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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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68 DISSERTATIONS<br />

Certes il n'y a pas lieu de douter que c<strong>et</strong>te communication<br />

des armes n'ait est6 reciproque en c<strong>et</strong>te espece d'adoption,<br />

veu que 1'un <strong>et</strong> 1'autre adoptoit, <strong>et</strong> estoit adopte en frere, <strong>et</strong><br />

que le nom de freres qu'ils se donnoient emporte avec soi, <strong>et</strong><br />

communitatem amoris, <strong>et</strong> dignitatis sequalitatem, pour user<br />

des termes d'Eumenius ' : ce qui n'estoit pas dans les<br />

adoptions en flls, ou 1'un tenoit lieu de pere, 1'autre d'enfant,<br />

1'un adoptoit, 1'autre estoit adopte, <strong>et</strong> enfln Tun donnoit les<br />

armes, <strong>et</strong> 1'autre les recevoit. Je ne fais pas de doute que ce<br />

n'ait este avec ces memes ceremonies qu'Humfroy de Toron,<br />

conn<strong>et</strong>able <strong>du</strong> royaume de Hierusalem, contracta une fraternite<br />

avec un grand seigneur turc, auquel fraterno foedere<br />

junctus erat, <strong>et</strong> in eo tenacissimus, domesticus erat <strong>et</strong> familiaris,<br />

ainsi que parle Guillaume, afchevesque de Tyr. .<br />

C<strong>et</strong>te fraternite se contractoit encore par 1'attouchement<br />

des armes, en les faisant toucher reciproquement les unes<br />

aux autres. C<strong>et</strong>te coutume estoit particuliere aux Anglois,<br />

avant que les Normans se rendissent maitres de 1'Angl<strong>et</strong>erre,<br />

principalement lorsque des communautez entieres faisoient<br />

entre eux une alliance fraternelle, en usans de c<strong>et</strong>te maniere,<br />

au lieu <strong>du</strong> changement reciproque des armes, qui n'auroit<br />

pas pu s'executer si facilement. C'est ce que nous apprenons<br />

des loix d'Edoiiard le Confesseur 3 : « Cum quis accipiebat<br />

« praefecturam Wapentachii, die statuto, in loco ubi consue-<br />

« verant congregari, omnes majores natu contra eum con-<br />

« veniebant, <strong>et</strong>. descendente eo de equo suo,omnes assurgebant<br />

ei. Ipse vero, erecta lancea sua, ab omnibus secun<strong>du</strong>m morem<br />

« foe<strong>du</strong>s accipiebat : omnes enim, quotquot venissent, cum<br />

« lanceis suis ipsius hastam tangebant, <strong>et</strong> ita confirmabant<br />

« per contactum armorum, pace palam concessa. » Et plus<br />

bas : « Quamobrem potest cognosci, quod hac de causa totus<br />

« ille conventus dicitur Wapentac, eo quod per tactum<br />

« armorum suorum ad invicem confoederati sunt. » C'est en<br />

suite de c<strong>et</strong>te ceremonie que les suj<strong>et</strong>s de ces premiers rois<br />

d'Angl<strong>et</strong>erre se qualifioient entre eux freres conjurez, fratres<br />

conjurati, parce qu'ils faisoient serment de s'aimer <strong>et</strong> de se<br />

proteger, comme freres, centre leurs ennemis, <strong>et</strong> de maintenir<br />

unanimement le royaume centre tous les <strong>et</strong>rangers qui<br />

voudroient 1'empi<strong>et</strong>er. Les memes loix d'Edoiiard * : « Statu-<br />

« turn est quod ibi debent populi omnes <strong>et</strong> gentes universae<br />

« singulis annis semel in anno convenire scilic<strong>et</strong> in capite<br />

« Maii, <strong>et</strong> se fide <strong>et</strong> Sacramento non fracto ibi in unum <strong>et</strong><br />

« simul con feeder are <strong>et</strong> consolidare, sicut conjurati fratres,<br />

« ad defenden<strong>du</strong>m regnum contra alienigenas, <strong>et</strong>c. » Ce qui<br />

eut lieu meme apres que les Normans se furent emparez de<br />

1'Angl<strong>et</strong>erre, comme nous apprenons des loix de Guillaume<br />

le Batard 5 : « Statuimus <strong>et</strong>iam ut omnes liberi homines<br />

« totius regni sint fratres conjurati ad monarchiam nostram<br />

« <strong>et</strong> regnum nostrum defenden<strong>du</strong>m. » Ou les suj<strong>et</strong>s <strong>du</strong><br />

royaume sont appellez freres conjurez, parce qu'ils s'obligeoient<br />

tous par un meme serment, a la defense de 1'Etat, <strong>et</strong><br />

a une mutuelle protection de leurs personnes centre leurs<br />

ennemis communs : ce qui se faisoit d'abord avec la ceremonie<br />

<strong>du</strong> tact des armes, dont il est parle dans les loix<br />

d'Edoiiard. De sorte qu'en consequence de ce serment, si le<br />

royaume estoit attaque par les ennemis, chacun estoit oblige<br />

de prendre les armes, <strong>et</strong> de se trouver dans les troupes <strong>du</strong><br />

prince, apres qu'ils avoient est6 sommez par luy, suivant la<br />

force de leurs facultez <strong>et</strong> le nombre des fiefs <strong>et</strong> des terres<br />

qu'ils possedoient, <strong>et</strong> avec les especes d'armes qui estoient<br />

specifiers par les loix.<br />

Ceux qui furent premierement appellez freres conjurez<br />

furent depuis appellez Jurati ad arma, soit parce qu'ils<br />

avoient fait le serment sur les armes, <strong>du</strong>quel nous avons<br />

plusieurs exemples dans 1'histoire, <strong>et</strong> dont je parleray<br />

ailleurs 6 , ou acause qu'ils 1'avoient fait, lorsqu'ils touchoient<br />

la lance <strong>et</strong> les armes de leur gouverneur, ou enfin parce<br />

qu'ils faisoient ce serment a 1'eff<strong>et</strong> de prendre les armes pour<br />

la defense <strong>du</strong> royaume. Tout cecy s'apprend de deux semonces,<br />

ou de deux ordonnances <strong>du</strong> roy Henri It qui ont pour<br />

titre, Mandata super Juratis ad arma, qui se voient aux<br />

additions & Mathieu Paris. De ces remarques il est ais6 de<br />

voir que M. <strong>du</strong> Chesne, en son Histoire de la maison de<br />

Coucy 7 , ne s'est pas appercu de la force <strong>du</strong> mot juratus, en<br />

ce vers de Guillaume le Br<strong>et</strong>on 8 :<br />

Cui preerat comitis juratus in arma Ra<strong>du</strong>lfus.<br />

1'ayant interpr<strong>et</strong>s comme si Raoul eust este 1'ennemi capital<br />

<strong>du</strong> comte de Flandres : ce qui est entierement oppose a ce<br />

que c<strong>et</strong> auteur dit dans la suite. Ce poe'te se servant<br />

1. In grat. act. — 2. L. 17, c. 17. — 3. C. 32. — 4. Cap. 35. — 5. G. 59. —<br />

6. In Gloss, ad script, <strong>mediae</strong> Latinit. — 7. L. 6, ch. 12. — 8. Lib. 2. Phil.<br />

d'ailleurs de c<strong>et</strong>te facon de parler en un sens contraire, <strong>et</strong><br />

particulierement en ces vers ':<br />

......Tu nuper regis amicus<br />

Usurpativi contra nos bella gerebas,<br />

Impia Tancredi juratus in arma, meamque<br />

Uxorem patris solio privare volebas.<br />

Mais entre tant de ceremonies qui se sont observees pour<br />

contracter une fraternite, celle qui a este pratiquee par les<br />

peuples Chr<strong>et</strong>iens est la plus plausible <strong>et</strong> la plus raisonnable;<br />

car pour abolir <strong>et</strong> pour 6teindre entierement les<br />

superstitions qui les accompagnoient, <strong>et</strong> qui tenoient <strong>du</strong><br />

paganisme, ils en ont intro<strong>du</strong>it une autre, plus sainte <strong>et</strong> plus<br />

pieuse, en la contractant dans 1'eglise, devant le pr<strong>et</strong>re. <strong>et</strong> en<br />

faisant reciter quelques prieres ou oraisons : nous en avons<br />

la formule dans VEuchologium. Les Grecs donnerent le nom<br />

d'aSEXcomcrua a c<strong>et</strong>te sorte d'adoption, parce qu'elle se faisoit<br />

avec le serment pr<strong>et</strong>e devant le corps de Notre-Seigneur,<br />

suivant la remarque <strong>du</strong> docte Alaman 2 . Ce qui eut aussi<br />

lieu dans les adoptions en fils, ainsi que nous apprenons<br />

d'une novelle de 1'empereur Leon 3 , ou il est porte qu'elles se<br />

faisoient dans 1'eglise, Sta TSXETYIC, c'est a dire avec des<br />

prieres, <strong>et</strong> <strong>du</strong>rant le sacrifice de la messe. Leon le Grammairien<br />

* rend le meme temoignage de 1'adoption fraternelle,<br />

lorsqu'il raconte comme Basile le Macedonien, depuis<br />

empereur, fut adopte en frere par? Jean, fi^s d'une dame<br />

nommee Danielis : otat eXOwv ev T^ IxxX^ffia, eTtoiYjaev aSs^cpo-<br />

TOtYjaiv. Dans Const antin Porphyrogenite 5 ,' en la vie de c^t<br />

empereur son ayeul, ou il rapporte la meme circonstance,<br />

c<strong>et</strong>te espece d'adoption est appellee une fraternite spirituelle,<br />

•rcvEujxaT'-xr) aSeXcpoTY)?, parce qu'elle estoit contractee dans<br />

1'eglise devant le pr<strong>et</strong>re. D'ou il faut inferer que Strategius<br />

Magister. <strong>et</strong> Severus Patrice, dont le premier est qualifle frere<br />

adoptif. a8e)vipo7rotY]To

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