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296 LA POPULATION BERBÈRE AU MAROC
Sahara occidental jusqu'au Tekena et au Noun. Le
Berbère porte rarement des pistolets; ils ne lui parais
sent pas propres au combat de loin, et pour le combat
rapproché,
son poignard lui suffit. Les armes sont
entretenues avec le plus grand soin et souvent elles
sont ornées de courroies de cuir, de garnitures d'ar
gent, etc.
Les Brêber préparent eux-mêmes leur poudre à gros
grains, avec le salpêtre qu'ils récoltent dans le pays, le
charbon de bois d'olivier et le soufre importé par des
négociants. La valeur de cet article important augmente
dans tout le pays dès que le bruit se répand d'une grave
maladie du sultan,
ou d'autres circonstances pouvant
faire présager un changement de gouvernement, avec
ses inévitables complications de guerres.
Pour conserver leurs munitions, les tribus qui habi
tent dans l'est portent,
comme j'ai eu l'occasion de le
voir dans le camp du sultan à Safi, en 1886, lors d'une
levée en masse des Aït Cherrochen, des sacs à balles et
des gibecières très joliment travaillés,
en cuir ou en
pelages d'animaux, souvent pourvus de longues franges
de cuir pendantes, équipement qui fait involontairement
songer aux Indiens de l'Amérique du nord. Foucauld
(p. 24) représente une gibecière de cette espèce, krâb.
Dans les oasis du Sahara, spécialement au Tafilelt, à
Ferkla, etc.. on emploie des gibecières brodées en cuir,
d'un travail très artistique, à plusieurs poches, qui
portent le nom de krâb fllaii, c'est-à-dire venant du
Tafilelt; on y conserve également le tabac. J'en ai rap
porté une qui se trouve maintenant dans la collection
du Musée royal d'ethnologie de Berlin.
Les poires à poudre sont également travaillées avec
beaucoup de goût, soit rondes, en bois sculpté, soit —
chez quelques tribus du nord —
d'une
forme qui se
présente à la façon d'une ruche, comme un petit ressaut
sur un disque de bois,
et que l'on trouve aussi dans le
djebel, entre Tétouan et Fas, à Andjera, etc. Ces poires