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Le poète

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— Pourquoi ? Quelle est votre théorie ?<br />

— Je pense que la première lui a été tirée dans la<br />

bouche. La deuxième, c’était pour les résidus de poudre.<br />

<strong>Le</strong> meurtrier a refermé la main de John autour du flingue<br />

et il a visé le sol. Pour qu’on retrouve des traces de<br />

poudre sur ses doigts. Conclusion logique : suicide. Affaire<br />

classée.<br />

— Mais personne n’a cru à votre explication.<br />

— Jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ce que vous<br />

débarquiez avec votre histoire d’Edgar Allan Poe. Je suis<br />

allé voir les gars des Enquêtes spéciales pour leur<br />

raconter ce que vous aviez découvert. Je leur ai rappelé<br />

les zones d’ombre du supposé suicide. Ils vont rouvrir le<br />

dossier pour y jeter un œil. Demain matin, nous avons une<br />

réunion au 11-21. <strong>Le</strong> chef des Enquêtes spéciales va<br />

demander mon détachement pour me coller sur l’affaire.<br />

— Formidable.<br />

Ce fut mon seul commentaire. La tête tournée vers la<br />

vitre, je regardai dehors. Je sentais croître mon<br />

excitation. Tous les éléments s’imbriquaient. J’avais<br />

maintenant deux suicides supposés de flics, dans deux<br />

villes différentes, suicides qui étaient peut-être des<br />

meurtres, et peut-être liés.<br />

De quoi faire un article. Un sacré article. Et surtout, je<br />

pouvais me servir de cet élément comme d’un laissezpasser<br />

à Washington pour accéder aux dossiers de la<br />

Fondation, et même du FBI. À condition d’arriver le<br />

premier. Si la police de Chicago ou de Denver contactait le<br />

Bureau avant moi, je risquais de me retrouver sur la<br />

touche, car ils n’auraient plus besoin de moi.

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