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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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78 DISSERTATIONS<br />

Flectit Achaemenius lunatam Persa tiaram.<br />

Et de 1'autre, les empereurs Marc-Aurele, Septimus Severe,<br />

<strong>et</strong> Gordian III; car tons les scavans demeurent d'accord que<br />

ces monnoyes furent frapp6es par ces rois, qui firent empreindre<br />

les figures <strong>et</strong> les titres de ces empereurs, pour une<br />

marque d'honneur <strong>et</strong> d'amiti6.<br />

II n'est done pas sans exemple que des princes souverains<br />

ayent fait battre de la monnoye en 1'honneur des empereurs:<br />

<strong>et</strong> je ne sgay pas meme si on ne doit pas rapporter a c<strong>et</strong>te<br />

pratique <strong>et</strong> a c<strong>et</strong> usage celles qui portent le nom de Childeric<br />

<strong>et</strong> de Chlotaire conjointement, ou le GONOB. se rencontre ' :<br />

estant constant que Childeric fit divers traitez avec les<br />

empereurs d'Orient, <strong>et</strong> particulierement avec Tibere, qui le<br />

regala de plusieurs presens 2 , <strong>et</strong>, entre autres, de diverses<br />

grandes medailles d'or, chacune <strong>du</strong> poids d'une livre, qui<br />

avoient d'un c6t6 son portrait, avec ces mots : TIBERII<br />

CONSTANTINI PERPETVI AVGVSTi.; <strong>et</strong> de 1'autre le meme<br />

prince dans un char tire de quatre chevaux, avec ceux-cy :<br />

GLORIA ROMANORVM. Quant a Chlotaire, j'ay remarque qu'il<br />

entra pareillement en trait6 avec Justinian pour la guerre<br />

d'ltalie, au meme temps que Theodebert <strong>et</strong> Childebert I er . De<br />

sorte qu'on pourroit avancer, non sans fondement, que toutes<br />

les monnoyes de nos rois de la premiere race qui ont ces<br />

mots : VICTORIA AVGGG. <strong>et</strong> le GONOB., ont este frappees en<br />

1'honneur des empereurs par nos princes, lorsqu'ils ont voulu<br />

gagner leurs affections <strong>et</strong> les engager dans leur protection.<br />

M. P<strong>et</strong>au 3 nous en a represents une d'or ou d'un cdte est la<br />

figure d'un roy, avec ces mots: VICTVRIA AVGS., <strong>et</strong> de 1'autre<br />

une victoire, tenant de la gauche une croix avec ces caracteres<br />

: VICTVRIAVG., <strong>et</strong> au dessous, CON. M. Bouteroue nous en<br />

a donne une autre, qui d'un c6te a la figure d'un roy avec le<br />

nom <strong>du</strong> mon<strong>et</strong>aire, DOGGIO MONET, <strong>et</strong> de 1'autre une victoire<br />

avec ces mots : VICTORIA AVG. GONOB. C<strong>et</strong>te monnoye fut<br />

frapp6e a Lyon, comme on peut recueillir d'une qui porte<br />

le nom <strong>du</strong> meme mon<strong>et</strong>aire., <strong>et</strong> celuy de la yille de Lyon. Ce<br />

qui me fait avancer, que la plupart de .c<strong>et</strong>te espece de<br />

monnoye fut frappee par les rois de Bourgogne, ou d'Austrasie,<br />

qui eurent alliance avec les empereurs. Mais ce qui peut<br />

former quelque difficulte sur ce suj<strong>et</strong> est un passage de<br />

Procope 4 , qui dit que les rois francois n'avoient pas coutume<br />

de battre leurs monnoyes d'or qu'avec leurs figures, <strong>et</strong> non<br />

avec celles des empereurs, comme les autres princes avoient<br />

accoutum6 de faire, indiquant par la les rois goths d'ltalie,<br />

<strong>et</strong> nommant aussi entre ces princes les rois de Perse 5 . A quoy<br />

1'on peut repliquer que cela est vray a 1'egard de nos rois, qui<br />

n'ont jamais reconnu les empereurs pour leurs souverains ;<br />

mais si Theodebert <strong>et</strong> quelques autres ont fait imprimer<br />

leurs figures <strong>et</strong> leurs devises, ce n'a est6 que pour les flater,<br />

<strong>et</strong> non point par devoir. Ce qui me fait croire que la monnoye<br />

de Theodat dont j'ay fait la description, <strong>et</strong> ou la figure<br />

de ce prince paroit, fut frappee <strong>du</strong>rant les guerres qu'il eust<br />

avec Justinian, ne se trouvant que c<strong>et</strong>te monnoye d'entre<br />

celles des rois goths qui n'ait pas la figure des empereurs.<br />

Voila a peu pr6s ce qui se peut dire en faveur de c<strong>et</strong>te<br />

opinion, touchant Fexplication des monnoyes de Theodebert.<br />

Mais, comme toutcela n'est fonde que sur des conjectures, on<br />

peut aussi tourner la medaille,<strong>et</strong> dire que ce prince les fit frapper<br />

avec ces figures <strong>et</strong> ces devises pour contrecarrer la vanite<br />

de Justinian, qui prenoit dans ses titres celui de FRANCICVS,<br />

ou de vainqueur des Francois. Car I'Histoire 6 remarque que<br />

cela irrita tenement ce prince victorieux <strong>et</strong> magnanime,<br />

qu'il resolut de rompre les traitez qu'il avoit faits avec c<strong>et</strong><br />

empereur, <strong>et</strong> de passer dans Italic avec une armee de cent<br />

mille, ou, selon Freculfe 7 de deux cens mille hommes. Gregoire<br />

de Tours 8 dit qu'il y fut en personne jusques a Pavie,<br />

qu'il y fit de grands progr6s, <strong>et</strong> qu'enfin ayant este oblige de<br />

r<strong>et</strong>ourner en ses Etats a cause de la maladie qui attaqua ses<br />

troupes, il y laissa Buccelin <strong>et</strong> Mummolene pour chefs, qui<br />

defirent Narses, general de 1'empereur en plusieurs rencontres,<br />

<strong>et</strong> conquirent une grande partie de 1'Italie. Les auteurs<br />

rapportent c<strong>et</strong>te entreprise de Theodebert a 1'an de Nostre<br />

Seigneur 540, c'est a dire deux ans apres la defaite de Vitiges<br />

ar Belissaire. De sorte qu'on pourroit avancer avec quelque<br />

E<br />

)ndement, que Theodebert, ayant ainsi vaincu Justinian<br />

dans 1'Italie, <strong>et</strong> s'estant ren<strong>du</strong> maitre de la plus grande<br />

partie des provinces que les Goths y avoient possedees, il en<br />

prit le titre de roy, <strong>et</strong> comme eux s'arrogea les ornemens imperiaux.<br />

Ce qui peut confirmer c<strong>et</strong>te conjecture est 1'inscription<br />

de ses monnoyes, qui a beaucoup de rapport avec<br />

1. M. Bouter., p. 219, 304 ; Greg. Tur. — 2. Greg. Tur. 1. 6, c. 2. — 3. In<br />

Gnorism. — 4. L. 3, de Bello Goth. c. 33. — 5. V. Sirraond. ad epist. 78, Aviti. —<br />

6. Agath. 1. \, p. 15, edit reg.; Proc. loc. cit.: Vita Sancti Joann. Abb. Reom. 1. 2,<br />

c. 1. § 4. — 7. Tom. 2, 1. 5, c. 21. — 8. L. 3, Hist. c. 32.<br />

celles des rois gohts d'ltalie, qui, a 1'exemple de quelques<br />

empereurs de leur temps, m<strong>et</strong>toient devant leurs noms ces<br />

deux l<strong>et</strong>tres D. N., c'est a dire Dominus noster, ce que fait<br />

Theodebert en celles-cy, n'ayant pas remarque qu'aucun de<br />

nos rois les ait fait graver dans ses monnoyes.<br />

Theodebert toutefois n'y prend pas le nom de roy, mais<br />

seulement le glorieux titre de vainqueur, VICTOR, pour marquer<br />

les avantages qu'il remporta, tant sur Justinian que sur<br />

ses autres ennemis, <strong>et</strong> pour montrer qu'il avoit plus de<br />

suj<strong>et</strong> que lui de se 1'arroger. Et veritablement il a este 1'un de<br />

nos princes qui a le plus signale sa. valeur dans les occasions,<br />

qui a le plus remporte de victoires, <strong>et</strong> qui a eu le<br />

bonheur depousser bien avant toutes ses conqu<strong>et</strong>es. Ce qui a<br />

fait dire a Aurelian, archevesque d'Arles, en la l<strong>et</strong>tre qu'il<br />

lui ecrivit': « Multum namque tuis onusta virtutibus currit<br />

« fama cum pondere, <strong>et</strong> veris opinionibus jam adsu<strong>et</strong>a de te<br />

« tantum didicit non mentiri. » Puis, exaggerant ses hautes<br />

actions <strong>et</strong> son courage invincible : « Cedant si qua sunt man-<br />

« data literis facta priscorum, supergrederis antiquitatem<br />

« exemplis, tempora meritis, maximus dominio, quia magnus<br />

« in voto, felix conscientia, cum pius in vita. » C<strong>et</strong>te reputation<br />

de ce grand prince alia si loin, que Justinian eut la<br />

curiosite de scavoir qu'elles estoient les provinces qu'il avoit<br />

conquises, <strong>et</strong> qui estoient les peuples qui lui obeissoient. A<br />

quoy Theodebert repondant, il les lui marque avec une<br />

espece de bravade en 1'une de ses l<strong>et</strong>tres, en ces termes : « Id<br />

« vero quod dignamini esse solliciti in quibus proyinciis<br />

« habitemus, aut quse gentes nostrse sint, Deo adjutore,<br />

« ditioni nostrae subjectse, Dei nostri misericqrdia feliciter<br />

« subactis Thuringis, <strong>et</strong> eorum provinciis acquisitis, extinc-<br />

« Us ipsorum tune temporis regibus, Norsavorum gentis<br />

« nobis placata majestas colla subdidit, Deoque propitio<br />

« Wisigothis qui incolebant Franciae septemtrionalem<br />

« plagam. Pannoniam cum Saxonibus Euciis, qui se nobis<br />

« voluntate propria tradiderunt, per Danubium <strong>et</strong> limitem<br />

« Pannonise, usque in Oceani littoribus, custodiente Deo,<br />

« dominatio nqstra porrigitur. » Ou il est a remarquer qu'il<br />

paroit par ce discours que Justinian n'avoit eu autre pensee<br />

que de scavoir le nombre <strong>et</strong> la qualit6 de ses conqu<strong>et</strong>es, <strong>et</strong><br />

s'il y avoit <strong>et</strong>ably sa cour <strong>et</strong> sa residence en quelques-unes,.<br />

n'ayant pas dout6 que son partage fust dans la France,<br />

comme celui des autres rois.<br />

II ne faut done pas s'<strong>et</strong>onner si toutes ses victoires remportees<br />

sur tant d ennemis lui firent meriter a bon droit c<strong>et</strong><br />

illustre titre de vainqueur, qu'il affecta de prendre dans les<br />

monnoies qui font la matiere de ce discours, <strong>et</strong> dans deux<br />

autres, 1'une desquelles porte ces caracteres a 1'entour de la<br />

figure, qui est ornee d'un bandeau de perles 2 , THEODE-<br />

BERTI A —; c'est a dire Theodeberti Victoria, le dernier mot<br />

estant designe par 1'V renverse, que quelques-uns prennent<br />

pour un C. Dans 1'autre la teste de ce prince 3 est couverte d'une<br />

espece de diademe en forme de casque, avec ce mot VICTO-<br />

RIA ; au revers est une tour, sur laquelle est ecrit METIS, qui<br />

est le nom de la ville de M<strong>et</strong>s, capitale de 1'Austrasie, ou elle<br />

fut frappee, <strong>et</strong> a 1'entour VICTORIA THEODIBERTI.<br />

Quant a ce que dans les revers de celles dont nous traitons<br />

il y a VICTORIA AVGGG. <strong>et</strong> le CONOB., on peut se persuader<br />

que comme Theodebert affecta dans les autres d'y par<strong>et</strong>re<br />

avec les habits <strong>et</strong> les accoutremens imperiaux.il voulut aussi<br />

en ceux-cy faire repr6senter les devises ordinaires de 1'empire,<br />

pour marquer a tout 1'univers son independance <strong>et</strong> sa<br />

souverain<strong>et</strong>e, <strong>et</strong> pour contrecarrer <strong>et</strong> braver en tout la vanite<br />

ambitieuse de Justinian, qui avoit temoigne par les titres<br />

imaginaires qu'il prenoit si publiquement, que toute la nation<br />

francoise estoit softmise a ses ordres <strong>et</strong> a son empire. On<br />

pourroit encore dire que Theodebert <strong>et</strong> ceux qui ont fait<br />

frapper les monnoyes qui portent les devises des empereurs,<br />

dont nous avons parle, en userent de la sorte pour leur<br />

donner un plus grand cours dans les pays <strong>et</strong>rangers, comme<br />

nous voyons que dans la troisieme race de nos rois les <strong>du</strong>es<br />

<strong>et</strong> les comtes qui avoient droit de faire battre monnoye<br />

affectoient de les rendre a peu pres semblables en figures a<br />

celles des rois. J'ay <strong>et</strong>a!16 toutes les raisons qui peuvent<br />

autoriser les deux explications pour les monnoyes de Theodebert,<br />

laissant a un chacun la liberte de prendre tel party<br />

qu'il voudra : « Haec putavi colligenda, tu sequere quod<br />

« voles *. »<br />

Mais si les conjectures qu'on peut apporter sur le suj<strong>et</strong> des<br />

monnoyes de ce prince peuvent partager les esprits des plus<br />

scavans, celle qui a encore este representee par M. Bouteroue<br />

s , <strong>et</strong> qui porte le nom de 1'empereur Maurice, n'a pas<br />

1. Tom. 1, Hist. Fr. p. 857. — 2. M. Bouter. 231, 232, 233. — 3. Sirmond. li<br />

Avitum. — 4. Terentian. Maur. — 5. P. 136.

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