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CAMPAGNE DE J. CÉSAR EN AFRIQUE 357
raient échapper définitivement aux poursuites du vain
queur.
Ayant ainsi mis ordre à tout et recommandé ses pro
pres enfants à L. César, qui était alors son questeur;
après avoir soupe en nombreuse compagnie et conversé
longuement, avec la plus grande tranquillité d'esprit,
sur des sujets philosophiques, il se retira dans sa
chambre à coucher et se donna la mort en se perçant de
son épée. Il avait alors quarante-huit ans.
Les habitants d'Utica lui firent d'honorables funérail
les, en souvenir de sa droiture, de son abnégation et de
son inébranlable probité qui tranchait d'une manière si
éclatante sur la conduite des autres chefs de son parti.
On l'enterra sur le rivage et, plus tard, les Uticéens
élevèrent sur son tombeau une statue qui le représen
tait une épée à la main.
Le suicide de Caton a été diversement apprécié : —
« Les rhéteurs anciens et modernes, imbus des écrits
de Plutarque, le librettiste, et de Suétone, le pamphlé
taire,
ont voulu voir dans le suicide de Caton une pro
testation de la République contre la monarchie, erreur
d'autant plus singulière que César n'eut jamais l'inten
tion de se faire roi. La vérité est que Caton se tua par
orgueil et par désespoir, sous l'influence de cette déso
lante morale du paganisme romain, véritable morale du
néant, qui montrait la mort comme le plus grand bien
et le remède à tous les maux. Ses contemporains n'ont
pas manqué d'approuver sa conduite, en disant qu'il se
donna la mort pour ne pas se soumettre à César. »
(Col. Stoffel, liv. vin, p. 153.)
Napoléon Ier se montre plus sévère encore pour le
farouche tribun : « La conduite de Caton, dit-il,
a été
approuvée par ses contemporains et admirée par
l'histoire; mais à qui sa mort fut-elle utile? à César; à
qui fit-elle plaisir? à César; et à qui fut-elle funeste? à
Rome, à son parti. Mais, disait-on, il préféra se donner