Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...
Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...
Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
saint Louys estoit seigneur predominant de la Champagne,<br />
<strong>et</strong> en c<strong>et</strong>te qualite" avoit droit d'y envoier ses offlciers ; ce<br />
qu'il n'auroit pti faire si elle eust este" une terre dependante<br />
de 1'empereur, <strong>et</strong> si les comtes de c<strong>et</strong>te province essent este<br />
comtes palatins de 1'Empire, comme il s est faussement per-<br />
SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS.<br />
suade. Ce second point, estant important <strong>et</strong> curieux, merite<br />
d'estre discute exactement dans une dissertation, ou digression<br />
particuliere, ou je me propose de decouvrir 1'origine des<br />
n'ont emprunte c<strong>et</strong>te dignite" que de nous.<br />
DES COMTES PALATINS DE FRANCE<br />
Sous la premiere <strong>et</strong> la seconde race de nos rois les comtes<br />
faisoient la fonction dans les provinces <strong>et</strong> dans les villes<br />
capitales <strong>du</strong> royaume, non seulement de gouverneurs, mais<br />
encore celle de juges. Leur principal employ estoit d'y<br />
decider les differents <strong>et</strong> les proces ordinaires de leurs justiciables<br />
; <strong>et</strong> ou ils ne pouvoient se transporter sur les lieux<br />
ils comm<strong>et</strong>toient a c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> leurs vicomtes <strong>et</strong> leurs lieutenans.<br />
Quant aux affaires d'importance, <strong>et</strong> qui meritoient<br />
d'estre jugees par la bouche <strong>du</strong> prince, nos me^nes rois<br />
avoient des comtes dans leurs palais, <strong>et</strong> pres de leurs personnes,<br />
ausquels ils en comm<strong>et</strong>toient la connaissance <strong>et</strong> le<br />
jugement, qui estoient nommez ordinairement, acause de<br />
ce"t illustre employ, Comtes <strong>du</strong> Palais, ou Comtes Palatins.<br />
Jean de Sarisbery, evesque de Chartres ', nous apprend c<strong>et</strong>te<br />
distinction, <strong>et</strong> la fonction de ces comtes, en ces termes:<br />
« Sicut alii praesules in partem sollicitudinis a summo pon-<br />
« tifice evocantur, ut spiritualem exerceant gladium, sic a<br />
« principe in ensis materials communionem comites qui-<br />
« dam, quasi mundani juris praesules asciscuntur. Et quidem<br />
« qui hoc officii gerunt in palatio juris auctoritate, Palatini<br />
« sunt, qui in provinciis, Provinciates. Utrique vero gladium<br />
« portant, non utique quo carnificinas expleant v<strong>et</strong>erum<br />
« tyrannqrum, sed ut divinae pareant legi, <strong>et</strong> ad normam ejus<br />
« utilitati publicse serviant, ad vindictam malefactorum,<br />
« laudem vero bonorum. »<br />
Mais laissant a part les comtes provinciaux, que Ton ne<br />
peut pas revoquer en doute avoir fait office de juges dans<br />
les provinces ou ils estoient envoiez, il est certain que les<br />
comtes <strong>du</strong> palais ont eu aussi jurisdiction. Ils estoient cornmis<br />
par les rois pour exercer les jugements <strong>et</strong> pour decider<br />
les differents qui leur estoient d6volus, soit par appel, soit<br />
en premiere instance, suivant 1'importance de 1'affaire dont<br />
il s'agissoit: nos princes se dechargeans sur eux de ces<br />
jugemens, qu'ils leur laissoient, comme a des personnes<br />
experimentees, <strong>et</strong> capables de les terminer dans la justice.<br />
Hincmar, archevesque de Reims, en I'e'pitre qu'il a faite de<br />
1'ordre <strong>et</strong> des charges <strong>du</strong> palais, justifie cecy en ces termes 2 :<br />
« Comitis palatii, inter co<strong>et</strong>era pene innumerabilia, in hoc<br />
« maxime sollicitudo erat, ut omnes legales quse alibi ortse<br />
« propter aequitatis judicium palatium aggrediebantur, juste<br />
« ac rationabiliter d<strong>et</strong>erminar<strong>et</strong>, seu perverse judicata ad<br />
« a3quitatis tramitem re<strong>du</strong>cer<strong>et</strong>. » D'ou il se recueille que les<br />
affaires d'importance estoient juge"es directement <strong>et</strong> en premiere<br />
instance par les comtes <strong>du</strong> palais, comme aussi celles<br />
qui estoient deyolues par appel, lorsque les parties se plaignoient<br />
de 1'injustice <strong>du</strong> jugement ren<strong>du</strong> par les comtes<br />
provinciaux; ce que le capitulaire de Charlemagne de j'an<br />
797 3 , publie par Holstenius, montre clairement. Les affaires<br />
de c<strong>et</strong>te nature sont nominees causas palatines par le meme<br />
Hincmar*, <strong>et</strong> dans une ancienne notice <strong>du</strong> monastere de<br />
Saint-Denys 5 , qui porte ces mots : « Coram Gilone comite,<br />
« qui causas palatinas in vice Fulconis audiebat vel discer-<br />
« nebat. » On appelloit encore ainsi les audiences publiques<br />
qui se tenoient par les comtes <strong>du</strong> palais, comme nous<br />
apprenons d'une autre Notice de Charles le Chauve 6 : « Jussit<br />
« ut praecepta Carlomanni <strong>et</strong> Caroli, sed <strong>et</strong> suum praeceptum,<br />
« coram suis fidelibus in generali placito suo apud Donziacum<br />
l.Epist. 263. — 2. Deord. <strong>et</strong> offic. palatii, cap. 21, opusc. 14. — 3. g 4. —<br />
4. ft. c. 33. — 5. Doubl<strong>et</strong>, p. 716. — 6. In append, ad Flod. <strong>et</strong> apud Hincm.<br />
opusc. 60.<br />
X<br />
DISSERTATION XIV.<br />
« in causis palatinis legerentur. » Et ce n'est pas sans raison<br />
que ces plaits publics estoient ainsi nommez, parce que les<br />
jugemens estoient prononcez <strong>et</strong> les plaits tenus par les<br />
comtes <strong>du</strong> palais, dans le palais me"me de nos rois. La Vie<br />
de saint Pri<strong>et</strong>', evesque <strong>et</strong> martyr: « Ad palatium properat,<br />
« <strong>et</strong>, ut mos est, apud regis aulam, in loco ubi causse venti-<br />
« lantur, introiit. »<br />
Hincmar 2 ajoute que comme il estoit de la charge de<br />
1'apocrisiaire, qu <strong>du</strong> chapelain <strong>du</strong> palais, d'intro<strong>du</strong>ire vers la<br />
personne <strong>du</strong> prince ceux qui avoient a 1'entr<strong>et</strong>enir des affaires<br />
ecclesiastiques, il en estoit de meme <strong>du</strong> comte <strong>du</strong> palais<br />
pour les affaires seculieres, Tun <strong>et</strong> 1'autre en prenans les<br />
instructions, pour les communiquer, <strong>et</strong> en faire le rapport<br />
au prince. Que si c'estoit une affaire secr<strong>et</strong>e, dont le prince<br />
seul dftt estre entr<strong>et</strong>enu, ils devoient les luy presenter : « De<br />
« omnibus saecularibus causisyel suscipiendi curam instanter<br />
« habebat, ita ut sasculares prius domnum regem absque ejus<br />
« consultu inqui<strong>et</strong>are haberent, quousque ille prasvider<strong>et</strong>, si<br />
« necessitas ess<strong>et</strong>, ut causa ante regem merito venire deber<strong>et</strong>.<br />
« Si vero secr<strong>et</strong>a ess<strong>et</strong> causa, quam prius congruer<strong>et</strong> regi,<br />
« quam cuiquam alteri dicere, eumdem dicendi locum eidem<br />
c ipsi praeparar<strong>et</strong>, intro<strong>du</strong>cto prius rege, ut hoc juxta mq<strong>du</strong>m<br />
« personae, vel honorabiliter, vel patienter, yel <strong>et</strong>iam miseri-<br />
« corditer susciper<strong>et</strong>. » Cassiodore 3 attribue une semblable<br />
fonction au maitre des offices parmi les empereurs romains;<br />
<strong>et</strong> Eguinard* en fournit un exemple, pour les comtes <strong>du</strong><br />
palais , parlant de Charlemagne : « Cum calciar<strong>et</strong>ur <strong>et</strong><br />
« amicir<strong>et</strong>ur, non tantum amicos admittebat, verum <strong>et</strong>iam<br />
« si comes palatii litem aliquam esse dicer<strong>et</strong>, quia sine ejus<br />
« jussu definiri non poss<strong>et</strong>, statim litigantes intro<strong>du</strong>cere<br />
« jubebat, <strong>et</strong> velut pro tribunali seder<strong>et</strong>, lite cognita senten-<br />
« tiam dicebat. » Et en 1'epitre ix, qu'il ecrit a Gebom, comte<br />
<strong>du</strong> palais: « Rqgo dilectipnem vestram, ut hunc pagensem,<br />
« nomine David, necessitates suas tibi referre volentem<br />
« exaudire digneris: <strong>et</strong> si causam ejus rationabilem esse<br />
« cognoveris, locum ei facias ad domnum imperatorem se<br />
« reclamare. »<br />
Non seulement les affaires civiles estoient de leur jurisdiction<br />
<strong>et</strong> de leur connoissance, mais encore les criminelles,<br />
comme nous apprenons de 1'auteur de la Vie de saint Leger,<br />
evesque d'Autun 5 , <strong>et</strong> de celle de saint Cibar, evesque d'Angouleme<br />
6 . Quant aux affaires ecclesiastiques, Hincmar a<br />
fait yoir par un ouvrage particulier, dont Flodoard 7 fait<br />
mention, qu'il ne lui estoit pas permis d'en prendre connaissance.<br />
Mais la principale fonction <strong>du</strong> comte <strong>du</strong> palais estoit<br />
de decider <strong>et</strong> de juger souverainement les affaires ou le<br />
prince ayoit interest, soit pour sa personne, soit pour le bien<br />
de son Etat, qui pour c<strong>et</strong>te raison sont appellees causas<br />
reipublicas dans les Capitulaires de Charles le Chauve 8 , causes<br />
publicse dans les Annales de France tir6es <strong>du</strong> monastere de<br />
Fulde 9 <strong>et</strong>dans la Vie de Francon, evesque <strong>du</strong> Mans 10 , <strong>et</strong><br />
causas pro salute patrise <strong>et</strong> utilitate Francorum dans la Chronigue<br />
de Fredegaire ", 6crite par le commandement de<br />
Nebelong. Par exemple si quelqu'un avoit enfraint la paix<br />
<strong>et</strong> le repos public, <strong>et</strong> avoit trouble" la province par des<br />
1. Vita S. Prsejecti episc. <strong>et</strong> martyr, c. 3, n. 11, apud Bol. — 2. Cap. 19. —<br />
3. Lib. 6, ep. 6. — 4. In vita Caroli M. — 5. Vita S. Leodegar. c. 14, t. 1 ; Hist.<br />
Fr. p. 611. — 6. T. 2, Bibl. Labb. p. 522. — 7. Flod. lib. 3, Hist. Rem. c. 26. —<br />
8. Tit. 23, g 7. — 9. A. 752. — 10. Gesta Franconis Bpisc. Cenom. — 11. Fredeg.<br />
A. 768.