Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

Les auteurs se contentent de ladecrire pleine de pierreries'.
D'autres lui donnent le nom de regnum, comme Anastase
bibliothequaire 2 , ecrivant que Clovis en fit present a 1'eglise
de Rome : « Eodem tempore venit regnum cum gemmis pre-
« tiosis a rege Francorum Clodoyaeo Christianq donum Beato
« Petro Apostolo. » Flodoard lui donne aussi ce nom ; et
Gregoire de Tours 3 semble dire que ce prince en couvrit sa
teste lorsqu'il parut en public en qualite de consul, imponens
vertici diadema. Ce qui me persuade que ce diademe estoit
tine couronne imperiale et fermeeest que le meme Anastase*,
racontant 1'entreveue du pape Constantin et Justinian Rhinotmete,
dit que cet empereur se prosterna en terre devant
le souverain pontife, ayant sa couronne sur sa teste; cum
regno in capite sese prostravit. Get auteur employe ensuite ce
mot de regnum en divers passages 5 de son Histoire des
Papes, pour les couronnes que Ton faisoit pendre au dessus
des autels. L'on donna encore avec le temps ce nom a la
couronne des papes: Jacques Cardinal 6 , parlant du couronnement
du pape Boniface VIII:
Sic igitur vadens redimitus tempora regno,
Summus apex propriam signabat acumine dextrae.
Nous ne voyons pas quelle autre raison peut avoir donne le
nom de regnum a la couronne imperiale, sinon parce qu'elle
estoit la marque de la royaute et de la souverainete. Ou bien
parce qu'Anastase, qui semble le premier 1'ayoir employe en
ce sens, ou en tout cas les ecrivains ecclesiastiques ont
voulu distinguer ce diademe imperial, et les couronnes qui
pendoient sur les autels, d'avec les couronnes de chandeles,
ou de lampes, qui pendoient dans les eglises, ausquelles ils
donnent ordinairement le nom de corona, ou de pharus.
La troisieme sorte de couronne dont les rois de la premiere
race ont use est le mortier, tel que les grans presidens du
parlement le portent a present. Monsieur Bouteroue 7 nous
represente deux monnoyes de ces rois avec cet affublement
(7. 8.) II est constant que nos rois Font encore emprunte des
empereurs de Constantinople, qui en avoient un semblable :
ce que Ton recueille d'une vieille peinture a la mosaique qui
se voit en la ville de Ravenne, et que le docte Alaman 8 a
representee en ses observations sur 1'histoire cachee de Procope,
ou 1'empereur Justinian paroit avec ce mortier, qui est
environne par le bas, a 1'endroit dii front, d'un rang de perles,
et par le haut d'un pareil rang de perles (9.). A 1'endroit des
oreilles pendent de chaque cote deux lam beaux, au bas desquels
sont de grosses perles. Ces ornemens des couronnes
sont appelez par les Latins vittse, et par Achmes 9 Ivtotta, et
xpejwcc-nipca TOV (7iE[jt.[AaTO(;. Octavius Strada I0 nous a donne
1'empreinte d'une medaille de Justinian qui a sur la teste
cette espece de diademe, mais beaucoup plus riche, n'ayant
presque rien de commuri avec celui d'Alaman, que la forme
(10.) Quant a ce que le meme Alaman estime que c'est celui
qui est appele par Codinus 11 Tpoitasou^a, et loucmviavsiov, il
s'est infailliblement mepris, dautant que cet auteur l2 n'a
design^ par ces termes que la couronne, ou le bonnet imperial,
dont la teste de Justinian est couverte en sa statue
eguestre qu'il fit elever devant le temple de Sainte-Sophie,
ainsi que Tzetzes a remarque. Cette espece de diademe a
pass6 dans la seconde et dans la troisieme race de nos rois.
M. Petau l3 nous a represente une vieille peinture, qu'il dit
avoir tir6e d'un ancien manuscrit oil Charlemagne'est figure
avec le mortier (11.). Aux vitres de la Sainte Chapelle de
Paris sant Lqys y paroit aussi avec le meme ornement. Et
Chifflet '* ecrit que dans les vieux tableaux ou les comtes de
Flandres et de Hainaut sont representez avec leurs pairs, ils
y paroissent avec le mortier. L'on tient meme par une traditive
que nos rois, ayant abandonne le palais de Paris, pour
en dresser un temple a la Justice, communiquerent en'meme
temps leurs ornemens royaux a ceux qui y devoient presider,
afin que les jugemens qui sortiroient de leurs bouches eussent
plus de poids et d'autorite, et fussent recus des peuples
comme s'ils estoient emanez de la bouche meme du prince IS .
C'est done a ces concessions qu'il faut rapporter les mortiers,
les ecarlattes et les hermines des chanceliers de France, et
des presidens du parlement, dont les manteaux ou les epitoges
sont encore a present faits a 1'antique, estant troussez
sur le bras gauche, et attachez a 1'epaule avec une agraffe
1. Flod. 1.1. Hist. Rem. c. 15. — 2. In Hormisd. — 3. L. 2, Hist. c. 38. —
4. P. 65. edit. reg. — 5. P. 133, 134,143,146,150,161, 174,18A188, 191,193,
206, 236. — 6. De Coron. Bon. VIII. 2, c. 3. — 7. P. 349, 354. — 8. Ad Procop.
Hist. Arcan. p. 145.146, edit. reg. — 9. Onir. c. 248. — 10. P. 260. — 11. De
05. c. 6, n. 36. — 12. Codin. de Orig. p. 16. — 13. In Gnorism. \eter. Numor. —
14. In Child, p. 139 ; 1'Espignoy, en la Nobl. de Flandr. p. 70. — 15. D'Orleans,
en ses Ouvert. des Parlemens ; La Rocheflavyo^ en ses Parlem. 1. 10, ch. 25 ;
Ceremon. de France; Chifflet, in Child, p. 139.
SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS. 83
d'or, telsque furent les manteaux de nos rois, comme j'ay
observe^ ailleurs. Le mortier du chancelier est de drap d'or,
et celuy des presidens de veloux noir, a un bord de drap d'or
par en haut. Le nom de mortier est 'donne a ce diademe
parce qu'il est fait comme des mortiers qui servent a piler
quelque chose, qui sont plus larges en haut qu'en bas.
La quatrieme sorte de diademe 1 , ou plutdt de couvrechef
que j'observe dans les monnoyes de nos rois est en forme de
chapeau pyramidal, qui finit en une pointe, surmontee d'une
grosse perle (12.). En d'autres, le diademe et le rang de perles
se rencontrent sur le front, avec les lambeaux (13.). Ce qui
peut faire presumer qu'en ceux-cy ce qui couvre la teste est
pour un second ornement, ou pour la commodite du prince,
qui desiroit avoir la teste couverte. Le bonnet royal dont la
teste de Theodahat, roy d'ltalie, est ornee dans une de ses
monnoyes de cuivre, ,a quelque rapport pour la forme a celui
de nos rois (14.). On peut dire encore que ce chapeau pyramidal
estoit 1'affublement de teste ordinaire de nos premiers
rois, estant fait a guise d'une ombelle, pour se defendre du
soleil et de la pluye, tels que furent les chapeaux des derniers
empereurs de Constantinople, qu'ils appelloient axtaS'.a,
parce qu'ils estoient faits pour donner de 1'ombre au visage
et pour le garantir des ardeurs du soleil. Cette sorte de chapeau
est appele umbellum dans un ancien glossaire 2 : Umbellum,
crxtdcSiov : car c'est ainsi que je restitue, au lieu de ces
mots : Libellum, axtaSpov, qui n'ont aucun sens : outre que ce
mot d'umbellum est mis sous le titre des peaux, dont les
ombelles sont faites, qui se plient et s'puvrent suivant les
besoins qu'on en a, ainsi qu'ils sont decrits par Aristophane 3 ,
Ovide 4 :
Aurea pellebant tepidos umbracula soles.
Claudian 5 :
.... Jam non umbracula gestant
Virginibus.
Et ailleurs :
....Neu defensura calorem
Aurea summoveant rapidos umbracula soles.
L'ombelle a este en usage chez les empereurs de Constantinople,
comme j'ay avance : de sorte qu'il est incertain si nos
rois 1'ont empruntee d'eux, ou les empereurs de nos rois, ce
qui est plus probable. Car Nicetas 6 dit en termes expres que
cette sorte de chapeau avoit este emprunt6 des barbares,
c'est-a-dire des etrangers, par les Grecs : xai inXov pap6aptxbv
T?) xscpaX^ u£pt6£(J.evoi;, o? £t? o|u Xvjywv 7iupa{ju3t sixacrTat. Je ne
remarque pas qu'il en soit parle avant la famille des Comnenes.Le
meme Nicetas 7 estant le premier qui en fasse mention,
lorsqu'il raconte comme Andronique le Tyran fut force
en apparence par les grands seigneurs de la cour de prendre
la pourpre imperiale. Car alors, dit cet auteur, 1'ayant porte
sur le tr6ne, ils tirerent de sa teste le chapeau pyramidal
noir, et luia en mirent un de pourpre, SXXoi S£ 7-Jjv xauvupav xa\
i:upot[XO£t8^ Ip£av TYI? x£9aXrj? a^sXofXEVot, TrupffrjV a'JTw 7T£pt£6£VTo.
Ce qui fait voir que les chapeaux des Grecs de ces siecles-la
estoient faits en pointe. C'est pourquoy il faut entendre Aeropolite
8 de cette sorte de chapeau, lorsqu'il dit qu'Isac 1'Ange,
empereur, ayant este defait par les Bulgares, tous les ornemens
et les habits imperiaux vinrent en leur puissance,
entre lesquels estoit celuy auquel il donne le nom de nypajAt?.
Tel fut encore le chapeau de Michel Paleologue, empereur,
fils de 1'empereur Andronique le yieil, qui yint pareillement
au pouvoir des Turcs, apres qu'il eut este defait par eux :
'H pacrtXtXYi xaXyrcTpa, x£xoa[jir)[i.£VY) auvrjOto? TWTE Xi6o>, xa\ xai;
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