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104 LA POPULATION BERBÈRE AU MAROC
qui dans le reste du Maroc, est l'apanage des vieillards
et des tolba ou scribes, surtout dans les villes. Les
hommes des Ghiyâta sont en outre grands fumeurs de
kîf.
Les Beni-Snassen furent gouvernés d'une façon tout
indépendante jusqu'en 1876,
par leurs cheikhs hérédi
taires ; le sultan s'empara par ruse du dernier de ceux-
ci, Hadj Mimoun ben El Bachir,
qui était très estimé et
aimé dans sa tribu, et le jeta en prison. Dans la même
année,
le sultan divisa cette tribu en quatre parties à la
tête de chacune desquelles il mit un kaïd ; mais ces
chefs n'en obtinrent qu'une obéissance très relative.
Aux Beni-Bou-Zegou le sultan donna comme kâïd leur
dernier cheikh Hamàdou.
En 1880, Moulay Hassan envoya au Gart son oncle
Moulay el Amîn ; celui-ci, après une très longue harka,
soumit les Guelaïa, qui depuis lors se trouvent dans une
dépendance légère vis-à vis du gouvernement marocain.
Avec eux est épuisée la liste des tribus du Rîf soumises.
Un Tetâouni (habitant de Tétouan) civilisé et instruit,
avec qui je m'entretenais un jour du caractère indomp
table des Berbères du Rif, disait à ce sujet que le sultan
et toute la population n'avaient, dans le fond, aucune
raison d'être mécontents de ce statu quo. Les sauvages
Rifains, dans leurs infranchissables montagnes, et
généralement les irréductibles tribus guerrières de toute
la partie orientale du pays, constituent la meilleure
défense contre une occupation du Maroc par les Fran
çais d'Algérie.
Les mêmes raisons ont rendu impossible non seule
ment toute pénétration scientifique, mais même tout
voyage d'Européens dans le Rîf, de sorte qu'on peut,
avec juste raison,
désigner ce pays comme un des
moins connus de tout le continent africain.
Le résident français Tissot, aujourd'hui décédé, que
nous avons maintes fois cité, pouvait être considéré
comme l'homme qui connaissait le mieux le Rif. Cepen-