Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...
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Tant de glaives <strong>et</strong> tant de dars,<br />
De lances en la compagnie,<br />
Qu'ils bouterent hors les spldats,<br />
En haut criant Ville gagnie.<br />
Puis pour au chef de la bespngne<br />
Accroistre le nom en tous lieux,<br />
Crioient: Bourgongne ! Bourgongne!<br />
Trestous ensemble qui mieux mieux.<br />
SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS.<br />
Le cry general, aussi bien que le particulier. servoit encore<br />
aux soldats pour se reconnoitre dans la mel6e. Nous en<br />
avons un exemple dans Brunon au livre qu'il a fait de la<br />
guerre de Saxe ': « Ibi quidam de nostris adversarium sibi<br />
« videns obvium, velut suum salutavit socium, dicens:<br />
« Sancte P<strong>et</strong>re, quod nomen Saxones pro symbolo tenebant<br />
« omnes in ore. Ille vero nimium superbus, <strong>et</strong> tantura deri-<br />
« dere nomen exorsus, in ejus yertice librato mucrone ; hsec,<br />
« inquit, tibi tuus P<strong>et</strong>rus mittit, pro munere, <strong>et</strong>c.» L'on se<br />
sert aujourd'huy <strong>du</strong> terme Qui vive. Mais comme le cry estoit<br />
connu 6galement des deux partis, il arrivoit souvent que les<br />
ennemis s'en prevaloient, <strong>et</strong> lorsqu'ils estoient en peril de<br />
leurs personnes, ils crioient le cry de leur ennemy, <strong>et</strong> a sa<br />
faveur s'evadoient. Pierre, moine de Vaux de Sarnay, en<br />
cotte deux exemples en son Histoire des Albigeois 2 : « Do-<br />
« minum <strong>et</strong>iam Cabar<strong>et</strong>i P<strong>et</strong>rum Rogerium bis vel ter cepis-<br />
« sent, sed ipse cum nostris coepit clamare: Monsfortis 1<br />
« Monsfortis ! prae timore, ac si noster ess<strong>et</strong>, sicque evadens<br />
« <strong>et</strong> fugiens, rediit Cabar<strong>et</strong>um. Et ailleurs : Fugientes hostes<br />
« prse timore mortis exclamabant fortiter: Monsfortis ( Mons-<br />
« fortis | ut sic se fingerent esse de nostris, <strong>et</strong> manus perse-<br />
« quentium evaderent arte tali, <strong>et</strong>c. »<br />
Quant au cry particulier, il estoit ordinairement prononc6<br />
par les chefs, pour animer dans la melee les troupes qui<br />
estoient sous leur con<strong>du</strong>ite; <strong>et</strong> le plus souvent par le chef<br />
meme, ou celuy qui portoit sa banniere, qui marcnoit devant<br />
]uy : afln de les porter par les cris d'alegresse a la defendre<br />
courageusement. La Chronique de Bertrand <strong>du</strong> Guesclin :<br />
— lors cria gentement<br />
Son enseigne <strong>et</strong> son cry pour resjouTr sa gent.<br />
Guillaume Guiart, en Fan 1207:<br />
Li flos des Francois qui aproche<br />
Les a en criant envahis,<br />
A eus, a eus, il sont trahis.<br />
De toutes parts Montjoie huchent,<br />
A 1'assembler tant en trebuchent.<br />
Le Roman de Garin :<br />
Ailleurs :<br />
Orient Montjoie por lor gent esbaudir.<br />
Bologne escrie por les siens esbaudir.<br />
Que s'il arrivoit qu'un chevalier banner<strong>et</strong> commandat a<br />
plusieurs bannieres ou compagnies, comme le plus ancien<br />
ou le plus qualifie, <strong>et</strong> qu'il fust envoie pour attaquer ou defendre<br />
une place, ou contre des troupes ennemies, alors le<br />
cry de ce banner<strong>et</strong> estoit general pour tous ceux qui estoient<br />
sous sa con<strong>du</strong>ite. Froissart 3 en fournit quelques exemples.<br />
Comme le principal usage des crys de guerre estoit de les<br />
pousser avec vigueur <strong>et</strong> quelque sorte d'alegresse dans les<br />
attaques <strong>et</strong> dans les occasions ou la bonne fortune sembloit<br />
favoriser, pour animer davantage les soldats contre leurs<br />
ennemis; ainsi lorsqu'un chef estoit en peril, pour estre<br />
vivement attaque ou environn6 de tous cfitez, <strong>et</strong> hors de<br />
pouvoir de se tirer sans 1'assistance des siens, luy-meme ou<br />
ceux qui estoient pres de luy crioient son cry. afln d'attirer<br />
<strong>du</strong> secours de toutes parts pour le venir degager. Raymond<br />
d'Agiles * : « Tandem exclamavimus signum solitum in<br />
« necessitatibus nostris : Deus. adjuva, Deus adjuva.» Ainsi<br />
Robert, <strong>du</strong>e de Normandie, apres la prise de Nicee, voyant<br />
ses troupes vivement repoussees par les Turcs, faisant tourner<br />
bride a son cheval, <strong>et</strong> tenant en sa main une enseigne<br />
doree, cria le cry des pelerins, Dieu le veut! <strong>et</strong> par ce moyen<br />
les rassura. Robertus Monachus s : « Et nisi cito comes Nor-<br />
«c manus, aureum vexillum in dextra vibrans, equum con-<br />
« vertiss<strong>et</strong>, <strong>et</strong> geminatis vocibus militare signum, Deus vult!<br />
1. P. 137. — 2. C. 40, 57. — 3. Vol. 1, c. 208, 209. — 4. P. 163. — 5. L. 3.<br />
« Deus vult f exclamass<strong>et</strong>, nostris ilia dies nimis exitiabilis<br />
« ess<strong>et</strong>. » Ce que Gibon de Paris a ainsi exprime ' :<br />
Et nisi <strong>du</strong>m fugerent, <strong>du</strong>m palmam pene tenerent<br />
Turci vincentes, se convertiss<strong>et</strong> in hostes<br />
Dux Normannorum, signum clamando suorum,<br />
Lux ea plena malis nostris for<strong>et</strong> exitialis.<br />
De meme dans Guillaume Guiart, en 1'an 1207, le comte de<br />
Montfort estant en peril de sa personne, appella ses gens a<br />
son aide par le cry de Montjoie.<br />
Douteus de mort prent a crier,<br />
Pour sa gent vers luy rallier,<br />
Qu'il a adonc souhaidiez :<br />
Montjoie saint Denys aidiez,<br />
Vray Diex en qui nous nous fion,<br />
Secourez vostre champion.<br />
Francois qui les cris en entendent,<br />
Grand erre cele part destendent.<br />
La Chronique manuscrite de Bertrand <strong>du</strong> Guesclin :<br />
S'enseigae va criant pour avoir le secours.<br />
Froissart 2 , parlant <strong>du</strong> comte de Derby : « Et s'avanca si avant<br />
« <strong>du</strong> premier assaut qu'il fut mis par terre, <strong>et</strong> la luy fut<br />
« monseigneur de Mauny bon confort, car par appertise<br />
« d'armes il le releva, <strong>et</strong> osta de tous perils, en escriant:<br />
« Lencastre au comte d'Erby! » Et ailleurs 3 , parlant <strong>du</strong><br />
comte de Flandres, qui estoit descen<strong>du</strong> au march6 de Bruges,<br />
pour faire teste aux Gantois, qui avoient- pris la ville,<br />
Hit qu'il y entroit a grande foison de falots, en criant:<br />
Flandres au Lyon au comte! D'Orronville 4 , en la Vie de<br />
Louys III, <strong>du</strong>e de Bourbon, raconte que ce <strong>du</strong>e faisant armes<br />
en une mine au siege de Vertueil contre Renaut de Montferrand,<br />
un des siens, qui apprehendoit pour la personne de<br />
ce prince, s'escria : Bourbon ! Bourbon Nostre-Dame! auquel<br />
cry Renaut ayant reconnu qu'il avoit affaire au <strong>du</strong>e de<br />
Bourbon, se r<strong>et</strong>ira, <strong>et</strong> s'excusa envers luy. Nous avons quelque<br />
chose de semblable en YHistoire <strong>du</strong> marechal Boucicault 5 ,<br />
<strong>et</strong> dans Monstrel<strong>et</strong> 6 . Philippes Auguste, selon la Chronique<br />
de Flandres 7 , en la bataille de Bovines, ayant eu son cheval<br />
abattu ou tue sous luy, cria Montjoie ! a haute voix, <strong>et</strong> fut<br />
aussitost remonte sur un autre destrier. La meme Chronique,<br />
parlant <strong>du</strong> siege de Dami<strong>et</strong>e entrepris par saint Louys :<br />
« Quand les Chr<strong>et</strong>iens virent le roy s'abandonner, tous sail-<br />
« lirent hors des nefs, prirent terre, <strong>et</strong> crierent tous a haute<br />
« voix: Montjoie Saint Denys! » En la bataille de Mons en<br />
Puelle, 1'an 1304, le roy Philippes le Bel, voyant « que les<br />
« Flamens avoient j a tue deux bourgeois de Paris, qui a son<br />
« frein estoient, <strong>et</strong> messire Gilbert de Chevreuse qui gisoit<br />
« mort devant luy, 1'Oriflambe entre ses bras, s'escria le<br />
« noble roy: Montjoie Saint Denys ! <strong>et</strong> se ferit en 1'estour. »<br />
Tels cris estoient appallez cris a la recousse, ainsi que Froissart<br />
8 nous enseigne en plusieurs endroits : « Quand les<br />
« Francois les virent issir, <strong>et</strong> ils ouirent crier Mauny a la<br />
« recousse, ils reconnurent bien qu'ils estoient trahis. » Et<br />
ailleurs : La crierent leurs cris a la recousse. Et comme par<br />
les cris on faisoit yenir <strong>du</strong> secours, il en arrivoit quelquefois<br />
inconvenient, specialement dans les querelles particulieres,<br />
ou ceux qui se oattoient crioient les cris de leurs seigneurs,<br />
afin d'attirer par ce moyen a eux ceux de leur party <strong>et</strong> de<br />
leur brigade. Ce qui donna occasion a 1'empereur Frederic I,<br />
en ses Constitutions militaires 9 , de faire celle-cy: « Si alter<br />
« cum altero rixatus fuerit, neuter deb<strong>et</strong> vociferari signa<br />
« castrorum, ne inde sui concitentur ad pugnam; <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te<br />
« autre: Nemo vociferabitur signo castrorum, nisi quse-<br />
« rendo hospitium suum. »<br />
Non-seulement on crioit le cry general au commencement<br />
de la bataille. mais encore chaque soldat crioit le cry de son<br />
capitaine, <strong>et</strong> chaque cavalier celuy de son banner<strong>et</strong>, d'ou<br />
vient que Guillaume le Br<strong>et</strong>on I0 voulant dire que la bataflle<br />
n'estoit pas encore commenced, se sert de c<strong>et</strong>te facon de<br />
parley<br />
Nee <strong>du</strong>m vox ulla sonabat.<br />
Froissart ", parlant <strong>du</strong> combat qui se fit au Pont a Comines,<br />
1'an 1382, <strong>et</strong> racontant comine une p<strong>et</strong>ite troupe de cavaliers<br />
francois attaqua un grand nombre de Flamens, sous la con-<br />
1. Gest. Viae Hieros. 1. 4. — 2. Vol. 1, c. 32. — 3. Vol. 2, c. 98. — 4. C. 50. —<br />
5. Part. 1, c. 17 : Froiss. vol. 3, c. 31. — 6. Sous 1'an 1437, p. 35. — 7. C. 15,<br />
23, 44. — 8. Froiss. vol. 1, c. 151, 222 ; vol. 2, c. 152 : vol. 3, c. 15. — 9. Radevic.<br />
de Gest. Frid. 1. 3, c. 26; Gunther. 1. 7, Ligur. p. 158. — 10. Philipp. 1. 2. —<br />
11. Vol. 2, c. 116, H7.<br />
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