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RAPPORT SUR LES FOUILLES DE CHERCHEL 21
déjà de quelques légères dégradations. Elles ont pu être
réparées par M. Tossut, mosaïste d'Alger, à l'aide d'un
croquis fait autrefois par mon ami et compagnon
d'excursion, Georges Landelle.
Cette mosaïque représente trois femmes nues, debout,
enlacées. Celle du centre montre son visage de profil,
tourné à gauche, et son dos de face. Les deux autres
sont vues de trois quarts, faisant face au spectateur.
Comme dans le groupe de Sienne, elles posent la main
sur l'épaule l'une de l'autre, les mains libres, aux extré
mités, tenant d'une part un collier de roses, de l'autre
une guirlande de fruits. Les hautes chevelures sont
coquettement disposées, différentes de formes et de tein
tes, celle de gauche étant blonde, celle du milieu-châtain,
celle de droite complètement brune (Planche VII).
Cette mosaïque, aux tons éclatants, trouvée près d'une
piscine,
décorait une salle de bain. Elle avait l'avantage
d'évoquer quelque gracieuse et célèbre composition (1).
Il n'était pas besoin que la reproduction, sur laquelle on
marchait, eût la finesse et les délicatesses de dessin de
l'original. L'ancienne propriété Nicolas, d'où elle pro
vient (et d'où provient un portrait de Juba II que j'ai
acquis et qui est à la salle algérienne du Louvre), ren
ferme les ruines d'une villa élégante, riche en statues et
en mosaïques (il en reste plusieurs autres, notamment
un chasseur à cheval blessant de ses javelots un lion et
un cerf, une centauresse galopant à droite, des figures
ailées, etc.).
(1) Dans son petit guide sur Cherchel, Tipaza et le Tombeau de la
Chrétienne, M. Gsell, p. 54, consacre à ce groupe des Trois Grâces
les lignes suivantes :
« Le groupe des Trois Grâces, nues, souriantes et étroitement
enlacées, copie d'un célèbre tableau grec, du quatrième siècle
avant notre ère, qui, à l'époque romaine, fut très populaire et imité
partout, en peinture, en statuaire, en bas-relief, sur des monnaies,
des lampes et des pierres gravées. »