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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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dont les peaux ont est6 nominees zebellines, de la ville de<br />

Zibel, <strong>et</strong> en terme plus court Zeble, ou Sable. Guillaume de<br />

Neufbourg ' les appelle Sabellinse simplement, comme encore<br />

Arnoul de Lubec 2 en ce passage : « Regina cuilib<strong>et</strong> militi<br />

« addidit pelles varias, <strong>et</strong> pelliculam zobellinam. » Le Roman<br />

de Garin:<br />

Or te donrai mon pelicon hermin,<br />

Et de mon col le mantel sabelin.<br />

Jacques Mill<strong>et</strong> en la Destruction de Troie :<br />

Si est le champ fait de brou<strong>du</strong>re<br />

De fine marte sabeline.<br />

C<strong>et</strong>te peau est nominee par Pierre Damian 3 Pellis Gibellinica,<br />

& 1'endroit ou il parle d'un ecclesiastique mignon: « Hie<br />

itaque niti<strong>du</strong>lus <strong>et</strong> semper ornatus incedebat, ita ut caput<br />

ejus nunquam nisi gibellinica pellis obteger<strong>et</strong>. » II entend<br />

parler de 1'aumuce, dont il se couvroit la teste.<br />

II n'est pas ais6 de decouvrir 1'origine <strong>du</strong> mot SINOPLE,<br />

dont les herauds se servent pour designer la couleur verte<br />

dans les blazons. Car la Colombiere s'est trop mepris quand<br />

il a dit que le sinople estoit une espece de craie, ou mineral,<br />

qui est prppre a teindre en vert, <strong>et</strong> qui se trouve aux environs<br />

de Sinope, ville d'Asie, d'autant que le Sinopis dont il<br />

a enten<strong>du</strong> parler est une craie rouge, qui se trouve aux<br />

montagnes de Sinope , comme nous apprenons d'Auger<br />

Busbecq, en son Itineraire d'Amasie, avec lequel neantmoins<br />

Dioscoride * <strong>et</strong> Eustathius 5 ne s'accordent pas, remarquans<br />

qu'elle'ne nait point vers Sinope, mais qu'elle s'y apportoit de<br />

la Cappadoce (ou Pline 6 <strong>et</strong> Strabon 7 ecrivent qu'elle croit)<br />

<strong>et</strong> qu'elle s'y debitoit. Quoy qu'il en soit, tous les auteurs<br />

conviennent que le sinopis estoit une espece de vermeillon.<br />

II est appelle 'Aff<strong>du</strong>ptrj (AiX-ro? par Dionysius*, <strong>et</strong> par Dioscoride<br />

jAtXTo? Sevwmxr]. Terentianus Maurus 9 confond toujours<br />

le vermeillon avec le sinopis: car ou il a dit: « Instar tituli<br />

« fulgi<strong>du</strong>la notabo milto; ailleurs il dit: Ex ordine fulgens<br />

« cui dat locum sinopis; <strong>et</strong> plus bas: Titulus prsescrib<strong>et</strong><br />

« iste discolor sinopide. » Marcellus Empiricus '° confond<br />

aussi le sinopis avec le minium, ou le vermeillon. II est bien<br />

vray que Vitruve " fait mention d'une era ye verte qui croit<br />

en divers lieux, <strong>et</strong> particulierement a Smirne ; mais elle n'a<br />

rien de commun avec le sinopis. J'avoue aussi que je n'ay<br />

pas encore pu decouvrir la raison pour laquelle on a donn6<br />

le nom de Sinople a la pell<strong>et</strong>erie teinte en vert, <strong>et</strong> je n'oserois<br />

pas asseurer que ce seroit acause qu'elle se debitoit en<br />

une ville maritime de la Cappadoce, qu'Albert d'Aix l2 en<br />

deux divers endroits appelle Sinoplum, <strong>et</strong> Matheo Villani l3<br />

Sinopoli, <strong>et</strong> que <strong>du</strong> nom de c<strong>et</strong>te ville, ou le traflc s'en<br />

faisoit par les Europeans, elle fut appellee Sinople, comme<br />

les martes, <strong>et</strong> les rats <strong>du</strong> Pont prirent leurs appellations<br />

des lieux ou telles fourrures se debitoient. L'epitaphe de<br />

Gilles de Chin '*, qui fut tu6 a la bataille d'Azincourt,<br />

emploie le mot de sinople, pour exprimer le vert:<br />

Puis la mort a lui s'ajousta<br />

En un camp couvert de sinoble,<br />

U maint prince <strong>et</strong> maint homme noble<br />

Finirent en affaire militant.<br />

Reste la cinquieme couleur des blazons, qui est le POURPRE :<br />

quoy qu'elle se rencontre rarement dans les armoiries, si<br />

est-ce que Jacques de Guise IS , 1'auteur<strong>du</strong> Songe <strong>du</strong> Verger l6 ,<br />

Sicile heraud d'armes <strong>du</strong> roi d'Arragon, en son Blason des<br />

couleurs, <strong>et</strong> autres 1'adm<strong>et</strong>tent. Je ne veux pas m'arr6ter a<br />

ce qu'ils en disent; je remarque seulement qu'en fait de<br />

blazons le pourpre est une panne <strong>et</strong> une espece de pell<strong>et</strong>erie,<br />

ainsi nommee a cause de sa couleur, fort connue dans le<br />

compte d'Estienne de la Fontaine, argentier <strong>du</strong> roy, qui<br />

commence au 26 jour d'avril 1'an 1350, <strong>et</strong> flnit au 38 jour<br />

d'aoust suivant, au chap, des Pennes <strong>et</strong> fourrures: « Pour<br />

« fourrer une robe de 4 garnemens pour ledit Guillaume<br />

« Poquaire, pour le jour de sa chevalerie, pour les 2 surcos,<br />

« 2 foureures de grosses pourpres, 4 livres 10 s. <strong>et</strong>c.; » au<br />

m&me chapitre : « Pour fourrer une robe pour la femme<br />

« Michel<strong>et</strong> Gentil, que le roi lui donna en mariage, une<br />

« foureure de menues pourpres, 6 livres Par. » II en est<br />

encore par!6 souvent dans les comptes suivants, <strong>et</strong> dans les<br />

i. Will. Neub. 1. 3,'c. 22. — 2. L. 2, c. 5. — 3. L. 5, ep. 16, <strong>et</strong> 1. 2, ep. 2. —<br />

4. L. 5, c. 61.—5. Ad Dion. —6. L. 35, c. 6 [131. — 1. L.12. — 8. 'Ev TOptvri,<br />

p. 139. —9. P. 104, c. — 10. C. 14.— 11. L. 7. c. 7. —12. L. 8, c. 18, 22.' —<br />

13. Ad 1. 10, c. 63. — 14. Aux Preuves de 1'histoire de Guines, p. 689. — 15. En<br />

ses Ann. de Hain, 1 vol. p. 24. — 16. C. 148.<br />

DISSERTATIONS<br />

Coustumes, ou peages de Paris, qui sont inserez en un registre<br />

de la chambre des comptes ', intitule^ Noster, ou sous le titre<br />

de Merc6rie sont ces mots: « Item la piece de porpre <strong>et</strong> de<br />

« mesmiaus 4 den. » ; <strong>et</strong> comme c<strong>et</strong>te pell<strong>et</strong>erie n'a jamais<br />

passe entre les plus exquises, sans neantmoins que j'en<br />

puisse conjecturer autre raison, que 1'on ne seservoit quede<br />

peaux grossieres pour les m<strong>et</strong>tre en c<strong>et</strong>te sorte de teinture,<br />

cela a este" cause qu'elle se trouve rarement employee dans<br />

les blazons.<br />

Toutes ces remarques prouvent sufflsamment, comme<br />

j'estime, que ce que jusques a present nos herauds ont<br />

qualifl6 couleurs dans les armoiries, sont pannes <strong>et</strong> fourrures,<br />

ne plus ne moins que celles d'hermine <strong>et</strong> de vair, ausquelles<br />

ils ont applique c<strong>et</strong>te appellation. II se voit aussi que les<br />

noms qu'ils leur ont attribuez n'ont autre origine que de<br />

ceux de ces especes de fourrures, <strong>et</strong> qu'ainsi il n'y a pas<br />

lieu de faire aucun fondement sur les <strong>et</strong>ymologies ridicules<br />

qu'ils leur donnent, ni sur ce qu'ils avancent qu'on a voulu<br />

donner des noms inconnus a ces couleurs, pour ne pas<br />

rendre la science des armoiries si vulgaire : « Mirum quam<br />

« stulta sapientia in istis astrologicantur, philosophantur<br />

« <strong>et</strong>iam, ac theologissant paludati isti heraldi 2 . »<br />

Mais pour r<strong>et</strong>ourner aux cottes d'armes: comme aux<br />

assemblees publiques, <strong>et</strong> dans les occasions de la guerre,<br />

les seigneurs <strong>et</strong> les chevaliers y estoient reconnus par des<br />

cottes d'armes, lorsqu'on venoit a parler d'eux, ou qu'on<br />

vouloit les faire connoitre par quelque marque exterieure,<br />

on se contentoit de dire: II porte la cotte d'or, d'argent, de<br />

gueules, de sinople, de sable, de gris, d'hermines, ou de<br />

vair: ou, en termes plus courts, il porte d'or, de gueules,<br />

<strong>et</strong>c., le mot de cotte d'armes estant sousenten<strong>du</strong>. D'ou il est<br />

arrive que pour blazonner les armes d'un gentilhomme, nous<br />

disons encore aujourd'huy: II porte d'or, d'argent, a une<br />

telle piece. Mais parce que ces marques ne sufflsoient pas<br />

pour se faire reconnoitre, ou distinguer dans les assemblies<br />

solennelles, ou dans les armees, ou tous les seigneurs<br />

estoient rev<strong>et</strong>us de cottes d'armes de draps d'or <strong>et</strong> d'argent,<br />

ou de ces riches fourrures, ils s'aviserent dans la suite de<br />

de les diversifler, en decouppant les draps d'or <strong>et</strong> d'argent,<br />

<strong>et</strong> les peaux dont ils estoient rev<strong>et</strong>us par dessus leurs armes,<br />

ou leurs habits, en diverses figures de differentes couleurs;<br />

observant neantmoins c<strong>et</strong>te regie , qu'ils ne m<strong>et</strong>toient<br />

jamais peaux sur peaux, ni le drap d'or sur ledrap d'argent,<br />

ou le drap d'argent sur le drap d'or, acause que cela n'auroit<br />

eu aucun relief, meslant toujours les draps avec les pannes.<br />

Que si 1'on en voioit autrement, parce que ces cottes<br />

d'armes n'estoient pas dans le port ordinaire, on disoit<br />

qu'elles estoient faites pour enquerre, dautant qu'elles donnoient<br />

suj<strong>et</strong> a tout le monde de demander pourquoy on ne<br />

les portoit pas suivant la mode receue, <strong>et</strong> s'il y avoit quelque<br />

raison particuliere qui obligeat a les porter de la sorte.<br />

Auquel propos il me souvient de ce trait <strong>du</strong> Declamateur 3 ,<br />

qui, parlant d'une statue que le magistrat avoit decernee<br />

avec 1'habit d'une femme, a celuy qui avoit tue le tyran sous<br />

c6t accoustrement, dit ces paroles : « Statua ergo tua non<br />

« transibitur; habitus faci<strong>et</strong> ut interrogent transcurrentes.»<br />

Avec ces decoupures on forma des bandes, des faces, des<br />

chefs, des lambeaux, <strong>et</strong> autres pieces que les herauds nomment<br />

chargeantes. Le prieur <strong>du</strong> Vigeois * en sa Chronique<br />

en a ainsi parle: « Dehinc repertse sunt pr<strong>et</strong>iosse ac yariae<br />

« vestes, designantes varias omnium mentes, quas quidam<br />

« in sphaerulis <strong>et</strong> lingulis minutissime frepantes, picti dia-<br />

« boli formam assumunt. » Ce qui alia a un tel exces, <strong>et</strong> se<br />

faisoit avec une telle defense, qu'au concile qui fut tenu a<br />

Geytinton en Angl<strong>et</strong>erre 1'an 1188, sous le roy Henry H, on<br />

fit defense de porter l'6carlate <strong>et</strong> les riches fourrures, <strong>et</strong> les<br />

habits decouppez : « Ibi statutum fuit — in Anglorum gente<br />

« ne quis escarl<strong>et</strong>o, sabelino, vario, yel griseo, aut vestibus<br />

« laqueatis, aut in prandio de cibis ex empto ultra <strong>du</strong>o<br />

« fercula uter<strong>et</strong>ur, eo quod rex Anglia? cum omnibus fere<br />

« Angliae magnatibus ad Terram Sanctam cum expensis<br />

« erat non minimis prpfecturus. Ce sont les termes de Jean<br />

« Brompton s . Gervasius Dorobernensis 6 : Et quod nullus<br />

« habeat pannos decisos ac laceatos, ou laqueatos, » oii le<br />

mot de pannus fait assez connoitre qu'il entend parler des<br />

pannes <strong>et</strong> des fourrures. L'auteur de la Vie de S. Gerlac',<br />

nous apprend que ce saint ermite avoit coutume d'invectiver<br />

centre ces abus, « Milites de percussione <strong>et</strong> scissura vestium,<br />

« de oppressione pauperum, de vanitate alearum... argue-<br />

« bat. » C'est done ce que Philippes Mouskes, au passage<br />

1. Fol. 33, 30. — 2. Cornel. Agrippa. de Vanit. Scient. — S. Quinlil. Dccl. 282.<br />

— 4. Gaufrid. Vosiensis, part. 1, cap. 74. — 5. Ad. ann. 1188. — 6. Eod. anno. —<br />

7. C. 9, apud Boland.

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