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14 RAPPORT SUR LES FOUILLES DE CHERCHEL
accumulation des chairs surplombant le nez. De plus
le personnage a la bouche déviée, les pommettes trop
saillantes, les yeux forés et qui fixent. De toutes les
têtes antiques du musée, ces deux seuls masques ont la
pupille creusée selon le procédé de certains sculpteurs
modernes qui essayent d'étendre au marbre froid et
immobile l'illusion de la vie et du regard.
6° Le 27 décembre, nous avons recueilli un torse de
femme nue (marbre blanc), avec une draperie nouée à la
ceinture (1) (Planche III). L'attitude est analogue à celle
de la Vénus de Milo, sauf que celle-ci avait le bras gauche
levé, le bras droit abaissé, tandis que la nôtre a le bras
droit levé, le bras gauche descendant le long du corps.
Au lieu d'avoir une double boucle sur la nuque, la nôtre
aune mèche de cheveux en arrière de l'épaule droite,
et une autre sur l'épaule gauche. L'avant bras gauche
est relevé, comme si la déesse avait tenu de chaque
main une tresse de sa chevelure : geste attribué, dans
certaines statues antiques, à la Vénus anadyomène (Cf.
Clarac de poche de S. Reinach, pl. 610, n°
1356),
« fille
de l'onde amère », qui « fécondait le monde en tordant
ses cheveux » (Musset).
Les statues de Vénus trouvées jusqu'à présent à
Cherchel la représentent tantôt accompagnée du dau
phin, tantôt seule, tantôt drapée, tantôt sans voile, tantôt
à demi nue, comme celle-ci. Il est naturel qu'elle ait eu
des images nombreuses dans un port, comme Caesarea,
puisqu'elle était la divinité protectrice des matelots, et
au chef- lieu de la province qu'habitait le représentant
de l'empereur, puisqu'elle rappelait l'origine divine de la
famille de César.
7° Une statue de belle allure (hauteur, lm
57), sans tête
(1) Une de nos planches reproduit ce torse surmonté de la tête
décrite plus haut : simple essai de juxtaposition, car les cassures
ne s'adaptent pas exactement.