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RAPPORT SUR LES FOUILLES DE CHERCHEL
compliqué et fastueux de la coiffure,
une tête d'une
exécution moins sommaire et plus distinguée, aujour
d'hui au Louvre, que nous avons découverte il y
a quel
ques années, non loin de là, et dans laquelle j'ai cru
voir un portrait de Jub^ 1, roi de Numidie, père de
Juba II et grand-père de Ptolémée. Ce Juba I, qui se sui
cida d'une façon romanesque, après la bataille de Thap
sus (en 46 avant Jésus-Christ), est représenté sur les
monnaies, élégamment frisé (bene capillatus,
Cicéron)
Maintenant,
à la mode maurétanienne.
dit de lui
à quoi attribuer cette profusion de tètes
royales dans les mêmes parages V Sans doute à la
religion locale à laquelle je faisais tout à l'heure allu
sion, et qui subsistait encore au temps de Tertullien.
Cet apologiste, raillant la diversité des cultes propres à
chaque province et même à chaque ville,
constate que
l'Afrique carthaginoise adore Cœleslis, et la Maurétanie
ses principicules divinisés : « Unicuique etiam provin
ciae el civitati suus deus est.... ut Africœ Cœlestis, ut
Maurelaniœ reguli sui. »
Je ne serais pas éloigné de croire que nous sommes
tombé sur l'ancien temple des rois de Maurétanie qui
fut démoli et brûlé et sur l'emplacement duquel s'éleva
plus tard la maison à piscines et citerne que nous avons
retrouvée. Les murs étaient peints en rouge, et le par
quet décoré d'une mosaïque de cubes de verre, dont
nous avons recueilli une masse,
agglomérée par l'in
cendie. Ces pauvres idoles royales, marbres déterrés
Offrant un grand désastre à la pitié des yeux,
Peuple autrefois sacré de héros et de dieux (I).
vont se trouver de nouveau réunies.
4° Presque en même temps, collée contre une colonne
gisante, parmi dix bases de colonnes disséminées dont
(1) Sully-Prudhomme.