Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College

Etude analytique du de tinitate formae 97
désaccord sur la valeur d'un mot a dû contribuer à perpétuer des équi-
voques que Gilles essaie de dissiper dans une leçon de terminologie fort
réussie. « Nec etiam propriis utuntur nominibus qui putant intellectum sive
intellectivam potentiam esse formam hominis »^ On voit par ces débats que
Thomas d'Aquin n'a pas seulement fixé la doctrine, mais qu'il a encore
précisé la langue de la scolastique, et que pour arrêter, dans les discussions,
le sens précis d'un certain nombre de termes auxquels l'ancienne scolastique
du XlIIe siècle donnait des acceptions flottantes, rien n'a plus fait que ces
polémiques de détail, dont Gilles nous fournit ici un spécimen.
Pour le fond même de la question, il faut reconnaître que la théorie des
trois puissances ou des trois âmes, défendue par Kilwardby, est plus entière
que celle du docteur séraphique qui, d'une part, rattache à une âme toutes
les déterminations de la vie humaine et, d'autre part, tient que les facultés
où se traduisent ses activités, sont des réalités substantielles distinctes'^.
Saint Bonaventure s'engage ainsi dans une compromission entre l'ancienne
et la nouvelle psychologie, que la logique immanente des choses condam-
nait par avance à la stérilité.
Puisqu'il y a trois âmes en nous, c'est donc dans un sens relatif que
Robert Kilwardby peut parler de l'unité substantielle de l'honune :
tout en
gardant sa valeur propre, chaque principe suljstantiel réalise dans la matière
anima humana et tribus eius potentiis. » p. 627. —