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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS<br />

DE LA BANNIERE DE SAINT DENYS,<br />

ET DE L'ORIFLAMME.<br />

DISSERTATION XVIII.<br />

L'oriflamme estoit la banniere <strong>et</strong>l'enseigne ordinaire dont<br />

1'abbe <strong>et</strong> les moines de la royale abbaye de Saint-Denys se<br />

servoient dans leurs guerres particulieres, c'est a dire dans<br />

cellesqu'ils entreprenoient pour r<strong>et</strong>irer leurs biens des mains<br />

des usurpateurs, ou pour empecher qu'ils ne leur fussent enlevez.<br />

Et comme leur condition <strong>et</strong> l'6tat ecclSsiastique, ou ils<br />

<strong>et</strong>oient engagez.ne souffroit pas qu'ils maniassent les armes,<br />

ils abandonnoient c<strong>et</strong>te charge a leur avoiie, qui recevoit des<br />

mains de I'abb6 c<strong>et</strong>te enseigne, avec des ceremonies <strong>et</strong> des<br />

prieres dont nous nous parlerons dans la suite, <strong>et</strong> la portoit<br />

dans les combats. Car c'est la le veritable usage de roriflamme,<br />

quoy que quelques scavans en ayent 6crit autrement<br />

<strong>et</strong> ayent avance des choses peu conformes a la verite : ce<br />

qui m'oblige de repasser dessus leurs remarques, <strong>et</strong> d'examiner<br />

diligemment ce suj<strong>et</strong>, en rapportant 1'histoire entiere<br />

de c<strong>et</strong>te banniere si fameuse <strong>et</strong> si celebre dans nos histoires.<br />

Pour commencer par la recherche <strong>du</strong> nom d'oriflamme, la<br />

plupart des eerivains estiment qu'on le doit tirer de sa<br />

matiere, de sa couleur <strong>et</strong> de sa forme. Quant a sa figure, il<br />

est hors de doute qu'elle estoit faite comme les bannieres de<br />

nos eglises, que Ton porte ordinairement aux processions, qui<br />

sont quarrees, fen<strong>du</strong>es en divers endroits par le bas, ornees<br />

de franges, <strong>et</strong> attachees par le haut a un baton de travers,<br />

qui les tient <strong>et</strong>en<strong>du</strong>es, <strong>et</strong> est softtenu d'une forme de pique.<br />

Ils ajoutent que sa matiere estoit de soye ou de taf<strong>et</strong>as, sa<br />

couleur rouge, <strong>et</strong> tirant sur celle <strong>du</strong> feu, <strong>et</strong> de la sandaraque,<br />

a laquelle Pline ' attribue celle de la flamme. II est vray que<br />

pour la couleur, tous les ecrivains conviennent qu'elle estoit<br />

rouge. Guillaume le Br<strong>et</strong>on 2 , en sa Philippide, la decrit<br />

ainsi :<br />

Ast regis satis est tenues crispare per auras<br />

Vexillum simplex, cendato simplice textum,<br />

Splendoris rubei, l<strong>et</strong>ania qualiter uti<br />

Ecclesiana sol<strong>et</strong>, certis ex more diebus.<br />

Quod cum flamma habeat vulgariter aurea nomen,<br />

Omnibus in bellis hab<strong>et</strong> omnia signa preire.<br />

Guillaume Guiart, en son Histoire de France, en la Vie de<br />

Philippes Auguste, a ainsi tra<strong>du</strong>it ces vers :<br />

Oriflamme est une banniere,<br />

Aucun poi plus forte que guimple,<br />

De cendal roujoiant <strong>et</strong> simple.<br />

Sans pourtraiture d'autre affaire.<br />

La Chronigue de Flandres 3 convient pareillement en c<strong>et</strong>te<br />

description de roriflamme, en ces termes : « Et tenoit en sa<br />

« main une lance, a quoi 1'oriflamme estoit attachi6, d'un<br />

« vermeil samit, a guise de gonfonon a trois queues, <strong>et</strong> avoit<br />

« entour houppes de soye verte». Enfln Guillaume de Presles,<br />

advocat general, au traite qu'il en a adresse au roy Charles V,<br />

la demerit ainsi *: « Et si portez seul d'entre les rois, 6 roy,<br />

« I'oriflambe en bataille, c'est a scavoir un glaive (lance) tout<br />

« dore, ou est attach^ une banniere vermeille ». II paroist<br />

assez de ces descriptions quelles ont este la matiere, la couleur<br />

<strong>et</strong> la forme de roriflamme. Mais on n'en peut pas in<strong>du</strong>ire<br />

pour cela que la couleur vermeille <strong>et</strong> roujoiante ait<br />

donne suj<strong>et</strong> au nom d'oriflamme. Au contraire il est bien plus<br />

probable que ce nom fut donne a c<strong>et</strong>te banniere, <strong>du</strong> mot<br />

flammulum, qui dans les auteurs <strong>du</strong> moyen temps signifie la<br />

meme chose, comme dans Veg<strong>et</strong>ius 5 , Modestus*, Anastasius' 1 ,<br />

<strong>et</strong> autres 8 : <strong>et</strong> de la matiere de la lance qui la soutenoit. qui<br />

estoit dor£e, ainsi que Guillaume de Presles remarque, <strong>et</strong><br />

1. L. 35, c. 6. — 2. L. 2, p. 228. — 3. Ch. 67. — 4. Doubl<strong>et</strong> en I'Hist. de<br />

S. Denys, 1,1, ch. 41. — 5. L. 2, c. 1. — 6. De vocab. rei Milit. — 7. In Steph. IV.<br />

— 8. Rigalt. Meurs. <strong>et</strong> Fabrot. in Gloss.<br />

apres luy 1'auteur de la Vie de Charles VI 1 , Iprsqu'il raconte<br />

comme le roy donna la charge de porter 1'oriflamme au seigneur<br />

d'Aumont: « Sic yexillum ferre dignum <strong>du</strong>xit, donee<br />

« ingruente belli necessitate, hastse aureaB applicass<strong>et</strong>. » Le<br />

nom de flammulum, ou de flamme, ayant este donne a c<strong>et</strong>te<br />

esp6ce de banniere, parce qu'elle estoit decouple par le bas en<br />

la figure de flammes, ou parce qu'estant de couleur vermeille,<br />

lorsqu'elle voltigeoit au vent, elle paroissoit de loin<br />

en guise de flammes.<br />

L'oriflamme estoit 1'enseigne particuliere de 1'abbe <strong>et</strong> <strong>du</strong><br />

monastere de Saint-Denys, qu'ils faisoient porter dans leurs<br />

guerres par leur avoiie. Car c'estoit la la principale fonction<br />

des avoiiez, qui, en qualite de defenseurs <strong>et</strong> de protecteurs<br />

des monasteres <strong>et</strong> des eglises, entreprenoient la con<strong>du</strong>ite de<br />

leurs vassaux pour la defense de leurs droits, <strong>et</strong> portoient<br />

leurs enseignes a la guerre : d'ou vient qu'ils sont ordinairement<br />

appellez les porte-enseignes des eglises, signiferi<br />

ecclesiarum, comme j'espere justifier ailleurs. Les comtes <strong>du</strong><br />

Vexin <strong>et</strong> de Pontoise avoient ce titre dans le monastere de<br />

Saint-Denys 2 , dont ils estoient les avoiiez <strong>et</strong> les protecteurs,<br />

<strong>et</strong> en c<strong>et</strong>te qualite ils portoient 1'oriflamme dans les guerres<br />

qui s'entreprenoient pour la defense de ses biens. D'ou vient<br />

que pour le plus souvent c<strong>et</strong>te banniere est nominee vexillum<br />

Sancti Dionysii, 1'enseigne de Saint-Denys, dans les auteurs,<br />

non parce qu'elle estoit conserved en 1'eglise de ce monastere,<br />

mais parce qu'elle estoit la banniere ordinaire qu'on portoit<br />

dans les guerres de c<strong>et</strong>te abbaye. L'auteur de la vie de<br />

Louys VII 3 : « Vexillum B. Dionysii, quod gallice oriflambe<br />

« dicitur. Le Roman de Guarin<br />

•<br />

le Loherans :<br />

Je vo comant 1'enseigne saint Denys.<br />

Plus bas :<br />

EtGarin porte 1'enseigne saint Denise.<br />

Et ailleurs :<br />

Devant en vient 1'enseigne saint Denys,<br />

Blanche <strong>et</strong> vermeille, nus plus bele ne vit.<br />

En un autre endroit il luy donne le nom d'oriflamme de S.<br />

Denys :<br />

Les gens Girbert vit venir tos rengi^s,<br />

Et I'oriflambe saint Denys baloier.<br />

Eigord, en 1'an 1215 : « Eevocatur vexillum B. Dionysii, quod<br />

« omnes praBcedere in bella debebat». Plus bas : « Adveniunt<br />

« legiones communiarum, quse fere ad hospitia processerant,<br />

« <strong>et</strong> vexillum B. Dionysii ». Nangis 4 , en la Vie de S. Louys :<br />

« Prsecedente quoque juxta ipsos in alio nacello B. Dionysii<br />

« martyris vexillo ». Le sire de Joinville, parlant de la meme<br />

chose, la nomme aussi la banniere de Saint-Denys.<br />

Ces auteurs justifient assez par ces passages que 1'priflamme<br />

estoit la banniere ordinaire de 1'abbaye de Saint-<br />

Denys : d'ou Ton peut in<strong>du</strong>ire qu'elle n'a est6 portee par nos<br />

rois dans leurs guerres qu'apres qu'ils sont devenus propri<strong>et</strong>aires<br />

des comtez de Pontoise <strong>et</strong> de Mante, c'est a dire <strong>du</strong><br />

Vexin; ce qui arriva sous le regne de Philippes I ou de<br />

Louys le Gros, son fils. Car 1'histoire remarque que Simon,<br />

comte de Pontoise <strong>et</strong> d'Amiens, ayant dessein de se r<strong>et</strong>irer<br />

au monastere de Saint-Claude, donna a 1'abbaye de Cluny s<br />

la ville de Mante <strong>et</strong> ses dependances, <strong>et</strong> que le roy Philippes<br />

s'en estant empare, vraysemblablement comme d'une place<br />

1. Scriptor Vitse Carol! VI. exBibl. Thuana. — 2. A. Du Chesne, en I'Hist. de<br />

B<strong>et</strong>hune, 1.1, ch. 3. — 3. Gesta Lud. VII, c. 4. — 4. A. 1249. — 5. Preuves de<br />

I'Hist. de Coucy, p. 313 : Bibl. Clun. p. 527.

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