Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...
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n'estoient tenus qu'aux presens ; <strong>et</strong> enfln il y en avoit qui ne<br />
devoient ni 1'un ni 1'autre, mais seulement estoient obligez<br />
de faire des prieres pour la sant6 des princes <strong>et</strong> de la maison<br />
. royale, <strong>et</strong> pour la prosperite des affaires publiques. II se voit<br />
une constitution de 1'empereur Louys le Debonnaire 1 qui<br />
contient un d6nombrement des monasteres de ses Etats « quse<br />
« dona <strong>et</strong> militiam facere debent, quse sola dona sine militia,<br />
« <strong>et</strong> quse nee dona nee militiam, sed solas orationes pro sa-<br />
« lute Imperatoris, vel filiorum ejus, ac stabilitate Imperil.»<br />
Je crois que c'est de la qu'on peut tirer 1'origine des secours<br />
d'argent que nos roys tirent de temps en temps <strong>du</strong> clerge de<br />
France, particulierement depuis que les milices des fiefs ont<br />
este abolies. Car au temps que tous les fievez estoient tenus<br />
de se trouver dans les armees des roys <strong>et</strong> des souverains, les<br />
ecclesiastiques estoient pareillement obligez d'y servir, memes<br />
en personne, acause de leurs terres, de leurs regales, <strong>et</strong><br />
de leurs fiefs 2 : non qu'ils y portassent les armes, comme les<br />
seculiers, mais pour y con<strong>du</strong>ire leurs vassaux, tandis que de<br />
leur part ils employoient leurs prieres pour la prosperite des<br />
armes <strong>du</strong> prince.<br />
Le camerier, c'est a dire le garde <strong>du</strong> tresor <strong>du</strong> roy, avoit la<br />
charge de recevoir ces presens, <strong>et</strong> estoit soumis en c<strong>et</strong>te fonction<br />
a la reyne, a qui elle appartenoit de droit. Hincmar 3 ,<br />
ecrivantde 1'ordre <strong>du</strong> palais denos roys : « De honestate vero<br />
« palatii, seu specialiter ornamento regali, nee non <strong>et</strong> dedonis<br />
ce annuls militum, absque cibo <strong>et</strong> potu, vel equis, ad reginam<br />
o praecipue, <strong>et</strong> sub ipsa ad camerarium pertinebat. » Puis il<br />
ajoute qu'il estoit encore de la charge <strong>du</strong> camerier, de recevoir<br />
les presens des ambassadeurs <strong>et</strong>rangers, c'est a dire qu'il<br />
les devoit avoir en sa garde, comme faisans parties <strong>du</strong> tresor<br />
royal. Car d'ailleurs ces dons se faisoient par les suj<strong>et</strong>s aux<br />
roys directement, qui les recevoient de ceux qui les leur<br />
presentoient, tandis que leurs principaux ministres ou conseillers<br />
regloient les affaires publiques* : « Interim vero, quo<br />
« hsec in regis absentia agebantur, ipse princeps reliquee<br />
« multitudini in suscipiendis muneribus, salutandis proceri-<br />
« bus,.... occupatus erat.<br />
Ces assemblees generales se tinrent d'abord une fois 1'annee,<br />
au premier jour de mars, ce qui fut depuis remis au<br />
premier de may, ainsi que j'ay remarque. Mais sous la seconde<br />
race, comme les Etats de nos princes, <strong>et</strong> par consequent<br />
les affaires s'acerurent extraordmairement, ils furent<br />
aussi obligez de multiplier ces assemblees, pour donner ordre<br />
aux necessitez publiques, <strong>et</strong> pour regler les differens qui<br />
naissoient de temps en temps entre les peuples. De sorte<br />
qu'ils en tenoient deux, Tune au commencement de Tan, 1'autre<br />
sur la fin, vers les mois d'aoust, ou de septembre. Hincmar<br />
5 : « Consu<strong>et</strong>ude autem tune temporis erat, ut non sse-<br />
« pius, sed bis in anno, placita <strong>du</strong>o tenerentur. » Et afin que<br />
Ton fust certain des jours ausquels elles se devoient tenir,<br />
on designoit dans la derniere assemblee le temps de la prochaine;<br />
les Annales de France 6 : « Ubi <strong>et</strong>iam denuo annun-<br />
« tiatum est placitum generale kalendas septembris Aurelia-<br />
« nis haben<strong>du</strong>m. » Et ailleurs : « Ad placitum suum gene-<br />
« rale, quod in Strimniaco prope Lug<strong>du</strong>num civitatem se<br />
« habiturum indixerat, profectus est. » Hincmar dit que la<br />
premiere assemblee, qui se tenoit au commencement de 1'annee,<br />
estoit beaucoup plus solennelle que la seconde, parce<br />
qu'en celle-la on reglpit les> affaires de toute 1'annee, <strong>et</strong> Ton<br />
ne renversoit pas ordinairement ce qui y avoit este arreste,<br />
qu'avec grande necessite: « Ordinabatur status totius regni<br />
« ad anni yertentis spatium : quod ordinatum nullus eventus<br />
« rerum, nisi summa necessitas, quse similiter tpti regno<br />
« incumbebat, mutabatur. » Et comme on y traittoit des<br />
affaires de haute consequence, tous les Etats <strong>du</strong> royaume<br />
estoient obligez de s'y trouver : « In quo placito generalitas<br />
« universorum majorum, tam clericorum quam laicorum,<br />
« conveniebat. » Mais quant a 1'autre assemblee, qui se tenoit<br />
sur la fin de 1'an, il n'y avoit que les principaux seigneurs<br />
<strong>et</strong> conseillers qui s'y trouyassent, ou 1'pn regloit les<br />
proj<strong>et</strong>s des affaires de 1'annee suivante: <strong>et</strong> c'<strong>et</strong>oit en c<strong>et</strong>te<br />
seconde assemblee ou les roys recevoient les presens de leurs<br />
suj<strong>et</strong>s 7 : « Ca<strong>et</strong>erum autem, propter dona generaliter danda,<br />
« aliud placitum cum senioribus tantum, <strong>et</strong> preecipuis con-<br />
« siliariis, habebatur. In quo jam futuri anni status tractari<br />
« incipiebatur, si forte talia aliqua se prsemonstrabant pro<br />
« quibus necesse erat preemeditando ordinare. » Ce qui est<br />
confirme par nos annales 8 a regard des presens, qui se faisoient<br />
en c<strong>et</strong>te seconde assemblee, laquelle on rem<strong>et</strong>toit a ce<br />
1. Tom. 2, Hist. Franc, p. 323. — 2. Galland, au traite <strong>du</strong> Franc aleu. — 3. De<br />
ord. Palat. n. 22, opusc. 14. — 4. Id. n. 34, 35. — 5. Ib. n. 29. — 6. Annal. Fr.<br />
Berlin. A. 832, 835. — 7. Hincmar, n. 30. — 8. Annal. Fr. Bert. A. 829, 832, 835,<br />
864, 869, 874.<br />
SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS 15<br />
temps-la, acause de la saison plus commode pour les chemins<br />
; car on y venoit a c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> de toutes les provinces de<br />
1'Etat. Les Annales tirees de 1'abbaye de Fulde r : « Rastizen<br />
« gravi catena ligatum sibi prsesentari jussit, eumque France<br />
corum judicio, <strong>et</strong> Bajoariorum, nee non <strong>et</strong> Sclavorum, qui<br />
« de diversis regni provinciis regi munera deferentes ade-<br />
« rant, morte damnatum, luminibus tantum oculorum price<br />
vari praecepit.»<br />
Ce passage fait voir que dans ces assemblees generales de<br />
nos Francois on ne traittoit pas seulement des affaires d'Etat<br />
<strong>et</strong> de la guerre, mais qu'on y decidoit encore les grands<br />
differents d'entre les princes <strong>et</strong> les seigneurs de la cour. De<br />
sorte que si quelque <strong>du</strong>e, comte, ou gouverneur estoit accuse<br />
envers le roy, ou 1'empereur, de trahison, de conspiration,<br />
ou de lach<strong>et</strong>e, il estoit cite a ces assemblees, oil il estoit<br />
oblige derepondre sur les chefs de 1'accusation. Et s'il estoit<br />
trouve coupable. ily estoit condamne par le jugementsouverain<br />
<strong>du</strong> prince <strong>et</strong> des grands seigneurs qui 1'assistoient. Ce<br />
qui a donne lieu dans la suite des temps a la cour des pairs,<br />
dans laquelle les barons, c'est a dire les grands seigneurs, <strong>et</strong><br />
ceux qui relevoient immediatement <strong>du</strong> roy, estoient jugez<br />
par leurs egaux <strong>et</strong> leurs pairs. II y a une infinite d exemples<br />
dans nos Annales des jugemens ren<strong>du</strong>s en ces grandes assemblees<br />
pour les crimes d'Etat, lesquelles furent appellees<br />
pour c<strong>et</strong>te raison placita, parce qu'on y decidoit les differents<br />
d'importance; <strong>et</strong> pour les distinguer des plaits ordinaires.les<br />
auteurs 2 les appellent souvent placita magna <strong>et</strong> generalia. II<br />
se trouvera occasion ailleurs de parler de 1'origine de ce mot<br />
placitum, qui est synonyme a celui de mallum, comme j'ay<br />
remarque. Ces assemblees generales commencerent a cesser<br />
sur la fin de la seconde race, lorsque toute la France se<br />
trouva plongee dans les divisions intestines. Durant la troisieme,<br />
on en fit d'autres sous le nom de parlemens <strong>et</strong> d'<strong>et</strong>ats<br />
generaux, ou Ton resolvoit des affaires publiques, <strong>et</strong> des secours,<br />
que les ordres <strong>du</strong> royaume devoient faire aux roys<br />
pour les guerres <strong>et</strong> les necessitez pressantes.<br />
Les anciens Anglois semblent avoir emprunte de nos Francois<br />
1'usage de ces assemblees <strong>et</strong> de ces champs de may ; car<br />
nous lisons dans les Loix d'Edouard le Confesseur 3 , que ces<br />
peuples estoient obligez de s'assembler tous les ans, in capite<br />
kalendarum maii, ou ils renouvelloient les sermens entre eux<br />
pour la defense de 1'Etat <strong>et</strong> 1'obeTssance qu'ils devoient a leur<br />
prince. C'est a c<strong>et</strong>te coutume qu'il faut rapporter ce que<br />
quelques auteurs anglois* e'criyent en 1'an 1094 : « Denuo in<br />
« campo martii convenere, ubi illi qui sacramentis inter illos<br />
cc pacem confirmavere regi omnem culpam imposuere. » Ce<br />
qui montre que quoy que ces assemblees se tinssent au premier<br />
jour de may, elles ne laissoient pas toutefois de conserver<br />
le nom de champs de mars, <strong>et</strong> qu'elles furent encore<br />
en usage sous les premiers roys Normans.<br />
Les presens memes y estoient faits pareillement aux roys.<br />
Orderic Vital 5 parlant de Guillaume le Conquerant-: « Ipsi<br />
c< vero regi, ut fertur, mille <strong>et</strong> sexaginta librse sterilensis<br />
« mon<strong>et</strong>se, solidique triginta, <strong>et</strong> tres oboli ex justis reditibus<br />
c< Angliee per singulos dies red<strong>du</strong>ntur: exceptis muneribus<br />
« regiis, <strong>et</strong> reatuum redemptionibus, aliisque multiplicibus<br />
cc negotiis, quae regis ssrarium quotidie adaugent. » Peut<strong>et</strong>re<br />
que par ces termes de presens royaux c<strong>et</strong> auteur entend<br />
les redevances en especes, que les peuples estoient obligez<br />
de faire de jour en jour, pour la subsistence de la maison <strong>du</strong><br />
prince, dautant que « in primitive regni statu post conqui-<br />
« sitionem, regibus de fundis suis non auri vel argenti ponce<br />
dera, sed sola victualia, solvebantur, » ainsi qu'ecrit Gervais<br />
de Tilesbery 6 . Mais d'ailleurs il est constant que ces<br />
presens faits aux princes par leurs suj<strong>et</strong>s ont este en usage<br />
depuis le temps auquel Guillaume le Batard vecut; veu que<br />
nous lisons qu'au royaume de Sicile, ou des roys Normans<br />
de nation commandoient, les suj<strong>et</strong>s leur donnoient des <strong>et</strong>renes<br />
au premier jour de Janvier. D'ou vient que Falcand 7<br />
remarque que 1'amiral Majon ayant est6 tue sous pr<strong>et</strong>exte<br />
d'avoir voulu s'emparer <strong>du</strong> royaume, sur ce que Ton avoit<br />
trouve des couronnes d'or dans sa maison , ses amis Ten<br />
excuserent, disans qu'il ne les avoit fait faire que pour en<br />
faire present au roy au jour des <strong>et</strong>renes, suivant la coutume:<br />
ce Falsum enim quidquid ipse caBdisque factee socii adversus<br />
cc admiratum confixerant: nee ilium inventa in thesauris<br />
« ejus diademata sibi praeparasse, sed regi, ut'eadem in ca-<br />