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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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Protosebaste. son frere aine, au roy Amaury : <strong>et</strong> encore au<br />

grand accueil qu'il fit a ce roy, lorsqu'estant presse <strong>et</strong> attaque<br />

de tous cotez dans ses Etats par les infideles, il vint a<br />

Constantinople, en 1'an 1170, pour implorer le secours de<br />

Manuel : car 1'empereur le recut magnifiquement, le regala<br />

de sommes immenses d'or, <strong>et</strong> de riches presens. Tous les<br />

grands de la cour de Manuel <strong>et</strong> ses plus proches parens<br />

s'efforcerent de leur part d'i miter 1'empereur, n'y ayant eu<br />

aucun d'entre eux qui ne luy eust fait des presens convenables<br />

a leurs forces <strong>et</strong> a sa dignite.<br />

Entre ceux-la, Jean Protosebaste, beaupere <strong>du</strong> roy, fit<br />

eclater sa magnificence, lequel, pour user des termes de<br />

1'archevesque de Tyr ' : « In omnes, tamquam vir inclytus,<br />

« suam effudit liberalitatem: sed <strong>et</strong> reliqui principes, ajoute<br />

« le meme auteur, eodem zelo accensi, se mutuo munificen-<br />

« tia vincere cupientes, munera domino regi obtulerunt,<br />

« quibus <strong>et</strong> materise dignitas, <strong>et</strong> operis elegantia, <strong>et</strong> favor<br />

« non deerat in utroque. » Ces tfrmes me font croire qu'il<br />

n'y a pas lieu de douter qu'entre les parens de 1'empereur <strong>et</strong><br />

les grands de sa cour, Alexis Ducas n'ait este 1'un d'entre<br />

eux qui ait rega!6 ce roy de ses presens, <strong>et</strong> qu'il ne lui ait<br />

donn6 ce reliquaire exquis, qu'il auroit tire de son col pour<br />

en faire present a ce devot monarque, qui d'ailleurs avoit<br />

temoigne tant de pi<strong>et</strong>e <strong>et</strong> de veneration envers toutes les<br />

reliques quiestoient alors conservees a Constantinople, lorsque,<br />

par le commandement de Manuel, on les luy fit voir<br />

toutes <strong>et</strong> a ceux de sa suite, ainsi que le meme archevesque<br />

raconte 2 . Alexis ne crut pas lui pouvoir faire un present qui<br />

lui fust plus precieux a son egard, que de c<strong>et</strong> encolpe, que<br />

les Grecs tenoient si cher, qu'ils ne le tiroient jamais de leur<br />

col que pour des necessitez tres-pressantes, comme j'ay remarque.<br />

Amaury done estant devenu possesseur de ce riche joyau,<br />

le destina d'abord pour le monastere de Grandmond, dont<br />

Guillaume d'Axie estoit alors prieur, ou general de 1'ordre ;<br />

il le mit a c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> entre les mains de Bernard, evesque de<br />

Lidde, qui apres la mort de ce prince, arrivee au mois de<br />

juill<strong>et</strong> 1'an 1173, 1'apporta en France, <strong>et</strong> le donna au nom <strong>du</strong><br />

roy aux religieux de Grandmont, qui, pour conserver la memoire<br />

d'un present si exquis, firent graver a la bo<strong>et</strong>e qui<br />

enferme c<strong>et</strong>te croix ces vers latins:<br />

Rex Amalricus sit summi regis amicus,<br />

Propter dona crucis don<strong>et</strong>ur munere lucis,<br />

Quando crucem misit, nos Christ! gratia visit, <strong>et</strong>c.<br />

Quant a Bernard evesque de Lidde, au suj<strong>et</strong> <strong>du</strong>quel j'ay<br />

entrepris c<strong>et</strong>te digression, il estoit Francois de nation, <strong>et</strong><br />

avpit este moine de Deols en Berry. C'est ce que Geoffroy<br />

prieur <strong>du</strong> Vigeois nous apprend en s# Chronique 3 , en ces termes:<br />

« Amalricus, Hierosolymorum rex, portionem non mo-<br />

« dicam salutaris ligni transmisit de Ur<strong>et</strong> (forte Acre), per<br />

« episcopum Sancti Georgii de Rama Grandimontensibus,<br />

« qui olim monachus exstitit burgi Deolensis.» Bernard<br />

estant ainsi moine de Deols, <strong>et</strong> s'estant achemine en la Terre<br />

Sainte, fut fait premierement abbe <strong>du</strong> Mont-Thabor, qui<br />

estoit un monastere dependant de I'archeveche de Bessan,ou<br />

de Nazar<strong>et</strong>h 4 , <strong>et</strong> apres le deces de Renier, evesque de Lidde,<br />

il fut eleu evesque de c<strong>et</strong>te meme ville, 1'an 1169. ainsi que<br />

Guillaume de Tyr 5 ecrit en deux divers endroits. II souscrit<br />

encore avec c<strong>et</strong>te qualite d'evesque un titre de Guillaume<br />

evesque d'Acre, avec le roy Amaury, <strong>et</strong> quelques autres prelats,<br />

au suj<strong>et</strong> d'un monastere de 1'prdre de Cluny 6 , que c<strong>et</strong><br />

evesque vouloit construire en son diocese. Apres le deces <strong>du</strong><br />

roy Amaury, il vint en France pour y apporter la vraye<br />

croix, qu'il avoit eu charge de porter au monastere de Grandmont,<br />

<strong>et</strong> en passant il vint visiter celui de Deols, ou il avoit<br />

este moine. La Chronique de Deols : « Anno MCLXXIV domi-<br />

« nus Bernar<strong>du</strong>s, Liddensis episcopus, Dolum venit. »<br />

G<strong>et</strong> eveche de Lidde 7 estoit le premier des evechez suffragans<br />

<strong>du</strong> patriarche de Hierusalem, <strong>et</strong> n'estoit pas different<br />

de celui de Rame, ces deux places estant sous une meme<br />

jurisdiction. D'abord la residence de 1'evesque fut a Rame:<br />

car les nOtres 1'ayant prise, ils y <strong>et</strong>ablirent un evesque; mais<br />

ayant este reprise incontinent apres, <strong>et</strong> ayant este ruinee<br />

par les Sarrazins, 1'evesque transporta le siege de son eveche<br />

a Lidde, qui est une ville appellee par les anciens Diospolis,<br />

<strong>et</strong> conserva le titre d'evesque de Saint-Georges de Rame, ou<br />

de Saint-Georges de Lidde, ainsi que Jacques de Vitry 8 nous<br />

1. L. 20, c. 26. — 2. L. 20, c. 25. — 3. Chron. Vosiense, c. 69. — i. Assises de<br />

Hierus. — 5. L. 20, c. 13 <strong>et</strong> 20. — 6. Bibl. Clun. p. 1432. — 7. Anna Com. p. 328;<br />

Alber. Aq. I. 5, c. 42,1. 9, c. 5, 6 ; Guib. 1. 7, c. 1 ; Bald. 1. 4, p. 130 : Tyr, 1. 10,<br />

c. 16,17 ; S. Hieron. ep. 27. — 8. In Hist. Hier. c. 57.<br />

DISSERTATIONS<br />

apprend. C'est pour cela que nous voyons que Bernard est<br />

qualifie « episcopus Sancti-Georgii de Rama » dans la Chronique<br />

<strong>du</strong> Vigeois, <strong>et</strong> ailleurs evesque de Lidde. ~L'Itineraire de<br />

la Terre Sainte de Willebrand d'Oldenbourg 1 parle aussi de<br />

c<strong>et</strong>te qualite d'evesque de Saint-Georges de Rame, ou toutefois<br />

1'imprime porte mal Samorgederamus, au lieu de San<br />

Jorge de Rames. On appelloit 1'evesque de Rames evesque de<br />

Saint-Georges, parce que son eglise cathedrale estoit 1'eglise<br />

de Saint-Georges, a une lieue de Rame, qui fut elevee a 1'endroit<br />

ou ce saint souffrit le martyre, <strong>et</strong> dont nous avons la<br />

description dans Jean Phocas 5 , Epiphane Hagiopolite, 1'auteur<br />

anonyme, <strong>et</strong> Willebrand d'Oldenbourg, en leurs descriptions<br />

de la Terre Sainte, dans Robert le Moine, Baldric,<br />

Guibert. Albert d'Aix, <strong>et</strong> autres historiens desguerres saintes,<br />

<strong>et</strong> enfin dans le docte Selden, en son traite des litres d'Honneur.<br />

G<strong>et</strong> illustre reliquaire ne pourroit donner de la matiere<br />

pour m'<strong>et</strong>endre plus au long sur de curieuses recherches qui<br />

le concernent; mais, outre qu'une scavante plume y a desja<br />

passe, je me contente d'y ajouter pour derniere observation,<br />

qu'en la plupart de ces reliquaires ou encolpes, c'est a dire<br />

qui se portoient sur le sein, il y avoit des vers <strong>et</strong> des inscriptions,<br />

qui marquoient non seulement la confiance que ceux<br />

qui les portoient avoient en la vertu des sacrees reliques<br />

qu'ils contenoient, mais encore les noms de ceux qui les<br />

possedoient ou qui les avoient fait enchasser. Tels sont les<br />

vers de Nicolas Callicles 3 , medecin de I'empereur Alexis<br />

Comnene, au suj<strong>et</strong> d'un reliquaire <strong>du</strong> bois sacre de la vraye<br />

croix que 1'imperatrice Irene, femme de c<strong>et</strong> empereur, avoit<br />

fait enchasser ; <strong>et</strong> encore sur un autre semblaole, qu'Anne<br />

Comnene, leur fille, dont nous avons la docte Alexiade, avoit<br />

fait pareillement orner, <strong>et</strong> qu'elle avoit eu en don d'Eudocie,<br />

sa soaur, lorsque, s'estant separee de son mary, elle se r<strong>et</strong>ira<br />

dans un monastere. II est inutile de les coucher icy, puisqu'ils<br />

ont este donnez au public, <strong>et</strong> que je me propose d'en<br />

parler en mes observations sur c<strong>et</strong>te Alexiade.<br />

Mais puisque je suis sur c<strong>et</strong>te matiere, je veux donner icy<br />

ceux qui sont ecrits <strong>et</strong> gravez sur le plus grand <strong>et</strong> le plus rare<br />

reliquaire, d'entre ceux qui contiennent des morceaux de la<br />

vraye croix, qui soit en France. Le monastere <strong>du</strong> Mont Saint-<br />

Quentin le possede, <strong>et</strong> Ton tient par tradidive qu'il lui fut<br />

donne par Nevelori, evesque de Soissons, a son r<strong>et</strong>our de<br />

Constantinople, apres sa prise par les Francois, en echange<br />

<strong>du</strong> bras de saint Morand d'Orleans, <strong>et</strong> de celui de saint Firmin,<br />

evesque <strong>et</strong> martyr. II a de hauteur un pied sept pouces<br />

<strong>et</strong> demy, <strong>et</strong> de largeur un pied quatre pouces. II est travail!6<br />

a'la grecque, avec de la marqu<strong>et</strong>erie <strong>et</strong> des emaux. <strong>et</strong> enrichy<br />

de part <strong>et</strong> d'autre de nombre de reliques <strong>et</strong> de figures de<br />

divers saints, dont les noms sont ecrits. D'un c6te, sont des<br />

portions de la vraye croix, ajustees dans une figure de croix<br />

patriarchale, avec un Christ en croix au milieu, en email:<br />

au haut de c<strong>et</strong>te croix a chaque cfite sont deux figures a<br />

demy corps, qui semblent estre de Notre-Seigneur <strong>et</strong> de la<br />

Vierge, enfermees chacune dans un rond: mais les caracteres<br />

qui sont au-dessus de ces figures; scavoir, dans la premiere:<br />

X. X. OA.P. MI.; dans 1'autre ceux-cy : X. OAP. TAB. me<br />

font croire que ce sont celles de saint Michel <strong>et</strong> de saint Gabriel,<br />

dont les noms sont ou doivent estre ainsi designez, 0.<br />

AF. MI. c'est a dire, 6 aytoc OU ayyeXo? Mt^aY)X. 0. AF. FAB.<br />

c'est h dire, 6 ayto? FagpsyiX. A c6te <strong>et</strong> a 1'entour de la croix<br />

sont de semblables figures de saints, qui y sont marquez par<br />

leurs noms, en c<strong>et</strong>te sorte : 6 TtpocprjTvic Zavapla;. 6 7rpot'(jtT];. ayto; "Ovoucppio;. ayco; IlaOXoi; 6 KXeou.5?.<br />

ayto? 'AvSpsai; 6 Kptyyjc. ayio? 'E^patfj,. aytoi; 'ApxaSto?. aytoc<br />

Sevoqxiv. ayto; 'Iwavvr)?. Aux c6tez de la croix, qui est double,<br />

ainsi que j'ay remarque, il y a plusieurs p<strong>et</strong>its creux, avec<br />

ces inscriptions <strong>et</strong> ces vers qui marquent les reliques qu'ils<br />

Contiennent. "Edxrjxs XptoroO crTrapydvwv (Aixpbv {J-epoq. "HXwv 'lea<br />

TWV (jsSaffTcov Tt TpOtpoc. 2tof|V xav Tto pVi^ov aTp.a TW xoajAw. fft^ov?<br />

axavQtvou 8e xav TW Tji^fiata. Tijxio? Xi6o? Ix ToO xpavtoy. AtOo; ex<br />

TOO Tacpov. 'Ex T^c'-roO XpicroO ^IXTVY]; ; C'est a dire en latin, 4 la<br />

l<strong>et</strong>tre, « Hab<strong>et</strong> seu contin<strong>et</strong> Christi fasciarum parvam par-<br />

« tern. Intus est particula yenerandorum clavorum.In hoc est<br />

« <strong>et</strong>iam sanguis (Christi) vitam dans mundo. Et in hoc sunt<br />

1. ftuares. de Elucid. Ter. Sanct. 1. 4. Perag. 1, c. 3, 4. — 2. N. 29, <strong>et</strong>c.; <strong>et</strong> alii<br />

a nobis laudati in Not. ad Annam Com. 1. 11. — 3. Edit, ab Hier. Gont. cum<br />

Zanthopulo <strong>et</strong> aliis. — 4. Au traite <strong>du</strong> Chef de S. Jean Bapt.

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