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114 LA POPULATION BERBÈRE AU MAROC
rangs se traversent quelques fois en poussant un cri
éclatant, vibrant, sembable au cri bien connu des fem
mes mahométanes, dans les manifestations de joie ou
de tristesse, puis ils déchargent leur armes. Pendant
cette attaque des deux rangs l'un par l'autre, ils tien
nent leurs armes comme nos soldats pour l'escrime à
la baïonnette.
Outre les grands fusils à pierre, de forme arabe, à
crosse large, qui se fabriquent beaucoup à Tétouan,
l'armement des Berbères du Rif comprend encore des
pistolets dits de cavalerie, également à pierre. En dehors
de ces deux armes à feu qui ne sont pas en usage uni
quement dans le Rîf, les Rîfains ont encore un long
poignard à lame droite très effilée et pointue dont la
poignée a une forme spéciale. Cette arme,
d'une lon
gueur de 2 pieds à 2 p. 1/2, est exclusivementparliculière
au Rîf et les Arabes l'appellent « Seboula rîfia », poi
gnard rîfain.
Un très singulier instrument de musique du genre
de la cornemuse « zammer » (zammâra, flûte), deux
cornes reliées par une peau de bête,
spécial au Rîf.
est également
Les Berbères du Rîf ne sont pas sans avoir chez eux
une certaine industrie grossière qui, à la vérité, est loin
d'approchercelle des Chleuh, quiesttrèsdéveloppée,mais
qui surpasse celle des «Brêber». Elle se borne principale
ment à la fabrication de grossières étoffes de laine pour
leur habillement et des outils de labour et des meubles
les plus simples. Dans le Gart, on prépare d'excellentes
meules de pierre. Les tapis renommés dont la fabrica
tion est généralement attribuée aux Beni-Snassen, ne
viennent pas de ceux-ci, mais des Beni-Bou-Zegou.
Les Rîfains vivant à Tanger passent pour des maçons
habiles. Les Berbères du Rîf ne sont pas nomades ; ils
sont sédentaires et, à l'exception de quelques tribus de
la contrée la plus orientale de leur pays, ils vivent, non
sous la tente, mais dans des maisons de pierre ou de