Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

82 DISSERTATIONS
... Cui tempora circum
Aurati bis sex radii fulgentia cingunt,
Solis avi specimen.
II compose*cette couronne de douze rayons, parce que c'estoit
une opinion receue parmi les anciens que le soleil en
avoit un pareil nombre, que Martianus Capella ' rapporte
aux douze mois de 1'annee. Les historiens remains 2 remarquent
qu'on presenta en plein theatre a Jules Cesar une
couronne toute eclatante de rayons, et que celle que Caligula
prit lorsqu'il voulut s'arroger la divinit6 estoit semblable.
Les medailles des empereurs remains sont pleines de cette
espece de couronne.
Le diademe dont la teste de Theodebert est couverte est
le meme que celui dont les empereurs de Constantinople de
son temps se servoient, ainsi que j'ay observe. C'est cette
espece de couronne a laquelle Anastase bibliothecaire 3
donne en divers endroits le nom de spanoclista, terme qui est
tire du grec iTravtoxXsta-To?, c'est-a-dire une couronne couverte
par le haut. Constantin Porphyrogenite * semble attribuer
I'invention de ce diademe au grand Constantin, ecrivant
qu'il se servit de cet affublement de teste, que les Grecs
appelloient xa[i.Y)>,auxtov : d'ou quelques auteurs latins ont
forme camelaucum, calamaucus, et calamaucum, pour une
espece de chapeau, qu'ilsattribuenttant&t aux papes, tant6t
aux moines. Sa figure et sa forme estoit en guise d'un casque.
Rufin et Bede 5 , traduisans ees mots de 1'histoire de
Josephe, v_rep TV;? xs^airj? 9opei ntXov axwvov, les ont ainsi tournez
en latin : « super caput autem gestat pileum in modum
« parvuli calamauci, sive cassidis, qui extendebatur supra
« capitis summitatem. » Theophanes attribue a Totila,
roi des Goths, un de ces chapeaux tout couvert de pierreries,
•xafiYjXavx'.ov SidXi8ov. Anastase 6 et Paul Diacre 7 semblent encore
donner ce nom aux turbans des Turcs. Theophanes 8 dit
qu'il couvroit les oreilles. Le meme Anastase 9 1'attribue aux
papes, comme aussi Papias I0 , qui en donne ainsi la description
: « Pileum, calamaucum ex bysso rotundum, quasi
« sphsera, caput tegens sacerdqtale, in occipitio vitta cons-
« trictum, hoc Graeci et nostri tiaram vocant.» Isac ", auteur
grec, ecrit que tous les evesques d'Armenie en ont leurs
chefs couverts lorsqu'ils celebrent 1'office divin. Et Alassi 12
assure qu'encore a present les moines d'Orient le portent au
lieu de chapeau. II en fait la description, et dit qu'il est ainsi
appele parce qu'il fut fait d'abord de noils de chameaux, ce
qui est confqrme a ce que Cedrenus |S a ecrit. De sorte que
ce mot a este pris indifferemment pour toute sorte de chapeaux.
L'on appela done ainsi cette espece de couronne dont Constantin
intrpduisit 1'usage, qui n'estoit pas tant une couronne
qu'une espece de couvrechef, ou de bonnet, dont il se servoit
ordinairement, lequel, ayant este enrichy dans la suite du
temps de perles et de pierreries, passa pour le principal diademe
des empereurs. Je ne fais pas de doute que ce ne soit
ce diademe qu'un auteur, qui vivoit en son siecle, et qui
ecrivoit en 1'an 448 '*, lui attribue particulierement, ecrivant
qu'il 1'inventa, pour arreter ses cheveux, qui s'6cartoient de
son front : « Constantinus Senior, qui christianae religionis
« ministros privilegiis communivit, diadema capiti suo,
« propter refluentes de fronte propria capillos (pro qua re
« saponis ejusdem cognqminis odorata confectio est) quo
« constringerentur, invenit, cujus more hodie custoditur. »
Ce qui est tenement vray, que nous voyons que dans la plupart
des medailles de ses successeurs leurs chefs en sont
ornez, comme en celles de Constantius, de Gratian, de Valentinian
le jeune, de Theodose, d'Honorius, de Marcian, et
de quelques autres qui les ont suiyis, qui ont este representees
par Octavius Strada IS , Baronius, Gretzer, et autres, ou
les portraits des empereurs paroissent de profll. Ces diademes
sont arrondis en forme de casque, tels que Beda decrit
les camelauques : ce qui me fait croire que c'est cette espece
de couronne que les Anglois-Saxons appeloient cyne-helm l6 ,
c'est a dire le heaume royal, parce que leurs rois, qui affecterent
le titre de paatXeue, ou d'empereur, emprunterent des
Grecs cette sorte de couronne. Elle est composee du diademe
de perles, d'un ou de deux rangs, qui ceint le front, et est
lie par le derriere de la teste, avec deux lam beaux, aussi de
perles, qui y pendent. De ce diademe part une espece de
\. L. 2. — 2. Valer. Flac. I. 4, Argon.; Flor. 1. 4, c. 2. — 3. In Vitis PP. —
4. De Adra. Imp. c. 12. — 5. L. 3, de Tabern. c. 8 : Joseph. 1. 3, c. 8. — 6. Hist.
Eccl.; Id. Anast. p. 153. — 7. Hist. Misc. 1. 22. — 8. In Zenone. — 9. In Const.
PP. — 10. Gloss. Isid.; Odo Fossat. in Vita Burch. — 11. Invect. 2, in Armen.
p. 414. — 12. Alat. De utriusq. Eccl. Const. 1. 3, c. 8, n. 12. — 13. P. 169; Gloss.
Isid.; Gloss. JElfr. — 14. Ptolemseus Silvius, in Laterculo. — 15. P. 198. —
16. Gloss.
bonnet enrichy de pierreries, au dessus duquel paroit un
cercle de perles, renausse" encore d'un autre ornement en
forme de plumes, ce cercle commencant au derriere de la
teste, et finissant a 1'endroit du front, en forme de creste de
casque, d'ou ces couronnes sont appelees cristatse par les
auteurs ' qui en ont parle. Dans celles de Constantius, de
Romulus, de Zenon, de Basilisque, d'Anastase, de Justinian,
et de Justin, comme les portraits y sont de face, il ne paroit
au haut de ce couvrechef qu'une espece de houppe, qui part
du derriere de la teste, a 1'endroit ou sont les lambeaux de
perles (5. 6.).
Get ornement, qui paroit au dessus de ces diad^mes, est
appele par les Grecs recens -n^a et -routpa, d'ou ils ont donne
le nom a cette espece de couronne, ainsi que nous apprenons
de Tzetzes 2 , en ces vers :
Tcdpa (rxeiiY) xetpaXrii; {iTtrip^s irapa IUpcraic,
uffTspov ffTspov ev TaTcvcxat; Tacvcxat; 8k YIJJ.IV oo\