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Le poète

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C’était un petit magasin, avec deux comptoirs et des<br />

cartons non ouverts empilés dans les coins. Des microordinateurs<br />

et du matériel vidéo étaient exposés sur deux<br />

présentoirs circulaires, entre des piles de catalogues<br />

d’équipement informatique. Un homme au crâne dégarni,<br />

avec d’épaisses lunettes à monture noire, était assis<br />

derrière un des deux comptoirs et leva la tête lorsque<br />

nous entrâmes. <strong>Le</strong> deuxième comptoir était inoccupé et<br />

semblait inutilisé.<br />

— Vous êtes le gérant ? demanda Thorson.<br />

— Oui, et aussi le propriétaire. (L’homme se leva,<br />

drapé dans sa fierté, et nous sourit, tandis que nous nous<br />

approchions de son comptoir.) Et c’est pas tout, je suis<br />

aussi le meilleur employé de la maison !<br />

Voyant que nous ne partagions pas son éclat de rire, il<br />

demanda ce qu’il pouvait faire pour nous.<br />

Thorson lui montra son insigne.<br />

— <strong>Le</strong> FBI ?<br />

Il semblait hébété.<br />

— Vous vendez le digiShot 200, n’est-ce pas ?<br />

— Exact. <strong>Le</strong> nec plus ultra des appareils-photo<br />

numériques. Hélas, je n’en ai plus en stock pour le<br />

moment. J’ai vendu le dernier la semaine dernière.<br />

Je sentis mon estomac se nouer. Nous arrivions trop<br />

tard. — Mais je peux vous en avoir un dans trois ou quatre<br />

jours. En fait, si c’est pour le FBI, je peux essayer de<br />

l’avoir en deux jours. Sans supplément, évidemment.<br />

Il nous sourit, mais une lueur de perplexité brillait<br />

dans ses yeux, derrière les verres épais de ses lunettes.

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