Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

en langue persienne Prestegiani, qui veut dire en
latin Apostolicus, pu un roy Chretien et orthodoxe, et
qu'en cette qualite il faisait porter devant soy, comme
les archevesques et lesprimats, une croix, parlaquelle
il vouloit faire voir a ses peuples qu'il estoit le defenseur
et le prolecteur de la religion chretienne: c'est la
pense'e de Joseph Scaliger, lib. 7 deEmendat. tempor.,
et de quelques autres. Mais il n'est pas bien constant
quelles furent les provinces de 1'Asie que ces princes
possederent, dont 1'etendue fut telle, qu'on dit que ce
premier Pretre-Jean subjugua et rendit tribulaires septante-deux
rois. Le pere Kirker estime qu'il commandoit
a ces vastes pays du Catay, et nous apprend que
le premier qui a introduit dans 1'Europe cette fausse
opinion, touchant le nom du Pretre-Jean, qu'on donne
au roy des Abyssins, a este Pierre Covillon, qui ful
envoye en ambassade vers ce roy par Jean II, roy de
Portugal, lequel ayant appris que le Prelre-Jean estoit
un prince chre'tien, et des plus puissans, creut qu'on
appelloit ainsi le roy des Abyssins, parce qu'il estoit
pareillement puissant, et faisoit aussi profession de la
religion chretienne.
PROBUS, I. Dieu le vueille faire preuhomme et
preudomme. Joinville ; Observations.^ Saint Louys
mettoit la difference entre preuhomme, et preudhomme,
en ce que le preuhomme estoit un homme
preux, c'est a dire vaillant et hardy de sa personne ;
et preudhomme, un homme prude ou prudent, de
bonne conscience, et craignantDieu. Les mots de preu
et de preuhomme tirent leur origine du latin probus,
qui dans les auteurs du moyen temps signifie un
homme vaillant, d'ou les Frangois ont forme le mot
de preux. Saxon le Grammairien, au 1. 2 de son Hist,
de Danemarc: Assit eidem, ut probus est quisque,
procul hinc procul este,fugaces. Un ancien epitaphe
dans les Antiq. de Bezancon de Chifflet:
Hie Renaude jaces, vir amabilis, et probe miles.
Ainsi le mot de probitas se trouve employe* pour le
courage et la valeur dans Gauterius Cancell. de Bellis
Antioch., pag. 444. Roderic, archeveque de Tolede, en
son Hist. d'Espagne,l. 2, ch. 14, et dans cetextrait d'un
Decret du conseil de Sienne public par Christophle
Forstner: Quod Mariscialco et militibus theutonicis
pro remuneratione probitatis, quam fecerunt lieri
contra inimicos communis Senensis, debeant donari et
dari de pecunia communis D. librae denariorum Senensium.
Et de ce mot nous avons forme' celuy de
prouesse, lesEspagnolspro^a, et les,\['d\iens prodezza.
Saint Lquys done s'est arrete a la signification que ce
mot avoit de son temps, ou plutot regarde & la maniere
qu'il se prononcoit.
PULLANI, 2. Et sachez que Von appelle les pa'isans
de celle terre poulains. Joinville ; Observations.']
L'Auteur de la Vie de Louys le Gros explique la force
de ce mot au ch. 24: Pullani dicuntur qui de patre
Syriano et matre Francigena generantur. A quoy se
rapporte ce que Sanudo, 1. 3, part. 8, ch. 2, dit sur le
meme sujet: Illustrium virorum qui ad Terrce Sanctce
tuitionem, perfectamque illius dejugo servitutis liberationem
in ipsa manserunt, degeneres filii, qui ab
illis descenderunt, ut rubigo de argento, amurca de
oleo, fex de vino, possessionum illorum successores,
SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOTJYS. CCXXXIII
non morum, Pulani vocantur. Jacques de Vitry, 1. 1,
ch. 67, parle encore de ces poulains, etditqu'ils furent
ainsi nommez parce qu'ils estoient originaires de la
Pouille: Pullani dicuntur qui post Terrce Sanctce liberationem
ex ea oriundi exstiterunt; vel quia recentes,
et quasi novi pulli, respectu Surianorum reputati
stmt; vel quia principaliter de gente Apulice matres
secundum carnem habuerunt. Cum enim in Occidentaliprincipum
exercitu paucas mulieres, respectu virorum,
adduxissent nostri, qui in Terra Sancta remanserunt,
de regno Apulice, eo quod propius esset aliis
regionibus, vocantes mulieres, cum eis matrimonia
contraxerunt. Yoyez le me'me auteur au ch. 72.11 est
encore probable que nos Francois donnerent ce nom a,
ceux qui estoient sortisdecesconjonctions irregulieres,
acause qu'ils ressembloient aces jeunes poulains echappez
qu'on ne peut arreter, Illustrium virorum degeneres
filii, ainsi que Sanudo ecrit. Le sire de Joinville dit que
Ton appelloit ainsi les paysans de la Terre Sainte, et que
ce terme passoit pour une injure en son temps: ce
qui est confirm^ par ces vers du Roman de Garin le
Loherans:
Quant li gloton lecheor de pulin
Ma terre gastent, mes homes m'ont ocis.
Ailleurs:
Dex, dit Fromond, con puis enragier vis,
Par trois gargons lecheor de pulin,
Que 1'empereres me tient en si por vil.
La Chronique manuscHte de Bertrand du Guesclin se
sert souvent aussi de ce mot pour injure, et pour un
terme de mepris:
La peut~ on voir maint Sarazin pulant, etc.
Un autre chevalier a Henry le pulant, etc.
En un sac fu boutes rois Pietre le pulant.
Le sire de Joinville parle en quelque endroit d'un lieu
de la Terre Sainle appelle Passepoulain, quiprobablement
a tire son appellation des Poulains. Tandis que
les Francois possedoient 1'empire de Constantinople,
on appelloit Gasmoules (ra^ooxoO ceux qui estoient nez
d'un Frangois et d'une femme grecque, ou, pour user
des termes de Pachymeres, en son Hist, manuscrite,
1. 4, Cb. 25, Siysvet?, xa\ Pco^ac'cov yuvatxtov y£vvY)6£v^e; Tot?
TraXor?. Je me persuade que nos Francois les nommerent,
non Gasmoules, mais Gastemoules, par forme de
derision, comme si les enfans issus de ces manages,
qui leur sembloient irreguliers, acause de la difference
des nations, et memes des creances, avoient en
quelque facon gate et souillele ventre de leurs meres,
qui est le moule ou se forment les enfans. Ainsi dans
Antioche ceux qui estoient issus de peres armeniens,
ou grecs, habitans d'Antioche, et de rneres turques
estoient appellez Turcati: les Turcs, peu ayant que
cette place vinst en la puissance des Francois, ayant
donne des femmes de leur nation aux habitans d'Antioche,
qui en manquoient, ainsi que nous apprenons
de Raymond d'Agiles.
R
REGREDITI 58 3 . famais mieulx estre poulain
que chevalier recreu comme ilz estoient. Joinville;
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