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90 LA POPULATION BERBÈRE AU MAROC
même phénomène est répandu dans tout le bassin du
Drâa,
et personne ne doute plus que nous ne devions
voir dans cette race métisse les Mélano-Gétules des
anciens. Le nom de « Guezoula » le rappelle, nom que
porte encore actuellement une puissante confédération
berbère dans la partie occidentale du Maroc au sud de
l'Atlas,
ainsi qu'une Kabîla spéciale.
Au Touat et au Tidikelt(1), des éléments touareg vien
nent encore s'y ajouter. Je ne pourrais cependant pas
assigner une place distincte au groupe formé par ce
mélange. Au Tafilelt, les Berbères du 2e groupe domi
nent, représentés par la puissante fraction des Aït-Atta
(Brêber proprement dits), tandis que les habitants du
Drâa se rapprochent davantage de ceux du 3e groupe.
Quelque simple que paraisse ce partage en trois tron
çons des Imazighen marocains,
—
partage ayant pour
base, je le déclare encore, la distinction absolue faite
par les indigènes mêmes,
— il
n'a encore été exposé, à
ma connaissance, dans aucune publication sur ce pays.
La plupart des voyageurs écrivent seulement sur les
Berbères en général en les désignant bien comme des
Chleuh (2)
(avec une orthographe correspondant plus
ou moins à la prononciation correcte) ; un petit nombre
seulement, comme Grey Jackson, Washington, Graberg
de Hemsœ, etc. font une distinction entre Brêber, ou
Amazirghen (Imazighen)
et Chleuh. Jackson donne un
petit tableau de mots ayant la même signification dans
ces deux langues, pour en montrer la différence. Mais
ces auteurs ne mentionnent pas les Berbères du Rîf
(groupe 1) comme un groupe particulier.
Tout récemment ont paru deux très remarquables
publications de deux officiers français, MM. J. Erck-
entend aussi donner fréquemment aux nègres, vient de l'odeur
dont ils sont imprégnés.
(1) Mot berbère, signifiant en chilha : la paume de la main.
(2) Cf. sur l'étymologie de ce mot : Wetzstein, loc. cit., p. 34
et 35