Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
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Etu<strong>de</strong> analytique du <strong>de</strong> <strong>unitate</strong> forinae 98<br />
son vice radical est <strong>de</strong> compromettre ouvertement l'unité transcen<strong>de</strong>ntale^<br />
Aussi, la plupart <strong>de</strong>s partisans du pluralisme établissent entre les<br />
diverses formes une siibordiiiafioii, grâce à laquelle ils essaient <strong>de</strong> concilier<br />
l'unité <strong>de</strong> l'être et la complexion <strong>de</strong> ses éléments constitutifs.<br />
Et cette subordination elle-même peut être soit fonctionnelle ou dispo-<br />
sitive, soit essentielle.<br />
Il y a une subordination dispositiî'C, lorsque chacun <strong>de</strong>s principes<br />
déterminateurs <strong>de</strong> la matière prépare, dispose le composé à recevoir une<br />
information plus élevée, jusqu'à la forme <strong>de</strong>rnière qui vient combler l'aptitu<strong>de</strong><br />
suprême du sujet, et le fixer à la fois dans son espèce et dans son indivi-<br />
dualité. Suivant cette manière <strong>de</strong> voir, la. forma corporeitatis, par exemple,<br />
confère à l'être son état corporel et tout le cortège <strong>de</strong>s propriétés qui,<br />
comme la quantité et l'extension spatiale, sont inhérentes au corps ; mais<br />
cette forma corporeitatis, dan^ la plante, prépare le composé à recevoir une<br />
perfection d'ordre plus élevé,' la vie végétative ; <strong>de</strong> même, la forme végéta-<br />
tive dans l'animal est dispositive <strong>de</strong> la sensibilité. Bien que les formes<br />
successives soient, dans leur essence même, indépendantes les unes <strong>de</strong>s<br />
autres, les perfections qu'elles communiquent à la matière, sont fonction<br />
l'une <strong>de</strong> l'autre, suivant l'ordre <strong>de</strong> leur superposition hiérarchique.<br />
Mais on établit une subordination plus profon<strong>de</strong> entre les formes, si<br />
la dépendance, qui relie la forme inférieure à la forme supérieure, affecte<br />
l'être même <strong>de</strong> la première forme. Cette autre espèce <strong>de</strong> subordination n'est<br />
plus seulement dispositive, mais essentielle ; elle exige une compénétration<br />
d'essence, et la forme inférieure reçoit <strong>de</strong> la forme supérieure un complé-<br />
ment intrinsèque. Car alors, la corporeitas est intrinsèquement incomplète,<br />
et la forme <strong>de</strong> sensibilité doit lui apporter ce surplus d'être, sans lequel<br />
elle ne pourrait communiquer à la matière la perfection ontologique dont<br />
elle est le principe. Suivant cette hypothèse, l'être possè<strong>de</strong> une forma<br />
completiva dans le sens le plus rigoureux du mot, — la <strong>de</strong>rnière dans l'ordre<br />
<strong>de</strong> l'information.<br />
etc.) auxquels le pluralisme <strong>de</strong>s formes confère une réalité indépendante dans l'être, et<br />
non d'éléments physiques, tels qu'il s'en trouve dans un groupement cellulaire. Toutefois,<br />
on verra plus loin que le pluralisme <strong>de</strong>s formes servait aussi à expliquer la diversité <strong>de</strong>s<br />
parties intégrantes d'un tout physique.<br />
' <strong>Gilles</strong> rappelle inci<strong>de</strong>mment cette théorie, p. 22]. Elle est exposée nettement par<br />
Hervé <strong>de</strong> Né<strong>de</strong>llec, op. cit., fol. 73v A.