Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...
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« gnanime prince Henry, second de ce nom, tres-chrestien,<br />
c roy de France, notre souverain seigneur ; <strong>et</strong> aussi de<br />
c tres-haut <strong>et</strong> puissant prince Philibert-Emanuel, <strong>du</strong>e de<br />
c Savoye, avec tres-haute <strong>et</strong> tres-excellente princesse mac<br />
dame Marguerite de France, <strong>du</strong>chesse de Berry, soeur<br />
• unique <strong>du</strong>dit seigneur roy tres-chrestien, nostre souverain<br />
« seigneur, lequel, considerant que avec les occasions qui<br />
« s'offrent <strong>et</strong> se presentent, les armes, maintenant esloignees<br />
« de toute cruaute <strong>et</strong> violence, se peuvent <strong>et</strong> doivent em-<br />
« ploier avec plaisir <strong>et</strong> utilite par ceux qui desirent s'esprouc<br />
ver, <strong>et</strong> exerciter en tous vertueux <strong>et</strong> loiiables faits <strong>et</strong> actes,<br />
c fait a scavoir a tous princes, seigneurs, gentils-hommes,<br />
« chevaliers <strong>et</strong> escuyers, suivant le fait des armes, <strong>et</strong> desi-<br />
« rans faire preuve de leurs personnes en icelles, pour<br />
« inciter les jeunes a vertu <strong>et</strong> recommander la proiiesse des<br />
« experimentez, qu'en la ville capitale de Paris le PAS est<br />
« ouvert par sa majeste tres-chrestienne, <strong>et</strong> par les princes<br />
« de Ferrare, Alfonse d'Est, Francois de Lorraine <strong>du</strong>e de<br />
« Guyse, pair <strong>et</strong> grand chambellan de France, <strong>et</strong> Jacques de<br />
« Savoye <strong>du</strong>e de Nemours, tous chevaliers de 1'ordre, pour<br />
« estre tenu contre tous venans deuement qualifiez, a com-<br />
« mencer au seizieme jour de juin prochain, <strong>et</strong> continuant<br />
« jusques a 1'accpmplissement <strong>et</strong> eff<strong>et</strong> des emprises <strong>et</strong> artic<br />
cles qui s'ensuivent. La l ere emprise a cheval, en lice, en<br />
« double piece quatre coups de lance <strong>et</strong> une pour ladame.<br />
t La 2« emprise, a coups d espee, a cheval, un a un, ou deux<br />
« a deux, a la volont6 des maistres <strong>du</strong> camp. La 3 e emprise,<br />
c a pied, trois coups de pique <strong>et</strong> six d'espee, en harnois<br />
« d'homme de pied. Fourniront lesdits tenans de lances de<br />
« pareille longueur <strong>et</strong> grosseur, d'espees <strong>et</strong> piques, aux choix<br />
c des assaillans. Et si en courant aucun donne au cheval, il<br />
« sera mis hors des rancs, sans plus y r<strong>et</strong>ourner, si le roy ne<br />
« 1'ordonne. Et a tout ce que dessus seront ordonnez quatre<br />
« maistres de camp, pour donner ordre a toutes choses. Et<br />
« celuy des assaillans qui aura le plus rompu <strong>et</strong> le mieux<br />
t fait aura le prix, dont la valeur sera a la discr<strong>et</strong>ion des<br />
« luges. Pareillement celui qui aura le mieux combatu a<br />
« I'espee <strong>et</strong> a la pique aura aussi le prix, a la discr<strong>et</strong>ion des<br />
« dits juges. Seront tenus les assaillans, tant de ce royaume<br />
« comme estrangers, de venir toucher a Tun des escus qui<br />
« seront pen<strong>du</strong>s au perron, au bout de la lic'e, selon les<br />
« dessusdites emprises, ou toucher a plusieurs d'eux, a leur<br />
o choix, ou a tous, s'ils veulent; <strong>et</strong> la trouveront un officier<br />
« d'armes qui les recevra pour les enrooller, selon qu'ils vou-<br />
« dront, <strong>et</strong> les escus qu'ils auront touchez. Seront aussi tenus<br />
« les assaillans d'apporter ou faire apporter par un gentil-<br />
« homme audit officier d'armes leur escu armoie de leurs<br />
« armoiries, pour iceluy pendre audit perron trois jours <strong>du</strong>-<br />
« rant, avant le commencement <strong>du</strong>dit tournoy: <strong>et</strong> en cas<br />
« que dans ledit temps ils n'apportent ou envoient leurs<br />
« escus, ils ne serpnt receus audit tournoy, sans le conge<br />
« des tenans. En signe de verite, Nous, Henry, par la grace<br />
t de Dieu roy de France, avons signe ce present escrit de<br />
« nostre main. » Fait a Paris, le 22 may 1559. Signe HENEY,<br />
<strong>et</strong> DU THIEK.<br />
Montjoye', roy d'armes de France, en la description <strong>du</strong><br />
pas d'armes de 1'Arc triomphal dont je viens de parler, remarque<br />
que la cinquieme emprise de ce pas estoit « que les<br />
« tenans se trouveroient dans un behourt, autrement dit<br />
« bastillon, deliberez se deffendre contre tous venans, avec<br />
« harnois de guerre. » Ainsi le behourt, estoit une espece de<br />
bastion, ou de chateau, fait de bois, ou d'autre matiere, que<br />
les tenans entreprenoient de defendre contre tous ceux qui<br />
voudroient 1'attaquer. G<strong>et</strong> exercice militaire estoit encore<br />
une dependance des tournois, dont le terme comprenoit<br />
tous ceux qui se pratiquoient pour apprendre a la noblesse<br />
le m<strong>et</strong>ier de la guerre, <strong>et</strong> ne fut invente que pour lui enseigner<br />
la maniere d'attaquer <strong>et</strong> d'escalader les places. Spelman<br />
2 ne s'est pas eloignS de c<strong>et</strong>te signification, ayant<br />
explique le mot de bohorder, ou de bordiare, ad polos dimicare,<br />
c'est-a-dire combatre aux barrieres des places, ce que nos<br />
ecrivains francois appellent vulgairement pal<strong>et</strong>er, quasi ad<br />
palos pugnare, combatre aux lices des villes assiegees.<br />
Lenom de c<strong>et</strong> exercice militaire est differemment ecrit dans<br />
les auteurs, qui le nomment tantost bohourd, tantost behourd.<br />
Mais le premier est le plus commun. Le Roman de Garin,<br />
dont 1'auteur vivoit sous Louys le Jeune, usa toujours <strong>du</strong><br />
mot de bohorder:<br />
Ses escus prennent, bohorder vont es pres.<br />
1. Cerem. de France. — 2. Au mot Bordiare.<br />
SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS. 27<br />
Ailleurs:<br />
La veissiez le bon chastel garnir,<br />
Tresches <strong>et</strong> baus encontre lui venir,<br />
Et des vallez bohorder plus de mil.<br />
Alain Chartier ', au debat des deux fortunes d'amour:<br />
Joustes, essais, bouhors, <strong>et</strong> tournoiemens.<br />
Lambert d'Ardres a « ut illic bohordica frequentar<strong>et</strong> <strong>et</strong> torniamenta.<br />
» On a ensuite abreg6 ce mot en celui de border.<br />
Le Trait6 manuscrit des tournois des chevaliers de la table<br />
ronde : « Ainsi bordoient <strong>et</strong> brisoient lances jusques a basses<br />
« vespres,. que la r<strong>et</strong>raite estoit sonnee. » Dela celui de burdare,<br />
dans une semonce d'armes. qui se lit aux additions sur<br />
Mathieu Paris, ad turnian<strong>du</strong>m <strong>et</strong> burdan<strong>du</strong>m. Je crois meme<br />
que c'est de ce mot qu'il faut tirer 1'origine <strong>du</strong> terme de<br />
bourde, <strong>et</strong> de bourder, dont nous usons ordinairement pour<br />
une chose feinte, <strong>et</strong> mentir, acause que les combats des<br />
bohours n'estoient que combats feints. Les statuts de 1'Ordre<br />
de la Couronne d'epine 3 usent <strong>du</strong> mot de bourdeur: « En<br />
« c<strong>et</strong>ui saint disner soit bien garde que hiraux <strong>et</strong> bourdeurs<br />
« ne facent leur office, » ou les bordeurs sont ceux que les<br />
histoires appellent Menestrels.<br />
Plusieurs ecrivains usent aussi <strong>du</strong> terme de behourd <strong>et</strong> de<br />
behourder. La Chronique de Bertrand <strong>du</strong> Guesclin :<br />
Encore vous vaulsist il miex aler esbanoier,<br />
Et serur les behours, jouster <strong>et</strong> tournoier.<br />
Robert Bourron, au Roman de Merlin : « Alerent li chevalier<br />
« behourder defers la vile as chans, si alerent li plus jeune<br />
« pour voir le behourdeis. » La Chronique de Flandres*:<br />
« Et disoit qu'il voloit aler behourder. »<br />
II n'est pas aise de deviner d'oii ce mot a pris son origine ;<br />
car je n'oserois pas avancer qu'il soit tire <strong>du</strong> mot de bord s ,<br />
saxon, qui signifie une maison, un hostel, d'ou nous avons<br />
emprunte celui de borde en la meme signification, <strong>et</strong> qu'ainsi<br />
border, ou bohorder, seroit attaquer une maison. comme on<br />
feroit un chateau. On pourroit encore le deriver de 1'aleman<br />
horde 6 , ou hurde, qui signifie une claie, dont on se sert pour<br />
faire ce que nous appellons hourdis, lorsqu'on veut elever<br />
quelque batiment, parce qu'en ces occasions on elevoit des<br />
especes de chateaux <strong>et</strong> de bastions, qui n'estoient faits que<br />
de bois <strong>et</strong> de claies. Le mot de board chez les Anglois signifie<br />
une table, comme bord chez les anciens Saxons 7 ; d'ou 1'on<br />
pourroit se persuader que le bohourd seroit le combat de la<br />
table ronde, <strong>et</strong> que ce terme auroit este intro<strong>du</strong>it par les<br />
Anglois.<br />
Mais laissant a part toutes ces <strong>et</strong>ymologies, qui, pour le<br />
plus souvent, sont incertaines, il est constant que le terme<br />
de behourd est pris pour 1'ordinaire dans les auteurs que je<br />
viens de citer, pour le combat <strong>du</strong> tournoy* ou de lajouste.<br />
Un titre de Jean, yidame d'Amiens 8 , de Fan 1271, parle <strong>du</strong><br />
jour <strong>du</strong> bouhourdeis. qui est appelle dans un autre <strong>du</strong> vidame<br />
Enguerran, de 1'an 1218 : « Dies hastiludii. » Ces jeux <strong>et</strong> ces<br />
combats sont ainsi exprimez dans un compte <strong>du</strong> domaine<br />
<strong>du</strong> comte de Bologne 9 de 1'an 1402, qui est en la chambre<br />
des comptes de Paris, sous le chapitre intitule Recepte des<br />
behourdichs : « C'est asavoir que tous ceus qui vendront pois-<br />
« sons a haut estal ou marqui<strong>et</strong> de Boulogne doivent ce jour<br />
« jouster ou faire jouster a la quintaine que monseigneur<br />
« leur doit trouver, <strong>et</strong> doivent jouster de tilleux pelez, ou de<br />
« plancons d'armes, <strong>et</strong> les doit-on monstrer au vicomte,<br />
« qu'ils ne soient cassez de cousteaux, ou autrement. Et ou<br />
« cas qu'ils ne joustent, ou font jouster, ils doivent a ce jour<br />
« a ladite vicomte 2 sols Par. Neant receu pour 1'an de ce<br />
« compte, pour ce qu'ils firent tous courre. » Ce qui fait voir<br />
que Ton exercoit encore les communes aux exercices de la<br />
guerre, pour pouvoir se servir des armes lorsqu'elles seroient<br />
obligees de se trouver dans les guerres de leurs seigneurs,<br />
ou des princes. C'est a ce meme usage qu'il faut rapporter<br />
les jeux de I'espin<strong>et</strong>te, qui ont este si frequens dans la ville<br />
de I'llle en Flandres, qui estoient des especes de tournois <strong>et</strong><br />
de joustes, qui se faisoient par les habitans, <strong>et</strong> dans lesquels<br />
les grands seigneurs ne faisoient pas de difficulte de se<br />
trouver. Ces jeux <strong>et</strong> ces tournois estoient appellez <strong>du</strong> terme<br />
general de bouhourd, ainsi que Buzelin I0 a remarque, qui<br />
1. P. 566. — 2. P. 246. — 3. Ch. 22. — 4. Ch. 130. — 5. Soraner. in Gloss.<br />
Sax. — 6. Kilian. Spelm. v. Hurdicium. — 7. Somner. in Gloss. Sax. — 8. Cartul.<br />
de Piquigny. — 9. Communique par M. d'Herouval. — 10. L. 3. Gallofl. c. 23. Van<br />
der Haer, en ses Chatelains de I'llle.