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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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104 DISSERTATIONS<br />

« cour de Champagne. Li Hermite jura sur sains li vuitiesme<br />

« de ses amis, que bien ne li fu de la mort de Raolin d'Ar-<br />

« gees, ains Ten pesa plus, que biau ne Ten fu : <strong>et</strong> a done li<br />

« Hermite cent livres as amis Raolin le mort pour faire une<br />

« chappelle, ou Ten chantera pour 1'ame dou mort: <strong>et</strong> en doit<br />

« aler Girard li flls 1'Hermite outre mer, <strong>et</strong> movoir dedans<br />

« les octaves de la Saint-Remi, <strong>et</strong> reyenir quand il voudra :<br />

« mais que il aport l<strong>et</strong>tres que il ait este putremer par le<br />

« tesmoing de bones gens ; <strong>et</strong> parmi ce fait, il est bone pais<br />

« des enfants Raolin d'Argees, <strong>et</strong> de leur lignage, <strong>et</strong> de tous<br />

« leurs aidans d'autre part, <strong>et</strong> requerent li enfant Raolin &<br />

« la court, que se li enfant 1'Hermite, ou li ami requerent<br />

« l<strong>et</strong>tres de tesmoignage a la court, que la court leur doint;<br />

« <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te pais ont rapportee li chastelains de Bar, <strong>et</strong> li sires<br />

« de Noroie, <strong>et</strong> messire Gauchier de Cornay, seir qui lesdites<br />

« parties se mistrent, si com il dient; <strong>et</strong> ceste pais la court<br />

« a recheue, <strong>et</strong> fait enregistrer, sauf le droit le roy <strong>et</strong> 1'au-<br />

« trui. »<br />

La seconde ' ou plut6t laquatrieme manierede faire cesser<br />

la guerre qui se faisoit par coutume estoit 1'asseurement. Le<br />

seigneur dominant, ou le roy, commandant aux parties chefs<br />

de la guerre de s'asseurer reciproquement, ce qui se faisoit<br />

de la sorte : 1'une des parties qui ne vouloit pas entrer en<br />

guerre, ou qui y estant entree, parce qu'elle estoit la plus<br />

foible, en vouloit sortir, s'adressoit a son seigneur, ou a sa<br />

justice, <strong>et</strong> requeroit que sa partie avec laquelle elle estoit<br />

en guerre, ou estoit prest d'y entrer, eust a lui donner asseurement.<br />

c'est a dire asseurance qu'il ne luy seroit fait aucun<br />

tort, ni en sa personne, ni en ses biens, se rem<strong>et</strong>tant au<br />

surplus <strong>du</strong> different qui avoit cause la guerre a ce que la<br />

justice de son seigneur en decideroit. Ce que le seigneur ou<br />

sa justice ne pouvoit refuser; <strong>et</strong> alors il enjoignoit a son<br />

vassal de donner asseurement a sa partie, laquelle estoit<br />

obligee de le faire observer par ceux de sa parente ou de son<br />

lignage: en sorte que si 1'asseurement venoit a estre enfraint<br />

ou brise, celuy qui 1'avoit enfraint <strong>et</strong> celuy qui 1'avoit donne,<br />

quoy qu'il fust constant qu'il n'eust pas este present au fait,<br />

pouvoient estre tra<strong>du</strong>its en la justice <strong>du</strong> seigneur pour bris,<br />

ce qui n'estoit pas de la treve, de 1'infraction de laquelle celuy<br />

seul qui 1'avoit brisee estoit responsable. Ce qui a fait<br />

dire a Philippes de Beaumanoir, que quoy que le lien de la<br />

paix qui a este traittee par les amis communs, ou qui a este<br />

faite par autorite de la justice, soit bon <strong>et</strong> soit fort, neantmoins<br />

le lien d'asseurement est encore plus puissant <strong>et</strong> plus<br />

assure. L'asseurement differoit de la treve en ce que la treve<br />

est une chose qui donne seur<strong>et</strong>e de la guerre el tans que elle<br />

<strong>du</strong>re; <strong>et</strong> 1'asseurement aussi bien que la paix estoit pour<br />

toujours. II differoit encore de la paix <strong>et</strong> de la treve, en ce<br />

que le seigneur pouvoit cpntraindre ses deux vassaux chefs<br />

de la guerre a faire la paix <strong>et</strong> a accorder la treve, « mes de<br />

« 1'asseurement se devoit-il souffrir, se 1'une des parties ne<br />

« le requeroit. » II est parle dans les Loix des Lombards * des<br />

treves enjointes par le ministere des juges. II y a une ordonnance<br />

de saint Louys, donnee a Pontoise au mois d'octobre<br />

1'an mil deux cens quarante-cinq, par laquelle il enjoint a<br />

ses baillis, « quateriusde omnibus terris <strong>et</strong> faidiis suse bailli-<br />

« vise ex parte regis capiant <strong>et</strong> dari faciant rectas treugas,<br />

« jus faciendo ab instanti Nativitatis B. Joan. Bapt. in V.<br />

« annos <strong>du</strong>raturas, » sans attendre que les parties les requissent,<br />

voulant qu'elles fussent contraintes de les accepter:<br />

laquelle ordonnance se fit dans le dessein <strong>du</strong> voyage d'outremer,<br />

qui ne s'executa que trois ans apres. En quoi ii suivit<br />

1'exemple de nos premiers conquerans de la Terre Sainte, qui<br />

arr<strong>et</strong>erent entre eux, <strong>et</strong> ensuite de ce qui en avoit este ordonne<br />

au cpncile de Clermont, « ut pax (quae verbo vulgar!<br />

« Treuga dicitur) ab omnibus observar<strong>et</strong>ur illibata, ne ire<br />

« volentibus <strong>et</strong> ad necessaria discurrere, ullum ministrare-<br />

« tur impedimentum. » Ce sont les termes de 1'archevesque<br />

de Tyr 3 au suj<strong>et</strong> de c<strong>et</strong>te treve, qui fut appellee la treve de<br />

Dieu, comme ceux qui sont versez dans nos histoires scavent<br />

assez 4 .<br />

L'asseurement se demandoit au plus prochain <strong>du</strong> mort au<br />

dessus de quinze ans, s'il y avoit meurtre ou assassinat. S'il<br />

n'y avoit que quelque blessure, ou des coups donnez, il se<br />

demandoit a celui-la meme qui avoit este blesse ou frappe.<br />

Que s'ils se d<strong>et</strong>ournoient ou s'absentoient pour ne pas consentir<br />

a la treve, ou a 1'asseurement, le seigneur les deyoit<br />

faire appeller par quinzaines. Et d'autant qu'il pouvoit y<br />

avoir de peril dans les delais, il devoit envoyer des gardes<br />

sur celuy de qui on requeroit la treve ou 1'asseurement; <strong>et</strong> si<br />

lors les delais expirez il ne vouloit pas comparoir en la cour<br />

\. Beauman. ch. 59. — 2. L. 2, tit. 34. — 3. Will. Tyr. 1.1, c. 15. — 4. Alberic.<br />

1095 ; Orderic. Vital. 1. 9, <strong>et</strong> al.<br />

de son seigneur, il estoit condamne au bannissement. Et<br />

alors on s'adressoit au plus prochain <strong>du</strong> lignage pour demander<br />

la treve ou 1'asseurement. Ce qui est encore exprim6<br />

dans les anciennes Coutumes de Tenremonde*. Que si enfln<br />

celui-cy ne vouloit pas les accorder, le seigneur prenoit le<br />

different en sa main, <strong>et</strong> faisoit defenses aux uns <strong>et</strong> aux autres<br />

de se mefaire, a peine de confiscation de corps <strong>et</strong> de<br />

biens. Guillaume Guiart 2 , en son Histoire de France, a represente<br />

fort na'ivement c<strong>et</strong> usage des asseuremens, en la Vie<br />

de Philippes Auguste, en ces vers :<br />

Gils 3 d'Angi, <strong>et</strong> cils de la Marche,<br />

Que 4 , Jouhan orendroit emparche,<br />

Estoient pour s'amour aquerre,<br />

Guerroyer en estrange terre.<br />

Quant ils pient le mauvais fait<br />

Dont li rois Jouhan si ert mesfait,<br />

Qu'il ne doivent jamais amer,<br />

Au roy Francois s'en vont clamer,<br />

Pour Dieu li prient qu'il les oie.<br />

Phelippe au roy Jouhan envoie,<br />

Et li soupplie doucement<br />

Qu'aus cpmtes face amendement<br />

Du forfait dont se sont clamez,<br />

Si qu'il n'en soit plus diffamez ;<br />

Ou sans soi de droit reiiser,<br />

Si viengne en sa cour escuser,<br />

Et pour avoir pais plus seure,<br />

Veut que les comtes asseure<br />

En chemin <strong>et</strong> en destournee.<br />

Cils li m<strong>et</strong> certaine journee,<br />

D'estre en sa cour pour soi deffendre<br />

De ce dont Ten le veut reprendre,<br />

Sans faire 1'asseurement,<br />

Com cil qui ne quiert purement<br />

Fors que leur pais soit fraite <strong>et</strong> quasse.<br />

Li rois de France fait la muse,<br />

Jouhan ne vient, nul ne 1'escuse, <strong>et</strong>c.<br />

Et plus bas :<br />

Au rois Jouhan tierce fois mande,<br />

Et par ses l<strong>et</strong>tres li commando,<br />

Sellees de cire a gomme,<br />

Come a celui qui est son homme,<br />

Que vers les comtes face tant,<br />

Dont il se va entrem<strong>et</strong>tant,<br />

Que chascun apaie s'en tiengne,<br />

Ou en sa cour plaidier en viengne,<br />

Et qu'il veiiille asseurer,<br />

Ou se ce non, il peut jurer,<br />

Que li rois, qui en lui se fie,<br />

De lui <strong>et</strong> des siens le defie.<br />

Que si ni 1'un ni 1'autre des deux chefs de guerre ne vouloient<br />

pas requerir ni demander treve ou asseurement, l<strong>et</strong>oy<br />

saint Louys par son edit ordonna que tous ceux qui tenoient<br />

leurs terres en baronnie, quand ils aurpient avis des defiances,<br />

pourroient obliger les parties a donner treve ou<br />

asseurement, sous les peines enoncees cy-dessus.<br />

L'asseurement estoit reciproque, c'est a dire que la seur<strong>et</strong>6<br />

<strong>et</strong> la promesse de ne faire aucun mefait a sa partie, ainsi<br />

qu'il est porte en la Coutume de Br<strong>et</strong>agne 5 , soit de la part de,<br />

celui qui la donnoit, <strong>et</strong> a qui on la demandoit, soit de la part<br />

de celui qui la requeroit. Et alors on expedioit des l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong><br />

des actes souscrits des pleiges <strong>et</strong> des cautions, que les parties<br />

gardoient. En voicy un, tire <strong>du</strong> Cartulaire de Champagne<br />

de la bibliotheque de M. de Thou 6 : « Ego Matthseus, <strong>du</strong>x<br />

« Lothoringia? <strong>et</strong> marchio, notumfacio, <strong>et</strong>c., quod ego Agne-<br />

« tern de Novocastro <strong>et</strong> P<strong>et</strong>rum, filium ejus, assecuravi,<br />

« nunquam in personas eorum manus violentas missurus,<br />

« sed eos eadem libertate qua ante fruebantur gaudere per-<br />

« mittam. Super quo obsides dominam meam B. comitissam'<br />

« Trecensem Palat. <strong>et</strong> D. meum Th. comitem Campaniae,<br />

« filium ipsius comitissse, <strong>et</strong>c. Act. anno 1221. » II y a au<br />

quatrieme volume des Historiens de France 7 un autre asseurement<br />

d'Henry II, roy d'Angl<strong>et</strong>erre.ou la seur<strong>et</strong>e donnee est<br />

reciproque, avec promesse de faire la paix, qui seroit arr<strong>et</strong>ee<br />

par ceux qui y sont nommez.<br />

L'asseurement est une dependance de la haute justice: en,<br />

sorte que le bas justicier n'a pas droit de contraindre de<br />

1. Art. 15, apud Lindan. in Teneren. 1.1, c. 9. — 2. MS. A. 1202. flora. 1,<br />

p. 128, vers 2793, 2841.] — 3. C. d'Eu. — 4. R. d'Ang. — 5. Art. 669. —<br />

6. Fol. 207. — 7. Tom. 4, p. 584.

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