Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...
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Comme encore a 1'endroit de Hugues de Montfort, qu'il avoit<br />
fait sommer de lui rendre son chateau de Montfort' : « Ut<br />
« munitionem castri Montisfortis sibi redder<strong>et</strong>.» Car ces<br />
seigneurs n'ayant pas voulu deferer aux semonces <strong>du</strong> roy,<br />
leurs places furent assiegees, prises, <strong>et</strong> confisqu6es.<br />
La confiscation toutefois ne suivoit pas a 1'instant ce<br />
refus; mais le seigneur estoit oblige de sommer son vassal<br />
en sa justice de reparer <strong>et</strong> d'amender le tort, <strong>et</strong> d'attendre<br />
un certain temps <strong>et</strong> limite : apres lequel, si le vassal ne se<br />
m<strong>et</strong>toit pas en son devoir, le fief estoit declare confisque au<br />
profit <strong>du</strong> seigneur. En la convention qui se fit entre Roger,<br />
evesque de Beauvais, <strong>et</strong> Francon, seigneur de Gerberoy,<br />
1'evesque fait c<strong>et</strong>te promesse a Francon 2 : « Franco, non<br />
« tibi ero in damno de castello Gerboredo, ut tu illud perdas<br />
« me sciente, nisi contra me forisfeceris; <strong>et</strong> si contra me<br />
« forisfeceris, postquam nomine hujus sacramenti emendare<br />
« te submonuero, aut per me, aut per meum missum,<br />
« <strong>du</strong>abus quadragesimis emendationem tuam exspectabo;<br />
« <strong>et</strong> si infra <strong>du</strong>as quadragesimas illud mihi emendaveris,<br />
« aut emendationem tuam accipiam, aut tibi perdonabo. Et<br />
« deinceps hanc ipsam convenientiam observabo, si contra<br />
« me <strong>et</strong> contra illos homines quos intromittere voluero, illud<br />
« ipsum castellum Gerbore<strong>du</strong>m non defenderis, <strong>et</strong> si sacra-<br />
« menta quse mihi jurasti, <strong>et</strong> convenientias quibus mecum<br />
a convenisti, per omnia in fidelitate mea mihi observaveris. »<br />
II est aise de voir que ce traite regarde le refus que le<br />
seigneur de Gerberoy pouvoit faire a Feyesque de Beauvais<br />
de Tui rendre son chateau, <strong>et</strong> s'il le faisoit, 1'evesque declare<br />
qu'il attendra deux quarantaines, pour voir s'il ne reparera<br />
pas le tort <strong>et</strong> le refus, <strong>et</strong> ce suivant la loy des fiefs, qui ne<br />
souffroit pas que le seigneur entreprist rien sur son vassal,<br />
sous pr<strong>et</strong>exte de quelque attentat que ce fust sur sa personne,<br />
ou les droits de sa seigneurie, qu'apres quarante jours,<br />
pendant lesquels il estoit permis au vassal de se purger de<br />
ce que son seigneur Faccusoit ou de Famender 3 . II est encore<br />
parle de c<strong>et</strong>te quarantaine en un traite qui fut fait entre<br />
f'empereur Alexis Comnene <strong>et</strong> Boemond, prince d'Antioche,<br />
dans YAlexiade d'Anne Comnene 4 , fille de c<strong>et</strong> empereur.<br />
Tant y a que c'est a c<strong>et</strong> usage qu'il faut rapporter ces termes<br />
de rhommage de Geoffroy, vicomte de Chastelleraud, de 1'an<br />
1224, dont j'ay parle cy-deyant: « Ita quod si ego deficerem<br />
« de hoc faciendo (c'est a dire de rendre son chateau),<br />
« Dominus rex sine se mesfacere poss<strong>et</strong> assignare ad quidquid<br />
« teneo de eo, <strong>et</strong> tenere in manu sua donee id ess<strong>et</strong> emenda-<br />
« turn per judicium curise suse. »<br />
Comme le vassal confisquoit son fief au profit de son<br />
1. Id. p. 876. — 2. Louv<strong>et</strong>, aux Antiq. de Beauvais. — 3. Loisel, 1. 5, des Instil,<br />
lit. 3, art. 51; Pithou, sur la Coust. de Troies, art. 11, 12, 24 <strong>et</strong> 87 ; Brodeau, sur<br />
la Const, de Paris, art. 7. — 4. L. 13, p. 410.<br />
SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS. 115<br />
seigneur, par le refus qu'il faisoit de le m<strong>et</strong>tre entre ses<br />
mains, de m6me le seigneur perdoit, non la tenue <strong>et</strong> la<br />
mouvance, mais la reddition, c'est a dire le droit d'obliger<br />
son vassal de luy rendre son chateau, lorsqu'il en auroit<br />
besoin, <strong>et</strong> ce s'il en usoit contre la coutume, <strong>et</strong> contre la<br />
bonne foy qu'il estoit oblige de garder a son vassal. Par<br />
exemole, si le seigneur ne vouloit pas restituer a son vassal<br />
le chateau qu'il luy avoit confie, apres que ses guerres<br />
estoient finies <strong>et</strong> achevees, alors si le vassal pouvoit le<br />
reprendre par la force des armes sur son seigneur, il estoit<br />
dispense a Favenir de c<strong>et</strong>te charge. L'hommage de Raymond<br />
Garsie de Navailles a Gaston, vicomte de Beam : « Si tamen<br />
« dominus Gasto, vel ejus successor, per suam malitiam<br />
« noll<strong>et</strong> reddere castrum Raymundo Garsiae, vel ejus succes-<br />
« sori haec facere volenti, <strong>et</strong> R. G. per vim poss<strong>et</strong> recuperare<br />
« castrum, numquam postea tener<strong>et</strong>ur reddere castrum<br />
« D. Gastoni, vel suo successor!, <strong>et</strong> ipse Gasto cum suo suc-<br />
« cessore ess<strong>et</strong> proditor <strong>et</strong> perjurus Raymundi Garsise <strong>et</strong><br />
« totius sui generis. »<br />
Philippes de Beaumanoir' rapporte plusieurs cas ou le<br />
seigneur peut mesfaire, c'est a dire se rendre criminel envers<br />
son vassal, <strong>et</strong> entre autres s'il se faisoit rendre le chateau<br />
de son vassal, sous pr<strong>et</strong>exte de guerre, quoy qu'il n'en eust<br />
point: « Comme s'il disoit: Je Fay pris pour moi aidier de<br />
« me guerre, <strong>et</strong> il n'avoit point de guerre; dont apparoist-il<br />
« qu'il ne le feroit, fors por son home grever; <strong>et</strong> aussi s'il<br />
« les prenoit pour m<strong>et</strong>tre ses prisons, <strong>et</strong> il les y lessoit resi-<br />
« dens longuement. Et il le peut bien amender, si come il<br />
« les 2 bien oster de Baesques legerement, <strong>et</strong> mener en le soe<br />
« prison ; en tel cas se mefferoit-il envers son home, <strong>et</strong> aussi<br />
« s'il faignoit qu'il en eust auscun mestier, <strong>et</strong> il avoit haine,<br />
« ou maintes f<strong>et</strong>es a celi qui la forterece seroit; ou s'il le<br />
« fesoit pour ce qu'il vousist porcacier vilonie de se feme,<br />
« ou de se fille, ou d'autre feme qui seroit en se garde ; en<br />
« tos ces cas se mefferoit-il. » Puis il ajpute la voie que le<br />
vassal doit tenir en ces cas pour tirer raison de 1'injure qui<br />
luy est faite par son seigneur, en ces termes : « Et si tost<br />
« come il font tex desavenans, <strong>et</strong> delaissier ne le veuroient<br />
« a le requeste de lor homes, se li horns le denonchoit au<br />
« roy, barons ne doit ja soffrir pl<strong>et</strong> ordene entre le seigneur<br />
« <strong>et</strong> son home en tel cas: aincois doist tantost fere savoir<br />
« por quel cause li sires a saisi la forterece de son home ;<br />
« <strong>et</strong> s'il voit qu'il Fait saisie por resnable cause, ou par son<br />
« loyal besoing, on Fi doit soffrir : <strong>et</strong> se non, on Fen doit<br />
« oster, <strong>et</strong> rendre a son home, <strong>et</strong> li defendre sor quanques il<br />
« pot meffere, qu'il ne Fen preigne plus, se n'est por son<br />
« besoing cler <strong>et</strong> apparant. »<br />
1. Ch. 58. — 2. Sic in MS.