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LA POPULATION BERBÈRE AU MAROC 295
coups de fusil tirés par celui de qui dépend l'entreprise :
cet usage est d'un emploi général chez les Berbères.
Si quelqu'un a pris la fuite pendant le combat,
on le
coiffe d'une casquette noire de juif (1) et on le promène
ainsi dans le village. Jusqu'à ce qu'il ait lavé l'ignominie
par une action de bravoure éclatante, il est comblé
d'injures et de railleries. Dans quelques tribus, le poltron
est couvert par les femmes de teinture de henné,
ce qui
symbolise qu'on le considère comme une femme (2).
Habituellement on le force aussi à manger après tous
les autres dans le plat commun,
en lui disant : « Celui
qui n'était pas le premier au combat ne doit pas être
non plus le premier au plat » En fait, il y a peu d'hom
mes chez les Brêber qui n'aient pas une ou plusieurs
blessnres à montrer.
Il va de soi que les Brêber, étant toujours prêts à
combattre, ne se séparent jamais de leurs armes. Leur
habileté à s'en servir est considérable. Au cours d'un
entretien, en apparence pacifique,
avec une personne
qu'ils veulent tuer, ils savent, faire partir leur fusil avec
le doigt de pied ou tirer le poignard hors du fourreau
sans être remarqués (3). Leur arme principale est un
long fusil à pierre, à crosse large,
comme celui des
Rouafa dont la forme se retrouve dans toute la région,
excepté chez les Chleuh. Les Aït Bou-Zîd seuls se servent,
comme ces derniers,
d'un fusil à crosse étroite très
ornée; cette tribu a également, en général, le sabre.
Chez quelques tribus de la région de la Moulouya, sur
la frontière algérienne, les fusils à deux coups, à percus
sion, d'origine —
française, ne sont pas rares. Ajoutons
ici que les armes à feu de cette espèce sont également
importées en grande quantité, par les Français, dans la
région du Sénégal. De là elles se sont répandues par le
(1)
Châchîa del-ihoud.
(2) Cf. la communication de l'auteur dans la même revue, 1886,
p. 677.
(3) Cf Erckmann, L c, p. 119.