1902 T.46.pdf

288 LA POPULATION BERBÈRE AU M\ROC
dans les temps modernes a montré que cette concej
était de tous points inexacte.
La situation misérable des Juifs est d'autant
triste que dans tout le Beled es-Sîba, où ils sont sui
tolérés, ils se trouvent vis-à-vis des maîtres du {
Berbères ou Arabes, dans un état de dépendance v<
de l'esclavage. Cette institution, à laquelle l'usa
donné des formes bien déterminées, est d'une natu
particulière qu'elle mérite bien d'être étudiée de
près.
Chaque Juif appartient en propre, de corps et de bi
avec toute sa famille, à un maître,
son «Sîd». i
famille de ce dernier est installée depuis longtemps <
le pays, le Juif lui échoit comme une partie de sa fort
par voie d'héritage,
selon la loi musulmane et selo
antique usage des Imazighen. En conséquence le
protège son Juif comme chacun défend son bien ce
l'étranger. Naturellement,
un Musulman avisé c
chera, dans son propre intérêt, à ménager son sei
à ne pas en exiger de trop fortes contributions, afii
le laisser arriver à une prospérité aussi durable
possible. Cependant il y a aussi des propriétaires
Juifs qui épuisent ceux-ci de la façon la plus brutal
exigent d'eux des sommes énormes qu'ils ne son
plus souvent, pas en état de payer. Dans ce cas le t;
prend la femme et les enfants de sa victime, et
emprisonne jusqu'à ce que la somme soit acquittée
jusqu'à ce qu'il soit dégoûté de la femme. Il arrive qi
Sîd enferme chez lui pendant plusieurs mois la fer
de son Juif. De cette façon il exerce une série inir
rompue d'exactions; enfin le Juif lui-même est un
traîné sur le marché et vendu è l'enchère ; toutefois
ne peut pas se faire partout., mais seulement en q
ques points du Sahara. Ou bien encore le Sîd lui pi
tout ce qu'il possède, détruit sa maison et l'en chi
tout nu avec les siens. On rencontre des villages (
un quart est tout en ruines; si l'on demande pourq