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Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College

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L'innovation principielle du t/iomisme 45<br />

rains. Car si la psychologie humaine \ et par contrecoup ses répercussions<br />

sur la nature Christologique ont servi d'aliment principal aux plus vives<br />

discussions entre scolastiques, il n'en est pas moins vrai que la thèse tho-<br />

miste <strong>de</strong> l'unité <strong>de</strong>s formes repose avant tout sur <strong>de</strong>s bases métaphysiques,<br />

et se ramène au principe <strong>de</strong> contradiction. A ce titre, elle est absolue, elle<br />

doit régir l'être réel dans la plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> son extension, se vérifier dans<br />

quelque domaine où on la pose.<br />

C'est pourquoi il est impossible <strong>de</strong> remonter aux leçons d'Albert le<br />

Grand, pour saisir dans ses déclarations sur l'unité <strong>de</strong> l'âme humaine une<br />

trace lointaine <strong>de</strong> la thèse novatrice. S'il est vrai que, pour <strong>de</strong>s raisons psy-<br />

chologiques, Albert le Grand s'est rallié à la théorie <strong>de</strong> l'unité <strong>de</strong> l'âme<br />

humaine, sa doctrine <strong>de</strong> la permanence <strong>de</strong>s formes élémentaires dans le<br />

mixte^ enchaîne sa cosmologie à l'ancienne école scolastique. Or, il suffit<br />

d'admettre une seule infraction à la loi <strong>de</strong> l'unité <strong>de</strong>s formes, pour lui enle-<br />

ver sa valeur métaphysique et absolue, comme il suffirait <strong>de</strong> soustraire un<br />

seul jugement à l'empire du principe <strong>de</strong> contradiction pour ruiner la<br />

certitu<strong>de</strong>. La thèse albertine sur les mixtes démontre que le philosophe<br />

<strong>de</strong> Bollstâdt, en cette matière comme en bien d'autres, manque <strong>de</strong>s vues<br />

géniales que lui-même s'est complu à admirer dans son disciple^ .<br />

Sa doc-<br />

trine psychologique ne diffère pas <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> saint Bonaventure en ce qui<br />

concerne l'unité du principe vital dans l'homme, le docteur séraphique<br />

guerroyant lui aussi contre les partisans <strong>de</strong> la pluralité <strong>de</strong>s âmes^.<br />

Sous l'effort d'une méditation intense, saint Thomas s'est affranchi <strong>de</strong>s<br />

entraves qui embarrassaient la pensée <strong>de</strong> ses maîtres, et si la doctrine qu'il<br />

oppose à ses <strong>de</strong>vanciers se rencontre, sur un chapitre important <strong>de</strong> psycho-<br />

logie, avec <strong>de</strong>s idées déjà émises, elle porte dans son sein un esprit nouveau<br />

et régénérateur. En effet, la thèse <strong>de</strong> l'unité <strong>de</strong>s formes donne à la .synthèse<br />

scolastique <strong>de</strong>s allures plus conformes aux vrais principes <strong>de</strong> l'aristotélisme;<br />

' « Unum vero illorum expresse notavimus articulum, quorundam dicentium in homine<br />

esse tantummodo formam unam. » <strong>Le</strong>ttre <strong>de</strong> Peckham du 10 nov. 1284. Eh rie, op. cit.<br />

p. 174.<br />

- V. p. 41, n. 3.<br />

' Nous nous séparons complètement, en cette question, du P. Mandonnet, trop disposé<br />

à associer le nom du maître à celui du disciple, dans la gran<strong>de</strong> œuvre d'instauration philo-<br />

sophique accomplie par le thomisme. V. p. ex., M a n d o n n e t , op. cit., p. CXVI.<br />

* V. p. 42, n. 1 et 2

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