus genitori<br />
« remisit. » La Chronique de Novaleze dit cecy en d'autres<br />
termes : « Ut ei, juxta morem, ex capillis totonder<strong>et</strong>, <strong>et</strong> fler<strong>et</strong><br />
< ei pater spiritalis, quod <strong>et</strong> fecit.» Warnefrid fait voir que<br />
Pepin estoit alors fort jeune, d'ou il faut cqnjecturer que<br />
c'estoit pour la premiere fois qu'on luy couppit les cheveux.<br />
C'est done a c<strong>et</strong>te ceremonie * qu'on doit rapporter ce<br />
qu'Anastase Bibliothecaire 5 raconte de 1'empereur Constantin<br />
le Barbu, qui envoia au pape Benoit II les floccons de<br />
cheveux de Justinian <strong>et</strong> dHeraclius, ses enfans, voulant<br />
donner a connoitre par la, ainsi que quelques scavans ont<br />
observe, qu'il vouloit qu'ils reconnussent le pape <strong>et</strong> le<br />
souverain pontife de Rome comme leur pere spirituel: « Hie<br />
« una cum clero <strong>et</strong> exercitu suscepit mallones capillorum<br />
« domini Justiniani <strong>et</strong> Heraclei, filiorum clementissimi<br />
« principis, simul <strong>et</strong> jussionem per quam signiflcat eosdem<br />
« capillos direxisse. »<br />
C<strong>et</strong>te ceremonie a este fort en usage parmi les payens,<br />
comme on peut recueillir de divers auteurs, <strong>et</strong> particulierement<br />
de ces vers de Stace 6 :<br />
Accipe laudatos, juvenis Phoebe'ie, crines,<br />
Quos tibi Caesareus donat puer; accipe Is<strong>et</strong>us,<br />
Intonsoque ostende Patri.<br />
*<br />
Elle s'est tousjours pratiquee par les Chr<strong>et</strong>iens, lesquels ne<br />
pouvans <strong>et</strong> n'osans pas abolir entierement les superstitions<br />
des payens, s'accommoderent a la foiblesse de leurs esprits,<br />
<strong>et</strong> aimerent mieux les purifier par des oraisons <strong>et</strong> des<br />
prieres, que de les irriter en voulant les 6ter absolument :<br />
« Pertinaci paganismo mutatione subvenientes, cum rei in<br />
« totum mutatio potius irritass<strong>et</strong>. » Ainsi qu'ecrit le venerate<br />
ble Bede. Ammian Marcellin 7 raconte qu'une sedition<br />
s'estant elevee dans Alexandrie, la populace payenne se j<strong>et</strong>ta<br />
sur Dracontius, <strong>et</strong> sur Diodore Comte, qu'elle fit mourir: le<br />
remier, parce qu'ayant la garde <strong>du</strong> temple, eleve a la<br />
eesse Mon<strong>et</strong>a, il 1'avoit j<strong>et</strong>te par terre, apres qu'il se fut fait<br />
B<br />
Chr<strong>et</strong>ien, ainsi qu'il faut presumer : 1'autre, parce qu'ayant<br />
este employe pour edifier une eglise, il ne laissoit pas de<br />
couper les cheveux des jeunes enfans, estimant que c<strong>et</strong>te<br />
ceremonie n'appartenoit pas a la religion des Chr<strong>et</strong>iens, mais<br />
bien a la leur:« Alter quod <strong>du</strong>m aedificandsepraBess<strong>et</strong>ecclesiae,<br />
« cirros puerorum licentius d<strong>et</strong>ondebat, id quoque ad Deo-<br />
« rum cultum existimans pertinere. » Ce passage, qui a<br />
donne de la peine aux scavans interpr<strong>et</strong>es de c<strong>et</strong> auteur,<br />
justifie que dans les commencemens de 1'Eglise naissante<br />
on continua de couper les cheveux aux jeunes enfans. Mais<br />
dans la suite c<strong>et</strong>te ceremonie fut puriflee, <strong>et</strong> se fit dans les<br />
eglises. Le livre des Sacremens de saint Gregoire 8 nous<br />
represente lapriere que lepr<strong>et</strong>re faisoit dans 1'eglise lorsqu'on<br />
coupoit les cheveux pour la premiere fois aux jeunes<br />
enfans, dont le titre est Oratio ad capillaturam : il y en a<br />
d'autres dans I'Euchologium des Grecs 9 , qui appellent ces<br />
premiers cheveux coupez, les premices. Elles font encore voir<br />
que dans ces occasions on se choisissoit des parrains : TOV<br />
1. ApudRigal. in Gloss. V. 'Apjiairoupa. Vide Vales, ad Amm. 1. 14. —<br />
2. Chr. Aulae Reg. c. 13 ; Reg. des Fiefs de Champ, fol. 3, <strong>et</strong>c. L'ancien Coust.<br />
ms. de Norm. part. 2, ch. 25. — 3. De Gest. Long. 1. 4, c. 40; 1. 6, c. 53. —<br />
4. Hariulf. I. 2, c. 1; Adrevald. 1. 1, de Mirac. S. Ben. c. 14; Rad. de Dic<strong>et</strong>o ;<br />
Aimoiiii Cont. 1. 4, c. 57. — 5. In Bened. II, p. 57, edit, reg.; Baron. A. 684. —<br />
6. L. 3, Sylv. in Coma Earini; Anthol. Gr. 1. 6, c. 22. — 7. L. 22. — 8. P. 250,<br />
edit. Menardi. — 9. Gear. p. 375.<br />
SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS. 73<br />
:« SoOXov crou TovS_ ,-,.-,- ,<br />
xo(jt,yjv T^? xE^aXr)? avroO euXoyrjcrov afxa TOO autoO<br />
Mathieu Blastares ' ajoute que le pr<strong>et</strong>re m<strong>et</strong>toit ces floccons<br />
de cheveux coupez entre les mains <strong>du</strong> parrain, qui, selon<br />
quelques-uns, les enveloppoit dans de la cire, ou il imprimoit<br />
une image de Nostre Seigneur, <strong>et</strong> les conservoit comme un<br />
gage d'une chose qui avoit este consacree a Dieu^: 6 lepeu?<br />
vrapaSfSofft TOC? Tpt^a? el; ta? ^Etpa? TOU avaoo^ou, xa\ aurbi; TtpouxuvYJo-ai;<br />
TOV Up£a, ocTtoXusi. Simeon, m<strong>et</strong>ropolitain de Thessalonique,<br />
semble dire que le pr<strong>et</strong>re gardoit ses cheveux dans<br />
un lieu sacre; <strong>et</strong> Nic<strong>et</strong>as 2 ecrit a ce suj<strong>et</strong> que ceux qui<br />
s'estoient ainsi fait couper les cheveux en conservoient la<br />
memoire par une solennite annuelle, qu'il appelle xovposuva.<br />
C<strong>et</strong>te coupe des cheveux se faisoit, lorsqu'apres avoir passe<br />
I'age d'adolescence. on entroit en celle de la jeunesse. L'ancienne<br />
loy Salique 3 c'est a dire celle qui fut redigee par nos<br />
rois encore payens, ainsi qu'on pr<strong>et</strong>end, nous apprend que la<br />
ceremonie de couper les cheveux aux enfans estoit en usage<br />
parmi les Francois, <strong>et</strong> qu'elle se faisoit au-dessus de I'age de<br />
douze ans : « Si quis puerum infra <strong>du</strong>odecim annorum non<br />
« tonspratum occiserit, <strong>et</strong>c. » Et ail leurs : « Si quis puerum<br />
« crinitum sine consilio aut voluntate parentum totonderit,<br />
« <strong>et</strong>c. ; » termes qui font voir encore que les enfans estoient<br />
presentez par leurs peres, qui avec le temps choisirent dans<br />
ces occasions un parrain, qui est appelle pere spirituel dans<br />
la Chronique de Novalese; ce que fit Charles Martel Iprsqu'il<br />
choisit Luithprand pour couper les cheveux de Pepin, son<br />
jeune fils.<br />
La meme ceremonie se pratiquoit, lorsqu'on se faisoit couper<br />
les premiers poils de la barbe. Aimoin * dit que Clovis<br />
envoya ses ambasseurs & Alaric pour traiter de paix avec<br />
luy, <strong>et</strong> le prier de lui toucher sa barbe, c'est a dire la couper,<br />
<strong>et</strong> d'estre par ce moyen son pere adoptif: « Et Alaricus,<br />
« juxta morem antiquorum, barbam Clodovsei tangens,<br />
« adoptivus ei fier<strong>et</strong> pater. » Un autre auteur : « Cum pacem<br />
« inire coepissent hujus convenientise, ut Alaricus barbam<br />
« tanger<strong>et</strong> Clodovaei effectus Patrinus. »<br />
Ce n'est pas sans raison qu'Aimoin se Sert de ces termes :<br />
juxta antiquorum morem, parce qu'effectivement ce n'estoit<br />
pas un usage nouveau, mais tres-ancien <strong>et</strong> qui avoit este<br />
observe tant par les Grecs que par les Remains; car les uns<br />
<strong>et</strong> les autres avoient coutume de se faire couper les premiers<br />
poils de la barbe par leurs amis, <strong>et</strong> de les consacrer & leurs<br />
dei'tez. Ce que Callimachus* temoigne & 1'egard des habitants<br />
de 1'isle de Delos :<br />
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