Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...
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c Ubi cum dapsili valde convivip, ut sol<strong>et</strong>, dies transegit<br />
« Natalities, cum multitudine nobilium copiosa. » Et en 1'an<br />
1253 il remarque qu'a une feste qu'il tint a Wincestre a Noel,<br />
les habitans de c<strong>et</strong>te ville, « juxta ritum tantae solennitatis<br />
c fecerunt (regi) xenium nobilissimum 1 . » Cequi sert encore<br />
pour justifier qu'eri ces occasions les roys recevoient des<br />
presens de leurs suj<strong>et</strong>s, <strong>et</strong> que les habitans des villes ou ces<br />
festes se solennisoient estoient tenus de contribuer a une<br />
partie des depenses : ce qui est exprime dans le titre de la<br />
commune de Laon dont j'ai fait mention. Edouard I les<br />
mit aussi en usage, au recit de Thomas de Walsingham 2 :<br />
« Rex vero Bristoliam veniens, ibique festum Dominicae<br />
a Nativitatis tenuit eo anno. » Comme aussi Edouard II,<br />
suivant le meme auteur 3 : « Rex iter versus insulam Elien-<br />
« sem arripuit, ubi solennitatem Paschalem tenuit nobiliter<br />
« <strong>et</strong> festive. » Ou il faut remarquer ces termes de tenir feste,<br />
qui estoit une expression francoise : Guillaume Guiart, en<br />
1'an 1202 [torn. 1, pag. 133, vers 2930], parlant de Philippes<br />
Auguste :<br />
Tint li roys leanz une feste,<br />
Ou moult despendi grant richece.<br />
Les grands seigneurs ont aussi affects, a 1'exemple des<br />
souverains, de tenir leurs cours solennelles aux grandes<br />
festes de 1'annee. Un ancien auteur* dit que Richard II, <strong>du</strong>e<br />
de Normandie, avoit coutume de tenir sa cour aux festes de<br />
Pasques au monastere de Fescan, qui avoit est6 bati par son<br />
pere : « Ibi erat solitus fere omni tempore suam curiam in<br />
« Paschali solennitate tenere. » II est spuvent parle des<br />
cours plenieres des seigneurs dans les titres, particulierement<br />
dans un de Pierre comte de Bigorre s , qui porte ces<br />
mots : « Curia namque ibi erat magna <strong>et</strong> plenaria. » Mais je<br />
crpis que ces cours plenieres estoient des assemblies des<br />
pairs de fief, <strong>et</strong> ou le seigneur se trouvoit, dans lesquelles<br />
on decidoit <strong>et</strong> on jugeoit les differents des fievez. II y a au<br />
cartulaire de Vend6me 6 un jugement ren<strong>du</strong> « plenaria curia<br />
e vidente. » Aussi c<strong>et</strong>te cour pleniere estoit une dependance<br />
des grands fiefs, <strong>et</strong> qui estoit accordee par le prince. Guillaume<br />
le Batard la donna a 1'eglise de Dunelme 7 : « Et ut<br />
« curiam suam plenariam, <strong>et</strong> vrech in terra sua libere <strong>et</strong><br />
cc qui<strong>et</strong>e in perp<strong>et</strong>uum habeant, concede <strong>et</strong> confirmo. » II se<br />
trouve une autre charte d'Henry III, aussi roi d'Angl<strong>et</strong>erre,<br />
pour le priori de Repindon au comte de Derby, qui porte de<br />
semblables termes 8 : « Et curiam suam plenariam, pra<strong>et</strong>er-<br />
« quam de furtis, <strong>et</strong> de hominibus comitis, » <strong>et</strong>c. Ce qui fait<br />
voir que ces cours plenieres des seigneurs regardoient pour<br />
1'ordinaire leur justice <strong>et</strong> la connoissance des cas qui en<br />
1. Id. A. 1249, 1253. — 2. P. 52. — 3. Id. p. 104. — 4. Addit. ad Will. Gem<strong>et</strong>.<br />
p. 317. — 5. Reg. Bigorr. fol. 13. — 6. Tabular. Vindoc. fol. 250. — 7. Monast.<br />
Angl. torn. 1, p. 44. — 8. Ib. lorn. 2, p. 281.<br />
SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS. 19<br />
dependent. II y a au cartulaire de 1'abbaye de Valoires, au<br />
diocese d'Amiens, un titre d'Enguerrand vicomte de Pont de<br />
Remy, de 1'an 1274, par lequel 1'abbe <strong>et</strong> les moines de ce<br />
monastere reconnoissent qu'ils sont obligez de le loger <strong>et</strong> sa<br />
suite dans les maisons qui leur appartiennent dans Abbeville,<br />
le jour de la Pentecoste, <strong>et</strong> les trois suivans, <strong>et</strong> de lui<br />
fournir des estables, deux char<strong>et</strong>es de fourage, des cuisines,<br />
des tables, <strong>et</strong> des napes, au cas que le comte de Pontieu<br />
1'obligeat de yenir a Abbeville, lorsqu'il y tiendroit sa cour.<br />
Ce qui fait voir que les vassaux estoient obligez, a raison de<br />
leurs fiefs, de se trouver aux cours solennelles de leurs<br />
seigneurs. Conformement a c<strong>et</strong> usage, j'ay leu un autre titre<br />
de Renaud d'Amiens, chevalier seigneur de Vinacourt, de<br />
1'an 1210, par lequel il recpnnolt qu'il est homme lige d'Enguerrand<br />
seigneur de Pinquegny 1 , <strong>et</strong> qu'il lui doit six<br />
semaines de service au meme lieu avec armes, a ses propres<br />
d6pens, s'il en a besoin pour sa guerre. Puis ajoute ces<br />
mots : « Et si dictus vicedominus me pro festo fasciendo<br />
«-summonuerit, ego cum uxore mea per octo dies secum ad<br />
« custum meum debeo remanere, » <strong>et</strong>c. Par un autre aveu<br />
de 1'an 1280, Dreux d'Amiens, seigneur de Vinacourt, reconnolt<br />
qu'il doit huit jours de stages <strong>et</strong> huit jours de feste au<br />
Vidame d'Amiens; ou il est a remarquer que ce qui est icy<br />
appelle festum est appelle dans un autre titre <strong>du</strong> meme<br />
Enguerrand, de 1'an 1218, dies hastiludii, <strong>et</strong> dans un autre de<br />
Jean Vidame d'Amiens, de 1'an 1271, le jour <strong>du</strong> Bouhordeis,<br />
parce qu'en ces jours-la on faisoit des behourds, des tournois,<br />
<strong>et</strong> des joustes : <strong>et</strong> afin que ces assemblies fussent plus celebres,<br />
les seigneurs obligeoient, ainsi que j'ay dit, leurs vassaux<br />
de s'y trouver a leurs depens, <strong>et</strong> leur envoioient faire<br />
les semonces a c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>. Mais parce que la matiere des tournois<br />
<strong>et</strong> des behourds est curieuse, <strong>et</strong> que leur origine est peu<br />
connue, je prendray icy occasion d'en faire quelques dissertations,<br />
qui ne scauroient estre qu'agreables, puisqu'elles<br />
en decouvriront la source, <strong>et</strong> en feront voir 1'usage <strong>et</strong> les<br />
abus.<br />
Non seulement les vassaux estoient tenus de se trouver<br />
aux festes de leurs seigneurs, mais encore ils y estoient obligez<br />
a quelques devoirs particuliers, suivant les conditions<br />
des infeodations. Dans un acte pass6 1'an 1340 2 Humbert<br />
Dauphin donne a Aynard de Clermont la terre de Clermont<br />
en Trieues, avec le titre de vicomte, & la charge que Iprsque<br />
le dauphin, ou son fils aine, seroit fait chevalier, le vicomte<br />
porteroit I'esp6e devant luy, <strong>et</strong> qu'aux jours de chevalerie<br />
<strong>et</strong> de mariage il serviroit a cheval, ou a pied, selon que la<br />
FESTE le requerroit, pour raison dequoy il prendroit deux<br />
plats <strong>et</strong> quatre assi<strong>et</strong>es d'argent de seize marcs, <strong>et</strong> si la feste<br />
<strong>du</strong>roit plus d'un jour, un plat de quatre ou cinq marcs chaque<br />
Jour.<br />
1. Tabular. Paconiense, p. 57. — 2. M. de Boissieu, au Traite des Droits Seig.<br />
ch. 4.<br />
DE L'ORIGINE ET DE L'USAGE DES TOURNOIS<br />
Tous les peuples qui ont aime la guerre, <strong>et</strong> qui en ont fait<br />
le principal but de leur gloire, ont tache de s'y rendre adroits<br />
par les exercices militaires. Ils ont cru qu'ils ne devoient<br />
pas s'engager d'abord dans les combats sans en avoir appris<br />
les maximes <strong>et</strong> les regies. Ils ont voulu former leurs soldats,<br />
<strong>et</strong> leur apprendre a manier les armes, avant que de les employer<br />
contre leurs ennemis: « Ars enim bellandi, si non<br />
« praeluditur, cum necessaria fuerit, non hab<strong>et</strong>ur, » dit Cassiodore'.<br />
C'est pour c<strong>et</strong>te raison que S. Isidore ecrit que les<br />
Goths z , qui estoient estimez grands guerriers, « in armorum<br />
t artibus spectabiles », avoient coutume de s'exercer par des<br />
combats innocens: c Exercere enim sese telis ac praeliis<br />
1. L. 1, ep. 40. — 2. Histor. Goth. Init. Roder. Tol<strong>et</strong>. 1. 1, Hist. Hisp. c. 9.<br />
DISSERTATION VI.<br />
« praeludere maxime diligunt, ludorum certamina usu quote<br />
tidiano gerunt. »<br />
Les Francois, qui ontestS effectivement les plus belliqueux<br />
d'entre toutes les nations, les ont aussi cultivez plus que les<br />
autres. Ce sont eux qui sont les inventeurs des tournois <strong>et</strong><br />
des joustes, qu'ils n'ont mis en usage que pour tenir les gentilshommes<br />
en haleine, <strong>et</strong> pour les preparer pour les combats.<br />
Ce qui a fait dire a un poe'te de ce temps ' :<br />
Ante homines domuisse feras gens Gallica ab olim<br />
Sanxit, <strong>et</strong> ad <strong>du</strong>ros belli armorumque labores,<br />
Exercere domi rigidae prasludia pugnae.<br />
1. R. P. Leo, B. Ord. FF. Minor, in Paneg. Ludov. XIV, edito A. 16C6.