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Glossarium mediae et infimae latinitatis Conditum a Carolo du ...

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SUR L'HISTOIRE DE SAINT LOUYS.<br />

« signum Anglorum cum plebe vociferantes ad munitionem<br />

« cucurrerunt. Sed ingressi, Meum Gaudium ! quod Franco-<br />

« rum signum est, versa vice clamaverunt. » Mathieu Paris '<br />

dit la meme chose: « Quasi pro edicto frequenter procla-<br />

« mante alta <strong>et</strong> reboante voce eodem Constantino Montis-<br />

« Gaudium! Montis-Gaudium ! adjuv<strong>et</strong> Dominus, <strong>et</strong> Domi-<br />

< nus noster Lodovicus. » Et ailleurs : « Et facto congressu<br />

« acclamatum est terribiliter Ad arma! ad arma ! nine Re-<br />

« gales f Regales! inde Montis-Gaudium! scilic<strong>et</strong> regis utriuso:<br />

que insigne. » Le roy Philippes-Auguste cria Montjoie ! au<br />

siege d'Acre, 1'an 1191, suivant Guillaume Guiart, <strong>et</strong> a la<br />

bataille de Bovines, 1'an 1214, suivant Mathieu de Westminster<br />

<strong>et</strong> la Chronique de Flandres*. Philippes Mouskes, parlant<br />

de la meme bataille:<br />

Sou vent oissies a grant joie<br />

Nos Francois s'escrier Montjoie f<br />

La meme<br />

Et hucoient a grant haleine,<br />

Quant on ayoit sonne 1'araine,<br />

Montjoie Dieux <strong>et</strong> Saint Denys.<br />

Et plus bas :<br />

Et quant on escrie Montjoie !<br />

N'i ot Flamen qui ne s'apploie.<br />

Et ailleurs:<br />

Maintefois oissiez le jour<br />

Crier Montjoie I sans sejour,<br />

Cis mos esmaia les Flamens,<br />

Cis mos leur fu paine <strong>et</strong> tormens,<br />

Cis mos les a tous abaubis,<br />

Cis mos abati blaus <strong>et</strong> vis,<br />

Cis cris les esmaia si fort,<br />

Que foible deviennent li fort,<br />

Et li hardy furent coiiart,<br />

Les cies tornerent d'autre part.<br />

Le Roman de Garin :<br />

Montjoie escrie 1'ensagne Saint Denis !<br />

Les Francois crierent Montjoie Saint Denys! au siege de<br />

Dami<strong>et</strong>e sous saint Louys, en la bataille de Furnes, 1'an 1297;<br />

en celle <strong>du</strong> Pont a Vendin, 1'an 1303; en la rencontre pres<br />

de Ravemberg, en la meme annee; en la bataille ne Mons<br />

en Puelle, en 1'an 1304, <strong>et</strong> celle de Cassel, suivant la Chronique<br />

deFlandres 3 . Monstrel<strong>et</strong> 4 , parlant des Francois lorsqu'ils<br />

nrent lever le siege que les Anglois avoient mis devant Montargis,<br />

1'an 1426: « Ferirent vaillamment <strong>et</strong> de grande volonte<br />

« sur les logis des Anglois, qui de ce ne se donnoient garde,<br />

« crians Montjoie Saint Denys!» Et a la prise de Pontoise,<br />

1'an 1441, le roy Charles VII <strong>et</strong> tous les autres seigneurs <strong>et</strong><br />

capitaines « firent armer <strong>et</strong> habiller leurs gens, <strong>et</strong> les exhor-<br />

« terent, tous eux crians a haute voix: Saint Denys ! ville<br />

« gaignee f »<br />

La difficulte n'est pas aisee a resoudre pourquoy en 1'invocation<br />

de saint Denys, patron de la France, on a ajoute le<br />

mot de Montjoie. La plupart de ceux qui en out ecrit 5 ont<br />

estime que le grand Clovis fut le premier qui prit ces mots<br />

pour cry, lorsque s'estant trouve en peril en la bataille qu'il<br />

livraaux Allemans a Tolbiac, il reclama 1'assistance de saint<br />

Denys, qu'il protesta de vouloir adorer a 1'avenir, <strong>et</strong> de reconnoitre<br />

pour son Jove, ou son Jupiter, s'il remportoit la<br />

victoire sur ses ennemis. II est bien vray qu'on dit que Clovis<br />

reclama en c<strong>et</strong>te occasion le Dieu que Clothilde, sa femme,<br />

adoroit, <strong>et</strong> protesta que s'il remportoit la victoire, que ce<br />

seroit le sien : « Nam ex hoc die tu solus mihi eris Deus, <strong>et</strong><br />

« veneranda potestas; » ainsi que nous lisons dans la Vie de<br />

S. Vaast, evesque d'Arras 6 . Raoul de Praesles. en la preface<br />

de la tra<strong>du</strong>ction qu'il flt des livres de saint Augustin de la<br />

Cite deDieu, <strong>et</strong> qu'il a adressee a Charles V, semble convenir<br />

que Clovis fut le premier de nqs rois qui prit ce cry d'armes,<br />

en ces termes : « Clovis, premier roy chrestien, combatant<br />

« centre Dandat, qui estoit venu d'Allemagne aux parties<br />

« de France, <strong>et</strong> qui avoit mis <strong>et</strong> ordonne son siege a Conflans<br />

« Sainte-Honorine, dont combien que la bataille commencee<br />

< en la vallee, toutefois fut-elle achevee en la montagne, en<br />

1. In Henr. Ill, an. 1222, p. 218. — 2. C. 15. — 3. C. 23. 34, 36, 43, 44, 67,95.<br />

— 4. Vol. 2, p. 32, 186. — 5. Rob. Caenal.: Fauch<strong>et</strong>, aux Antiq. de France, 1. 2,<br />

c. 17. — 6. Vila S. Vedasli, apud Boland 6. Febr. p. 795.<br />

« laquelle est a present la tour de Montjoie, <strong>et</strong> la fut prins<br />

« premierement <strong>et</strong> nomme vostre cry en armes, c'est a<br />

« scavoir Montjoie saint Denys! » Estienne Pasquier' se<br />

persuade qu'il est plus probable que le mot de Montjoie a este<br />

pris au lieu de ma joie, par Clovis, ou celuy de ses successeurs<br />

qui le premier a choisi ce cry d'armes, par lequel jl vouloit<br />

donner a connoitre que saint Denys estoit sa joie, son espoir<br />

<strong>et</strong> sa consolation, <strong>et</strong> auquel il avoit toute confiance, ayant<br />

emploie un article impropre de man, au lieu de ma, ainsi que<br />

nous voions que les Allemans, les Anglois, <strong>et</strong> autres <strong>et</strong>rangers<br />

pratiquent assez souvent quand ils n'ont pas encore acquis<br />

une parfaite connoissance de nostre langue ; ce quipeut estre<br />

arrive a Clovis, dont les ayeuls estoient sortis de la Germanie.<br />

II semble qu'Orderic Vital, au passage que je viens de citer,<br />

avoit ainsi conceu le sens de ce mot, 1'ayant tourne par Meum<br />

Gaudium.<br />

Mais sans faire tort aux sentiments de ces grands hommes,<br />

j'estime qu'il est peu probable que le mot de Montjoie ait est6<br />

pris, ni pour monjoie, ni pour ma joie, <strong>et</strong> encore moins pour<br />

moult de joie, comme veut Roui'llard 2 ; toutes ces explications<br />

estant forcees <strong>et</strong> peu naturelles. II y a bien plus de fondement<br />

de croire que nos rois se sont servis d'un terme pur<br />

francois, que non pas deguise, comme Ton yeut se persuader,<br />

<strong>et</strong> que par le cry de Montjoie saint Denys ils ont enten<strong>du</strong> la<br />

montagne ou la colline de Montmartre, ou saint Denys souffrit<br />

le martyre avec ses compagnons, sous Decius (laissant a<br />

part la question tant agitee des deux saints Denys), car<br />

montjoie en vieux francois est un diminutif de mont, <strong>et</strong> si-<br />

nifie une colline, qui est la raison pourquoy la tour de Conans<br />

Sainte-Honorine est appellee la tour'de Montjoie, c'est a<br />

f<br />

dire la tour elevee sur une colline; non que le cry d'armes de<br />

nos rois ait pris de la son origine. comme yeut Raoul de<br />

Praesles: estant constant que la bataille dont il fait mention<br />

ne fut pas donnee pres de Paris, mais pres de Cologne. Othon<br />

de Frisingen 3 , decrivant comme 1'empereur Frederic I entra<br />

dans Rome par la ville Leonine (qui est le Borgo) <strong>et</strong> par la<br />

porte Doree, dit qu'il descendit avec ses troupes par le penchant<br />

d'une montjoie, <strong>et</strong> entra ainsi dans la ville : « Rex castra<br />

« movens, armatus cum suis per declivium montis Gaudii<br />

« descendens, ea porta quam Auream vocant, Leoninam<br />

« urbem, in qua B. P<strong>et</strong>ri ecclesia sita noscitur, intravit. »<br />

Ce que Guntherus a ainsi exprime *:<br />

Jamque per oppositi Princeps decliyia montis<br />

Adveniens, claram, quam non<strong>du</strong>m viderat, urbem<br />

Aspicit; huic populi festivum Gaudia nomen<br />

Imposuere loco : si quidem qui mcenia clara<br />

Ilia parte p<strong>et</strong>unt, ex illo vertice primum<br />

Urbem conspiciunt, <strong>et</strong> te, sacra Roma, salutant.<br />

Mais c<strong>et</strong> auteur se trompe en la raison qu'il rend de c<strong>et</strong>te<br />

appellation, qu'il avoit yeue dans Othon, qui ne s'est servy<br />

de ce mot, Mons Gaudii, que pour exprimer la p<strong>et</strong>ite colline<br />

qui est pres de Rome par un terme familier <strong>et</strong> usite de<br />

son temps, <strong>et</strong> particulierement des Francois, avec lesquels<br />

il avoit eu communication en son voiage d'outremer. L'auteur<br />

<strong>du</strong> Panegyrique de Beranger 5 a parle de c<strong>et</strong>te colline :<br />

Interea Princeps collem, qui promin<strong>et</strong> Urbi,<br />

Pr;Bteriens, <strong>et</strong>c.<br />

Otton Morena 6 la place vers la porte a laquelle il donne le<br />

nom de Viridaria. <strong>du</strong> c6te de S. Pierre : « Ad portam Romse<br />

« quae dicitur porta Viridaria, qute est ex parte S. P<strong>et</strong>ri,<br />

« versus Montem Gaudii yeniens. » Et la Chronique de Mont<br />

Cassin 7 dit que c<strong>et</strong>te colline est celle qui fut appellee par les<br />

anciens Mont de Mars: « Misit in occursum ejus in Montem<br />

« Gaudii, qui <strong>et</strong> Martii dicitur, <strong>et</strong>c. » De sorte que ces montjoies<br />

pres de Rome ne sont autre chose que ces collines <strong>du</strong><br />

Vatican appellees MoniesVaticani dans Ciceron 8 , <strong>et</strong>Vaticani<br />

colles dans Festus 9 , au bas desquelles estoit le Champ de<br />

Mars. L'auteur qui a ecrit des miracles de saint Foursy a<br />

aussi fait mention de ce Mons Gaudii pres de Rome.<br />

Quelques auteurs latins <strong>et</strong> franQois se servent encore de<br />

ce mot mons gaudii en c<strong>et</strong>te signification. Adhemar de Chabanois<br />

I0 parle de la montjoie ou colline qui est pres de Limoges.<br />

Ceux de Languedoc en ont forme leur mongausi pour<br />

une p<strong>et</strong>ite montagne, monticulus. Alain Chartier ", en divers<br />

1. Pasquier, 1. 8 des Recherch. de la France, ch. 21. — 2. Seb. Rouill. en la Vie<br />

de S. Isabel, reyne de France. — 3. L. 2, De gest. Frid. c. 22. — 4. L. 4, Ligur.<br />

initio. — 5. P. 53. — C. Otto Mor. Landens A. H67. — 7. Chr. Cass. 1. 4, c, 39. —<br />

8. Ad Altic. 1. 13, epist. 33. — 9. Apud Boland. 16. Jant. p. 50. — 10. P. 173, 272,<br />

apud Labeura; M. Chron. Belg. an. 1160. — 11. P. 529, 545, 722, 524.

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