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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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c'est a dire cent cinquante chevaux. Car Froissart ' dit en<br />

quelque endroit que vingt mille hommes d'armes faisoient<br />

soixante mille hommes de guerre : chaque homme d'armes<br />

ayant deux hommes a cheval a sa suite. Olivier de la Marche<br />

ecrit que, suivant I'ancienne coutume, il faloit que le pennon<br />

de celui qui pr<strong>et</strong>endoit a c<strong>et</strong>te dignite fust accompagne<br />

de vingt-cinq hommes d'armes au moins. Mais les comptes<br />

des tresoriers des guerres <strong>du</strong> roy nous apprenent le contraire,<br />

<strong>et</strong> nous font voir qu'il y avoit souyent des chevaliers banner<strong>et</strong>s<br />

qui ayoient un beaucoup moindre nombre de vassaux<br />

a leur suite, dont les uns estoient bacheliers, les autres<br />

escuiers. Aussi un autre Ceremonial yeut qu'un chevalier ou<br />

escuier, pour estre fait banner<strong>et</strong>, soit accompagne au moins<br />

de quatre ou cinq nobles hommes, <strong>et</strong> continuellement de douze<br />

ou seize chevaux. II est vray que pour 1'ordinaire les chevaliers<br />

banner<strong>et</strong>s allans a la guerre <strong>du</strong> prince comme la pluspart<br />

estoient grands seigneurs, avoient un bien plus grand<br />

nombre de vassaux, entre lesquels il y en avoit des chevaliers,<br />

qui avoient pareillement leurs vassaux a leur suite,<br />

ce qui formoit une compagnie fort raisonnable sous la con<strong>du</strong>ite<br />

<strong>du</strong> banner<strong>et</strong>. Et ainsi ce sont les banner<strong>et</strong>s qu'Albert<br />

d'Aix a a designes par ces termes : « Ad quinquaginta in<br />

« arcu, lancea <strong>et</strong> gladio ceciderunt yiri fortissimi, <strong>et</strong> usque<br />

« ad hanc diem in omnibus prseliis invictissimi, singuli<br />

« redditibus terrarum, <strong>et</strong> locorum possessionibus ditati, <strong>et</strong><br />

a ipsi equites sub se habentes, alius viginti, alius decem,<br />

« alius quinque, alius <strong>du</strong>o ad minus. » Et Geoffroy de Mal<strong>et</strong>erre<br />

3 , pour faire voir que Tancrede, pere <strong>du</strong> fameux Robert<br />

Guischard, avoit la qualite de chevalier banner<strong>et</strong>, <strong>et</strong> qu'ainsi<br />

il n'estoit pas de si basse extraction, comme Anne Comnene *<br />

<strong>et</strong> quelques autres auteursont 6crit, dit qu'il estoit a la cour<br />

de Richard II <strong>du</strong> nom, <strong>du</strong>e de Normandie, commandant a<br />

dix chevaliers : « In curia comitis decem milites sub se<br />

« habens servivit. »<br />

Le banner<strong>et</strong> estoit fait par le prince, ou le lieutenant general<br />

de 1'armee, en c<strong>et</strong>te maniere : le chevalier qui estoit assez<br />

puissant en revenus de terres <strong>et</strong> en nombre de vassaux<br />

pour soutenir 1'<strong>et</strong>at <strong>et</strong> la condition de banner<strong>et</strong>, prenoit 1'occasion<br />

de quelque bataille qui se devoit donner, <strong>et</strong> venoit se<br />

presenter devant le prince, ou le chef de 1'armee, tenant en<br />

sa main une lance, a laquelle estoit attache le pennon de<br />

ses armes enveloppe, <strong>et</strong> la il faisoit sa requ<strong>et</strong>e, ou lui-meme<br />

ou par la bouche d'un heraud d'armes, <strong>et</strong> le prioit de le faire<br />

banner<strong>et</strong>, atten<strong>du</strong> la noblesse de son extraction <strong>et</strong> les services<br />

ren<strong>du</strong>s a 1'Etat par ses predecesseurs ; veu d'ailleurs qu'il<br />

avoit un nombre sufflsant de vassaux. Alors le prince, ou le<br />

chef d'armee, developpant le pennon, en coupoit la queue, <strong>et</strong> le<br />

rendoit quarre, puis fe rem<strong>et</strong>toit entre les mains <strong>du</strong> chevalier,<br />

en lui disant, ou faisant dire par son heraud, ces paroles,<br />

ou de semblables : « Recevez 1'honneur que vostre prince<br />

« vous fait aujourd'huy, soiez bon chevalier, <strong>et</strong> con<strong>du</strong>isez<br />

« vostre banniere a 1'honneur de vostre lignage. » Froissart 5<br />

decrit ainsi c<strong>et</strong>te ceremonie : « La entre les batailles apporta<br />

« messire Jean Chandos sa banniere, laquelle encore n'avoit<br />

« nullement boutte hors de son estuy. Si la presenta au<br />

« prince, auquel il dit ainsi : Monseigneur, veez-cy ma ban-<br />

« niere : je vous la bailie par telle maniere qu'il vous plaise<br />

« de la desvelopper, <strong>et</strong> qu'aujourd'huy je la puisse lever: car,<br />

« Dieu mercy, j'ai bien dequoy en terre <strong>et</strong> heritage pour te-<br />

« nir estat comme appartient a ce. Ainsi print le prince <strong>et</strong> le<br />

« roi dom Pi<strong>et</strong>re qui la estoit la banniere entre leurs mains,<br />

« qui estoit d'argent a un pieu aiguise de gueules, si la des-<br />

« velopperent, <strong>et</strong> la luy rendirent par la^hante en disant<br />

« ainsi: Messire Jean, veez-cy vostre banniere ; Dieu vous<br />

« en laisse vostre preu faire. Lors se partit messire Jean<br />

« Chandos, <strong>et</strong> rapporta entre ses mains sa banniere, <strong>et</strong> dit<br />

« ainsi: Seigneurs, vesz-cy ma banniere <strong>et</strong> la vostre ; si la<br />

« gardez ainsi qu'il appartient. Adonc la prindrent les com-<br />

« paignons, <strong>et</strong> en furent tous resjouis, <strong>et</strong> dirent que s'il plaice<br />

soit a Dieu <strong>et</strong> S. Georges ils la garderoient bien, <strong>et</strong> s'en<br />

« acquiteroient a leur pouvoir. Si demoura la banniere es<br />

« mains d'un bon escuier anglois, qu'on appelloit Guillaume<br />

« Alery, qui la porta seurement ce jour, <strong>et</strong> qui loyaument<br />

« s'en acquitta en tous estats. » Le meme auteur 6 decrit encore<br />

ailleurs c<strong>et</strong>te ceremonie en ces termes : « La furent<br />

« appellez tous ceux qui nouveaux chevaliers vouloient estre,<br />

« <strong>et</strong> premierement messire Thomas Triv<strong>et</strong> apporta sa ban-<br />

« niere toute enveloppee devant le comte de Bouquingam, <strong>et</strong><br />

« luy dit : Monseigneur. s'il vous plaist, je desvelopperay<br />

« aujourd'huy ma banniere, car, Dieu mercy, j'ay assez de<br />

« revenu pour maintenir estat comme a la banniere appar-<br />

i. Vol. 4. — 2. L. 12, c. 31. — 3. L. 1, c. 40. — 4. L. 1. — 5. Vol. 1, ch. 241.<br />

— 6. Vol. 2, c. 54.<br />

X<br />

SUR L'HISTOTRE DE SAINT LOUYS. 33<br />

« tient. II nous plaist bien, dit le comte ; adonc prit la ban-<br />

« niere par la hante, <strong>et</strong> luy rendit en sa main, disant:<br />

« Messire Thomas, Dieu vous en laisse vostre preu faire cy<br />

c< <strong>et</strong> autre part. »<br />

Le pennon ou le pennonceau estoit 1'enseigne <strong>du</strong> chevalier<br />

bachelier, sous lequel il con<strong>du</strong>isoit ses vassaux. Le Ceremonial,<br />

au chapitre de I'ordonnance <strong>du</strong> roy quand il va en<br />

armes. le dit en termes expres : « Apres les pages viennent<br />

« les t'romp<strong>et</strong>tes, apres les tromp<strong>et</strong>tes viennent les pennons<br />

« des bacheliers, apres les pennons viennent les bannieres<br />

« des derrains banner<strong>et</strong>s. » Et a 1'endroit ou il decrit les<br />

ceremonies des obseques : « La quatrieme offrande doit estre<br />

« d'un cheval couvert <strong>du</strong> trespasse, <strong>et</strong> sera monte dessus un<br />

« gentilhomme, ou amy <strong>du</strong> trespasse, qui portera sa ban-<br />

« niere s'il est banner<strong>et</strong>, ou, s'il est bachelier, son pennon. »<br />

Froissart attribue pareillement en plusieurs endroits de son<br />

histoire les pennons aux bacheliers, <strong>et</strong> fait voir qu'ils estoient<br />

armoiez de leurs armes '. Quelquefois les grands seigneurs<br />

portoient en meme temps la banniere <strong>et</strong> le pennon. Le Ceremonial<br />

attribue ce droit non-seulement aux roys <strong>et</strong> aux souverains,<br />

mais encore aux <strong>du</strong>es, aux marquis <strong>et</strong> aux comtes,<br />

<strong>et</strong> ajoute que c'est en cela qu'est la difference d'entre le<br />

comte <strong>et</strong> le baron. Mais Froissart 2 nousapprend le contraire,<br />

nous representant divers seigneurs qui n'estoient pas rev<strong>et</strong>us<br />

de ces hautes qualitez qui portoient la banniere <strong>et</strong> le pennon<br />

en meme temps : « La estoit messire Hue le Despensier<br />

« a pennon, <strong>et</strong> la estoit a banniere <strong>et</strong> a pennon le sire de<br />

« Beaumont, messire Hue de Caurelee, <strong>et</strong> messire Guillaume<br />

« Helmen, <strong>et</strong> a pennon sans banniere messire Thomas<br />

« Dracton, <strong>et</strong>c. » Memes Georges Chatelain 3 attribue une<br />

banniere <strong>et</strong> un pennon en meme temps a un escuier. II est<br />

constant * que les souverains avoient la banniere <strong>et</strong> le pennon<br />

; <strong>et</strong> a regard <strong>du</strong> roy de France sa banniere estoit en la<br />

charge <strong>du</strong> grand chambellan, <strong>et</strong> son pennon en celle de son<br />

premier vall<strong>et</strong> trenchant. Froissart parle en quelque endroit<br />

<strong>du</strong> pennon <strong>du</strong> roy de France 5 . Et la raison pour laquelle les<br />

grands seigneurs avoient la banniere <strong>et</strong> le pennon en meme<br />

temps est 6 que comme ils avoient un grand nombre de vassaux,<br />

les banner<strong>et</strong>s se rangeoient dans les guerres sous sa<br />

banniere, <strong>et</strong> les bacheliers qui releyoient immediatement<br />

d'eux, sous son pennon. Le pennon differoit de la banniere<br />

en ce que la banniere estoit quarree <strong>et</strong> le pennon avoit une<br />

queue, semblable a ces enseignes que les Latins nommoient<br />

dragons. C'est c<strong>et</strong>te queue que 1'on coupoit lorsqu'on faisoit<br />

les banner<strong>et</strong>s.<br />

Comme les banner<strong>et</strong>s se faisoient aux occasions des batailles,<br />

ou de quelques entreprises militaires, ce qui est<br />

remarque par Froissart 7 , Monstrel<strong>et</strong>, Olivier de la Marche,<br />

<strong>et</strong> autres auteurs; il s'en faisoit aussi quelquefois dans les<br />

occasions des festes solennelles ou des tournois. Jacques de<br />

Valere, en son traite ms. d'Armes de noblesse : « S'il est roy<br />

« ou prince qui soit audit tournoy, <strong>et</strong> s'il lui plaist peust<br />

« faire de grace chevaliers, <strong>et</strong> d'un chevalier un banner<strong>et</strong>,<br />

« pour alors prendre banniere. » Et plus bas : « Celui qui<br />

« lieve banniere en tournoy, ou en bataille, doit au roy d'ar-<br />

« mes, ou heraux de la marche, dix livres parisis. »<br />

C<strong>et</strong>te qualite de banner<strong>et</strong> en la personne <strong>du</strong> chevalier le<br />

faisoit reconnoitre ordinairement sous le nom de banniere,<br />

comme on recueille des auteurs, <strong>et</strong> particulierement de ce<br />

passage <strong>du</strong> sire de Joinyille, ou il ecrit qu'il accompagna le<br />

roy saint Louys, lui, troisieme de bannieres. c'est a dire ayec<br />

deux autres chevaliers portans bannieres •'. « Milites vexilla<br />

« ferentes,» comme ils sont nommez par Mathieu Paris 8 , qui<br />

sont appellez vexillarii dans une ordonnance de Philippes le<br />

Hardy. De la vient le proverbe usite en ce temps-la, cent ans<br />

banniere, cent ans riviere, pour marquer la decadence des<br />

families, <strong>et</strong> je ne scay si on ne doit pas rapporter a ce mot<br />

de civiere ces deux vers qui se lisent en 1'Histoire des archevesques<br />

de Breme 9 :<br />

Erat Dacus nobilis sanguine regalis<br />

Ex matre, sed genitor miles civeralis ;<br />

c'est a dire un chevalier <strong>du</strong> dernier ordre. Du Till<strong>et</strong> dit encore<br />

que la famille des banner<strong>et</strong>s, pour marque de prerogative<br />

<strong>et</strong> de noblesse, estoit appellee hostel noble <strong>et</strong> banniere. <strong>et</strong><br />

que ce titre est donne a la maison de Saveuses en Picardie,<br />

dans un ancien arrest <strong>du</strong> parlement de Paris. J'ajoute a ces

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