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278 LA POPULATION BERBÈRE AU MAROC
les communications entre cette dernière ville et Casa
blanca (Dar el-beïda). Ils sont tous nomades, vivant
sous la tente, et grâce à cette absence de demeures
rixes,
il leur est facile de se soustraire à la poursuite
des troupes gouvernementales. A la moindre alarme, ils
plient leurs tentes et s'échappent dans la campagne.
Le gouvernement cherche à prendre sa revanche de ces
actes d'insoumission,
en interdisant aux négociants de
Rabat et de Slâ de commercer avec les Zâïr, qui sont
ainsi, en quelque sorte, boycottés. C'était le cas, en 1866,
la première fois que je suis allé à Rabat. A cette époque,
lors d'une visite que le sultan avait faite peu de temps
auparavant, les Zâïr s'étaient manifestement tenus à
l'écart. Pas un seul d'entre eux n'élait entré dans la
ville, tandis que les autres tribus environnantes allaient
mettre des cadeaux aux pieds du sultan. En raison de
cette attitude, les boudeurs furent mis au ban et les
commerçants européens mêmes furent priés de ne leur
délivreraucune marchandise,
tant,
et encore moins à crédit.
même contreargentcomp-
C'est à ces incursions périodiques des Zâïr dans la
province de Chaouya que doit se rapporter l'indication
de la petite carte de Reclus 'tome xi, p. 656), dans
laquelle sont figurées les proportions entre le Beled
el-makhzin et le Beled es-sîba : toute la province de
Chaouya, à l'exception d'une étroite bande de côtes, y
p. 377 et 3 J4, en se référant à Delaporte, que les habitants de cette
province sont une fraction des Chaouya qui habitent le mont
Aurès, dans le sud de la province de Constantine. Cela est inexact,
car, ainsi que je l'ai déjà montré précédemment, les Chaouya
marocains sont arabes, tandis que ceux d'Algérie sont berbères.
Les premiers sont en majeure partie nomades, les seconds séden
taires. Renou est aussi peu exact lorsqu'il compte les Zâïr et les
Beni-Mtir parmi les Chaouya. Ce qui vient d'être dit ne s'applique
qu'à la situation présente ; avant la conquête du pays par les
Arabes, une liaison existait entre les habitants de ces deux régions,
comme le prouve la concordance des noms; selon Reclus cette
dénomination doit venir de l'arabe Chaoui, berger de brebis (?).